Dans cette section, vous trouverez mes "impressions martiales" : des articles que j'ai trouvé intéressants, des réflexions personnelles, des informations ou vidéos d'intérêt général... que je souhaite partager avec vous.
Les thèmes abordés et les idées posées ici ne sont pas destinés à clore un débat de manière définitive. Ainsi, les articles présentés sur cette page ne sont jamais "finis". Ils sont davantage faits pour vous apporter des pistes de réflexion et des arguments qui vous permettront de vous faire votre propre opinion ou de faire vos propres recherches.
Enfin, les propos reproduits ici ne concernent que leurs auteurs et moi-même, bien évidemment. Je ne prétends nullement détenir une quelconque légitimité morale ou martiale particulière et je ne souhaite aucunement offenser qui que ce soit. Mais j'ai tout de même un cerveau et j'essaie de m'en servir du mieux possible ;-)
LES VERTUS
Les vertus sont des traits de caractère qui permettent à quelqu'un d'être une personne fonctionnant de manière optimale.
Le moraliste de la vertu, André Comte-Sponville le formule de manière encore plus forte : parce que les vertus sont des qualités d'excellence pour les êtres humains, plus l'individu devient vertueux, plus il devient humain.
Il est attribué à Platon l'une des listes classiques des vertus. Dans "La République", Platon décrit ce que nous appelons les quatre vertus cardinales (la sagesse, la justice, le courage et la tempérance), qu'il relie, de manière conceptuelle, aux composantes d'une société bien ordonnée. La liste des vertus cardinales de Platon a eu un impact considérable sur la philosophie de la morale à travers les siècles, et notamment sur les conceptions médiévales des vertus chevaleresques. Suivant l'exemple de Platon, le grand philosophe-théologien du Moyen Âge, Saint Thomas d'Aquin, développa une liste de sept vertus dans son "Summa Theologica" ; les vertus cardinales de Platon, auxquelles il ajouta la foi, l'espoir et l'amour.
Beaucoup d'autres exemples sont possibles, et notamment les listes de vertus proposées par Prudentius, Cicéron, David Hume at Benjamin Franklin.
DEFINITION
L'esprit indomptable fait partie des 7 valeurs du Taekwondo et des arts martiaux coréens. Il s'agit également de l'une des valeurs les plus répendues dans le corpus des arts martiaux. Elle se trouve à l'intersection du courage et de la foi et elle est souvent définie comme suit :
"Esprit indomptable (Bai zhé bùqu) = L'esprit indomptable est ce qui vous permet d'être invincible, de ne jamais être dominé. Vous vous y immergez et faites confiance à votre système pour tirer parti de la force de votre pratique. Etre brisé cent fois et refuser de céder car vous êtes plus que la somme de vos parties. C'est l'esprit de foi."
Cette définition liminaire semble d'une simplicité désarmante ! Ca semble bien facile dit comme ça, et ça n'a pas beaucoup d'implication pratiques ou philosophiques ? N'importe qui peut donc dire qu'il a une volonté inflexible, un esprit indomptable...
MAIS EN PRATIQUE ?
Pourtant, afin d'éclairer un peu plus cette définition, je partage avec vous un court extrait de l'ouvrage intitulé "L'Esprit Indomptable", recueil d'écrits de Takuan Soho. Takuan, répondait parfaitement à la définition du moine-guerrier. Fin stratège, tacticien accompli, érudit et conseiller des puissants de son temps ; ses écrits marient fréquemment concepts philosophiques et conseils pratiques d'entrainement. Je me consacrerai ici au "Fudochishinmyoroku" (Le récit mystérieux de la sagesse immuable, livre I). Cet extrait s'intitule "DU DÉSESPOIR DE DEMEURER DANS L’IGNORANCE" et, bien que court, se révèle riche en idées et enseignements.
"Le mot « ignorance » se rapporte à l’absence d’éveil, c’est-à-dire à l’illusion.
« Demeurer » fait référence au lieu permanent, le lieu où l’esprit s’arrête.
