SOMMAIRE
1. Généralités et anticipation
2. Lectures actives du texte
3. Traduction
3.1 Deviner le sens des mots inconnus
3.2 Les procédés de traduction
3.3 Quelques problèmes ponctuels de traduction
3.4 La ponctuation
3.5 Les accents
3.6 Quelques difficultés du français
4. Types d’erreurs et notation
5. L’entraînement tout au long de l’année
1. Généralités et anticipation
La version est un exercice difficile qui suppose la parfaite maîtrise de deux langues. Le candidat sera jugé non seulement sur sa capacité à comprendre l’anglais mais aussi sur sa maîtrise du français, et ceci de façon d’autant plus sévère que ce dernier est censé être sa langue maternelle. De plus, deux contraintes majeures apparaissent : fidélité au texte d’un côté, fidélité à la langue cible de l’autre. Il faut traduire la pensée et le style d’un auteur, en respectant le plus possible sa façon d’écrire, tout en respectant également les outils linguistiques que met le français à notre disposition. Il faut prouver au correcteur que l’on ne se contente pas de déchiffrer un texte en faisant du mot à mot, mais que l’on sait repérer les structures typiques, les expressions figées, les proverbes… et ensuite faire la preuve que l’on peut traduire ces spécificités de l’anglais par des éléments bien spécifiques au français. Il ne faut jamais tomber dans le piège de ce que l’on appelle le calque.
Commencer par prendre en considération les éléments paratextuels : le titre du passage peut parfois permettre de cerner le message central du texte. La source de l’extrait, fournie en bas de page, permet déjà un premier filtrage du type de style. Ne pas négliger non plus le nom de l’auteur (s’il est connu) et la date de publication afin de situer les événements dans leur contexte et d’éviter de faire des anachronismes. Attention cependant à bien distinguer époque de publication et temps de la narration !
2. Lectures actives du texte
Il est impossible de traduire correctement un texte sans en avoir compris le sens. Au lieu de se précipiter dès la première phrase lue, il faut commencer par lire le texte au moins trois fois avant d’écrire quoi que ce soit.
La première lecture permet de déchiffrer et défricher. Il faut alors se poser les quatre questions suivantes : Quoi ? Qui ? Quand ? Où ?
Quoi ?
Avant de commencer à traduire, il faut tenter de résumer en quelques phrases ce qui se passe dans l’extrait.
Qui ?
Qui sont les personnages mentionnés ? Qui est le narrateur ? Il peut être utile de souligner tous les pronoms personnels du texte et de se demander à qui ils renvoient, en faisant une liste des personnages. Lorsque le texte contient un dialogue, veiller à identifier qui parle à quel moment, et qui s’adresse à qui. Attention aux difficultés qui suivent.
- Le pronom « she » peut être utilisé pour parler d’un navire, d’un véhicule, d’un canon, etc. Mais il peut également servir à désigner un objet auquel l’énonciateur est particulièrement attaché.
- Le pronom « it » est le pronom que l’on utilise par défaut pour référer à un animal mais il peut aussi être utilisé pour parler d’un bébé.
- Le pronom « you » peut être utilisé pour exprimer des vérités générales ; il est alors l’équivalent du « on » français. Ne pas oublier non plus que « you » peut être traduit en français par le singulier, le pluriel, ou le « vous » de politesse. Il faut donc se poser la question des rapports existant entre les personnages.
- « They » ou « them » sont utilisés pour référer à quelqu’un dont on ignore le sexe, souvent en reprise de « somebody » ou « anybody ».
If anybody touches this guy, I’ll kill them.
Le premier qui touche à ce type, je le tue.
- Le pronom anglais « one » est l’équivalent du « on » général français. Il a cependant un usage plus divers, et ne peut être traduit automatiquement dans tous les cas par « on ».
Drink will make one dangerous.
La boisson rend dangereux.
- L’article « the » peut être utilisé par un énonciateur pour parler de membres de sa famille ou de la famille de la personne à laquelle il s’adresse, en remplacement des déterminants possessifs.
How’s the wife ?
Comment va ta femme ?
Il est également fréquemment utilisé à la place d’un démonstratif quand il accompagne « man » ou « woman », un emploi qu’il faudra impérativement traduire différemment.
