INTERVIEWS

FILMMAKER / RÉALISATEUR
YANNIK RUAULT



















Yannik Ruault
Photo crédit Diana Baker

"This story was shot before the COVID-19 pandemic and today, the life of this boy isolated in a house takes on a new meaning with our experience of lockdown. Also, this film offers a reflection on violence and war, in a troubling sounding with recent events in Europe."



Yannik is a French filmmaker. In his films, he explores the cinematographic standard of Organic Motion. SNOWGLOBES is his second feature film. In his Masterclasses, Yannik teaches cinema and creative storytelling.

Yannik, you are the director and scriptwriter of "Snowglobes". What gave you the idea for this movie?
One day, consecutively to a private event, I felt a strong disturbance. The cup of coffee that I drank was not the same as it was the second before. My certitudes, conscience, perception, was in a vertigo. At the same time, I felt like I was in a direct, pure, connection with life and with light. It was anxious but more fascinating. It was like a photon state, a particle of light which, according to the laws of quantum physics, exists in different states at the same time. So, I asked myself, "What could the life of a child who would be existing in this quantum state be like?". The idea of a child with a quantum neural system is more and more precise. It seems interesting to me that the reason for this quantum neural system could be an unexpected consequence of a genetic manipulation. To introduce this fantastic story, the fable seemed to be a good style of narration about a child whom the gene of violence has been removed.

How did you choose the title for the film?
A snow globe offers us a common ideal protected from the outside world. "Snowglobes" is the name chosen by Doctor Sweetheart for her research program, an ambitious genetic project to modify the human genome and pacify humanity. The child, on which this experiment is done, lives in a house with a fairy garden isolated from the outside world, like in a snow globe. Also, snow globes symbolize the Multiverse, the quantum Universe, where an infinity of simultaneous Universes exist. The child can access this Multiverse, in contrast with the other characters who are living, like each of us, in a homogeneous Universe. It was a great challenge to film the house (house of the English poet Philip Larkin) like a snow globe and also the organic relationship between the child and this fairy garden. A strange thing is that this story was shot in October 2019, before the COVID-19 pandemic and today, the life of this boy isolated in a house takes on a new meaning with our experience of lockdown. Also, this film offers a reflection on violence and war, in a troubling sounding with recent events in Europe.

Could you tell us more about the Organic Motion in "Snowglobes"?
At the beginning of this film project it was quantum physics. I tried to define what could be a quantum cinematographic body. For example, I mixed shots from outside of the house (through the windows) and sound captures from the inside, to stage quantum states. I chose camera positions and movements, depending on whether we were in the homogeneous Universe or in the Multiverse. Also, observations of quantum physics inspired the post production. For example, colorization of the "Quantum Leap", when the child joins Sweetheart and Handy. Another example is the shot noise that we used to create transitions between universes, like shot noise observed in some quantum experiences. There are also these zoom to the pixel of the image, as if to enter the body of the film, this body of light, immaterial and digital ; like a scientist who, with a microscope, try to understand the secrets of Life. These choices are not motivated by aesthetic reasons but by physical realities. That is the Organic Motion. In this film, the Organic Motion inspired the design of the original music that was composed independently of the images.

In "Snowglobes" we discover QUBIT, an Artificial Intelligence who is kind and careful but devoid of any humanity.
A character from Artificial Intelligence is particularly interesting because, unlike the other characters, it is not a psychological profile but it questions our limits. Are we aware of the relationship we create with A.I., especially when this relationship is friendly? What are our moral limits with an A.I. devoid of any humanity? These questions concern all of us at this time when A.I. is in strong development.

"Snowglobes" introduces us to the relationships between female scientist researchers. Could you explain your intentions?
In our society, women in Science are a minority. Fortunately, this situation is changing but unfortunately it is changing slowly. This film shows us a strong relationship between three female scientists, like in a sorority. The relation between Doctor Sweetheart, Heady and PhD are with the passion for Science, they are proud to be heirs of what Marie Curie said: "You can not build a better world without improving the individuals". Throughout the film, we discover that this passion exists beyond morality.