Dans la pratique bouddhique, il existe cinquante-deux états, et au cœur de chacun d’eux, un lieu où l’esprit s’arrête, appelé lieu permanent.
Demeurer signifie alors « arrêt », et arrêt implique que l’esprit s’est laissé prendre par quelque chose, qui peut être n’importe quoi.
Pour rapprocher cela de votre art martial, lorsque vous prenez soudain conscience que le sabre descend pour frapper, la volonté de contrer le sabre dans l’instant, arrêtera votre esprit sur la position du sabre à cet instant particulier, vos mouvements ne pourront aboutir et votre adversaire réussira à vous pourfendre. Tel est le sens de l’arrêt.
Alors même que vous voyez le sabre descendre pour vous frapper, si votre esprit ne se laisse pas prendre et que vous percevez le rythme du sabre qui vous attaque, si vous ne pensez pas à frapper votre adversaire et qu’aucun jugement ou pensée ne vous traverse, si à l’instant où vous voyez le sabre descendre, votre esprit n’est en aucune manière prisonnier de quoi que ce soit et que vous avancez droit pour arracher le sabre des mains de votre ennemi, le sabre qui descendait pour vous frapper devient votre propre sabre, et, a contrario, le sabre qui frappe votre adversaire.
En zen, il est dit: « Attraper la lance et, inversement, transpercer l’homme qui était venu vous transpercer. » La lance est une arme. Le sens de tout ceci est que le sabre que vous avez arraché des mains de votre adversaire est devenu le sabre qui l’a pourfendu. C’est ce que vous appelez, dans votre école, « le non-sabre. »
Que ce soit par la frappe de l’ennemi ou par votre propre coupe, que ce soit par l’homme qui frappe ou le sabre qui coupe, que ce soit par la position ou le rythme, si votre esprit se laisse distraire de quelque manière que ce soit, vos actions seront hésitantes, et vous courrez le risque d’être tué.
Si vous vous placez devant votre ennemi, votre esprit risque d’être attiré par lui. Votre esprit ne doit pas demeurer à l’intérieur de vous-même. Renforcer l’esprit à l’intérieur du corps ne doit se faire qu’aux premiers jours de l’entraînement alors que vous n’êtes encore qu’un débutant.
L’esprit peut être attiré par le sabre. Si votre esprit se laisse entraîner par le rythme du combat, il peut vite en devenir prisonnier. Si vous placez votre esprit dans votre sabre, il risque d’être pris par votre propre sabre. Si votre esprit s’arrête en l’un de ces lieux, vous n’êtes plus qu’une coquille vide. Vous avez certainement déjà vécu de telles situations. Il est possible de dire qu’elles s’appliquent parfaitement au bouddhisme.
Dans le bouddhisme, nous appelons « illusion » l’arrêt de l’esprit. C’est pourquoi nous parlons « du désespoir de demeurer dans l’ignorance. »"
Si on interprète correctement ces écrits, la volonté indomptable est donc la capacité de l'esprit à enchaîner les idées, à continuer à progresser et à surtout ne pas s'arrêter. Que ce soit dans la pensée ou dans l'action.
CA SERT A QUOI ?
Si j'ai choisi de faire une petite chronique sur le thème de la volonté indomptable, c'est pour deux raisons :
quand j'ai commencé les arts martiaux, je trouvais que c'était une vertu "tarte à la crème". Quelque chose que l'on lançait à la figure de son interlocuteur pour se donner un genre, un style. En travaillant et en faisant quelques recherches, je me suis aperçu que c'était bien plus profond que ça et que j'étais totalement à côté de la plaque. Aujourd'hui, je comprend que ça n'est pas qu'une déclaration d'intention, mais plutôt un état d'esprit que l'on peut cultiver en exerçant son esprit, mais aussi son corps. L'entraînement dur et appliqué nourrit l'esprit indomptable. N'importe quel combattant ou champion d'arts martiaux en est la preuve.
en ces temps troublés (au moment où j'écris ces lignes, nous sommes tous confinés, l'avenir est incertain et le désespoir gagne tout le monde) : l'esprit indomptable est une vertu plus nécessaire que jamais.