‘Why did you leave him there ?!’
‘The man was bleeding out, he would have slowed us down!’
« Pourquoi l’avez-vous laissé là-bas?!
- Il se vidait de son sang, il nous aurait ralentis ! »
Quand ?
Quand le texte a-t-il été écrit, et quand l’action se passe t-elle ? Regarder la date de parution de l’œuvre, ce qui permettra d’éviter de potentiels anachronismes.
Où ?
Il faut se poser la question de savoir si le texte est écrit en anglais britannique ou américain (ou dans tout autre dialecte de l’anglais, d’ailleurs).
La deuxième lecture permet de mieux se familiariser avec tous les éléments qui composent le texte et de se focaliser sur ses caractéristiques stylistiques (néologismes, métaphores, allitérations, jeux de mots etc.). Le niveau de langue doit être pris en compte (style parlé ou écrit, registre soutenu ou familier voire argotique, retranscription d’un accent ou d’un dialecte, ton dominant du texte : humoristique, détaché, ironique…). Il est donc important de repérer le statut social des personnages pour la traduction des passages dialogués. Lors de cette deuxième lecture, on s’arrête à chaque phrase pour être sûr d’en avoir bien perçu l’organisation syntaxique. Prendre en compte les connecteurs (mots de liaison) pour bien saisir l’enchaînement des idées. Ils peuvent marquer une opposition (although, however, whereas, yet…), une restriction (despite, unless, if...), la cause (as, because, for, since...), la conséquence (hence, therefore, thus...), un ajout (besides, furthermore, indeed, moreover...). Prendre le temps de décomposer les phrases complexes pour distinguer la principale de la subordonnée. Attention en particulier au pronom relatif zéro qui, bien que non visible, introduit bel et bien une subordonnée (ex : The boy I saw yesterday : le garçon que j’ai vu hier / He said he wouldn’t leave : il a dit qu’il ne partirait pas). ).
La troisième lecture permet de saisir les subtilités. La traduction commence donc nécessairement par une analyse de texte. D’ailleurs, si l’on commence d’ores et déjà par réfléchir au commentaire, le texte n’aura plus de secret lorsque l’on passera à la traduction.
3. Traduction
3.1 Deviner le sens des mots inconnus
Face aux difficultés lexicales, il est capital de ne se servir du dictionnaire qu’en tout dernier recours. Repérer la nature et fonction du mot, le champ lexical auquel il appartient. Utiliser les techniques d’élucidation ou de traduction développées ci-dessous.
L’inférence (déduction logique) s’utilise en version face à un mot inconnu grâce à un certain nombre d’indices.
* L’inférence contextuelle réduit les risques de commettre un non-sens.
Exemple : She was arranging in a vase the daffodils she had gathered. Le contexte immédiat indique que le terme “daffodils” désigne une fleur. Ailleurs dans le texte, le lieu, la période de l’année ou la couleur pourront permettre d’affiner. Il faut toujours faire preuve de bon sens.
* L’inférence lexicologique consiste à étudier la structure même du mot inconnu. Il faut d’abord déterminer s’il s’agit d’un mot simple (non décomposable) ou complexe (décomposable, comme teapot : tea + pot). Si le mot est complexe, il peut être formé par composition (regroupement de mots indépendants, comme dans teapot) et/ou par dérivation (ajout de préfixes ou suffixes qui n’ont pas d’existence autonome, comme dans helplessness où –less et –ness sont ajoutés à la racine help).
Dans un mot composé, c’est le deuxième terme qui est le noyau. Le premier ne fait que le déterminer. Ainsi « race-horse » signifie cheval de course et « horse-race », course de chevaux.
Face à un mot complexe formé par dérivation, il faut analyser les préfixes et affixes « grammaticaux » pour déterminer la nature du mot et les « lexicaux » qui donnent des indications sur le sens du mot.
On peut également penser au latin, au grec, au français ou à l’allemand pour deviner le sens d’un mot inconnu en prenant garde aux faux amis.
3.2 Les procédés de traduction
La majeure partie du temps, il est impossible de traduire tel quel un passage, et l’on doit chambouler la syntaxe originale pour parvenir à un résultat correct. Plusieurs procédés de traduction sont alors envisageables.
