Planktos

Oeuvre de musique concrète de Lionel Marchetti

composée en regard du recueil de poème éponyme de Régis Poulet

Faute d’oreilles initiées, équipées pour l’art acousmatique, à défaut de pouvoir en faire d’emblée une écoute éclairée, nous signalons la sortie de ’’Planktos’’ une composition musicale de Lionel Marchetti en regard du recueil de poèmes éponyme de Régis Poulet (Isolato 2018). Tous deux sont membres de l’Atelier Géopoétique du Rhône.

Musique ‘’concrète’’, art ‘’acousmatique’’… Quésaco?

« La musique acousmatique a pour but de développer le sens de l'écoute, l'imagination et la perception mentale des sons. Ceux-ci sont fixés sur un support, on ne voit pas la représentation physique de l'objet qui a produit le son. Les musiciens qui composent cette musique font appel aussi bien aux sons électroniques qu'aux sons naturels, comme le bruit du vent, de la mer, de deux bois qui se cognent, des voix, des cris, des chants, etc. Les sons enregistrés ou créés sont alors, par un lent travail de métamorphose et d'écriture manipulés, transformés par ordinateur et organisés par un montage et un mixage élaborés, en une composition musicale. » (1)

Bon… Allons donc explorer cet espace là.

A la première écoute je ressens clairement une résistance à la trituration électronique, au son de la Machine qui vient heurter une ouïe plus accoutumée au chant des oiseaux, au vent mêlé au crrrc des pies dans les branches des arbres, au rythme des vagues sur la plage, au bruit de la pluie … enfin à tout ce qui est là dehors quand on sort un peu des villes ou quand on tend l’oreille à travers leur cacophonie.

Et puis, par curiosité, goût de la nouveauté, j’écoute encore. C’est à un voyage mental, et pour moi à une expérience inédite, auxquels convie cette oeuvre musicale.

"Océan" (Hen panta, Tat swam asi) achève le cheminement psychocosmogrammatique (1) de la composition, tel en tous cas qu’il apparaît lorsque l’on suit les titres des différentes parties de ses 5 ‘’mouvements’’.

Et me voilà revenu sur Terre. Où suis-je donc allé pendant ce temps là ? Pas d’idée claire sur la question. Dans des profondeurs intimes ? Des lointains cosmiques ? En tous cas dans un labyrinthe sans doute, quelque part entre le réel du jour et un rêve sous-marin dont les galeries sonores, générées par manipulations technosphériques : broyages, frottements, frictions…, se déroulent en paysages, en appels, en dires muets, spiralés, oscillants, rebondissants… A vrai dire j’ai l’impression d’avoir été trimballé comme une boule de métal dans un flipper au ralenti. Etrangement, les sons habituels du dehors m’apparaissent maintenant… différemment. Avec un drôle d’écho. Comme si mon écoute avait été en quelque sorte ‘’travaillée’’…

Je vous invite à découvrir par vous-mêmes cette composition, et peut-être comme moi la musique acousmatique, sur la page du site de Lionel Marchetti.

Et pourquoi pas, en vous accompagnant, comme celle d’un livret d’opéra, de la lecture (ou de la relecture) du recueil de poèmes de Régis Poulet : ’’Planktos’’.

Yannick Barazer

Notes :

1. De ‘’psychocosmogramme’’, traduction que fait G.Tucci du terme ‘’mandala’’

2. Influx, site internet de l’association ‘’Musiques et recherches’’ dédiée à la musique acousmatique.