Pour nourrir cet esprit, l'entrainement personnel est nécessaire et, quand il n'est pas matériellement possible, nourrir son esprit reste essentiel.
Je vous souhaite de garder et cultiver votre esprit indomptable, car comme le disait le poète :
"L'esprit est à soi-même sa propre demeure ; il peut faire en soi un Ciel de l'Enfer, un Enfer du Ciel." John Milton, Le Paradis perdu, Livre I
Sources :
"L'esprit indomptable", Takuan SOHO, BUDO éditions
"les vertus martiales", Dr. Charles HACKNEY, BUDO éditions
"le Paradis perdu", John Milton
Je partage avec vous ce podcast d'EUROPE 1 qui traite de ce sujet. Le titre de l'émission est "Le monde du sport abandonné par les pouvoirs publics ?" : CLIQUEZ .
En ce début d'année 2021 où j'écris ces lignes, les acteurs du monde du sport en France n'ont toujours pas de visibilité sur une éventuelle reprise partielle (et encore moins totale) de leur activité.
Non sens (les adultes peuvent faire du rugby, mais pas d'arts martiaux), incongruité (les enfants peuvent faire du sport à l'école mais pas dans les salles de sport) et flou artistique se mélangent dans cette période si compliquée.
Les professionnels du sport sont bien sûr les plus économiquement impactés, mais les bénévoles et les associations peuvent l'être également. Pourtant, à l'approche des éventuels prochains jeux Olympiques (pas encore annulés à ce jour, voir sur ce sujet l'analyse de l'IRIS, "Sport : comment le Covid-19 a-t-il impacté sa dimension géopolitique ?" : CLIQUEZ), il est bon de se souvenir que les associations sportives sont des acteurs de terrain de premier plan qui prennent le relai de l'Etat sur tout un tas de sujets très concrets : violences faites aux femmes, communautarisme, sport santé, intégration, etc... A ce titre les arts martiaux, qui véhiculent beaucoup de valeurs structurantes, jouent un rôle important.
Se réunir pour pratiquer est actuellement dangereux pour la santé : c'est effectivement prendre un risque, à court terme. Mais ne plus faire de sport, ne plus entretenir son corps et laisser un masque sur ses voies respiratoires toute la journée (pour certains d'entre nous) est-il plus raisonnable, à long terme ? Les bienfaits de l'activité physique ne sont pas que physiologiques : ils sont aussi psychologiques.
A ce sujet, je vous invite aussi à prendre connaissance du témoignage très personnel de Me LEO TAMAKI, enseignant d'Aïkido. Il partage sur son site internet un témoignage très concret sur sa pratique en temps de pandémie qui s'intitule "Vivre l'Aïkido avec le Covid" : CLIQUEZ .
Je partage avec vous un extrait de l'excellent livre de S. DI MARINO, "la philosophie des arts martiaux" (éditions DE VECCHI).
Cet extrait a nourri quelques unes de mes réflexions sur ce que l'on trouve dans nos Dojang hexagonaux... Comme le dit mon Maître : "il y a des Maîtres, mais il y a aussi des milli-maîtres...".
Dans les arts martiaux coréens, tels qu'ils sont transposés en France : on peut se faire appeler "maître" à partir du 5e Dan. Malheureusement, le niveau ayant plutôt baissé depuis les années 70, il est douteux que les maîtres d'aujourd'hui aient les mêmes capacités que les maître d'hier. J'ai connu nombre de 5e Dan (ou plus) que je n'appellerai jamais ainsi. D'autres n'ont pas nécessairement atteint la 5e Dan, mais mériteraient l'appellation de par leur qualités pédagogiques, leur dévouement et leur compréhension de la philosophie des arts martiaux. Chacun se fera juge.
En tout cas, je vous souhaite de rencontrer, dans votre chemin martial, votre "père qui apprend".
Bonne lecture.