- L’équivalence consiste à recourir à une expression équivalente dans la langue cible pour traduire une expression idiomatique de la langue source. Ce procédé est très fréquemment employé pour les exclamations (oh dear : oh là là), les onomatopées (aïe : ouch), les jurons (damn : zut), les idiomes divers (over my dead body : ça jamais), les proverbes (chat échaudé craint l’eau froide : once bitten, twice shy).
That’s the pot calling the kettle back !
C’est l’hôpital qui se fout de la charité!
- L’emprunt consiste à conserver le même terme pour des raisons de « couleur locale ». Par exemple, le terme ‘drugstore’, typiquement américain, ne sera pas traduit en français.
- L’adaptation
Le cas le plus simple concerne les différents systèmes de mesures (voir plus bas). Les jeux de mots sont un autre exemple de difficulté que l’on peut résoudre à l’aide d’une adaptation.
- La transposition consiste à changer la catégorie grammaticale d’un ou plusieurs mots lors du passage en français pour éviter des calques syntaxiques disgracieux. L’anglais privilégie les formes verbales, le français les formes nominales.
I’m hungry J’ai faim
As soon as you left, I understood... Dès ton départ, je compris…
- Le chassé-croisé est la permutation des catégories grammaticales.
Ex : He ran across the street Il traversa la rue en courant
Ex : He walked into the room Il entra dans la pièce (ne pas ajouter « en marchant », cela va de soi !)
- La modulation est un changement de point de vue.
* Modulation métonymique (cause pour l’effet, contenant pour le contenu…)
Ex : She cleared her throat Elle s’éclaircit la voix (partie pour une autre)
Ex : life-jacket gilet de sauvetage. (moyen / résultat)
* Modulation grammaticale (affirmative / négative, injonctive / interrogative, voix active / passive…)
Ex : not unlike his own un peu comme le sien.
Ex : He had to be forcibly restrained from leaving On dut employer la force pour l’empêcher de partir (passif à actif).
Ex: He was knee deep in water L’eau lui arrivait aux genoux.
- L’étoffement consiste à ajouter des éléments à une structure trop concise pour parvenir à un résultat acceptable. L’anglais étant souvent une langue plus avare de mots que le français, il est important de savoir manier cette technique qui concerne souvent les prépositions et le génitif (’s).
Ex : (sur un paquet-cadeau) From John De la part de John
Ex: If in doubt, ask for help. Si vous avez des doutes, demandez de l’aide.
Les italiques peuvent servir, en anglais, à insister sur un passage mais en français, il est indispensable d’étoffer ce genre de construction.
He did see it first.
C’est bel et bien lui qui l’a vu le premier.
- L’allègement est le procédé inverse du précédent.
Ex : I couldn’t hear you Je ne t’entendais pas
Ex : We can catch up with the bus ! On peut rattraper le bus !
Outre les procédés de traduction présentés plus haut, il existe certaines manipulations syntaxiques à effectuer. Il arrive souvent que l’on soit amené à intervertir deux syntagmes ou deux propositions dans le passage d’une langue à l’autre.
Ex : Slobodan Milosevic, the president of the Serbian Republic : Le président de la République de Serbie, Slobodan Milosevic.
Ex : Inflation should fall below 10 per cent this year, according to the National Bank of Slovakia : Selon la Banque nationale de Slovaquie, l’inflation devrait passer en dessous de 10 % cette année.
3.3 Quelques problèmes ponctuels de traduction
- Les temps
Le système des temps de la langue française n’est pas superposable à celui de l’anglais. Il faut donc, avant de traduire, mettre à plat le système temporel du texte.
* Le present perfect sert à faire le bilan d’une action commencée dans le passé et éventuellement révolue. Il peut se rendre en français par le passé composé lorsque l’action décrite est envisagée comme accomplie (How pretty she’s become ! Comme elle est devenue jolie !) ou par le présent lorsqu’une datation passée ou une durée est associée dans la phrase à l’action décrite (I’ve known him for ten years : Je le connais depuis dix ans).
