Simon Estrangin, Tendre à la Terre,
Auto-édition, Juin 2020.
Auto-édition, Juin 2020.
Dès la préface de son livre Tendre à la Terre, Simon Estrangin, géographe et aquarelliste, nous invite, citant Elisée Reclus, à nous adresser à la terre « pour avoir connaissance de la terre », revenir « toujours à la grande source ».
« Eprouver le monde à la première puissance », aller à la rencontre d’une présence, de « ce qui a lieu », telle semble être la visée de l’auteur dans cette suite de dessins réalisés sur le vif, au fil des années. Sans autre prétention que celle de se laisser toucher, troubler par la rencontre de nouveaux mondes, alors même que la terre, géographiquement, semble avoir été entièrement explorée, c’est à la découverte de paysages sensibles, par un regard aussi transparent qu’ouvert sur des perspectives profondes, que nous convie l’amitié de ce livre : ouvrir le regard, aiguiser la perception, pour y trouver la pulsation délicate de l’être même de la terre.
Apres un premier ouvrage publié en 2014 aux éditions Livres du Monde, Traversations sud-américaines, vers une géographie du voyage, Simon Estrangin nous embarque ici dans un récit graphique et poétique, tout en nuances et sensations fines. Nous respirons entre ces pages un air sensuel et subtil, on y ressent le plein-vent, le soleil, on suit la densité des ombres, l’éclat des couleurs. La vitalité de ces aquarelles nous donne l’impression de toucher la matière, de sentir sous les doigts le grain fin des pigments déliés par l’eau, d’entrer dans la lumière, non pour y trouver des images imposantes ou banales mais pour accéder à la fraicheur limpide d’une origine.
La finesse du dessin raconte les paysages, les animaux, les scènes de la vie humaine et nous plonge dans l’intime de la rencontre, dans son émotion même, accordée à ce qui advient dans le long cour du voyage, du vagabondage.
Simplicité, vérité, sensibilité se déclinent selon les lieux, en Asie, dans les Andes, la péninsule ibérique, les rivières de la Réunion ou encore les montagnes alpines, avec toujours au coeur l’authenticité et le respect de ce qui est vu, de ce qui se laisse voir, d’une poésie propre à la terre. C’est avec un talent certain que cette poésie nous est restituée. On sort de la compagnie de ce livre comme régénéré et heureux de contempler la beauté de ce monde.
Cécile Vibarel
Tendre à la Terre c’est de la vie, c’est du voyage. C’est de la vie comme voyage. Du voyage comme déroulé de vie.
Tendre à la Terre ce sont des yeux clairs, de ceux qui voient à travers. C’est le regard d’eau, qui coule en couleur à travers les formes, et s’applique à connaître de l’oeil et de la main. Ça fait du bien. En tout, ça fait du bien. Si besoin même ça réconcilie avec l’obscurité, l’ombre est vue et révélée pour ce qu’elle est: profondeur de lumière.
Simon Estrangin est géographe et aquarelliste, sur ces deux pieds là, de ces deux mains là, de ces deux yeux là, il voyage et vit et voit. Et fait voir. A partir de l’apparence la plus légère et la plus dense, il explore les profondeurs de ce qui s’offre au regard au gré du mouvement du voyage. Il dessine et mouille les couleurs jusqu’à la transparence, Pas celle qui dissout, celle qui révèle. Sa vision s’étale et pénètre avant dans le corps vivant de la Terre. Il voit et raconte, et nous aussi, avec lui, on voit.
Sourire.
Yannick Barazer
Publications précédentes de Simon Estrangin :
2019 "Robert Hainard", http://geopoetiquedurhone.org/index.php?page=4-13---robert-hainard
2019 « Peindre, un terrain d'expérimentation pour la géographie ? » La Géographie, n°1572
2019 « En reconnaissance » dans Le Sourire d'Addis, édition Livres du Monde
2014 Traversations sud-américaines, vers une géographie du voyage, édition Livres du Monde
Pour se procurer le livre de l'auteur : simon-estrangin.frama.site