Le « marbre de Campan »
Le marbre extrait de la carrière de l’Espiadet à Payolle porte l’appellation « marbre de Campan ». La Société Rocamat fut la dernière à l’exploiter et cessa son activité en 1992.
De l’invasion de la Gaule par les romains à nos jours, elle a connu des heures de gloire et de longues périodes d’oubli.
Légende et histoire confondent l’origine de sa découverte à l’époque où la Gaule et plus particulièrement le Sud-Ouest étaient occupés par les Romains. C’était l’époque où Bagnères-de-Bigorre s’appelait « Vicus aquensis », très appréciée pour ses eaux thermales. Le goût de ce peuple pour l’esthétique et la « grandeur », laisse supposer que les marbres qu’ils utilisaient couramment pour leurs mosaïques, embellir leurs villas, ériger des monuments et des statues, provenaient de l’Espiadet.
De cette époque il ne subsiste pas de traces localement.
Une très belle variété de vert tendre fut envoyée à Rome aux IIème et IIIème siècles ; cela confirme tout l’intérêt que les romains portaient aux marbres de Campan, alors qu’ils possédaient chez eux bon nombre d’autres remarquables carrières (Carrare).
A la gloire des Rois de France
Le marbre de l’Espiadet va continuer d’être exploité au fil de l’histoire de France, avec plus ou moins de régularité, en plus ou moins grande quantité, et selon des accords spécifiques passés entre les seigneurs locaux et chaque royauté.
Il participe à la magnificence de la couronne.
Ainsi François 1er, Henry II, Henry de Navarre qui devient Henry IV et Louis XIII apprécieront ses rouges et ses roses et verts. Mais c’est surtout Louis XIV qui va lui donner ses lettres de noblesse.
Son utilisation dans la décoration du château de Versailles, du Louvre, de l’Opéra de Paris, voit l’apogée de la renommée du marbre de l’Espiadet.
De 1686 à 1689, 774 blocs et 12 colonnes partent pour Versailles et le voyage est long et périlleux.
L’exploitation et le transport des blocs vers la capitale cessent après la mort du Duc d’Antin en 1767.
Bien plus tard, des Sociétés industrielles privées reprendront l’exploitation, avec du matériel plus moderne et des voies de communication plus sures. Des marbreries, usines de sciage, polissage sont créés à Bagnères-de-Bigorre.
L’activité marbrière s’éteint avec la fermeture de la carrière de l’Espiadet.
Propriété de la Commune de Campan, entretenue et valorisée par l’Association des
« Marbrés de l’Espiadet », la carrière renait en nous offrant ses plus belles parois et terrasses. Elle devient un bel exemple pédagogique pour faire découvrir une des plus prestigieuses richesses locales.
CARACTERISTIQUES DU MARBRE DE CAMPAN-PAYOLLE
Qu’est-ce que le marbre ?
« Un marbre est un calcaire cristallisé par des phénomènes métamorphiques. » (1)
C’est la définition géologique.
L’origine du marbre est sédimentaire. C’est du calcaire !
Métamorphique ou reconstitué, il ne porte le nom de « marbre » que poli ou destiné à l’être.
La richesse des couleurs, qui peut varier d’un bloc à l’autre, d’une couche à l’autre, a pour responsables, les oxydes, la température et la pression auxquels ces calcaires ont été soumis au cours des mouvements orogéniques, notamment sous la pression des plaques tectoniques.
Le marbre de l’Espiadet à Payolle
« C’est une roche sédimentaire déposée dans un bras de mer du Dévonien, comme le prouvent les fossiles que l’on y trouve. Ce sont des Goniatites (céphalopodes) très petites, du genre clyphioceras »(1)
Cette roche s’est formée lors du soulèvement des Pyrénées sous la pression des plaques d’Europe et d’Espagne il y a 50 millions d’années.
Les phénomènes dynamo-métamorphiques qui en résultent donnent aux marbres de l’Espiadet quatre grandes variétés de coloris :
Rouge foncé : « griotte »
Uniformément vert : « Vert de Campan »
Rose et vert mélangés : « Pêche de Campan »
Gris foncé : « Apollo », et Gris clair : « Jumbo »
(1) A.Imbert « Découvrons la géologie » fascicules I et II – 1979 ;1980.