* Le prétérit signale que l’événement ou l’état décrit est en rupture avec le moment d’énonciation. Selon le contexte, on pourra le rendre par un passé composé ou un passé simple (plus soutenu) s’il s’agit d’une action passée ponctuelle (he walked into the room : il entra dans la pièce), un imparfait si le prétérit a une valeur de vérité générale, d’habitude, de répétition (Every Sunday, he went to church : Chaque dimanche, il allait à l’église), un plus que parfait lorsque l’événement est antérieur au temps de base (They had finished early and he was in long before his father : Ils avaient fini de bonne heure et il était rentré bien avant son père), un imparfait, un subjonctif ou un conditionnel pour rendre les valeurs dites « modales » du prétérit (It’s time you stopped : il est temps que tu arrêtes).
- Les noms propres
En général, un nom propre se conserve tel quel lorsqu’il n’existe pas d’équivalent dans la langue d’arrivée.
* On ne traduit jamais les prénoms même lorsqu’ils ont un équivalent dans la langue d’arrivée. Seuls font exception à cette règle les personnages historiques ou de fiction connus sous des prénoms différents dans une langue et dans l’autre (William the Conqueror devient alors Guillaume le Conquérant, Christophe Colomb donne Christopher Columbus…). Prendre soin de vérifier dans un dictionnaire. L’anglais a tendance à conserver l’orthographe originelle des noms, notamment latins et grecs (Hercules, Socrates avec le –s final d’origine, par exemple), alors que le français a tendance à les franciser.
* Les noms de famille ne se traduisent jamais (The Smiths : les Smith (pas de –s en français)) sauf quand ils sont employés dans un sens générique avec une valeur de nom commun (The Smiths a alors pour équivalent « les Dupont ») ou lorsqu’il y a un jeu de mots (ex : Cacofonix correspond à Assurancetourix le barde).
* Les surnoms, qui évoquent un aspect de la personnalité ou du physique, doivent être traduits (Baldy Johnny : Johnny Crâne d’œuf).
* Les titres de civilité et de noblesse qui précèdent les patronymes ou leurs abréviations seront conservés dans la langue d’origine (Mrs Robinson) mais pas les termes ‘sir’, ‘Madam’ ou ‘Miss’ seuls. L’abréviation « Mr » n’existe pas en français : « Monsieur » s’abrège « M. » (noter la présence du point). Les titres de noblesse sont traduits (earl : comte) sauf Lord, Lady et Sir (à ne pas confondre avec le ‘sir’ (s minuscule) signifiant « monsieur » vu ci-dessus).
* Les noms de pays, de villes, de fleuves, de montagnes et de régions se traduisent par l’équivalent lorsqu’il existe (Suisse : Switzerland). Les noms communs « rue », « place », « avenue », « boulevard », etc., ou square, road, etc., suivis d’un nom propre ne se traduisent pas (Regent Street reste « Regent Street » en français et ‘(the) boulevard Haussmann’ sera conservé en anglais sans le « le » français). On traduit les noms de rues et d’avenues new-yorkaises, qui ne sont pas vraiment des noms propres (Seventh Avenue : la Septième Avenue).
* Les noms de lieux utilisés pour leur valeur métonymique (référence culturelle, politique, etc. que le lieu symbolise) seront traduits en conséquence (ex : 10 Downing Street : le Premier ministre ; Wall Street : la Bourse…)
- Les titres
* Les titres de journaux et magazines se conservent systématiquement dans la langue d’origine sauf s’il s’agit d’un journal peu connu ou inventé dont le titre est explicatif, auquel cas on le traduit. Bien entendu, il faut traduire les titres des articles de journaux, auquel cas les titres français doivent être plus élaborés que les titres anglais, réputés pour leur concision (omission des déterminants notamment).
* Si l’extrait a un titre, on doit le traduire. En revanche, le titre de l’ouvrage ne doit sous aucun prétexte être traduit. Pour finir, au bas de la traduction, on indiquera d’où provient le texte à l’aide de cette formule simple : « D’après (nom de l’auteur), (nom de l’œuvre), année) ». Rappelons que le titre d’une œuvre artistique ou un mot étranger, en italique dans le texte d’origine, seront soulignés dans la traduction manuscrite. En français, la majuscule n’est utilisée que pour le premier mot du titre d’une œuvre artistique alors qu’elle s’applique à tous les mots lexicaux qui le composent an anglais.
