Rio Tinto a Mada !

Extrait de l'article de :

Rio Tinto détruit la biodiversité unique de la zone littorale.  (World Rainforest Movement – Juin 2016)

« Les organisations écologistes, en tant que fournisseuses de services, rendent crédibles au plan international les projets de compensation de la biodiversité et se chargent de leur mise en œuvre au plan local. (…). Sans la participation d’ONG légitimes, la plupart des projets [de compensation de la biodiversité] risquent de ne pas être crédibles et de ne pas recevoir l’approbation de la société.” (…)La notion même de compensation de la biodiversité porte à controverse. Pourtant, la compensation intéresse de plus en plus l’industrie minière: une bonne partie de ce qui lui reste à exploiter se trouve dans desaires protégées, des zones considérées comme des ‘habitats critiques’, des terres soumises à des droits d’utilisation coutumiers ou des endroits plus difficiles, pour des raisons diverses, à obtenir que par le passé. L’industrie a donc besoin de la compensation de biodiversité. Et surtout, l’industrie minière en a besoin pour être perçue comme crédible et acceptable, quels que soient les effets de ses opérations et de ce nouvel outil de conservation sur les habitats riches en biodiversité et sur les communautés locales. L’association avec des acteurs du secteur écologiste est un moyen de se doter de la crédibilité et de l’acceptabilité nécessaires.

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Un autre acteur important qui donne de bonnes références scientifiques à l’initiative de compensation de la biodiversité de Rio Tinto est le MBG (Jardins botaniques du Missouri). Le MBG a accumulé une vaste collection d’espèces pendant les trente dernières années de bioprospection et de piratage. En réutilisant ses collections existantes, le MBG contribue à la constitution d’inventaires d’espèces et d’ensembles de données de référence, fournit des informations cruciales pour le plan de compensation de la biodiversité de Rio Tinto QMM, et confère de la crédibilité à cette initiative.

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Ainsi, les services de consultation et d’audit du MBG aident Rio Tinto à obtenir et à maintenir l’accès à des gisements de minerais qui se trouvent sous des forêts riches en espèces endémiques, comme le gisement d’ilménite de Fort-Dauphin. “Sans ces inventaires spécialisés, et surtout sans l’aval de la marque MBG, la légitimité des compensations de l’entreprise minière serait en danger et celle-ci risquerait de voir ses permis d’extraction révoqués par les ministères gouvernementaux”,

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Cet exemple montre aussi que, pour des institutions comme le MBG, la compensation de biodiversité est une occasion de générer des revenus grâce à leurs immenses collections botaniques et bases de données d’espèces, à un moment où les fonds pour les grands projets de ‘bioprospection’ commencent à se tarir.

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En ce qui concerne la mise en œuvre des activités prévues dans les trois sites de compensation de la biodiversité, il convient de signaler que, si Rio Tinto QMM gère les activités de conservation dans la zone de la concession, elle a transféré l’exécution des activités de compensation à plusieurs organisations écologistes, dont le MBG et Asity, le partenaire de BirdLife International à Madagascar.

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La création d’un “Autre” destructeur de l’environnement fait partie d’un discours qui est devenu essentiel à la stratégie de l’industrie extractive pour avoir accès à la terre pendant les 20-25 dernières années: tandis que certaines utilisations de la terre sont dépeintes comme désirables ou acceptables (l’exploitation minière, les aires protégées), d’autres activités (la coupe d’arbres, l’agriculture de subsistance, l’utilisation de produits forestiers non ligneux) sont présentées comme ‘mauvaises’, indésirables, destructives, inefficaces et rétrogrades dans les publications de l’entreprise et des organisations écologistes.

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Plus    la perspective sera sombre pour la biodiversité forestière dans le scénario contrefactuel, plus le discours de Rio Tinto sur le rôle destructeur de l’agriculture de subsistance sera convaincant, et plus il lui sera facile de démontrer que la biodiversité sera en meilleure situation malgré la destruction causée par la mine d’ilménite