Jacques Villain (in memoriam)

Jacques Villain (Tours, 13 March 1934 - Grenoble, 12 June 2022) was a french theoretical physicist. 

He passed his career in Grenoble (at ILL and CEA), in Belgrade (on behalf of the International Atomic Energy Agency), and in Jülich (at KFA). After his retirement he was hosted by the joint theoretical group at ESRF-ILL.

In 2000 he was nominated member of the french Academy of Sciences. He was also advisor of the italian National Institute for the Physics of Matter.

He was married to Maria Rechberger and he leaves two children, Mireille and Nicolas.


You can find additional information on Wikipedia and on the Arill web site (both in french).


Here below  some memories of Jacques from friends and colleagues, preceded by a letter of thanks from Mireille and Nicolas. 

©2023 Serge Claisse

A tous les auteurs de cette page dédiée à Jacques Villain

Nous tenons à remercier Paolo Politi, ainsi que tous les collègues et amis de Jacques Villain, notre père, qui contribuent à cette page « In Memoriam ».

Nous entendions vos prénoms prononcés par Jacques, nous savions qu’il travaillait avec vous, qu’il avait plaisir à vous rencontrer, à vous écrire, à lire vos messages. Travailler le rendait heureux, cela nous est confirmé par vos témoignages. Lorsqu’il avait une quarantaine d’années, il partait travailler seul dans la nature, environné de chants d’oiseaux ; plus tard, jusqu’aux dernières années, Jacques appréciait surtout les échanges avec vous, ses collègues, ses amis. Grâce à vous, jusqu’à ses quatre-vingt-huit ans, il est resté jeune.

Merci pour tous vos témoignages, qui nous touchent beaucoup.

Mireille Schmitt Villain et Nicolas Villain




J’ai connu Jacques quand j'étais étudiant de doctorat à Florence, début années ‘90. Mon patron de thèse, Angelo Rettori, l'avait invité à Florence et Jacques y est retourné plusieurs fois. Après ma thèse j’ai fait un postdoc chez lui au CEA de Grenoble. Il est allé à la retraite pendant que je terminais mon séjour mais j’ai continué à travailler avec lui jusqu'en 2000, quand nous avons publié un article de revue.

Entre-temps j’ai l’ai connu aussi de façon plus personnelle et avec le temps j’ai connu aussi sa famille. Nos rapports sont donc continué et nous nous sommes rencontrés souvent pour des raisons à la fois personnelles et scientifiques: moi j’ai continué à passer par Grenoble pour collaborer avec Chaouqi Misbah et lui il est passé par Florence pour un Café Scientifique sur le réchauffement climatique et pour donner un séminaire sur quelques résultats récents en physique statistique. 

Son travail comme éditeur des Comptes Rendus de physique l’occupait beaucoup parce qu'il le prenait très sérieusement. Il n’aimait pas la dérive bibliométrique pour évaluer la recherche et les chercheurs: “les articles doivent être lus, pas comptés”, il disait (avant que H-index et Impact Factor ne fassent pas table rase d’un tel espoir). 

J’ai eu la chance de pouvoir discuter avec lui presque de tout, surtout physique et politique. Je remercie sa fille et son fils, Mireille et Nicolas, de m’avoir tenu au courant dans ses moments difficiles. 

Paolo Politi, Firenze



J'ai eu la chance d'avoir rencontré Jacques à Jülich puis à Grenoble, et d'avoir travaillé avec lui. C'est un physicien loin des sentiers battus. C'est un homme sincère et très attachant et un chercheur profond que nous perdons tous et avec lui part un  style scientifique irremplaçable.

Chaouqi Misbah, Grenoble



Caro Jacques

quando Paolo ci ha fatto avere il tuo messaggio di 'congedo' ho sperato che per una volta tu avessi torto. Ho pensato alla prossima raccolta delle olive, e all'olio nuovo che ti avrei fatto avere, memore di quanto tu lo apprezzassi e nella speranza che potesse renderti un po' più gradevole alimentarti.