- Mesures et monnaies
* Pour les mesures : ou bien l’unité existe dans les deux cultures et il suffit de traduire le terme sans convertir la quantité (200 mètres : 200 metres), ou bien l’unité est différente (UK Imperial System / US customary units) . Dans ce cas, il faut convertir. En fonction du contexte, la conversion devra être très précise ou approximative (arrondie).
* Longueur : inch (2,5 cms), foot (30,5 cms), yard (91 cms), mile (1,6 km)
* Surface : acre (0,4 ha), square foot (93 cm2), square mile (2,6 km2)
* poids: ounce (28,4 g), pound (453 g), stone (6,3 kg)
* capacité: ounce (env. 0,3 l), pint (env. 0,5 l), quart (env. 1 l), gallon (UK : environ 4,5 l / US : environ 3,7 l)
* température: 32° F (Fahrenheit) équivalent à 0°C. A chaque fois que l’on ajoute 9 à cette température de base en Fahrenheit, on obtient l’équivalent Celsius en ajoutant 5. Ainsi 50°F correspondent à 10°C.
* En raison de la grande variabilité des cours, les sommes d’argent mentionnées dans un texte ne se convertissent pas. Attention, cependant, à ne pas confondre somme d’argent et monnaie. Certaines dénominations monétaires sont désignées par un terme différent dans les deux langues (ex : pound : livre)
Remarque : Lorsqu’un nombre est écrit en chiffres, la virgule anglaise sépare les milliers des centaines, les millions des centaines de mille, etc. alors que le français laissera simplement un espace entre les chiffres. Ainsi, $6,398,645 s’écrira en français 6 398 645 dollars. En revanche, l’anglais utilise un point devant les décimales et non une virgule. A 5.25% increase correspond à « une augmentation de 5,25%.
3.4 La ponctuation
Il faut y être extrêmement attentif. Tout d’abord, les phrases doivent toujours commencer par une majuscule et se terminer par un point. Tout nom propre prend une majuscule en anglais (y compris les religions et leurs adeptes ainsi que les titres officiels: President Obama) mais en français, seul le nom dénotant une nationalité prend une majuscule (Les Français écrivent les textes français en français).
Le tiret
Il est employé beaucoup plus fréquemment en anglais qu’en français. Dans les deux langues, il s’utilise pour marquer le début et la fin d’une incise (équivalent des parenthèses). Mais l’anglais l’utilise seul pour signaler :
* une pause que l’on rendra en français par une virgule, un point virgule, un point ou des points de suspension suivant la longueur.
* l’interruption d’une phrase rendue par des points de suspension en français.
* une précision apportée à ce qui précède, que le français marquera souvent par une simple virgule.
* un commentaire de l’énonciateur sur ce qu’il vient de dire, introduit en français par une virgule, un point ou des points de suspension.
A noter que le français préfère les parenthèses ou des virgules au tiret auquel l’anglais a recours pour insérer des précisions au sein d’une phrase.
La virgule
Une virgule mal placée, et c’est tout le sens d’une phrase qui peut changer. Il faut toujours se rappeler que la virgule est l’équivalent d’une courte pause à l’oral.
En français, dans une énumération, les deux derniers éléments ne sont pas séparés d’une virgule, contrairement à l’anglais où tous les éléments sont placés sur le même plan et le tout dernier est précédé de « and ». Il arrive souvent que plusieurs adjectifs qualifiant un nom soient séparés par des virgules. The deep, blue sea se traduit par « la mer bleue et profonde ». En revanche, the deep blue sea (sans virgule) signifie « la mer bleu sombre ».
En outre, il ne faut jamais séparer sujet et verbe par une unique virgule et l’on ne met jamais de virgule unique après une conjonction de coordination en début de phrase (sauf après « donc » ou « or »). De la même façon, « c’est pourquoi » ne doit jamais être séparé de ce qui suit par une virgule orpheline. On ne sépare jamais non plus un verbe de sa subordonnée complétive (« Je pense qu’il va arriver »).