FILMOGRAPHY
SNOWGLOBES (2021)
ABRAHADABRA (2017)
Reflets dans l'oeil du Chat (Court Métrage 2012)
Le fruit défendu (Court Métrage 2011)

INTERNATIONAL SELECTIONS
Hollywood Best Indie Film  Festival 2024
French Film Festival UK 2021
Francophonie UK 2019
Festival des à côtés 2019
French Film Festival UK Discovery 2017
French Film Festival UK Short 2016
Festival de Cannes Short Film Corner 2011

OFFICIAL WEBSITE | www.myfilmstravel.com

"Cette histoire fut tournée avant la pandémie COVID-19 et aujourd'hui, la vie isolée de ce garçon dans une maison prend un nouveau sens avec notre expérience du confinement. Ce film propose aussi une réflexion sur la violence et la guerre, en résonance troublante avec les événements récents en Europe."


Yannik est un cinéaste français. Dans ses films, il explore la technique cinématographique de l'Organic Motion. SNOWGLOBES est son second long métrage. Dans ses Masterclass, Yannik enseigne le cinéma et la narration créative.

Yannik, vous êtes réalisateur et scénariste de "Snowglobes". Comment est née l'idée de ce long métrage ?
Un jour, suite à un événement privé, j'ai ressenti une étrange chose. La tasse de café que je buvais n'était pas la même qu'une seconde plus tôt. Mes certitudes, ma conscience, ma perception étaient emportées dans un vertige. En même temps, je me sentais comme en connexion directe, pure, avec la vie, la lumière. C'était angoissant mais plus encore fascinant. Dans mon esprit je fis le lien entre mon état et celui d’un photon, particule de lumière qui, selon la physique quantique, existe dans différents états en même temps. Alors, je me suis demandé "Quelle pourrait être la vie d'un enfant s’il existait dans un état quantique ?". L’idée d'un enfant ayant un système neuronal quantique s’est précisée et il semblait intéressant que cet état étrange soit la conséquence inattendue d'une manipulation génétique. Pour raconter cette histoire fantastique, la fable me parût être un bon style narratif avec l'idée d'un enfant auquel le gène de la violence aurait été enlevé.

Comment avez-vous choisi le titre du film ?
Une snow globe (boule de neige souvenir) est la représentation d'un idéal protégé du monde extérieur. "Snowglobes" est le nom choisit par le Docteur Sweetheart pour son programme de recherche en génétique, qui a pour but de modifier le génome humain afin de créer une humanité idéale, en lui ôtant le gène de la violence. L'enfant sur qui est mené cette expérimentation vit dans une maison au jardin onirique, isolé du monde extérieur, comme dans une snow globe. Il n'en est jamais sorti. Les snow globes sont aussi une illustration du Multivers, cette vision quantique de l'Univers tel une infinité d'Univers simultanés. La nature quantique de l’enfant lui permet d’accéder à ce Multivers, contrairement aux autres personnages du film qui vivent, comme chacun d’entre nous, dans un Univers homogène. C'était un défi intéressant que de filmer cette maison (maison du poète anglais Philip Larkin) comme une snow globe mais aussi cette relation organique entre l’enfant et le jardin. Une chose étrange est que cette histoire fut tournée en octobre 2019, avant la pandémie COVID-19 et aujourd'hui, la vie isolée de ce garçon dans une maison prend un nouveau sens avec notre expérience du confinement. Ce film propose aussi une réflexion sur la violence et la guerre, en résonance troublante avec les événements récents en Europe.