Non c'è stato tempo. Come sempre la tua analisi era corretta, purtroppo. Non sono neanche riuscita a scriverti qualcosa che fosse all' altezza della lucidità e serenità del tuo messaggio di addio.

Un po' codardamente lo faccio adesso.

Mi ritengo una persona fortunata. Uno dei più grandi privilegi è stato quello di interagire scientificamente con te. Il tuo interesse per la mia ricerca ha avuto un enorme impatto sulla mia vita professionale e in generale sul magnetismo molecolare. Avrei voluto e soprattutto dovuto apprendere di più da te.

Purtoppo non è più possibile rimediare. Quello che ci hai lasciato è comunque tantissimo.

Con affetto e stima

Roberta Sessoli, Firenze



Se la memoria non mi inganna ricordo di aver incontrato la prima volta Jacques in occasione di un suo seminario nel vecchio edificio di Fisica sulla collina di Arcetri, oltre quarant'anni fà. Mi feci subito la convinzione di avere di fronte un fisico di altissimo livello, di quelli che fanno del rigore logico un fattore portante del proprio atteggiamento nei confronti della scienza e dei colleghi. Il suo spirito critico era tagliente, preciso, incapace di piegarsi ad argomentazioni vaghe.

Quando ho avuto l'occasione di approfondire la conoscenza con il lato umano di Jacques la sorpresa è stata ancora maggiore, perchè era senza dubbio un uomo pieno di umanità e di "pietas", nel senso proprio che i latini davano a questa parola. La sua apparentemente dura scorza esterna serviva forse a nascondere quel lato così nobile del suo carattere, come ho potuto verificare negli anni seguenti, quando ho avuto la fortuna di rincontralo e di parlare con lui di fisica, di politica e di vita.

Sono molto triste per la sua scomparsa e voglio porgere le mie più sentite condoglianze a tutta la sua famiglia.

Roberto Livi, Firenze



J'ai travaillé  avec  Jacques au CENG ( CEA- Grenoble) , entre 1995-97. Pendant ce temps, il y avait des étudiants  un peu timides pour lui poser des questions, et au début je ne savais pas pourquoi. D'autres, qui après une discussion avec lui, disaient seulement qu ' ''il faut que je réfléchisse"  ...  Un de ses collaborateurs  m'a expliqué que quelquefois il fallait un peu de temps  pour arriver  à comprendre un argument ou une affirmation qu' il avait présenté.  A mon avis, Jacques  faisait un chemin logique particulier,  en silence, et nous présentait la conclusion...

Pendant deux ans,  il m'a appris tant de choses, non seulement sur la Physique. Il m'as présenté la littérature française (sous la forme d' une cascade de livres de poche sur ma table, quand je lui ai demandé quoi acheter, des livres qu' après j'ai achetés et que j'ai lu  avec plaisir ) , et aussi,  le Vercors, Villard de Lans.  

Jacques était un bon chef de groupe. Quand  le moment de se retirer  est arrivé, il etait bien active, mais il m'a dit  qu' il fallait laisser la place aux jeunes. J'ai toujours pensé  que, pour  'la jeunesse' comme il disait, ce serait mieux de rester comme superviseur que de se retirer, dans son cas. Heureusement il a pu continuer à travailler .

Jacques  écrivait des textes sur plusieurs sujets, des histoires et aussi des traductions avec Maria, et dans ses textes et aussi dans ses livres son sens de l'humour était bien  présent.

Je leur rendais visite quelquefois, à lui et à Maria, quand je retournais à Grenoble et à Lyon pour travailler. Il a toujours eu la patience de répondre à mes mails, pour partager des textes, des indications de livres, et pour partager ce que il pensait sur la situation du Brésil et de la France. 

Son absence sera ressentie par ses amis.

Anna Chame, Rio de Janeiro



June 14  2022, we have been informed that our friend, great scientist and precious collaborator Jacques Villain, passed  away. We feel deeply sad and would like to share the sentiments that the familiars and the many friends that appreciated Jacque are feeling in these days.

Jacques  leaves a legacy of real knowledge not only of the physical science but of the human being as well and we will always bring in our heart the many pleasant moments we have been able to live close to him. We had a privilege to work with him, to dispute, to find solutions, to share the pleasure of getting the fresh copies of our books in hands and  joy of their recognition. And most of all to be his friends.

