MOUVEMENT / Itinérances géopoétiques
Exposition à la galerie du Carré Claude-Nicolas / Arc-et-Senans
Du 13 au 28 septembre 2025
En ouverture des 2ndes Rencontres Géopoétiques Kenneth White (27 et 28 septembre)
MOUVEMENT / Itinérances géopoétiques
Exposition à la galerie du Carré Claude-Nicolas / Arc-et-Senans
Du 13 au 28 septembre 2025
En ouverture des 2ndes Rencontres Géopoétiques Kenneth White (27 et 28 septembre)
"Aucun monument donc, un mouvement"
K. White - Le mouvement géopoétique / ed Poesis 2023
ARGUMENT des 2des RGKW par Régis Poulet, Président du Conseil d'Administration de l'IIG.
PAYSAGE, JARDIN ET ARCHITECTURE — UNE LECTURE GÉOPOÉTIQUE
Kenneth White a défini la géopoétique comme la théorie d’une textonique de la Terre.
Son caractère transdisciplinaire fait même d’elle une architectonique, au sens où les fins des sciences, des arts, de la philosophie sont les moyens de la géopoétique, qui a pour but de fonder un monde où le rapport entre l’homme et la nature connaîtrait une harmonie nouvelle.
Lors de ces Secondes Rencontres Géopoétiques Kenneth White, nous interrogerons les relations de voisinage, d’affinité et de continuité poétiques entre le paysage, le jardin, l’architecture, en pratiquant le nomadisme intellectuel de l’Occident à l’Orient.
Cela passera par un questionnement sur ce qu’est habiter un lieu, une maison, le langage ; sur la pertinence ou même l’existence de limites entre nature et culture lorsque l’on suit avec la géopoétique les lignes du monde ; sur le rapport individuel et collectif à tout cela.
De la peinture de paysage au jardin de lettré, de la figure de la cabane au Moustier des fous (les oiseaux) de White, nous explorerons les voies d'une pensée qui est et qui n’est pas nouvelle, et qui cherche à répondre, au-delà de toutes les urgences qui nous saisissent, au défi d’habiter poétiquement la Terre.
Régis POULET, Président de l’IIG
Sur le site Fabula Régis Poulet présentait le programme des Rencontres (cest moi qui souligne):
"Même si des chercheurs renommés (Gilles CLÉMENT, Muriel DÉTRIE, Arnaud VILLANI) y interviendront, il ne s'agit pas d'un colloque mais d'un événement qui s'adresse à l'esprit et aux sens. A ce titre, en plus des six conférences qui couvrent les sujets du paysage, des jardins et de l'architecture, avec des comparaisons entre les visions et les pratiques d'Orient et d'Occident, nous proposons des lectures par des comédiens de textes (récits, poèmes) de Kenneth WHITE, une exposition (du 13 au 28 septembre à la galerie Claude-Nicolas, face à la Saline) intitulée "Mouvement/Itinérances géopoétiques" avec deux artistes représentatifs du mouvement géopoétique (Yannick BARAZER & Dominique ROUSSEAU) et des ouvrages bibliophiliques, et enfin, le samedi soir, un concert de flûte japonaise shakuhachi par une musicienne d'envergure internationale (Véronique PIRON). Nous avons également un partenariat avec la Librairie des Salines qui proposera des ouvrages de Kenneth White et géopoétiques."
Voilà le contexte général, l'évènement institutionnel, dans lequel s'inscrit cette exposition à la Galerie du Carré Claude-Nicolas située juste en face de la Saline Royale.
Petit historique de la préparation et de l'intention.
Régis Poulet m'informait dès le mois d'août 2024 de la tenue des prochaines Rencontres à Arc-et-Senans, du projet annexe de l'exposition et m'invitait à y présenter quelques travaux récents. La date semblait ne pas correspondre au calendrier de l'Atelier des Marges, moins de deux mois après notre retour de Polynésie et en pleine installation du nouveau "bivouac" en Limousin. Ce n'est qu'après beaucoup d'hésitations et l'insistance du "président" que fin décembre j'acceptai finalement le projet.