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LE MAÎTRE ET LES ÉLÈVES
Au centre du dojo, occupant une position comparable à la position politique du shogun, se trouvait la figure fondamentale du maître, le sensei. Dans l'iconographie classique, comme dans la mythologie cinématographique martiale actuelle, le sensei joue un rôle d'une importance fondamentale. Dans l'imaginaire populaire, le sensei n'est pas seulement un maître d'armes mais aussi un sage auquel l'on se doit d'être fidèle et qui, en échange, peut offrir de précieux conseils aussi bien dans l'art du combat que pour ce qui concerne la vie quotidienne. Bref, le sensei a toujours été considéré comme une sorte de père, et peut-être à l'origine était-ce véritablement le cas. L'homologue chinois du sensei, le maître de kung-fu était appelé sifu, ce qui signifie « père » [NDLR : "le père qui apprend"] et cela n'est pas un hasard. Les principaux arts martiaux chinois (qui influèrent très certainement sur les arts martiaux japonais) étaient organisés en écoles et en styles qui correspondaient à des familles spécifiques.
Les chroniques chinoises sont très riches d'anecdotes et de légendes parlant de styles secrets et de techniques particulières, mises au point par des familles entières, dans lesquelles le titre de « sifu » était transmis d'une manière héréditaire. Les raisons expliquant cette coïncidence entre la famille réelle et la famille idéale, composée du sensei et de ses élèves, sont évidentes. Dans le passé, le savoir martial était un patrimoine familial jalousement protégé et faisait partie des enseignements que le père transmettait à ses enfants et, secondairement, à ses disciples. Dans la Chine antique, en outre, le concept d'arts martiaux n'existait pas. L'élève vivait avec son maître, devenant si ce n'était pas déjà le cas un membre de la famille. Avant d'apprendre à se battre, l'élève devait prouver qu'il faisait partie du noyau familial en se consacrant à d'humbles travaux pour mériter l'enseignement. Celui-ci, comme le narre une légende célèbre, arrivait parfois d'une manière inattendue sous la forme d'attaques imprévisibles du sifu. L'élève/fils encaissait les coups, au début, sans bien savoir ce qu'il devait faire puis, progressivement, il commençait à se défendre, ne serait-ce que d'une manière instinctive. Ce n'est que dans un second temps que commençait l'apprentissage régulier des techniques qui ne se déroulait jamais à des horaires préétablis mais faisait partie intégrante du reste de la vie quotidienne.
Dans ce contexte, il est logique que l'enseignement du maître tende à dépasser les limites de la lutte pour aborder des sujets de caractère moral. Cela est encore plus vrai pour les écoles où la technique martiale comprenait des enseignements ésotériques et religieux. La figure du maître offrant un guide pour la vie, et n'enseignant pas uniquement des techniques de combat, n'existait pas uniquement dans le monde chinois. Le gourou indien du kalaripayat était également un guide spirituel tout comme l'était le gourou indonésien, qui considérait le silat comme indissociable de la prière.
Pour revenir au Japon des samouraïs, la figure du maître conserva, au début du moins, son caractère patriarcal. Toutes les écoles, les ryu d'arts martiaux (avec ou sans armes), avaient à l'origine des racines familiales. Par la suite, avec la diversification des disciplines et, surtout, avec la commercialisation des arts de combat au service du pouvoir, le sensei devint un professionnel qui donnait des leçons à des heures établies dans la salle d'armes du clan. Le rapport idéal père-fils entre le maître et l'élève s'est toutefois transmis jusqu'à aujourd'hui.
MISSIONS DU SENSEI
Les sensei avaient deux missions essentielles. La première, exercée surtout par les chefs d'école et par les codificateurs des ryu, était d'imaginer et d'essayer de nouvelles solutions techniques, en inventant de nouvelles armes et de nouvelles stratégies, pour assurer les meilleures chances de survie pour leurs élèves.
Le maître avait donc la possibilité d'étudier, d'expérimenter et de codifier son art, puis de formuler une méthode pouvant être assimilée par des samouraïs.
Ces derniers avaient pour rôle non pas d'affiner l'art en question mais d'apprendre la technique (parfois même mécaniquement) et de l'appliquer en duel. C'est là qu'entre en jeu la deuxième fonction du sensei, celle partagée à la fois par les chefs d'école et par les simples instructeurs, la qualité qui différenciait un simple manieur de sabre d'un véritable sensei : la pédagogie.