Jacques made the big jump in the Infinity, were the great men are still alive. The pain is not for him, the pain is for the familiars and for all the friends that have now lost his precious presence.

Attilio Rigamonti, Pavia and Andrey Varlamov, Roma 



Le mie discussioni scientifiche con Jacques si sono concentrate nei periodi in cui ha riletto, come reviewer, sia la mia tesi di dottorato che di abilitazione. Un lettore sempre molto meticoloso e allo stesso tempo rispettoso del mio lavoro, anche quando ormai avevo abbandonato la ricerca. Nello scorrere la nostra corrispondenza ritrovo quelle osservazioni penetranti e la sua umiltà nel porre domande che nessuno pone perché sembrano far parte di una conoscenza che diamo, erroneamente, come assodata. Ho sempre imparato qualcosa dai nostri scambi di email, soprattutto a guardare le equazioni più in profondità. Nei suoi messaggi (talvolta vere e proprie dispense scritte ad hoc!) ritrovo la distintiva leggerezza e rispettosa ironia che rendevano l’interazione sempre piacevole. Ancora oggi quando mi capita di pensare ad un problema fisico che vorrei approfondire mi dico: “sarei curioso di sapere cosa penserebbe Jacques di questo problema”.  

Ho avuto il privilegio di poter interagire con uno scienziato di grande spessore - un gigante del Magnetismo e della Fisica Statistica - che era capace di non farlo pesare. Alle generazioni future di scienziati resta l’eleganza delle equazioni e delle dimostrazioni di Jacques, che si leggono per piacere, anche quando uno non ne ha bisogno: un po' come il soffitto di una cattedrale gotica francese, mi ricordano la mia piccolezza e con ciò, tutto sommato, mi danno pace.

Porgo le mie sentite condoglianze ai figli Mireille e Nicolas.

Alessandro Vindigni, Zürich



Je ne connaissais pas Jacques avant notre premier échange mail en date du 5 février 2020. Pour ma part, je lui avais soumis par l’intermédiaire de Maryse, la femme de son ami d’ENS, André Tournon, un manuscrit inachevé de mon père, lui aussi, mort. C’était un commentaire nourri des carnets d’expériences du physicien Edouard Branly. A ma grande surprise, dans ce mail du 5 février, Jacques acceptait de rendre les feuillets (plus de 300) publiables, en les révisant, et en les augmentant d’une préface, d’une conclusion, de tables. Il y travailla aussitôt à la vitesse de l’éclair, ce qui m’effraya un peu, je n’arrivai pas à soutenir le rythme. Aussi lorsque le confinement tomba comme le couperet sur la tête du condamné le 15 mars 2020, Jacques m’écrivit que le livre allait lui en bénéficier, d’un mal nous tirerions un bien. En effet, nous y travaillâmes chaque jour, plusieurs fois par jour. Ce livre qui avait eu pour moi le poids du devoir moral depuis la mort de mon père en 2014 se délesta ou plus exactement se lesta d’un contrepoids qui était celui apporté par la chaleureuse présence de Jacques et de son enthousiasme communicatif. Ainsi les questions du rayonnement des circuits fermés, semi-fermés, etc. devinrent le motif de nos conversations qui s’enrichissaient du partage de nos récits de vie, de nos goûts littéraires et artistiques, de notre expérience existentielle, politique, religieuse, etc. Je me suis souvenue qu’à la Noël 2021, Jacques se définissait comme un chrétien athée, ce qui me fit bien rire alors, mais à la réflexion sa boutade révélait son sens foncièrement évangélique de la fraternité humaine, le chrétien athée descend en ligne directe du bon samaritain. Lorsque Jacques se mit sur le conseil de sa fille à la rédaction des Bons voyages, il m’adressa les textes au fur et à mesure. Si bien que chaque soir je m’endormais après lecture d’une évocation amusée et amusante, d’endroits, de figures de parents, amis, collègues qui cheminaient parallèlement au cours de brefs exposés humoristiques de questions d’histoire, de physique et d’actualité. Pour dire vrai, lorsque notre livre Découvrir un phénomène physique au XIXe siècle, Les carnets d'expériences d'Édouard Branly de 1889 à 1891 fut terminé et que nous le confiâmes en novembre 2021 à l’éditeur, je regrettais déjà cette période passionnante de l’établissement du manuscrit qui était le premier maillon de notre amitié.

