Ci-dessous : prose Votis Pater (fête de Noël), notée dans un graduel du 18° siècle (graduel du Puy). La clé est celle d'Ut ; la pièce relève du 5° ton (dérivé du mode de Fa plagal - soit sur un ambitus de ut -FA - ut) avec un si bémol systématisé, signe de l'influence des tons classiques (majeur ou mineur)
A la fin du Moyen-Age, l'exécution du chant grégorien le faisait apparaître comme archaïque et démodé. Les anciennes neumes, décomposées note par note dans la pratique, ne tombaient pas sur les syllabes accentuées et devenaient d'une longueur excessive. Il fallait donc restaurer ce chant. Quant à la polyphonie, elle devait être allégée d'un contrepoint trop complexe. Les théories de la Renaissance, donnant la préférence au texte et à la prosodie, ont trouvé un écho dans le grand mouvement de réforme de la liturgie, lancé par le Concile de Trente.
La remise en forme des livres s'est révélée très difficile parce qu'elle devait être universellement adoptée. C'est seulement au 17ème siècle qu'est achevée la nouvelle édition du Graduel Romain, dite "édition médicéenne". Celle-ci restera en usage jusqu'au milieu du 19ème siècle.
A côté de cette pratique monodique rénovée, l'influence de la polyphonie conduit au développement du chant sur le livre (faux-bourdon à 2 ou 3 voix réalisés sur le plain-chant romain) et du plain-chant musical (polyphonies alternant avec le plain-chant – style de La Feillée).
Le style d'exécution de ces pièces de plain-chant, monodiques ou polyphoniques, ne relève pas d'un registre lyrique - les évêques le rappellent régulièrement - mais un style propre à l'Eglise, l'émission vocale étant ouverte, plena voce - à pleine voix - afin de projeter le son naturel de la voix à travers la nef.
Enfin, entre la fin du 16ème siècle et la fin du 19ème siècle, en France, le latin se prononçait "à la française" (ex. : Jesum = jésom ; laudate = lodaté ; Agnus = agnus, le "u" étant fermé ; Dei : déi etc.).
L'écriture
Sous l'influence du chant mesuré, la notation a subi de nombreuses altérations, toutes dans le sens de la simplification. La tradition du plain-chant se heurtait à l'engouement pour les nouveaux opéras et les fastes royaux qui attiraient l'essentiel des musiciens et engendraient donc les nouveaux artistes. L'office de chantre devint souvent accessoire.
Les signes employés sont pris parmi les signes traditionnels du chant grégorien, mais leur sens change parfois.
La portée et les clefs
Elle reste une portée à quatre lignes.
Pareillement, on continue à employer la clé d'Ut (à l'origine lettre C) ou la clé de Fa (lettre F), selon le ton et la tessiture de la mélodie.
Figures des notes
Dans tous les cas, on distingue :
- une note à valeur simple : l'ancien punctum (sorte de noire)
- une note à valeur longue : l'ancienne virga (se rapprochant d'une blanche ou d'une noire pointée)
- une note à valeur brève : l'ancien punctum losangé du climacus (sorte de croche)
On trouve parfois une virga avec ambe à droite. Cette note est en fait un punctum ; la queue sert à relier graphiquement cette note avec la suivante qui se trouve généralement à un certain intervalle d'elle (il s'agit là d'une survivance des anciens neumes).
En général, la virga équivaut à la blanche ou à la noire pointée (lorsqu'elle est suivie d'un punctum losangé), le punctum à la noire, et le losange à la croche. Mais l'exécution ne doit pas rechercher une stricte mise en place rythmique absolue, de type métronomique (même si pour les hymnes et les proses - comme ci-dessous, il y a une notation des valeurs rythmiques). En particulier, les respirations et les pauses ont leur valeur propre.
Remarques
- La valeur de base est en principe le punctum, mais parfois la virga (quelques hymnes ou proses en rythme ternaire ou certaines parties de pièces mesurées à 2 ou 3 virga par mesure).
- Un losange plus petit que le punctum losangé signifie soit un allongement de moitié de la note précédente (sorte de note "pointée") soit une petite note d'ornementation qui ne compte pas dans la mesure.
- L'indication d'une mesure (chiffre "2" ou "3") à la clef apparaît pour les chants véritablement mesurés. Elle se comprend par comparaison avec la virga.
- Bien entendu, la mesure ne doit pas s'opposer à une prononciation naturelle des mots ou syllabes.
Barres de respiration, signes particuliers...
Ce que l'on peut prendre pour des demi-barres de mesure sont des signes de respiration, qui marquent les fins de phrases, fins de groupes de mots ou même, dans certaines éditions, le découpage d'un longue série de neumes. Parfois, elles figurent le découpage des mots.
La barre de respiration a une valeur variable selon sa place.
D'une manière également traditionnelle, chaque ligne de portée se termine par l'indication de la première note qui commence la ligne suivante (il s'agit d'une virga escamotée ou inversée, appelée "guidon").
Le signe "+" indiquant un ornement (tremblant ou mordant) apparaît.
MM