En anglais, quand une virgule sépare deux noms propres de lieu, il y a un rapport d’inclusion entre le premier (généralement une ville) et le second (généralement un Etat, une région ou un pays). En français, on fera précéder le second nom de la préposition « dans / en » ou bien on le mettra entre parenthèses.
Ex : Experts gathered at Bretton Woods, New Hampshire : Des experts se réunirent à Bretton Woods (New Hampshire).
Les relatives descriptives sont entre virgules et peuvent être supprimées car elles ajoutent simplement une précision : John, whom you met last night, is my brother.
Mais les relatives restrictives n’en ont pas : The Smiths whom you met last night are not the brightest in the family (Ce sont ceux que tu as rencontrés hier et ceux-là uniquement qui ne sont pas les plus malins. Il y a d’autres Smith qui le sont plus).
La ponctuation dans les dialogues
En anglais, les interventions orales de chaque personnage sont signalées par des guillemets dits anglais notés ‘en début de dialogue et ’ en fin de dialogue (‘‘ et ’’ en anglais américain). Tout retour à la narration entraînera l’utilisation de ces guillemets et il n’y a pas forcément passage à la ligne entre le dialogue et la narration. En français, au contraire, le début d’un dialogue entraîne un passage à la ligne et se marque par un guillemet couché noté « (qu’il convient de former sur le bas de la ligne, ni en hauteur, ni en diagonale). Les incises n’entraînent pas de fermeture des guillemets sauf lorsqu’elles sont excessivement longues. L’alternance de prise de parole entre plusieurs interlocuteurs se marquera par un retour à la ligne et un tiret. La fin du dialogue et le retour à la narration sont indiqués par un guillemet couché » puis par un alinéa. Voir les illustrations suivantes dans les deux langues.
“John , ” she said, “will you please answer the phone? ”
“Of course , ” he said. It was Alphonse calling.
« John, tu veux bien répondre au téléphone ? demanda-t-elle.
- Bien sûr », répondit-il.
C’était Alphonse.
On remarquera qu’en anglais, il n’y a pas d’espace devant les deux-points, le point virgule, le point d’interrogation et le point d’exclamation. D’autre part, le signe de ponctuation apparaît avant la fermeture des guillemets.
Enfin, la virgule qui suit le verbe introducteur en anglais devant le discours direct sera remplacée par les deux points en français.
Ex : The President declared, ‘I will not sign.’
Le président déclara: «Je me refuse à signer ».
Remarques sur la ponctuation française et anglaise
3.5 Les accents
Omettre un accent est au mieux une faute d’orthographe, au pire une faut grammaticale. C’est pourquoi tous les accents (graves, aigus, circonflexes etc.) doivent apparaître clairement. A cet égard, on distinguera le passé simple (Elle fit, il dut, il tint, elle vit, il put, elle voulut, il prit, elle mit) du subjonctif imparfait (bien qu’elle fît, qu’il dût, qu’il tînt, qu’elle vît, qu’il pût, qu’elle voulût, qu’il prît, qu’elle mît). Le participe passé du verbe « devoir » ne prend d’accent circonflexe qu’au masculin singulier. Enfin, c’est une faute que d’omettre les accents sur les majuscules.
3.6 Quelques difficultés du français : liste non exhaustive d’erreurs fréquentes dans les copies de version
- Après que + indicatif
- sensé = raisonnable, qui fait preuve de bon sens / censé = supposé
- C’est + singulier / Ce sont + pluriel au présent comme à l’imparfait
- Lorsque le pronom « en » est utilisé dans un énoncé au passé composé ou au plus-que-parfait, le participe passé ne s’accorde jamais (Des framboises, j’en avais déjà pris).
- Etc. est toujours suivi d’un point, et d’un seul.
- Au passé composé, le verbe « faire » suivi d’un autre verbe à l’infinitif ne s’accorde jamais (Elle s’est fait maquiller / surprendre).
- A la deuxième personne du singulier de l’impératif, les verbes du premier groupe ne prennent pas de –s (Garde mon sac !). Si le verbe est suivi des pronoms « en » ou « y » (non suivis d’un infinitif), un –s dit euphonique est ajouté pour éviter le contact entre deux voyelles (Regardes-en un autre ! »
Dans un énoncé à l’impératif, le pronom personnel précède toujours le pronom « en » (Parle-lui-en / parle-m’en). De plus, on place toujours un trait d’union entre le verbe et tout pronom qui s’y rapporte.
