Le projet OPLA vise la constitution d’un copus de données orales et écrites illustrant des pratiques ordinaires du français au contact d’autres langues et renseignant les représentations des locuteurs vis-à-vis de ces langues ou variétés et de leurs pratiques.
Deux types de données : les premières donneront à voir les usages ordinaires des locuteurs et les secondes permettront d’approcher leurs représentations et l’influence des politiques linguistiques et des contextes sur les pratiques.
Données orales et écrites écologiques
Afin d’obtenir de la « langue ordinaire », sur chaque site, un minimum de 20 informateurs seront sélectionnés. Cette sélection se fera sur la base des réseaux des enquêteurs pour tendre à 1/ faciliter une relation de confiance entre enquêteur et enquêté, nécessaire pour l’obtention de données proche de « l’authentique » ; 2/ une caractérisation fine des profils des informateurs, au-delà des seules données sociodémographiques insuffisantes pour approcher leur rapport à la langue, leurs représentations et attitudes linguistiques. Les informateurs auront à procéder à des auto-enregistrements dans des situations d’interactions orales ordinaires et/ou à fournir des copies d’échanges dans des situations d’interactions écrites ordinaires (sms, chats, réseaux sociaux, par exemple). Toutes ces données seront anonymisées et archivées selon les règles juridiques et éthiques qui s’imposent.
Recueil des représentations
Entretien : approche des représentations
Afin de comprendre les attitudes linguistiques qui conditionnent les pratiques, des entretiens seront menés avec les informateurs sélectionnés. Il s’agira d’une part de dessiner le rapport aux langues qu’entretiennent les informateurs. D’autre part, en s’appuyant sur les données qu’ils auront fournies, les informateurs seront conduits à adopter une posture autoréflexive face à leurs propres productions. Ces entretiens sont fondamentaux pour les analyses (socio)linguistiques.
Discussions-débats : approche de l’influence de l’enseignement
Des discussions-débats seront menés auprès d’enseignants et futurs enseignants afin de 1/ prendre la mesure du degré de conscience de l’influence des langues étrangères sur les pratiques ordinaires des élèves/apprenants ; 2/ comprendre le positionnement des enseignants face à la diversité de la langue compte tenu des injonctions normatives institutionnelles ; 3/ recueillir l’expression des difficultés et des besoins compte tenu de l’écart entre les objectifs d’enseignement et les compétences langagières « déjà là » des élèves/apprenants.
Les mêmes types de données seront recueillis par les équipes suisse et haïtienne dans l’objectif de mesurer le poids des cultures nationales sur les effets du contact des langues. En l’occurrence, il s’agira d’observer comment les pratiques de la langue française se distinguent selon la façon dont les politiques linguistiques locales gèrent la présence des différentes langues sur le territoire. La Suisse et Haïti ont notamment été choisies pour leur contexte géographique, social, économique et historique qui les distinguent en de nombreux points de la France. Par ailleurs, ces contextes les inscrivent aux deux extrémités de ce que pourrait constituer le continuum représentatif des pays de l’espace francophone.