Notes pratiques
Pour jouer sur le Grand-Orgue de la collégiale St Jean-Baptiste et St Jean l'Evangéliste
PEZENAS (34120)
Construit dans une ancienne église collégiale dont il est contemporain, le grand-orgue de la collégiale St Jean a été conçu pour être entendu du Choeur, en alternance avec le plain-chant des quatre chantres et des enfants de choeur. Cette destination justifie sa situation élevée sur la tribune de la façade Ouest. Aussi l'effet réel des jeux n'est pas toujours bien perçu depuis la console (notamment pour les jeux du Pédalier ou les fonds).
De la tuyauterie de 1759, date de la construction de l'orgue par Jean-François L'Epine, facteur d'orgues à Pézenas, il reste essentiellement :
- au clavier de Grand-Orgue : les montres, quelques tuyaux de nazard, de fourniture et de cymbale.
- au clavier de Positif : cromorne, trompette, quelques tuyaux de nazard et de bourdon.
Sur ces mêmes claviers, les autres jeux de fonds sont d'Augustin Zeiger, facteur d'orgues à Lyon, qui a restauré l'orgue en 1843.
Appelé pour rétablir les jeux de Pédale qui avaient supprimés en 1843, Aristide Cavaillé-Coll, facteur d'orgues à Paris, convainc la fabrique de l'église de restaurer l'orgue. Avec l'aide de son contremaître Kieffer, de Guillaume Courtes, Georges Holz et Léon Cavaillé, il installe quatre jeux au Pédalier, remplace les trompette et clairon du Grand-Orgue par des jeux de grosse taille (poinçonnés "Péz" pour Pézenas), redéploie le plein-jeu (qui redevient un Grand Plein-Jeu en 16' grâce à une contre-montre 16' commençant au F#1), place un Récit neuf (de 42 notes), modifie l'alimentation, pose des réservoirs secondaires, place des sommiers à double laye au Grand-orgue et au Récit, et ré-harmonise le tout.
Les trois claviers d'Aristide Cavaillé-Coll, installés à l'intérieur du cabinet d'orgue d'origine, restent disposés à l'ancienne, avec Grand-Orgue au milieu et Positif au-devant. De même, les tirants de jeux sont placés verticalement de part et d'autre des claviers (de haut en bas : Récit, Pédale, Grand-Orgue et Positif). Il suffit de tirer les 4 jeux les plus bas pour former le petit Plein-Jeu du Positif.
Côté mécanique, le clavier de Positif est très agréable au toucher grâce à la mécanique à balancier d'Augustin Zeiger. Le clavier de Récit a été assoupli autant que possible. L'assistance de la machine Barker (posée dans les années 1950 par Maurice Puget, peu avant son décès) permet d'utiliser facilement les accouplements.
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Le Plein-Jeu de l'orgue est organisé de la manière suivante :
- au Positif : petit plein-jeu (montre, bourdon, prestant, doublette et plein-jeu)
- au Grand-Orgue : fourniture avec résultante de 16' dès la 2ème reprise, et cymbale couronnant l'ensemble (montres 16 et 8, bourdons 16 et 8, prestant, doublette, fourniture IV, cymbale III)
Une contre-voix peut être faite avec la grosse trompette de Pédale seule. C'est le "Grand plein-jeu avec trompette en taille" (la taille étant la voix de ténor).
Rappel : le Plein Jeu se compose à partir du Fonds d'orgue. Ce dernier comprend, au Grand-Orgue et au Positif (accouplés), tous les jeux de principaux en 8', 4' et 2' (soit : montre 8', prestant 4' et doublette 2'), le bourdon et la flûte de 8 ; pour le Grand fonds d’orgue, on ajoute montre et bourdon de 16'.
Le Grand Jeu (XVIII° siècle) se compose des jeux d'anches (trompettes, cromorne, clairons), cornets, prestants, nazards et doublettes. Les grandes plages harmoniques peuvent être renforcés par la bombarde 16' du grand-orgue.
Le grand Choeur d'anches (XIX° siècle) comprend tous les jeux de fonds (bourdons 16' et 8', montres, gambes et flûtes 8' et 4') et les jeux d’anches, en excluant nazards, voix humaine et, en principe, le cromorne.
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Au Grand-Orgue
Le Grand Cornet a été harmonisé de manière à ce que la tierce ne soit pas trop pesante.
La "contre-montre" de 16' est la base des jeux de fonds et du Grand Plein Jeu.
Le bourdon 16' est fort dans le médium. Le bourdon 8' est de
grosse taille.La flûte harmonique (qui avait été recoupée en prestant) n'est à peu près égale qu'à partir de G3 (3ème sol) ; elle peut s'employer avec le bourdon 8' (tirant de jeu situé de l'autre côté en vis-à-vis). Elle peut être accompagnée par la viole d'amour et la voix céleste du Récit. Pour la basse de Pédale, il est préférable d'ajouter à la soubasse 16' la tirasse du Grand-Orgue, plutôt que la flûte 8' de grosse taille.