À l'époque, comme aujourd'hui, certains hommes étaient plus doués pour le combat car ils étaient dotés d'une capacité de survie instinctive. D'autres, peut-être moins doués sur le terrain, étaient plus habiles pour transmettre leurs connaissances. Il serait erroné de considérer que le sabreur « invincible » était forcément un excellent maître et vice versa. Le dicton « Un champion n'est pas toujours un maître mais un bon maître a sûrement été un champion » renferme cependant une indéniable vérité. Le sabreur invincible avait généralement développé des dons d'agressivité, d'intuition et de capacité d'application grâce à l'expérience et au perfectionnement de qualités naturelles. Il n'est pas dit, toutefois, qu'il ait été capable de les transmettre à travers une méthode codifiée. Parfois, d'ailleurs, le samouraï invincible ne se rendait pas compte des difficultés éprouvées par des combattants moins doués dans l'apprentissage de techniques particulières. Le véritable sensei, lui, possédait la capacité d'évaluer les qualités de l'élève de manière à pouvoir lui fournir une instruction la plus efficace possible. C'était certainement un habile combattant qui avait accumulé des expériences de duels réels, mais il était surtout précieux pour son clan parce qu'il était en mesure d'entraîner un guerrier médiocre en adaptant les techniques et les méthodes d'enseignement aux exigences de chacun.
Le sensei était une richesse pour le clan, ce n'était pas un homme que l'on pouvait « gaspiller » sur le champ de bataille car, précisément, il assurait la possibilité de conférer un bon niveau aux guerriers les moins doués. Aussi le maître d'armes possédait-il une position sociale comparable à celle du seigneur, à tel point que le lien qui l'unissait aux hommes qu'il formait pouvait porter ombrage au seigneur. C'est la raison pour laquelle il n'était pas facile de devenir maître d'armes d'un clan : la fidélité du candidat devait être au-dessus de tout soupçon. C'est vraisemblablement pourquoi les écoles des clans étaient confiées à des membres de la famille, devant être aussi compétents que fidèles au daimyo.
#HOSHINMOOSOOL #martialarts #artmartial #karaté #training #corea #spirit
Je partage avec vous un article pertinent de l'excellent Lionel FROIDURE, pratiquant de KARATÉ. Il s'agit d'une thématique qui m'intéresse et sur lequel je reviendrai.
Souvent justes, n'hésitez pas à prendre connaissance de ses réflexion sur son BLOG.
#HOSHINMOOSOOL #martialarts #artmartial #karaté #training #corea #spirit
Il s'agit là d'un sujet bien plus complexe que la simple question ne le laisse supposer. D'autres, bien plus savants que moi, ont essayé d'y répondre.
Afin d'aborder cette question, il convient tout d'abord de voir quelles peuvent être les différences entre les deux, d'en saisir les enjeux et de voir ce qui vous convient le mieux. Je vous donnerai également mon avis sur la question (qui n'engage que moi, bien sûr !).
Arts martiaux, et sports de combats, deux termes que l’on sait distincts mais dont la frontière reste pourtant bien mystérieuse. Où s’arrête l’un et où commence l’autre. Ces deux pratiques martiales sont très anciennes et aujourd’hui tendent de plus en plus à s’unifier en une seule et même pratique par le biais du développement de la compétition dans le milieu originel des arts martiaux.
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La définition des sports de combats est assez simple. Il s’agit de pratiques sportives se basant sur une confrontation physique et directe de deux individus dans un cadre contrôlé par des règles. Les sports de combats se basent fortement sur la présence de compétition et sont souvent organisés en fonction de catégories de poids et/ou de niveaux dans le but de rendre les combats le plus équitable possible. Les règles sont là pour encadrer la pratique sportive et éviter des blessures inutiles aux pratiquants. Ce qui est recherché est la victoire mais pas à n’importe quel prix. Ce type de pratique est présent en Occident depuis un grand nombre d’années et est très bien intégré à l’ensemble des disciplines sportives. Un bon exemple est la lutte qui été présente dès les premiers Jeux Olympiques de l’Antiquité.