Pouvez-vous nous en dire davantage sur l’organic motion du film "Snowglobes" ?
A l'origine de ce film, il y a l'idée de la physique quantique. Il me fallait essayer de définir ce que pouvait être un corps cinématographique quantique. J'ai par exemple réuni des prises de vues d'extérieurs de la maison (à travers les surfaces vitrées) et des prises de son d'intérieur, pour mettre en scène la simultanéité des états quantiques. J'ai fait des choix de positions et mouvements de caméra différents, selon que l'on se trouve dans l'Univers homogène ou dans le Multivers. Des observations de physique quantique ont aussi nourri la post production, comme par exemple la colorisation du "Saut Quantique" que l'enfant fait en rejoignant Sweetheart et Handy, mais aussi l'utilisation de bruits de grenailles pour des transitions d'univers, bruits que l'on observe dans des expériences quantiques. Il y a aussi ces zoom avant jusqu'au pixel de l'image, comme pour entrer dans le corps du film, ce corps de lumière, immateriel et numérique, comme l'esprit d'un scientifique qui, avec un microscope, cherche à comprendre les secrets de la vie. Ces choix artistiques ne sont pas motivés par des raisons esthétiques mais par des réalités physiques. C'est cela l'idée de l'organic motion. L'organic motion a aussi guidé la conception de la musique originale qui fût composée indépendamment des images.

Dans "Snowglobes" nous découvrons QUBIT, une Intelligence Artificielle, autant bienveillante que dénuée de toute humanité.
Écrire un personnage d’Intelligence Artificielle est une chose particulièrement intéressante car, contrairement aux autres personnages, il ne s’agit pas de construire un profil psychologique mais plutôt de questionner nos propres limites. Sommes-nous conscients de la relation que nous créons avec une I.A., en particulier lorsqu'elle est amicale ? Jusqu’où pouvons-nous aller ? D’autant plus que l’I.A. est, comme vous le dites, dénuée de toute humanité. Ce sont là des questions qui nous concernent tous, à notre époque qui voit se développer cette formidable technique.

"Snowglobes" nous présente des relations entre trois femmes scientifiques. Pourriez-vous nous en dire plus sur vos intentions ?
Dans notre société, les femmes dans les sciences sont minoritaires. Heureusement cette situation évolue mais lentement. Ce film nous montre une relation forte entre trois femmes scientifiques, comme dans une sororité. Cette relation entre le Docteur Sweetheart, Heady et PhD est nourrie par la passion de la Science, elles sont fières d'être les héritières de Marie Curie qui disait: "Vous ne pouvez pas espérer construire un monde meilleur sans améliorer les individus". Tout au long du film, on découvre que cette passion existe au-delà de la morale. 

SOUNDTRACK / MUSIQUE ORIGINAL
JAMES BELL



















James Bell
Photo crédit Ashley Cantwell

"The rich visual qualities of the film fit the music better than I could have imagined."



James is an English composer. "Snowglobes" is the first feature-length soundtrack.

James, what was your approach for the "Snowglobes" soundtrack?
My aim with "Snowglobes" soundtrack was to compose a music that fit in with Yannik’s vision of the film whilst also reflecting my interpretation of this story. I had been particularly inspired by Yannik’s use of Organic Motion. My first idea was to use "Musique concrète" influences. Using "real world" sounds to create music had been an influence on my compositional approach when I did my Creative Music Technology degree at the University of Hull (United Kingdom). It also made sense since it plays such a big part in the culture of French music ; it was for a French movie. However when I started work on the soundtrack, it became clear that some "real world" sounds would interfere with the diegetic sounds and music in the film - sounds of footsteps in the music, as heard in the track "Corridor", might sound like it is a part of the scene of the film! It was then that I took much more of an ambient approach, using synths as well as experimenting with my two track reel to reel recorder. Melodic and more textural approaches were used in equal measure.