Dans les jeux de fonds :
- la montre 8’ constitue une base généreuse
- la gambe 8' ajoute de riches harmoniques
- le bourdon 8' (voire le bourdon 16') arrondit le timbre et souligne l’attaque des notes.
La doublette 2’ est de forte taille : dans un ensemble de jeux de fonds de 8 et 4', la dulcianne 4' (placée près de la doublette) peut renforcer le prestant 4' et équilibrer la couleur sonore pour faire un écho avec le positif. La dulcianne peut renforcer le mélange bourdon et viole de gambe 8’ ou encore jouer le rôle de second clairon.
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Au positif
Le choix entre prestant 4' et salicional 4' permet de donner une couleur tout à différente à une base de 8' (bourdon ou montre). Le salicional remplace en outre le clairon dans le Grand Jeu ou le Choeur d'anches.
Il est possible de réaliser un jeu de quinte (montre, prestant, nazard, doublette) ou un Choeur de nazard (bourdon, flûte 4', nazard). Plus simplement encore, nazard et bourdon du Positif peuvent être accompagnés par la voix céleste du Récit (voir ci-après).
La flûte octaviante 4' (douce et fine) est très agréable. Le mélange bourdon et flûte 4' sonne aussi très bien tout en restant léger.
Le cromorne est l'un des beaux jeux de l'orgue. Il peut se jouer seul, avec le prestant ou le bourdon (au 19° siècle). Il se joue aussi avec le petit cornet (bourdon, prestant ou flûte, nazard, doublette), et, le cas échant, la trompette, la montre et le bourdon pour former un "petit" Grand Jeu.
Le choeur d'anches (au 19° siècle) comprend fonds 8’, 4’, doublette et trompette.
Pour terminer certaines pièces solennelles, le Grand Chœur d’anches était renforcé par la bombarde du Grand-orgue et le cromorne du positif.
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Au Récit
La voix céleste, qui s'utilise toujours avec la viole d'amour, n'est pas agressive.
Attention : la voix céleste se trouve sur la laye des anches du Récit (pédale de combinaison du milieu).
Le cor anglais est une variété de basson-hautbois qui ne débute qu'à la 2ème octave.
Un écho de la trompette du Grand-Orgue peut être fait la trompette du Récit.
On peut remarquer aussi la voix humaine avec son trémolo (lent).
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Au Pédalier
La soubasse de Pédale ne s'entend pas bien depuis la tribune de l'orgue. Avec la grosse flûte, elle est pourtant très présente.
La trompette est également de grosse taille, afin de pouvoir sonner en taille avec le Grand Plein Jeu (voir ci-dessus) ou, avec la bombarde, pour soutenir les basses d’un grand Choeur d'anches.
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Michel MAZET
(2011)
La restauration du grand-orgue L'Epine de PEZENAS par Daniel Birouste (1990-1996) a donné lieu à l'édition de cartes postales et d'une plaquette historique et descriptive à l'initiative de l'association LES AMIS DE PEZENAS. Celle-ci a d'abord cherché à rectifier de nombreuses erreurs commises dans de précédentes éditions. On peut s'en procurer un exemplaire auprès des librairies locales.
En cas de problème technique : prévenir immédiatement l’organiste titulaire (tél. : 04.67.98.10.29 ou 04.67.98.84.83, port. : 06.18.39.13.75, e-mail : michelmazet@gmail.com), le gardien de l’église,
ou la paroisse (tél. : 04.67.98.16.35)
A noter
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En aucun cas, l’organiste de passage n’aura le droit de tenter lui-même de réparer, régler la mécanique ou accorder la tuyauterie, ni pénétrer dans les buffets.
Monument historique : En cas de détérioration, des poursuites pourraient être engagées.
Attention en particulier :
- A bien fermer la porte d’accès à la tribune, afin d’éviter une mauvaise aspiration d’air extérieur et un désaccord de l’orgue.
- A ne pas accrocher ni abîmer les motifs de décoration du buffet.
- A ne pas appuyer de chaise contre les bas-côtés du buffet.
Enfin, merci de ne pas emporter la documentation et les partitions présentes – ce sont celles de l’organiste !
1757-1759 : construction par Jean-François L’Epine
1843 : rénovation par Augustin Zeiger (Lyon)
1852-1853 : grande restauration par Aristide Cavaillé-Coll (Paris)
1962-1969 : restauration commencée par Maurice Puget, poursuivie par Eugène Rochesson et terminée par Georges Danion (Lodève)
1991-1996 : restauration par Daniel Birouste (Plaisance du Gers)