Le quartier est construit assez largement sur l’ancien domaine de la Tuilerie, où François 1er a fait construire un pavillon de chasse entouré d’un parc de 5 hectares remplacé, deux siècles plus tard, par le château dit invisible tant il était caché par des frondaisons luxuriantes. C’est le long des voies ouvertes sur ce domaine, que le siècle dernier a vu apparaître des immeubles Art nouveau, notamment signés par Hector Guimard et Henry Sauvage, ou Art déco ainsi que de nombreux hôtels particuliers.
Cette transformation s’est faite dans le respect de ce qui, aujourd’hui encore, est constitutif de l’agrément du quartier : une densité maîtrisée et de nombreux espaces verts protégés.
La beauté et la qualité environnementale qui en résultent sont un bien commun qu’il convient de préserver et entretenir.
Or le calibrage du projet dans sa forme actuelle est en contradiction avec les objectifs affichés d’« écologie intégrale ».
Il suscite des interrogations au regard des enjeux environnementaux, s’agissant en particulier de la limitation de l’imperméabilisation des sols et l’accroissement de la végétalisation dans la zone urbaine dense. Le calibrage actuellement retenu a pour effet de réduire les espaces libres et conduit à une densification notable sur la parcelle. L’occasion semble manquée de créer un espace vert qui pourrait s’articuler avec le jardin existant (square Desroches-Noblecourt).
Le projet est, d'autre part, en contradiction avec les objectifs du futur plan local d’urbanisme (PLU) « bioclimatique ». En effet, même s'il comporte des éléments de végétalisation, les espaces libres existants sont réduits de 1 260 ou 1 480 m2.
Cette suppression d'espace libre semble déterminante pour le projet dans la mesure où, sur l'ancien parking, situé en face du jardin Desroches-Noblecourt viendraient s’implanter des constructions R+8 d'environ 11 000 m2, soit 56 % du bâti supplémentaire.
La logique suivie paraît contraire aux objectifs de réduction de la densité et de lutte contre le réchauffement climatique affichés comme objectifs du futur PLU (actuellement en discussion) en renonçant à créer un espace vert qui peut s'articuler avec un jardin existant dans une zone déjà fort dense.
Voir également nos propres simulations d'ensoleillement sur la base d'une version antérieure du projet moins massive aux abords du square.
Ainsi, la volonté affichée de satisfaire aux exigences d’une «démarche d’écologie intégrale», s’exprimant notamment à travers la désimperméabilisation des sols sur le milieu de la parcelle, semble en porte-à-faux avec les conséquences sur le jardin Desroches-Noblecourt, qui sera privé d’ensoleillement en raison de la présence de deux bâtiments de huit à dix étages sur l’essentiel de sa longueur.
Le graphiques ci-contre indique le nombre d'heures d'ensoleillement perdues en moyenne par ce square. Près de la moitié du square perd plus de 3h d'ensoleillement par jour. En hiver, cela monte jusqu'à plus de 5h d'ensoleillement perdues, c'est à dire une partie conséquente du square plongée dans l'ombre sur la quasi-totalité de la journée.
Il en est quasiment de même avec la crèche.
Le projet et son accumulation désordonnée de bâtiments dont le seul objectif est une maximisation des m2 carrés construits et de la rentabilité financière.
En fait, l’approche adoptée par la FAA est fondée sur des constructions d’immeubles sur grandes hauteurs (27 à 30 mètres de haut), une forte densification humaine et des flux automobiles accrus, en complète contradiction avec les aspirations sociétales et écologiques actuelles.
Ce projet d’aménagement menace ainsi l’équilibre du quartier d’Auteuil situé entre l’avenue Mozart, les rues Jean de La Fontaine, Ribera, Adrien Hébrard et Léopold II.
Ce projet qui, par les dimensions envisagées, risque de dénaturer le quartier en raison de la densification, de l’atteinte aux espaces verts et de l’intensification de la circulation automobile, est de plus gros de désagréments majeurs pendants plusieurs années (camions, grues, engins de chantiers, etc.).
Il fait courir un risque de déstabilisation du sous-sol et des bâtiments en raison des sources et écoulements souterrains dans le quartier.
Enfin, la construction de nombreux logements va intensifier la circulation automobile dans un quartier déjà saturé. Et parce que la parcelle concernée est très enclavée, le projet envisage la création de nouvelles voies de circulation,
via la rue Léon Bonnat (actuellement en impasse),
via la villa Mozart donnant sur l’avenue du même nom, totalement saturée.
A l’heure où un nouveau PLU est en cours de discussion, la FAA s’est lancée dans une course de vitesse afin de déposer son permis d’aménager début 2023 en vue de bénéficier des dispositions moins restrictives du PLU actuellement en vigueur. Il paraitrait dès lors sage de surseoir à statuer sur ce dossier afin qu’il puisse être examiné, en temps utile, dans le cadre du nouveau PLU.
Ce projet, dans sa mouture actuelle, aurait pour effet de dégrader les rapports avec les riverains, qui ont presque unanimement déploré son caractère démesuré, l'absence de réalisme des projections relatives à l'impact sur la vie de quartier (densification, circulation, pollution) ainsi que les risques importants dans le cadre de la consultation publique menée fin 2021.
À la mi-janvier 2022, un bilan de la concertation a été établi par les deux garantes désignées dans le cadre de la Commission nationale du débat public, dont les conclusions ont fait état de réserves quant aux dimensions du projet (voir notre argumentaire de synthèse), et dont la FAA ne semble pas vraiment avoir tenu compte.