L’orgue permet de faire jouer une grande variété de sons – les jeux – répartis sur plusieurs claviers. Ces sons peuvent jouer de manière isolée ou groupée.
Il y a deux catégories de jeux : les jeux à bouche (l’air est cassé par un biseau, comme sur une flûte) et les jeux d’anches (l’air fait vibrer une anche placée au bas du tuyau : le reste du tuyau sert de résonateur).
Le tuyau d’un jeu sonnant à une hauteur normale mesure 8 pieds sur le 1er do : on dit que c’est un jeu de 8’ (ex. : flûte 8’). Un jeu de 4’ sonne une octave plus haut, un jeu de 2’ une octave encore plus haut etc. ; un jeu un jeu de 16’ par contre sonne une octave plus grave que la hauteur normale.
Le tirant du jeu indique cette hauteur, sauf lorsqu’elle est connue par convention (ex. : une montre sonne 8’, un prestant 4’). Les jeux d’une hauteur autre que le 8’ sont utilisés pour amplifier le son de base d’un ou plusieurs 8’ (ex. : bourdon 8’ + prestant 4’) (ex. : montre 8’ + bourdon 8’ + prestant 4’ + doublette 2’)
Au-dessus du 1’, on recourt à la technique de jeux composés avec reprises (mixtures). Il s’agit de jeux comprenant plusieurs rangs de tuyaux sur chaque note (octaves ou quintes) et dont la progression n’est pas continue mais interrompue par une reprise à la quinte ou la quarte inférieure. Ainsi une fourniture donnant sur C1 (1er do grave) : do – sol – do fera entendre sur C3 (3ème do) : sol – do – sol au lieu de do – sol – do ; de même pour une cymbale (sol – do – sol sur C1) avec des reprises plus fréquentes, car le jeu est plus aigu. On favorise ainsi la couleur sonore par rapport à une difficulté technique. Le tirant de registre indique souvent le nombre des rangs (ex. : cymbale III rangs).
Les principaux : au timbre clair et fort
Montre (ou principal) : en 8’ et 16’ – Prestant (ou principal) : en 4’ – Doublette : en 2’ – Sifflet : en 1’
Les mixtures (mutations composées) :
Plein-jeu (III à V rangs) – Fourniture (II à IV rangs) – Cymbale (III rangs, le plus aigu) : s’ajoutent aux principaux (16’), 8’, 4’ et 2’ (et éventuellement aux bourdons)
Carillon (II ou III rangs, dont un rang de tierce)
Les flûtes : au timbre doux et fort
Flûte en 16’, 8’, 4’, 2’
A partir du 19°, les flûtes peuvent être harmoniques (tuyau rallongé dans les aigus pour la résonnance) :
Flûte harmonique : en 8’ – Flûte octaviante : en 4’ – Octavin : en 2’
Flûte conique – Piccolo 2’ – Flageolet 1’
Les bourdons : timbre sourd et doux (tuyaux bouchés)
Bourdon : en 16’, 8’ (Gd-orgue, positif)
Soubasse : bourdon de 16’ de pédale (en bois)
Quintaton : bourdon plus étroit (affirmant la surquinte, 3ème harmonique)
Cor de nuit
Variante : les jeux de mutation
Ils donnent une autre note que la note fondamentale.
Gros nazard 5 1/3’ : à la quinte d’un 8’ (orgue classique, 17-18° siècles)
Grosse tierce 3 1/5’ : à la tierce d’un 4’ (idem)
Nazard : 2 2/3’ (sonne à la quinte des 4’, à utiliser avec au moins un bourdon 8’)
Tierce 1 3/5 (à la tierce des 2’) (orgue classique, 17-18° siècles)
Larigot 1 1/3’ (à la quinte des 2’) (idem)
Septième 1 1/7’
Grand cornet V rangs (à partir du 3° do ou C3) : au grand-orgue, comprend bourdon 8’, 4’, nazard et tierce, le tout en jeux postés (placés un plus haut sur le sommier, voir photo)
Sequialtera II rangs : nazard et tierce (à utiliser avec une base de bourdon 8’ ou bourdon et prestant pour constituer le cornet)
Les gambes ou violes : timbre mordant et doux (rappelant les cordes)
Apportées en France au 19° siècle
Viole de gambe : en 8’ – Viole d’amour : en 8’ – Dulcianne : en 4’
Salicionnal : en 8’ (de taille plus large, proche de la montre) – Gemshorn
Violoncelle (pédale) – Cor de chamois
Variante : les jeux tremblants
(légèrement désaccordés, à utiliser toujours avec la gambe qui leur est associée)
Voix céleste : en 8’ – Unda Maris : en 8’ – Voix angélique : en 4’
LES TROMPETTES (jeux à anches)
Bombarde : en 16’ – Trompette : en 8’ – Clairon : en 4’
AUTRES JEUX A ANCHES (autres formes ou autre longueur du tuyau)
Voix humaine : en 8’ (tuyau étroit et court, du grand-orgue au 18°, passe au récit au 19°)
Cromorne (tuyau étroit et long)
Clarinette (plus douce que le cromorne, au 19° siècle) : en 8’ (positif)
Hautbois (au 18° siècle) ou Basson-hautbois (au 19° siècle) : en 8’ (récit – le cor anglais en est un intermédiaire qui commence au 2° do)
Euphone : en 8’ (anche douce)
Basson 16’, Sordun
Chamade (avec reprise dans les aigus, jeu placé horizontalement devant le buffet) : à utiliser avec une base de trompettes
Vue plongeante sur le sommier Ut# du Gd-orgue (nef vers la droite) - St Jean, Pézenas
De gauche à droite : (trompette et clairon hors photo), bombarde, grand cornet (en bas de la photo), cymbale 3 rangs, fourniture, doublette (milieu de la photo) et les autres fonds dulciane 4’, flûte harmonique 8’, bourdon 16’, bourdon 8’, prestant (premiers tuyaux postés dans le buffet, d’où les trous vides), (montre : postée dans le buffet).