Jacques a été emporté bien trop tôt, bien trop vite, à cette vitesse de l’éclair qui le caractérisait dans l’action. J’aurais tant aimé profiter de sa bienfaisante amitié durant un temps plus long, il y aurait eu d’autres visites à Salles, Grenoble, Avignon, Paris. Mais c’est comme ça, alors maintenant je pense à lui qui n’est plus, avec une reconnaissance sans borne, il m’a donné le livre de mon père tout de même, ce qui est une preuve de générosité et d’amour du prochain, comme au fond, on en reçoit rarement au cours d’une existence.

Adrienne Cazenobe, Paris



Jacques liebte es, auf Deutsch mit mir zu korrespondieren (und mich dabei zu motivieren, mein Französisch nicht ganz einrosten zu lassen). Seit etwa einem Jahr vermisste ich seine Briefe und machte mir Sorgen um ihn - zu Recht, wie ich jetzt weiß.

Unsere gemeinsame Forschung um das Jahr 1990 herum mündete in eine lange Freundschaft. Jacques‘ grundaufrichtige, unprätentiöse und kritische Art, wissenschaftlich zu arbeiten, bleibt Vorbild und Maßstab für mich. Unvergessen bleibt aber auch Jacques, der Europäer, der immer den ganzen europäischen Kulturraum – Ost und West - im Blick hatte. Die Vision, dass Physiker Friedensbrücken bauen, hat leider gerade in diesem Jahr mit dem Angriff Russlands auf die Ukraine einen Rückschlag hinnehmen müssen. Jacques hätte sich dadurch wahrscheinlich nicht entmutigen lassen.

Ich erinnere mich daran, wie Jacques mich einmal in seinem Auto mitnahm. Im Radio kamen Gustav Mahlers Kindertotenlieder. Jacques ertrug es nicht, er schaltete das Radio aus. Ein kleiner Abglanz seiner Liebe zu seinen Kindern Mireille und Nicolas war auch mir vergönnt: Als ich Anfang 1992 mit meinem knapp einjährigen Sohn und meiner hochschwangeren Frau Vera für ein paar Wochen in Grenoble zu Gast war, sorgten Jacques und seine Frau Maria dafür, dass einen Monat später, zurück in Köln, meine Tochter gesund das Licht der Welt erblickte.

Dietrich Wolf, Vera Hummel-Wolf, Mülheim an der Ruhr



It is with a great sadness that I learned the death of Jacques. It is a page of solid state physics that is being passed! Since our first meeting in the 90's, I always had a profound admiration for this brilliant scientific, remarkable both on the scientific and human level, as much for his lectures as for his writings, books and articles. Jacques was very curious about everything, about all kinds of experiments and about all the physics surrounding us, in our daily lives. He had a deep understanding of physical mechanisms and phenomena and loved to explain them with simplicity and great empathy for his audience. He had a richness of sound advices and lessons gained from the previous fields he explored. He was deeply and sincerely interested in the experimental conditions and the experiments themselves.  Discussions with Jacques were always instructive and entertaining, with a healthy dose of humor. Despite the prestigious awards he had received for his scientific findings, he was so unassuming and so humble.

The last time I contacted Jacques to give a lecture, it was two years ago; we were organizing a summer school on epitaxy. I thought that it would have been a huge chance for all the participants to attend, probably for the last time, a lecture by him on crystal growth. But after many hesitations, a week later he cancelled, he had moved on.

I realize today how lucky I was to have met Jacques and how such beautiful encounters can change life trajectories.

Jacques, I will never forget you, I will always remember the breadth of your knowledge, your humor, your empathy, your seduction, your endless love for your family. You will remain forever a lesson of life.

Isabelle Berbezier, Marseille