L'exposition présenterait des oeuvres (livres d'artiste manuscrits et papiers, "avec K.White") de Dominique Rousseau, des vitrines montrant des livres et documents rares sur et de Kenneth White de la collection privée du bibliophile Stéphane Bigeard (à cette date secrétaire de l'IIG) et des peintures et photographies "retour d'Océanie" témoignant de mon travail de recherche géopoétique accompli au long de 4 années de terrain polynésien sur l'île de Bora Bora.
Il était prévu que D. Rousseau en déplacement au Brésil ne serait pas présent, qu'il enverrait ses oeuvres et que Stéphane et moi même nous occuperions d'installer l'exposition. Celle ci avait pour but de participer à ouvrir une perspective sur ce que la géopoétique génère de vitalité culturelle aujourd'hui, deux années après la mort de son fondateur. Ainsi qu'en témoigne l'affiche que j'ai conçu (avec l'aide de Cécile Vibarel) au mois de juin, l'idée directrice était de présenter trois pratiques géopoétiques singulières engagées et au long cours.
Pour cela je tenais à prendre un angle de vue résolument hors des sentiers battus de l'expo d'art "classique", avec les codes et rituels sociaux associés habituellement à ce type de manifestation (galerie, vernissage, crémant, petit fours, postures et baratin). Il s'agissait d'articuler trois pratiques très différentes, deux plasticiens, eux mêmes aux antipodes dans leur pratique respective, et un bibliophile (auteur aussi du dictionnaire de géopoétique). Bref il ne s'agissait pas d'art pour moi, ou du moins l'art en tant que tel était anecdotique, mais bien de géopoétique. Un pas de côté était nécessaire pour montrer ce qu'elle a de singulier et comment elle peut s'incarner en Mouvement, "au large du champ de l'art".
Ainsi quand R. Poulet présente sur Fabula l'exposition en terme de "deux artistes représentatifs du mouvement géopoétique (Yannick BARAZER & Dominique ROUSSEAU) et des ouvrages bibliophiliques", non, il ne s'agissait pas de ça. Je profites de cette présentation pour rectifier le propos et le rétablir dans la juste intention. Non pas "deux artistes représentatifs du mouvement géopoétique et des ouvrages bibliophiliques" mais trois itinéraires géopoétiques: deux itinéraires accessoirement plasticiennes et une bibliophilique. La nuance change radicalement la perspective. Cette dernière, seule, peut rendre compte du MOUVEMENT transdisciplinaire initié par K. White. Il n'était pas question d'exposer de l'art pour poser la géopoétique dans le champ de l'art. Au contraire de se dégager de ce champ pour en ouvrir un autre inconnu, d'aborder un nouveau territoire non encore cartographié. On aurait pu tout aussi bien exposer de la photo animalière, des tracés d'architecture, des concepts thérapeutiques, géographiques, ... du pain si un géopoéticien-boulanger était présent... Où toute autre pratique s'inscrivant dans une trajectoire et un référentiel géopoétique. En ce sens les pratiques "artistiques" stricto sensu (peintures, sculpture, photographie...) étaient là tout juste circonstancielles.
En réduisant la dynamique de l'exposition au champ de l'art, en labellisant des "artistes", on aurait vidé la proposition de sa spécificité géopoétique même. Le Mouvement, insaisissable par nature, se serait trouvé assujetti au Monument (à l'institutionnel) avec une valeur au mieux "illustrative". Et, quand l'objectif, en croisant les itinérances, était de les rendre intuitivement, et même physiquement, "palpables", son Ouverture et sa vitalité proprement atopiques seraient resté cantonnées à une abstraction dévitalisée et inopérante.
Pour qu'il soit véritablement "géopoétique", il s'agissait de désencombrer le Mouvement des codes spectaculaires, étiquettes et usages consacrés de l'époque, de situer résolument la proposition "au large" (de l'histoire, d'un champ réduit). Voilà l'acte d'émancipation posé à la galerie du carré Claude-Nicolas. C'est en tout cas avec cette intention que je me suis engagé dans l'aventure.
Yannick Barazer (décembre 2025)
Quelques images pour une petite visite virtuelle (et pour les archives...)
Stéphane Bigeard devant la Galerie du Carré Claude-Nicolas
Yannick Barazer dans la Galerie