La notion de sport n’est cependant pas exclusive de la notion de violence. En effet on constate une grande violence notamment dans les combats. Pour ce faire il suffit de regarder les nombreuses blessures occasionnées lors des compétitions notamment en MMA et en boxe. On y recherche le KO et donc une mise hors de combat effective de l’adversaire qui passera par des lésions physiques. Cependant il ne s’agit pas d’une violence libre, mais d’une violence contrôlée, cette dernière est contrôlée par la présence d’un arbitre, d’un règlement et d’un panel de techniques autorisées etc…
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La question de la définition des arts martiaux est beaucoup plus compliquée. Tout d'abord, il faut partir d'une analyse historique et sémantique. En effet, le terme "arts martiaux" est une invention occidentale. Or, si les sports de combat sont plutôt "occidentaux", les arts martiaux (nous allons garder ce terme pour la clarté de l'exposé !) sont plutôt "orientaux".
A l’origine, le terme désignant les arts martiaux serait en chine Wushu (武术), ce terme se compose de deux idéogrammes :
Le premier wu (武) se compose de deux autres idéogrammes qui signifient « arrêter » et « lance » ou « hallebarde » On pourrait donc traduire ce terme par le fait d’arrêter la lance.
Le second shu (术) est une référence au savoir-faire et à la connaissance.
Le wushu serait donc « l’art d’arrêter la lance ». On peut interpréter ceci de 2 manières :
directe : les arts martiaux seraient une méthode de combat visant à faire face à des armes.
indirecte : les arts martiaux seraient l’art permettant de manière symbolique d’arrêter le combat, la violence. La lance serait alors symbole de cette volonté agressive.
On retrouve ici la classique opposition entre arts martiaux "externes" (Ex : Taekwondo, JuDo, etc...) et arts martiaux "internes" (Ex : Taï Chi, Son Mu Do, etc...).
Or on s'aperçoit que, même dans les arts martiaux externes, on fait appel à des règles codifiées et à des valeurs qui se veulent spirituelles (j'y reviendrai en fin d'article). De même, dans les arts internes, les gestes faits ont une signification pratique. Vous pourriez ainsi bien vous faire mettre KO par un Maître de Taï Chi, en cas de combat. Comme le dit mon Maître : "ce ne sont pas les armes qui sont mauvaises : ce sont les tireurs !".
Si on veut saisir tout l'intérêt des arts martiaux et par là même la différence entre arts martiaux externes et sports de combat, il faut s'attacher à 2 notions bien spécifiques : la codification et les valeurs spirituelles.
La codification doit ici être vue dans le sens d’une organisation des arts martiaux en un système d’éducation avec ses principes techniques et techniques propres. Cette codification a historiquement facilité la transmission des techniques entre le Maître et ses élèves, puis entre les différentes antennes d'une même école (voir la chronique "LE MAITRE", sur cette même page).
Pour ce qui est des principes philosophiques ou valeurs spirituelles : on peut dire qu'elles suivent étroitement la codification. En témoigne historiquement l'influence des religions Bouddhistes et Taoïstes sur les arts martiaux. Il s'agit là d'un sujet très complexe, que je vais éluder dans l'essentiel. Peut-être fera-t-il l'objet d'une chronique ultérieure.
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Maintenant que nous avons défini les arts martiaux comme "des pratiques de combats codifiés intégrant des principes philosophiques", il faut se recentrer sur leur différence vis-à-vis des sports de combat. Aujourd'hui, il est devenu difficile de distinguer clairement la limite entre les deux dans notre société moderne occidentale. j'en veux pour preuve la montée en puissance du MMA, notamment en France de manière récente avec la création d'une fédération de MMA (sous l'égide de la fédération française de Judo - ce qui a son importance). La pratique du MMA relève très clairement des sports de combat : efficacité, peu de règles, prédominance des compétitions. Toutefois, l'appellation de "Mixed Martial Arts" peut induire en erreur les profanes.
