Thème 1 Géographie : Sociétés et environnement, des équilibres fragiles
Chapitre 1 : Les sociétés face aux risques
Problématique : Dans quelles mesure les sociétés sont-elles en transition face aux risques ?
Thème 1 Géographie : Sociétés et environnement, des équilibres fragiles
Chapitre 1 : Les sociétés face aux risques
Problématique : Dans quelles mesure les sociétés sont-elles en transition face aux risques ?
I. Etude de cas: Jakarta, une mégapole menacée par les risques du changement global
A. D’une capitale indonésienne à l’autre: la transition face aux risques
2. Complément
Jakarta est la capitale de l’Indonésie. Le pays est en Asie du sud-est, est un pays en développement, et est un archipel qui compte plus de +15 000 îles.
Jakarta est la capitale politique et démographique du pays et est située sur l'île de Java. La commune compte plus de 10 millions d’habitants, mais son aire métropolitaine en compte plus de 30 millions : c’est une mégalopole (ville de plus de 10 millions d’habitants).
La ville est aménagée sur un delta (type d’embouchure où un fleuve se jette dans la mer), et est particulièrement exposée aux risques ‘naturels’ (supra). Sa vulnérabilité est particulièrement forte lors des périodes de mousson (cf. infra). Le changement climatique global accentue les risques.
Face à la situation, les autorités politiques ont décidé de transférer la capitale politique à Nusantara, (Jakarta restera la capitale démographique). Ce transfert sur l’île de Bornéo a des conséquences environnementale et sociales importantes (supra). C’est l’occasion pour le pouvoir central de prendre le contrôle sur des populations en situation périphérique.
II. Les sociétés humaines doivent faire face à des risques variés, multiples et évolutifs
A. Définir le risque en géographie
Document Chili
Identifier/relever le ou les aléa(s) dont il est question dans ce texte. Puis, identifier les actions anthropiques (de l’homme) qui en ont amplifié les conséquences.
Aléa(s) : vent + incendie
Actions anthropiques amplificatrices :
- Changement climatique : mégasécheresse (pics de chaleur + déficit de précipitations)
- Plantation d’arbre à essence rapide (pins) : assèchent le sol + hautement inflammables
- Proximité des habitations
Identifier les vulnérabilités (~faiblesses) menacées par ce(s) aléa(s). Puis, regrouper ces vulnérabilités en différentes catégories.
- « 24 morts », « 1 250 habitations disparues », « plus de 2 000 personnes prises en charge par les services sanitaires » vulnérabilités sociales
- « plus de 373 000 hectares ont été ravagés », « les émissions de CO2 » ; « grande menace pour la biodiversité » vulnérabilités économiques et environnementales
B. Les risques sont variés, multiples et évolutifs
En géographie, un aléa est ce qui peut arriver. En soi, un aléa est neutre : il n’est ni positif ni négatif. Il y a plusieurs catégories d’aléas :
1) Les aléas ‘naturels’. Ils sont liés à l’environnement des sociétés, c’est-à-dire à ce qui les entoure en terme de conditions terrestres (météorologiques, climatiques, géologiques etc.), et qui est en interaction avec les sociétés. Parmi ces aléas, il y a les inondations, les sécheresses, les tempêtes, les cyclones, les éruptions volcaniques, les séismes (tremblements de terre) pouvant entraîner des tsunamis (vague marine), etc.
· les inondations sont le risque auquel les populations mondiales sont le plus exposées. Cela s’explique en partie car les populations se concentrent sur les littoraux et dans les vallées fluviales. Dans le cas de la France, ce sont 15% des habitants qui vivent en zone inondable, dans environ 19000 communes (+50% des communes françaises sont concernés).
Les inondations peuvent résulter de phénomènes réguliers comme les pluies cévenoles en France ou les moussons en Inde et Asie du Sud Est, où près de 2 milliards de personnes sont concernées. Ces phénomènes réguliers peuvent être exceptionnellement abondants.