- La règle veut que dans le cas suivant l’on utilise le singulier en français: Ils ôtèrent leur chapeau (le français considère qu’il n’y a qu’un chapeau par personne), même si l’usage est fluctuant.
- Dans le cas d’un nom collectif (foule, majorité, minorité, dizaine, ensemble, etc.) suivi d’un complément au pluriel, le verbe peut s’accorder au singulier ou au pluriel.
- En français oral moderne, le pronom « on » a quasiment remplacé « nous » mais cela ne vaut pas à l’écrit. Attention ! Le pronom objet qui correspond au pronom sujet « on » est « soi » ou « se ».
- En littérature, le passé simple est roi. Le passé composé peut à la rigueur être utilisé pour le dialogue. Veiller à ne pas mélanger les deux dans le même extrait !
- Les jurys pénalisent rarement le non-respect de la concordance des temps au subjonctif mais beaucoup auront tendance à bonifier cet usage (Elle voulait que je revinsse). Après un verbe au conditionnel, le subjonctif présent (J’aimerais qu’elle revienne) est désormais accepté au lieu du traditionnel imparfait du subjonctif (J’aimerais qu’elle revînt).
- « Tel » s’accorde avec le nom qui suit mais « tel que » s’accorde avec le nom qui précède.
- Les régionalismes (ex : une « poche » au lieu d’un « sac ») sont à proscrire !
Une fois la traduction terminée…
Il est impératif de se relire ! Et ce pour s’assurer de ne pas avoir oublié de mots, de passages ou de fautes d’orthographe et être certain que chacune des phrases de la traduction a du sens. Un lecteur qui n’aurait pas eu connaissance de l’original doit, en lisant votre texte, penser qu’il a été écrit par un écrivain français.
D’autre part, la présentation doit être soignée, l’écriture parfaitement lisible et la copie propre (stylo-plume indispensable !). Les ratures sont à bannir ! Un mot mal écrit ou illisible sera considéré comme faux.
4. Types d’erreurs et notation
C’est le système des points-fautes qui est utilisé. Pour chaque erreur commise, un certain nombre de points est ôté à la copie. Le total de ces points est ensuite fait, puis comparé aux totaux de toutes les autres copies. Les meilleures copies auront le moins de points-fautes, les pires, le plus. Des points-bonus sont accordés lorsque le correcteur considère qu’une trouvaille du candidat st excellente ; ils sont retranchés au total des points-fautes.
4.1 Erreurs de compréhension
Le faux-sens est une petite erreur lexicale sans conséquence sur le sens général du texte (ex : traduire ‘sparrow’ (moineau) par « hirondelle » dans la phrase ‘A sparrow flew over the top of the trees’)
Le contresens est un faux-sens aggravé car il montre que l’on n’a pas vraiment compris le sens du texte (ex : traduire ‘sparrow’ par « flèche »)
Le non-sens montre qu’il y a erreur sur le sens du terme mais qu’en plus la traduction choisie est aberrante dans le contexte (ex : en traduisant ‘sparrow’ par « serpent », la phrase ne veut absolument plus rien dire !).
L’omission (oubli d’un mot) est la faute la plus lourdement pénalisée. Même lorsque l’on ne connaît pas un mot dans le texte original, il ne faut jamais laisser de blanc, ni de mot non traduit, qui fausseraient entièrement la phrase.
Il faut se méfier des expressions idiomatiques, le mot à mot étant souvent impossible.
à Si les erreurs de compréhension portent sur un segment de phrase voire sur une phrase entière, elles entraînent alors un nombre de points-fautes d’autant plus élevé.
4.2 Erreurs d’ expression
Du « mal dit » (légère faiblesse de formulation) au « très mal dit » voire au « charabia », lourdement pénalisé. Le registre de langue peut être inapproprié (trop familier ou trop formel dans le contexte donné). Le calque (traduction littérale aberrante) peut produire un énoncé qui ne serait pas naturel pour un natif. Attention également à la sous-traduction (votre traduction en dit moins que l’original) et à la sur-traduction (elle en dit plus).
