Deux poètes chamans britanniques contemporains : Ted Hugues et Kenneth White.
Article de Michèle Duclos, présenté par Cécile Vibarel.
A lire en intégralité sur son site.
Article de Michèle Duclos, présenté par Cécile Vibarel.
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Dans cet article, Michèle Duclos, chercheur à l’université Montaigne de Bordeaux et spécialiste de la poésie britannique et irlandaise contemporaine, met en lumière le rapport à la poésie de deux auteurs contemporains d’envergure : Ted Hugues (1930-1998) et Kenneth White (né en 1936).
Les deux hommes partagent un constat identique sur la civilisation contemporaine et sa perte d’un certain rapport à la Terre et au vivant, « après l’effondrement des valeurs humanistes séculaires qui mettaient au centre de la pensée occidentale une Raison devenue despotique ».
Proches par leurs origines et leur culture, ils sont tous deux issus des marges celtes de la Grande-Bretagne et, marqués par l’origine sociale du prolétariat, ils trouvent tous deux une issue aussi bien dans les études universitaires que dans un certain appel de la vie sauvage et naturelle. Ils partagent surtout une même vision de la Poésie comme art opératif dont le sens profond est de relier l’homme au cosmos. Leur poésie est en lien avec la Terre et le vivant, ils sont poètes-cosmos. Ils portent en eux, dans leur corps même, dans leur rapport aux éléments et à la nature, une puissance magique, chamanique.
Comme l’exprime Michèle Duclos dans la présentation de cet article, « pour les deux créateurs, le poème est un intermédiaire agissant entre l’homme et le cosmos, en quelque sorte sur un même plan ontologique qu’eux : « La poésie n’est pas faite de pensée ou de rêveries vagues. Elle est faite d’expériences qui transforment nos corps et nos esprits, momentanément ou pour de bon ». (Hughes, Winter Pollen). Pour White, le poète « ne regarde pas la poésie d’un point de vue littéraire, mais anthropologique, cosmologique. Des choses comme le rythme et le langage sont en fait cosmologiques bien avant d’être littéraires. Quand la poésie perd conscience de ses sources originelles, elle devient de la simple littérature - ce dont je puis , quant à moi, me passer. » (White, En toute candeur).
Une telle sensibilité commune débouche cependant sur « des attitudes métaphysiques diamétralement opposées ». C’est donc ce chemin parallèle puis divergent que Michèle Duclos se propose « de retracer ici en prenant pour référence la piste chamanique telle qu’on peut la suivre dans les deux oeuvres ».
Cécile Vibarel