Témoignage de Marion - Le grand raid de la Réunion
"Ce n'était pas un dossard, c'était le prix de la résilience. ✨
Permettez moi de prendre un instant pour me rappeler d'où je viens et le chemin parcouru. Après des années difficiles, je décide enfin d'arrêter de parler et de passer à l'action. Je pense honnêtement qu'à ce moment précis, je voyais le projet du Grand Raid de la Réunion comme ma dernière chance, le seul qui compterait assez pour me sortir de cette situation.
C'est alors que deux rencontres successives vont me permettre de concrétiser, un coach sportif et une nutritionniste. Deux personnes à qui j'exprime, fragilement et larmoyante, ce rêve d'enfant. Alors que je m'attendais à entendre à nouveau "ton corps et ton mental ne sont pas prêts", j'ai reçu des réponses en totale opposition à mes croyances, des réponses bienveillantes et pleines d'espoir. Octobre 2022 marque alors le début d'un changement profond. Cette préparation (pour ne pas dire ma reconstruction) n'a pas été tous les jours facile, mais elle m'a apporté bien plus que je n'aurais pu l'espérer, elle m'a tout simplement donné des ailes.
Avant le grand départ de la course je m'étais dit que je ferais tout ce que je peux pour rejoindre la ligne d'arrivée, mais que finalement le résultat m'importait peu car j'avais déjà gagné. Être au départ de cette course était déjà une victoire, qui me permettait d'être sûre d'une chose. Je n'avais jamais été aussi solide, heureuse et accomplie que ces derniers mois. Je n'ai tout simplement jamais autant aimé la vie. Et c'est bien là ce qui compte.
Puis la course, cette traversée incroyable de l'île, et la délivrance.
Quelqu'un m'a dit "L’Ultra est un voyage intérieur aux allures d’une sinusoïde", disons que la mienne aura eu une grande amplitude.
Il y a eu les hauts: les kilomètres seule dans Mafate, les deux levers & le coucher de soleil, les moments de partage, et il y a eu les bas: la somnolence en courant pendant la nuit avant la blessure. Voyons le positif dans le négatif, les genoux en vrac m'auront permis de profiter plus longtemps des sentiers réunionnais et d'apprendre par cœur la position des cailloux pour la prochaine fois, même si j'ai bien cru que je ne verrais jamais la ligne d'arrivée tant la douleur était forte... mais ça, c'était sans compter sur l'équipe de choc qui me soutenait: mes parents qui ont passé 2 nuits blanches pour m'offrir des ravitaillements de luxe, des amis venus m'accompagner et surtout m'éviter l'abandon de justesse. Puis il y a eu le soutien à distance, à commencer évidemment par le coach qui a fait les 1000 pas pendant 2 jours dans son salon mais qui m'a surtout parfaitement préparée à la réalisation de ce projet et qui m'a soutenue au téléphone pour me donner la force d'avancer. Et enfin, il y a eu la vague d'amour, des messages à en faire saturer mon téléphone.
J'ai réalisé un rêve, j'ai passé la ligne d'arrivée et cette médaille, c'est celle de toute une équipe.
"Et après, que se passera-t-il?" ou la question que je me suis posée 1000x avant le début de l'aventure.
Cette course était d'une beauté égale à sa violence, et bien l'après l'est tout autant.
Il y a le positif : l'euphorie des jours qui suivent, les retrouvailles et le partage avec les proches, l'agréable surprise d'un corps qui récupère bien, mis à part les genoux qui couinent encore.
Et il y a une partie que j'aime moins : la coupure et le retour de blessure. Cette période pendant laquelle le rythme ralentit pour permettre la récupération physique et mentale, pendant laquelle les prochaines aventures sont encore incertaines, cette période qui laisse à nouveau une place à la voix démoniaque qui sommeillait pendant la prépa...
Mais lorsqu'on est compris et bien encadré, on apprend petit à petit à mieux gérer et on progresse.
Une personne qui se reconnaîtra m'a très justement dit : "L'après ne sera pas vide, tu connaîtras 1000 autres vies, parce que tu ne pourras pas t'empêcher de faire 1000 choses!". J'attends donc impatiemment la suite et j'espère pouvoir la partager avec vous."