Les inondations peuvent résulter de phénomènes exceptionnels comme les cyclones (dans les mers chaudes que sont la mer des Caraïbes, les océans Indien et Pacifique), ouragans et tempêtes. Lorsqu’un séisme se produit en mer, il peut entraîner des vagues géantes, les tsunamis ;
· les éruptions volcaniques sont des risques auxquels sont exposées particulièrement les sociétés du Pacifique, situées sur la ceinture de feu du Pacifique ;
· les sociétés vivant au contact des massifs forestiers sont exposées aux risques d’incendies : Amériques du Nord et du Sud, Indonésie, Europe du Sud (Espagne, Italie, France etc.) ;
· les régions montagneuses sont exposées aux avalanches et fonte de glaciers et éboulements rocheux (vallée de la Maurienne en août 2023).
2) Les aléas technologiques. Ils émanent des aménagements humains : explosions d’usines, marées noires, ruptures de barrages, phénomènes de subsidence urbaine, etc.
3) Les aléas sanitaires et sociaux comme les épidémies.
4) Tous les aléas sont renforcés par le changement global. Le concept désigne le changement des conditions climatiques dans l'atmosphère terrestre liées aux activités humaines. Même s’il y a une augmentation de la température moyenne de l'atmosphère à l'échelle mondiale, cela n'exclut pas une diminution de la température moyenne dans certains espaces terrestres à l'échelle régionale ou locale. Les conséquences du changement global peuvent s’appréhender par temporalités :
· Sur le temps moyen et long, le réchauffement mondial du climat entraîne une fonte du permafrost et des glaciers, et une diminution de la superficie de la banquise mondiale. En conséquence, le niveau de l’océan mondial augmente. Cela renforce le risque de submersion marine pour des villes (par exemple Jakarta, Venise) ou pour certains États (en premier lieu les États insulaires comme Tuvalu).
· Sur un temps plus court, le changement global entraîne une multiplication et amplification des aléas. Les aléas exceptionnels sont plus fréquents, et ils sont, comme les phénomènes réguliers, de plus forte intensité. C’est le cas des mégafeux (cf. Chili), cyclones, tempêtes et inondations liées aux moussons.
C. Du risque à la catastrophe
Lorsque les aléas menacent une vulnérabilité, on parle de risque. Sans vulnérabilité, il n’y a donc pas de risque. Par exemple, une avalanche en haute montagne hors de tout aménagement humain est un aléa, de même qu’une tempête de sable dans le désert. Les vulnérabilités peuvent être de diverses catégories :
- démographiques lorsque des populations sont menacées ;
- économiques lorsque des outils de production de richesses sont menacées ;
- environnementales lorsque des espèces animales ou des espaces de végétation sont menacées ;
- Etc.
Lorsque le risque devient réalité, il peut y avoir catastrophe.
Selon la géographe Magali Regghezza, la catastrophe est un phénomène qui peut se définir par 4 critères : 1) la catastrophe est néfaste 2) la catastrophe est extraordinaire 3) la catastrophe dépasse le seuil de ce qui est acceptable pour une société 4) la catastrophe est un événement fédérateur pour une société.
III. Les sociétés peuvent agir sur leur vulnérabilité face aux risques
A. Des facteurs qui accentuent les vulnérabilités
1. Reportage
1. Résumer l’évènement en 2-3 lignes : date, lieu, nature, bilan + tout autre information estimée utile.
Un séisme a touché le Myanmar (Birmanie) en mars 2025 (magnitude >7), ce qui a entraîné ~4000† (3800 selon l’ONU)
2. Relever (~8 facteurs) ayant amplifié les conséquences de l’environnement.
NB: certains facteurs sont explicitement mentionnés ; pour d’autres, il faut observer ; d’autres enfin sont indirectement abordés.
- Densité de population accrue dans les villes
- Manque de secours
- Manque de matériel
- Vulnérabilité de l’habitat > quartier d’habitat précaire
- Camps de fortune
- Précarité économique
- Dépendance aux secours internationaux, privés et des ONG
- Régime politique + corruption
> Le niveau de développement du pays a amplifié considérablement le bilan du séisme.
2. Cours complémentaire
Plusieurs critères peuvent accentuer la vulnérabilité d’un espace face aux risques.
