LA DEMEURE ROTHKO (1996)

Rothko rend visible ce qui est de l’ordre de l’immanence, de la pure lumière.

Dieu est (la) lumière. « Je suis Celui qui est ». Il est l’Être, il demeure, dans les deux sens du verbe.

La lumière qui éclaire toute chose, est ce par quoi Dieu (se) fait voir.

On peut y déceler la trace des anciennes divinités solaires, mais peu importe en ce qui concerne la peinture.

La lumière est ce qui dans le monde visible s’adresse au corps en entier, elle est chaleur et vibration.

Chez Rothko, la présence c’est cette lumière diffuse qui vient de derrière, de l’intérieur, du temps.

En surface, le voile, les sept, les dix voiles.

Chacun filtrant et adaptant la lumière à la perception humaine.

Dessous Dieu est nu, sa vue nous rendrait à notre cécité seconde.

La crudité de l’évidence supprime la foi, la tentative de saisie par dénomination résulte inutile.

Si cette peinture est métaphysique c’est par la proximité du Jardin d’Éden qui fait que l’homme du Livre ne peut être Bouddha, si cette métaphysique est peinture c’est qu’elle définit la vision comme mise à distance.

Ce que la peinture de Rothko nous dit, nous montre c’est la nécessité, et en même temps l’impossibilité du face à face.

Pour ne pas voir l’Éternel (celui qui habite le temps), Moïse se voile la face.

Mais l’Éternel serait-il visible pour autant ? Il se manifeste par l’entremise des éléments (racines animistes).

Face à face impossible de l’Éternel et du postulant à l’éternité, du Créateur et du créateur, de l’Incréé et de la question métaphysique (je suis celui qui s’interroge sur –son- être).