Malgré une disposition souvent rationnelle des registres de jeux, il faut tirer les registres avec les mains, ce qui peut entraîner une interruption du jeu de l’organiste. Les pédales de combinaison permettent de l'éviter. Des jeux sont préparés, mais ceux-ci ne parlent que lorsqu'une pédale est enclenchée (appel). Il s'agit de pédales en fer, actionnées par le pied. Ces mêmes jeux sont rendus muet en retirant cette pédale de combinaison (renvoi).
Sur le sommier, ces jeux sont placés sur une laye séparée. Comme il s’agit d’abord des grands jeux d’anches (trompettes…), on parle de laye des anches.
Ex. : An. Réc. (pour l’appel des anches du récit) ou An. GO (pour l'appel des anches du Gd orgue)
Ces pédales de combinaison apparaissent au 19° siècle.
Certaines pédales de combinaison permettent de faire jouer deux claviers ensemble : ce sont les pédales d'accouplement.
Ex. : Pos./GO (accouplement du positif sur le grand-orgue ; on joue sur ce dernier clavier) ou Réc./GO.
La tirasse permet de faire jouer un clavier avec le pédalier. Ex. : Tir. GO.
Le trémolo est une autre pédale en fer, permettant de déstabiliser l'arrivée de l'air dans le sommier du Récit.
Au 19° siècle, l'expression du récit (ouverture et fermeture de la boîte expressive) était assurée par une tirasse, ne pouvant rester seule en position intermédiaire. Cette tirasse était généralement la dernière, à droite. Elle a souvent cédé la place à une pédale d'expression, équilibrée dans toutes les positions.
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(en rouge : jeux sur laye des anches)
Bombarde : anche de 16’ (grand-orgue, pédale)
Bourdon : fond doux de 16’, 8’
Clairon : anche de 4’
Cor anglais : anche de 8’ (var. de basson-hautbois commençant à C2)
Cromorne (tuyau étroit et long) : anche de 8’ (positif)
Cymbale : 3 rangs (grand-orgue) – dernier niveau du grand plein-jeu
Doublette : fond principal de 2’
Dulcianne : fond gambé de 4’
Flûte : fond de 16’, 8’, 4’ ou 2’
Flûte harmonique : fond flûté de 8’ (grand-orgue, récit)
Flûte octaviante : fonds flûté de 4’ (positif, récit)
Fourniture : 4 rangs (grand-orgue) – avant-dernier niveau du grand plein-jeu
Salicionnal : fonds doux gambé en 8’ (grand-orgue)
Grand cornet (à partir de C3) : mutation de 5 rangs (grand-orgue)
Montre : fond principal en 8’ ou 16’
Nazard : mutation de 2 2/3’ (à la quinte des 4’, à utiliser avec un bourdon 8’)
Octavin : flûte en 2’ (récit)
Plein-jeu : 3 rangs (positif)
Prestant : fonds principal en 4’
Soubasse : bourdon 16’ de pédale
Trompette : anche de 8’
Viole de gambe : fonds gambé en 8’ (grand-orgue)
Viole d’amour : fonds gambé en 8’ (récit)
Voix céleste : fonds tremblant en 8’ (récit) (attention : ce jeu se trouve sur la laye des anches)
Voix humaine : anche en 8’ (récit)
Tirasse Grand-orgue (pour le pédalier)
Anches Grand-orgue : triple pédale : basses - ensemble - dessus
Anches Récit
Pédale d'expression
Accouplement Récit sur Grand-orgue
Accouplement Positif sur Grand-orgue
Trémolo