A titre d'illustration, prenez les résultats communiqués par Google Analytics sur les recherches de type "arts martiaux" depuis 2005. On constate une baisse alarmante de l’intérêt porté aux arts martiaux. La recherche du terme suit en effet une régression (-78,6% sur la seule période 2005/2013 : voir les sources en fin d'article) constante durant toute la période. On remarque de plus que les pics d’activité qui correspondent au mois de septembre de chaque année, sont de moins en moins importants au fil des années, preuve que l’art martial intéresse de moins en moins le grand public. On pourrait penser que cette dynamique n’est pas propre à l’art martial mais à l’ensemble du monde du sport, or, force est de constater que ce n’est pas le cas.
Au sein des arts martiaux "institutionnels", seul le Judo tire son épingle du jeu, avec une baisse marquée. Cette baisse ne profite pas aux autres arts martiaux (voir le cas du Aïkido, qui est pourtant le seul art martial à avoir totalement refusé le système des compétitions), mais au seul MMA. Le risque est donc que le MMA (un sport de combat) supplante les arts martiaux "traditionnels" (il faut toutefois ce méfier de ce terme, j'y consacrerai une chronique spécifique).
Cette baisse d'intérêt du public est corrélée dans les faits par une nette baisse des licences, tous arts martiaux confondus, depuis au moins 10 ans.
MA CONCLUSION : les arts martiaux perdent du terrain face aux sports de combat, et surtout face au MMA. Pourquoi ? Parce qu'en s'occidentalisant, les arts martiaux ont développé l'aspect "compétition" dans une course effrainée à l'Olympisme et à l'argent. Se faisant, ils ont entretenu une confusion avec les sports de combat et se sont eux-mêmes dénaturés. Pour l'exemple, il n'y a qu'à voir ce que donnent des combats Olympiques de Taekwondo, qui ressemblent plus aujourd'hui à des balais chorégraphiés et roboratifs qui n'arrivent même plus à éveiller l'intérêt du public. J'en parle d'autant plus librement que je suis pratiquant d'un taekwondo plus "originel" et ai moi même organisé de nombreuses compétitions.
Ce qui peut sauver les arts martiaux ? La revendication de leurs valeurs spirituelles, pardi !
Attention toutefois, pour clarifier mon propos, je tiens à préciser :
que je n'ai rien contre les sports de combat ! De nombreuses disciplines favorisent les bienfaits du sport (détermination, bienfaits physiques, meilleure alimentation, meilleur cardio, etc...). De plus, on y trouve de nombreux instructeurs diplômés, sérieux et performants. De plus, pour faire face à une agression (ce qui reste AUSSI le but des arts martiaux) : il est statistiquement prouvé qu'il vaut mieux être entraîné à la Boxe Thaïlandaise, plutôt qu'au Son Mu Do, par exemple (-_^)
que de nombreuses disciplines martiales ont développé des pratiques de combat plus proches du réel (Ex : le Karaté Contact, cher à Dominique VALERA). Ces pratiques, en voulant se rapprocher de la tradition d'efficacité des arts martiaux externes, ont contribué à affaiblir la distinction arts martiaux/sports de combat. A cet effet, il est d'ailleurs amusant de voir que le Karaté (cité ici en exemple) est l'un des arts martiaux qui aspire à l'Olympisme mais n'y a pas encore accédé.
que pour choisir entre la pratique d'un art martial ou d'un sport de combat, il convient d'abord de bien se connaître et de savoir ce que l'on recherche. Certains s'épanouiront bien mieux dans les sports de combat que dans un art martial. Le seul juge : c'est VOUS !
que les arts martiaux ne doivent pas tomber dans le piège de la "sectarisation" : un Maître est là pour vous aider/apprendre à penser par vous même selon un système de valeur particulier. Il n'est pas là pour PENSER A VOTRE PLACE ! Un Maître n'est pas un gourou ou un grand prêtre (voir ma chronique à ce sujet).
