La vie compliquée de nos réfugiés

Je suis entrain de lire un livre que je vous recommande absolument : "J'apprends le français" de Marie-France Etchegoin (Lattès)". Elle est journaliste et écrivain, et donne des cours de français à des réfugiés bénévolement, comme nous. Dans le magazine "Le Point" on a parlé d'elle et son livre, et après je l'ai entendue à la radio et j'ai donc acheté ce livre. Je me suis complètement reconnue dans tout ce qu'elle raconte (et avec beaucoup d'humour) ,  pas seulement les problèmes qu'elle rencontre pour enseigner le français à des personnes qui n'ont jamais entendu un seul mot de notre langue, qui ne savent pas écrire non plus, mais aussi en ce qui concerne le manque d'implication de l'Etat français . Elle écrit "Il est étonnant de constater à quel point l'Etat se décharge de l'accueil des réfugiés sur le monde associatif". Et après elle cite une dizaine d'associations, mais pas Renaissance et Culture ............Et elle parle aussi d'une bureaucratie kafkaïenne, que je connais trop bien maintenant : avec mon mari nous passons des heures à essayer de comprendre les démarches qu'il faut faire, à leur expliquer des dizaines de lettres qu'ils reçoivent, de la Caf, Pôle Emploi, Préfecture, Mairie, Offi, Cmu , Banque, logement social, etc.etc. Heureusement nous avons dépassé le stade Ofpra..... Les sites de tous ces instances ne fonctionnent jamais, au téléphone un disque nous propose de rappeler ultérieurement, et le temps passe et on n'avance pas......

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Shahram travaille toujours au noir dans le bâtiment, dans un réseau de sous-traitants Turcs et n'arrive pas à avoir le Cmu auquel il a droit pourtant. Haji, qui a perdu le studio qu'il louait, a dormi une ou deux nuits chez son cousin Shahram à Emmaus parce qu'il n'avait pas où dormir. Il faisait  -7 °  avec la neige, et il s'est fait mettre dehors par la responsable, parce que c'est interdit d'héberger quelqu'un dans sa chambre, même dans des circonstances de froid extrême. Elle a même menacé d'expulser Shahram.

Heureusement Haji a trouvé maintenant une chambre dans un centre Adoma à Arpajon.

Et je suis tombée sur un autre problème auquel je ne m'attendais pas : j'ai essayé de louer un studio ou trouver une colocation pour Haji, j'ai eu des contacts avec 5 particuliers et 2 agences, et tous m'ont répondu carrément qu'ils ne voulaient pas des Afghans, pas des étrangers, seulement des personnes avec une carte d’identité française, .....

Je n'ai donc pas le temps de m'ennuyer pendant ma retraite, je pense que moi aussi je vais écrire un livre.

Et si jamais quelqu'un à un travail déclaré à proposer à Shahram, et un studio à Haji, on est preneur !

Lydia .

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