How was the music implemented in the film?
Much of the music was composed before filming began. Yannik wanted the music to create the atmosphere of the scene rather than follow the action ; Music that follows the action in a film is usually composed in post-production, in reference to the video. He gave me ideas of who the characters are, their surrounding environments and the emotions involved. I then wrote each track which highlighted a theme in the concept of the film. Yannik then implemented the music in the film in post-production. The rich visual qualities of the film fit the music better than I could have imagined. There are some parts of the film where the music (non-diegetic) and real world sound (diegetic) actually do blur to great effect. A section of the track "Reflections", which used piano improvisations recorded through a reel to reel machine, had the sound of my foot lifting off the damper pedal. In the film, Yannik had this sound looped for a camera shot that appeared to be a first person viewpoint, walking through the garden. This made the sound appear to be footsteps!

What is your favourite track?
"Artificial Intelligence". It was just such a fun track to work on. The counterpoint between the guitar and lead synth worked so well! I am also proud of the romantic accordion melody that I came up with in "Dream Waltz" and how the middle section of that theme then cropped up in different forms in the other tracks, as did the theme from the track "Snow".


CONCEPT ALBUM
DIEGESIS   > LISTEN HERE 

"Les riches qualités visuelles du film correspondent à la musique mieux que je n'aurais pu l'imaginer."


James est un compositeur anglais. "Snowglobes" est sa première bande  originale de long métrage.

James, quelle a été votre approche pour la bande originale de "Snowglobes" ?
Mon objectif avec la bande originale de "Snowglobes" fut de composer une musique qui corresponde à la vision du film de Yannik tout en reflétant mon interprétation de cette histoire. J'ai été particulièrement inspiré par l'utilisation de l'Organic Motion de Yannik. Ma première idée était d'utiliser des influences "Musique concrète". L'utilisation de sons "du monde réel" pour créer de la musique a eu une influence sur mon approche de la composition lorsque j'ai obtenu mon diplôme en technologie de la musique créative à l'Université de Hull (Royaume-Uni). Cela avait aussi du sens puisque la Musique conrète joue un grand rôle dans la culture de la musique française et qu'il s'agit d'un film français. Cependant, lorsque j'ai commencé à travailler sur la bande originale, il est devenu clair que certains sons du "monde réel" interféreraient avec les sons diégétiques et la musique du film - les bruits de pas dans la musique, comme ceux entendus dans la piste "Corridor", pourraient ressembler à un son tiré de la scène du film ! C'est alors que j'ai adopté une approche mettant en avant l'ambiance, en utilisant des synthés et en expérimentant mon enregistreur à deux pistes. Des approches mélodiques et plus texturales ont été utilisées dans une mesure égale.

Comment la musique a-t-elle été mise en œuvre dans le film ?
Une grande partie de la musique a été composée avant le début du tournage. Yannik voulait que la musique crée l'atmosphère de la scène plutôt que de suivre l'action ; la musique qui suit l'action d'un film est généralement composée en post-production, d'après les images du film monté ou presque monté. Il m'a donné des idées sur les personnages, leurs environnements et les émotions impliquées. J'ai ensuite écrit chaque morceau qui mettait en évidence un thème dans le concept du film. Yannik a ensuite implémenté la musique du film en post-production. Les riches qualités visuelles du film correspondent à la musique mieux que je n'aurais pu l'imaginer. Il y a certaines parties du film où la musique (non diégétique) et le son du monde réel (diégétique) sont flous, pour le plus grand des effets. Une section de la piste "Reflections", qui utilisait des improvisations au piano enregistrées à l'aide d'une machine à bobines, avait le son de mon pied soulevant la pédale forte. Dans le film, Yannik a mit en boucle ce son pour un plan de caméra qui semblait être un point de vue d'une personne marchant dans le jardin. Cela donnait l'impression que le son était des pas !

Quelle est votre piste préférée ?
"Artificial Intelligence". C'était une piste tellement amusante à travailler. Le contrepoint entre la guitare et le synthé a si bien fonctionné ! Je suis également fier de la mélodie d'accordéon romantique que j'ai créée dans "Dream Waltz" et de la façon dont la section centrale de ce thème s'est ensuite présentée sous différentes formes dans les autres morceaux, tout comme le thème du morceau "Snow".