· La densité de population (nombre d’habitants par surface donnée). Cette densité peut s’appréhender à plusieurs échelles :
à l’échelle mondiale. Les 8 milliards d’humains sont inégalement répartis. 1) la majeure partie de la population mondiale se concentre sur les littoraux, qui sont des zones à risques 2) certains foyers de peuplement sont situés dans des zones à risques, notamment en Asie où se concentre le tiers de la population mondiale.
aux échelles nationales : la densité est supérieure dans les grands foyers urbains : Jakarta en Indonésie, Mandalay et Naypyidaw au Myanmar
· Le niveau de développement d’un pays. Les pays développés sont généralement plus résilients et les pays en développement sont généralement plus vulnérables. La vulnérabilité est presque toujours très forte dans les pays les moins avancés (PMA). L’insuffisance du niveau de développement est un critère majeur accentuant la vulnérabilité, car il s’accompagne d’un certain nombre de corollaires (éléments liés) qui s’observent lors du séisme en Birmanie en mars 2025
Davantage de quartiers d’habitats précaires dans les espaces urbains, quartier sont plus vulnérables face aux risques. Cette vulnérabilité est renforcée par la croissance démographique et l’urbanisation qui peuvent alimenter des quartiers d’habitat spontané.
Des infrastructures de transport peuvent être sous-dimensionnés et plus vulnérables. Cela ralentit les expose davantage d’une part, et d’autre part ralentit l’arrivée des secours.
Le déploiement des secours ainsi que la prise en charge des victimes est insuffisante voire défaillante.
Une plus forte dépendance à l’aide internationale : autre pays, ONG
Une instabilité et/ou défaillance du politique (pas systématique) : situation de guerre civile, corruption et détournement de fonds, etc.
La prévention des risques est insuffisante
B. Des facteurs qui réduisent les vulnérabilités
1. Reportage
Reportage à identifier les (~8-10) facteurs réduisant la vulnérabilité
- Évacuation vers les hauteurs
- Interdiction
- Lieu de mémoire
- Entraînement (personnes au sol)
- Normes parasismiques
- Prévention des habitants
- Moyens de détection
- Système d’alerte quelques secondes avant le séisme
- Moyens de transport reliés au système
- Kit de survie
2. Cours complémentaire
Si certains facteurs augmentent les vulnérabilités (cf. supra), d’autres les réduisent. Parmi ces facteurs :
· Le niveau de développement des pays (cf. supra). Ces pays disposent généralement d’infrastructures plus performantes, déploient des secours de manière plus rapide, prennent davantage en charge les victimes. Surtout, ces pays agissent sur la prévision / prévention des risques (infra) : ils jouent sur les temporalités ;
· La prévision des risques et les consignes communiquées aux habitants : par exemple, dans le cas des tsunamis, il peut être conseillé de fuir et de se réfugier sur les hauteurs. Ces informations sont transmises régulièrement aux habitants, par exemple par des campagnes d’affichage organisées par de multiples acteurs.
Par exemple, en Guadeloupe et Martinique, depuis le tsunami ayant frappé l’Asie du Sud Est en 2004 (250 000 morts), les campagnes se multiplient.
Les consignes de prévision jouent sur les temporalités : de manière durable par l’information et l’éducation, quelques minutes avant par les systèmes d’alerte. L’éducation et les établissements scolaires jouent un rôle essentiel dans ce processus.
· la prévention et la protection consiste à minimiser les effets du risque. Cela démarre par l’analyse du risque et sa surveillance. Pour cela, il s’agit de mobiliser savoirs et technologies, pour, par exemple, cartographier le risque. Cela peut prendre différentes formes
Effectuer des zonages. A Fukushima, ils peuvent servir à interdire l’installation de personnes dans les zones encore irradiées. En France, les Plans de Prévention des Risques d’Inondations (PPRI) participent à déterminer les zones menacées par ce type de risques.
Adapter le bâti, par exemple avec des constructions parasismiques.
Aménager des ouvrages de protection, comme des digues. Ces ouvrages peuvent aggraver le risque si l’aléa dépasse la prévision.
Capituler face au risque et partir, comme dans le Médoc en France, où le bâtiment ‘Le Signal’ a été abandonné.
· Une fois l’aléa ou la catastrophe vécu(e), les sociétés cherchent à revenir à l’état initial, en ayant intégré les effets de la catastrophe : c’est la résilience. La résilience ne consiste pas à repousser le risque (résistance), mais à l’accepter pour la dépasser. Ainsi la résilience peut s’appuyer sur les souvenirs du risque peuvent mobiliser des outils pour se souvenir ce qu’elles ont vécu : c’est la mémoire du risque. Cette dernière guide également la prévention et la protection.