4.3 Erreurs morphologiques
Les fautes d’orthographe lexicale (ex : « colinne » au lieu de « colline », les fautes d’accents et de majuscules) sont légèrement sanctionnées mais le cumul peut être très pénalisant car souvent, l’erreur est sanctionnée à chaque fois qu’elle est commise !
De même, la ponctuation n’est pas épargnée (oubli du point final, usage de la ponctuation dans les dialogues…)
Les fautes d’orthographe grammaticale (accord du participe passé, accord en genre et en nombre etc.) sont considérées comme impardonnables en français.
Le barbarisme lexical consiste à traduire un terme par un mot qui n’existe pas dans la langue d’arrivée (ex : traduire « relaxation » par « relâchage »).
Le barbarisme grammatical (ex : « il coura » au lieu de « il courut ») est inadmissible.
4.4 Erreurs de méthode (manque de savoir-faire dans la technique de traduction)
Le respect des répétitions : si un même mot ou des mots de même racine sont répétés volontairement dans le texte de départ pour créer un effet de style, il sera considéré comme une erreur de ne pas rendre cet effet dans le texte d’arrivée. En revanche, si les répétitions sont tolérées en anglais (ex : accumulation de « he said », « she said » dans un dialogue, le français variera le choix des verbes introducteurs (« demanda-t-il », « répliqua-t-elle », « lança-t-il »…)
Rappel du barème (rapport ENS Lyon 2015):
Fautes de première catégorie
Orthographe d’usage, accents non grammaticaux, faute de ponctuation, majuscule (oubliée ou inutile).
Fautes de seconde catégorie
Faux-sens, sous-traduction et surtraduction, calque lexical, maladresse, erreur de registre, collocation douteuse.
Fautes de troisième catégorie
Contresens lexical, ajout, erreur sur les prépositions, les articles et déictiques, erreur méthodologique, omission d’un mot.
Fautes de quatrième catégorie
Contresens sur un groupe de mots, calque de structure, orthographe grammaticale, faute de syntaxe, collocation malheureuse ou abusive, faute de temps ou de modalité, accents grammaticaux, accords.
Fautes de cinquième catégorie
Non-sens, réécriture d’un groupe de mots, omission lexicale majeure (deux mots et plus), faute de grammaire élémentaire, faute de conjugaison, importante rupture de construction, barbarisme sur un mot.
5. L’entraînement tout au long de l’année
La meilleure façon de développer un contact naturel avec le français et l’anglais écrits reste bien évidemment la lecture, au sens le plus large du terme (journaux, littérature…). Il faut se laisser porter par ses goûts et papillonner régulièrement dans la presse anglophone au gré de ses envies. Tout contact avec la culture anglophone est bon à exploiter : voyages à l’étranger, émissions de radio, films et séries en VO, programmes télévisés…
Il faut se constituer des listes de vocabulaire et apprendre consciencieusement des listes de faux-amis, de phrasal verbs (verbes à particules : put up with, watch out for) et bien entendu connaître sur le bout des doigts les verbes irréguliers. Une connaissance approfondie des expressions idiomatiques du français et de l’anglais est indispensable (proverbes, structures récurrentes, expressions figées). Enfin, il faut s’être familiarisé avec la culture et l’histoire des pays anglophones afin de saisir les allusions culturelles présentes dans un texte.
Practice makes perfect (C’est en forgeant qu’on devient forgeron). Plus vous vous entraînerez à traduire, plus vous progresserez.
Le devoir à la maison
Il est utile de procéder en plusieurs temps :
- établir une première traduction sans aucun document pour développer ses capacités de réflexion.
- Approfondir ce travail avec les outils dont on dispose chez soi ou en bibliothèque (dictionnaire unilingue puis bilingue, encyclopédie, fiches…)
- « Laisser reposer » le devoir quelques jours puis le reprendre l’esprit clair pour peaufiner la rédaction définitive.
- Dans le cas de la version : faire relire votre texte français à quelqu’un qui ne connaît pas le texte de départ. Cette tierce personne vous dira si elle comprend et si cela lui semble bien formulé.
Une fois la correction en classe terminée, relisez vos notes avant de commencer un autre devoir afin de ne plus commettre le même type d’erreur.