L’équipe d’Escape Gang avait à coeur de vous présenter une bande-dessinée qui vous plongera directement dans l’univers du 40 Elephants Gang ! Et quoi de mieux pour cela que d’en discuter avec son auteur ?

KID TOUSSAINT

Kid Toussaint, le scénariste de la BD 40 éléphants, a gentiment accepté de répondre à nos questions. Il revient sur le processus de création de la série et sa vision du métier dans un entretien très intéressant que nous vous laissons découvrir. Et n’hésitez pas à suivre Kid Toussaint sur son Instagram pour suivre ses (nombreux) projets !


L’histoire du gang n’est pas très connue… Comment avez-vous découvert son existence ?

KID TOUSSAINT : Sur Internet, on trouve de tout et surtout beaucoup de bêtises. En cherchant des photos de profil de criminels des premières années de la photographie (Bertillon, Pinkerton), je suis tombé sur la photo d'un gang féminin en Australie... En fait, la légende de cette photo était fausse, il s'agissait de femmes déguisées pour un mardi gras, mais un commentateur avisé signalait qu'un véritable gang entièrement féminin avait réellement existé à Londres. J'ai commencé mes recherches par pure curiosité.


Avez-vous immédiatement eu l’envie d’en faire une bande-dessinée ?


K. T : Oui. Je trouve qu'avoir un gang de filles uniquement, ce n'est pas anodin. Il y avait un écho avec notre époque qui me paraissait intéressant et la possibilité d'étudier un cas quasiment unique...en s'amusant follement.


Quelle est la part de réalité et de fiction dans la série ?


K. T : Ma première intention était d'être fidèle à la réalité. J'ai lu des procès-verbaux, des articles de presse, des compilations de faits divers, des analyses...mais je me suis rendu compte que ceux qui parlaient des 40 éléphants fantasmaient beaucoup le gang et son organisation finalement. ça m'a libéré. J'ai repris certains crimes commis, certaines personnalités, le contexte... puis, j'ai écrit ma propre histoire au milieu de tout cela.

40 éléphants

Est-ce plus difficile de scénariser une histoire qui se base sur des faits réels ?


K. T. : Il n'y a que la part de documentation qui y est plus importante mais hormis cela, c'est le même travail. Écrire une histoire, c'est voir un arbre avec une infinité de branches et le tailler jusqu'à ce qu'il ressemble plus ou moins à quelque chose.


Vous collaborez avec de nombreux dessinateurs. En quoi le style de Virginie Augustin vous paraissait-il correspondre à votre scénario ?


K. T. : Tout d'abord, il y a le sujet qui lui parlait autant sinon plus qu'à moi. Ensuite, je savais Virginie capable d'une belle galerie de personnages de caractère, identifiables au premier coup d'oeil. Surtout, il y a une importance donnée au rythme dans ce que raconte Virginie qui me permet tellement de chose dans le scénario ; passer du suspens au burlesque, d'une ruelle sombre à un grand magasin de luxe, de l'intimiste au grand spectacle. Virginie, c'est une Rolls Royce pour un scénariste.

40 éléphants s’adresse plutôt à un public adulte, mais on vous connaît aussi pour des séries “jeunesse” comme Magic 7 ou Télémaque. Avez-vous une préférence par rapport au public que vous visez ?

K. T. : Je ne vise pas de public. J'écris avant tout pour moi ou malgré moi. Pour l'enfant que j'étais au vieillard que je serai si j'arrête de manger n'importe quoi, continue à porter mon masque et regarde des deux côtés de la rue avant de traverser. Je trouve que le public jeunesse est néanmoins un meilleur lectorat. Il lit plus attentivement, plusieurs fois, cherche à comprendre, va au-delà de l'image, au-delà de l'histoire. Pour caricaturer, le public adulte à tendance à lire, juger et ranger en un seul mouvement pour vite passer au suivant.



Quels sont vos projets du moment ?

K. T. : Oh dites, il y en a tellement. On vient de sortir un Western qui se déroule durant la guerre de Sécession avec Tristan Josse chez Grand Angle. ça s'appelle Ennemis. Puis, l'histoire d'amour entre un Robot et une jeune femme aux éditions Dupuis, Love, Love, Love avec Andrés Garrido.

Love, Love, Love

Illustration de Love, Love, Love