Renaissance et Culture d'Epinay sur Orge

Témoignages 

Renaissance et Culture à Epinay : pourquoi  et pour quoi ? Des membres de l’association témoignent….

 

«Pendant mes cours, j’aborde les situations de la vie quotidienne : savoir se présenter, faire ses courses, prendre un rendez-vous, parler de sa santé à un médecin, comprendre et remplir un document administratif… A partir d’images pour les débutants ou au travers de livres pour le perfectionnement, chacun peut progresser à son rythme. En retour, c’est pour moi l’occasion d’apprécier la beauté de toutes les cultures et de partager de bonnes crises de fou rire. Au fil du temps, des amitiés se lient, certaines ont plus de 10 ans ! ». Brigitte. 

« C’est avec une grande joie que je partage mes connaissances et que j’aide dans les petits soucis quotidiens les personnes qui viennent en France qui cherchent à se former pour trouver un travail dans notre pays ou bien parfaire leurs connaissances, ou bien commencer par l’apprentissage de l’alphabet… » Danielle

« J'ai commencé les cours il y a quatre ans. J’apprécie beaucoup les cours de remise à niveau en français et en maths. J'ai pu passer les tests de la R.A.T.P. et j'ai réussi la partie de français et de mathématiques. Malheureusement j'ai échoué aux tests techniques. Je prépare maintenant le concours d'ATSEM car grâce au cours je m’exprime de mieux en mieux. Merci à l'Association. ». Frédéric. « Le cours de français m'a donné confiance en moi. C'est une fenêtre ouverte sur la France et au contact des autres élèves, sur le monde entier. Il me permet toujours de voyager ici et ailleurs ». Caroline

« Le cours de français m'a donné la possibilité d'obtenir des réponses immédiates à mes questions. Il m'a aussi permis de me familiariser avec la très surprenante richesse de la culture française qui maintient toujours l'enchantement reçu dès mon enfance ». Iryna. 

« Il y a presque deux ans, quand je suis arrivée, j’avais peur de sortir de chez moi parce que je ne pouvais pas parler en français…. Cette association n’apprend pas seulement le français, elle apprend aussi comment on peut se débrouiller pour vivre tous les jours en France. Je peux tout simplement dire que, avec son aide, maintenant je peux parler en français, et communiquer avec les parents des amis de mes enfants et avec leurs professeurs. Je voudrais remercier les professeurs, surtout Danielle, de m’avoir facilitée la vie à Epinay. ». Yilmaz. « Pour moi, l’association Renaissance et Culture d’Epinay n’est pas seulement une association par laquelle je peux perfectionner ma connaissance de la langue française, mais aussi un réseau de volontaires qui facilitent la vie en France (à Epinay) aux étrangers… Quand, avec ma famille, je suis venu en France de la Turquie il y a deux ans, même si je savais lire et écrire en français, je n’arrivais pas à pratiquer ma connaissance du français. Grâce à cette association, maintenant je peux parler couramment en français… ». Erdal

 

L’histoire de A.,  *

Je m’appelle A., mon père s’appelait S., nous habitions à M.

Tant que mon père était en vie, on avait une belle vie. Il est mort il y a 6 mois. Depuis son décès, mon grand frère (25 ans) est devenu bizarre, on ne savait pas trop ce qu’il faisait. Il passait ses nuits dehors. Ma mère et moi  nous interrogions : il était devenu une autre personne, et il refusait de nous dire ce qu’il faisait.

Il y a 3 mois, un matin je n’ai pas été à la mosquée pour la prière, j’ai entendu dire que mon frère L. était mort. Je suis sorti et j’ai vu les « barbes blanches », les anciens, qui portaient le corps de mon frère. Je l’ai reconnu, et j’ai demandé où et pourquoi et par qui il a été tué. On m’a répondu, "ton frère a été enrôlé avec les talibans, les gardes civils (policiers) ont bloqué la route et ils l’ont abattu". On a porté le corps à l’intérieur de la maison et après on l’a enterré.

La nuit suivante le chef des talibans Mollah F. est venu avec ses « soldats » à la maison pour faire une prière pour mon frère mort. Ils m’ont dit : ton frère est mort en martyr, il va au paradis, il a été tué par les « kafirs » (mécréants, traîtres) et tu dois prendre le relais et venger ton frère. Je n’ai pas pu refuser, ils m’ont emmené de force avec eux. Les gardes civils sont venus à la maison pour savoir où j’étais. Ma mère a dit qu’elle ne savait pas et a retourné la question aux policiers, si ils savaient où j’étais. Ils ont menacé ma mère en disant qu’ils lui donnaient 2 jours pour que je me présente au commissariat. Sinon, ils allaient m’arrêter comme taliban.

Après être resté 5 jours, forcé, avec les talibans, je leur ai demandé la permission d’aller voir ma famille. Ils me l’ont accordée, mais je devais retourner avec eux la nuit même, j’ai dit que j’étais d’accord. J’ai expliqué à ma mère que les talibans m’emmenaient chaque nuit pour faire la guerre, mais parce que je ne savais pas tirer, je devais porter le matériel. On a appelé mon oncle pour un conseil de famille, et on a décidé que je devais partir immédiatement. Je me suis habillé en femme, et mon oncle m’a emmené passer la nuit chez lui dans un village voisin (notre ville de  M. est tenue par les talibans). Il a contacté un passeur, et la nuit suivante j’ai quitté l’Afghanistan. Les policiers, mais également les talibans, sont venus plusieurs fois à la maison pour me chercher. Ma mère, ma femme et mes 2 petits enfants se sont réfugiés dans l’autre village chez mon oncle, le frère de ma mère.

Mon oncle a payé les passeurs pour moi, 6000 $.

 * Après 6 mois de cours de français, A. a été capable de nous relater son histoire et grâce à son animatrice il a pu mettre des mots derrière ses peurs et ses angoisses. Il a maintenant tous les papiers pour vivre et travailler en France. Par mesure de sécurité, tous les noms ont été changés.