A l'époque où je n'étais pas pratiquant mais simple parent, je voulais inscrire mon enfant dans un art marital pour qu'il apprenne à se défendre ET pour qu'il apprenne des valeurs qui feront de lui un homme résilient et juste. Cet esprit, j'essaye de le garder encore aujourd'hui.
Je pense que j'étais destiné à m'épanouir dans un art martial qui respecte un code moral et des valeurs (le respect, l'humilité, et même... "l'esprit indomptable" ! - on en reparlera). C'est ce que j'ai trouvé dans la pratique du #HOSHINMOOSOOL. Je pense pour ma part que si j'avais plutôt pratiqué un sport de combat, je serait passé à côté de la moitié de l'expérience. Toutefois, à mon sens, l'esprit martial ne doit jamais occulter l'efficacité pratique. Après tout, c'est la pratique extrême peut aussi contribuer à l'apprentissage des valeurs spirituelles. Vous comprendrez mieux le respect que vous devez à un adversaire après un âpre combat, plutôt que dans les livres. Comme le dit mon Maître : "faire une fois est mieux que voir 1.000 fois".
SOURCES :
http://l-art-de-la-voie.over-blog.com/vers-la-fin-des-arts-martiaux
https://www.cairn.info/revue-staps-2013-2-page-15.htm
#HOSHINMOOSOOL #martialarts #artsmartiaux #spirit #MMA #training
Ha ! Voilà un sujet qui divise et fait couler beaucoup d'encre depuis quelques siècles.
Les méridiens sont définis comme des "Trajet préférentiel de circulation d'un souffle, dont la topographie est très précise, bien qu'il ne soit pas encore quantifié. (Répartis sur tout le corps humain, les méridiens assurent la liaison dans la relation entre les viscères creux et pleins et le revêtement cutané, faisant ainsi un tout des différentes parties du corps.) " (source : Larousse).
Ces chemins de circulation de l'énergie ont été le prétexte de clivages sans fins entre partisans des médecines dites "traditionnelles" et des médecines "modernes".
Dans les arts martiaux, les anciens maîtres étaient détenteurs de ces fameux "secrets de guérisons" et ne les transmettaient qu'à leurs élèves les plus gradés/ les plus fidèles. Cet enseignement, jalousement gardé au sein des ryu (écoles) était basé sur l'idée que si l'on savais faire mal, il fallait aussi savoir guérir : l'enseignement des arts martiaux se basant sur une très bonne connaissance anatomique (la connaissance des Kyusho, nous en reparlerons sans doute). A cet effet, il n'était pas rare, encore au Japon du début du siècle dernier, qu'un Maître de JuDo soit appelé à la rescousse pour soigner une fracture, un déplacement osseux ou musculaire.
Lors de leur "implantation" en Europe et dans le reste du monde après la seconde guerre mondiale, les arts martiaux ont aussi emmené cet enseignement dans leurs bagages. Nos sociétés occidentales, foncièrement cartésiennes, ont rejeté en bloc ces nouvelles approches taxées de "charlatanisme" et "d'exercice illégal de la médecine".
Depuis, force est de constater que les mentalités ont évolué. A titre d'exemple, on pourra constater que la faculté de médecine délivre des diplômes acupuncture (chose inimaginable il y seulement 10 ans). De même, les diplômes d'état en enseignement du sport comportent aujourd'hui un enseignement sur "les filières énergétiques du corps humain".
A titre personnel, fils de médecin et homme de loi, je peux difficilement être taxé de crédulité. Pour autant, je note que cette connaissance, basée sur les méthodes empiriques de nos ancêtres ou voisins, peuvent produire des effets ou accompagner des processus de guérison. Hors de question de guérir le cancer avec un massage de l'oreille : pour autant ces pratiques peuvent venir en complément de traitements plus "institutionnels".
Vous trouverez dans le lien ci-dessous un article d'un blog hébergé par le journal OUEST FRANCE, qui s'intéresse aux preuves scientifiques de l'existence des méridiens.
SOURCES :
https://www.sain-et-naturel.com/science-prouve-meridiens-existent.html
#HOSHINMOOSOOL #martialarts #artmartial #karaté #training #corea #spirit #science