Jules Marmier est né le 15 mars 1874 à Fribourg. Il est le fils d'Auguste Marmier, conseiller national, avocat, et rédacteur du journal radical "Le Confédéré", et de Rosine née Dubey.
A dix ans, il suit ses premières leçons de piano et de violoncelle auprès de Hyacinthe Duc. De 1887 à 1891, il fait son collège à Saint-Michel. En parallèle, il poursuit ses études musicales auprès du célèbre organiste Édouard Vogt et du violoncelliste Carl Monhaupt.
Au cours de l’été 1891, Jules Marmier part pour Bâle. Jusqu’en 1893, il y fréquente le Conservatoire de Musique dirigé par Selmar Bagge. Ses professeurs sont , outre Selmar Bagge, Moritz Kahnt pour le piano et le violoncelle, Alfred Glaus pour l’orgue et la théorie. A partir de 1896, Jules Marmier entretiendra une relation épistolaire avec Kahnt jusqu’en 1900.
En 1894, le père de Jules Marmier meurt. Nécessité fait loi. Jules sollicite le poste d’agent de la Banque Cantonale de Fribourg. Il devient la principale source de gain de la famille. Dès lors, il poursuivra son activité de musicien avec passion, mais durant ses loisirs.
A partir de 1895, et jusqu’en 1911, il participe comme violoncelliste et pianiste à un groupe de « Musique de chambre » créé par Antoine Hartmann.
En 1899, il prend la direction de la société de chant d’Estavayer, et dirige son premier concert le 11 mai de cette même année.
En 1900, il commence à faire découvrir à son canton l’œuvre de Jaques-Dalcroze. En octobre, il organise ainsi en un seul jour un concert avec le compositeur vaudois.
* * *
En 1901, « la société anonyme du Casino-Théâtre d’Estavayer-le-Lac » est constituée. Jules en est le caissier. La construction du Casino-théâtre est achevée à la fin de la même année. En 1902, on y monte la fresque historique de Louis Thurler A Travers le Vieux Stavayer, dont Jules Marmier compose la musique.
En avril 1903, Jules Marmier assiste à Yverdon au concert d’un jeune violoncelliste catalan totalement inconnu : Pablo Casals. En mai, il se marie avec Angélique Despond. Le 28 mars 1904, le couple a son premier enfant : Auguste.
En 1904, on monte Alcool et petite ville, deuxième collaboration artistique de Thurler et Marmier. En cette même année, Jules Marmier quitte la direction de la société de chant d’Estavayer.
À la fin 1905, année de la naissance de son second fils Henri, Jules Marmier intègre le corps professoral du tout nouveau Conservatoire de Fribourg (fondé en 1904). Tous les samedis, il y enseignera pendant 20 ans le violoncelle et l’accompagnement.
En 1906, Jules Marmier crée avec Édouard Favre (1er violon), Léon von der Weid (2ème violon) et Alphonse Galley (alto) le Quatuor du Conservatoire.
De 1906 à 1912, il donnera à Fribourg 15 concerts. En juin, création à Estavayer de la comédie Les Transplantés ou Restons chez Nous, troisième pièce du duo Thurler/Marmier.
En 1907, naissance de son troisième enfant Jean-Sébastien. En 1908 Jules Marmier écrit la musique du mystère de Louis Thurler Jésus et le Centenier (version pour deux pianos et harmonium) exécuté en été. Dans son journal, Jules note : « La partition m’a demandé 268 heures de travail ».
En 1909, il écrit « Ashvérus », pièce grâce à laquelle la choeur d'hommes du Brassus recevra le premier prix lors d'un concours de chant. Une maison d'édition achètera la pièce pour 50Frs. En cette même année, il compose également la musique d’un drame alpestre de Thurler La Krotzeranna exécutée en 1910 au théâtre de Fribourg. En octobre 1909, il est jury au côté d’Hartmann et de l’Abbé Bovet au concours pour le poste de directeur de musique de Bulle.
Durant ces années, il écrit plusieurs chroniques dans « L’Indépendant », « La Liberté » et « La Vie Musicale ».
En 1911, la société de chant d’Estavayer exécute Le Chant du pâtre, composition de Marmier sur un texte de l’Abbé Bovet. En été, on représente La Krotzeranna à Estavayer-le-lac.
Au cours de l’année 1913, Jules Marmier participe activement au sauvetage de l’Institut Stavia, établissement d’études pour jeunes gens que l’Abbé Joseph Delabays avait créé à Estavayer et qui était en pleine débâcle financière.
* * *
En 1915, Jules Marmier est nommé organiste de la Collégiale St-Laurent. Il veille notamment au perfectionnement du plain-chant. Le 31 octobre, sa mère Rosine meurt. Il hérite de la maison d’Estavayer.
En été 1916, le Choeur d’hommes de Lausanne interprète Ahasvérus. Cette année-là, il compose, sur cinq poèmes du Dr Thurler, La Cantate pour le Jubilé sacerdotal du Vénérable Doyen Joseph-Alfred Dévaud, Révérend Curé d'Estavayer 1891-1916. Cette pièce est écrite pour baryton solo, choeur mixte et orgue. Le baryton est Joseph Kaelin, père du futur compositeur Pierre.
En été 1917, Jules Marmier souffre de troubles visuels.
En 1918, il écrit une Fantaisie sur des motifs du Vieux Stavayer pour un concert donné par l’Harmonie de cuivres et de bois « La Persévérance ».
En 1919, à la fin de la guerre, il compose la musique du poème héroïque Lequel des deux? écrit par le Dr. Thurler. Son exécution a lieu en mars à Estavayer.
En juin 1920, Jules Marmier s’attèle à la réalisation d’un grand projet : la rénovation des orgues de St-Laurent. Pour ce faire, il propose notamment pour le financement d’organiser des concerts. Sans attendre, il annonce à la fin du mois son premier concert d’orgues. Le facteur Wolff-Giusto réalise son travail en juin 1921.
Le 21 et 22 mai 1921, Jules Marmier est membre de jury de la Fête Cantonale des chanteurs vaudois. En juillet, on inaugure les nouveaux orgues de Saint-Laurent. Le concert d’inauguration se termine par « Harmonies du soir », une improvisation de Jules Marmier, avec, pour étapes, « Pastorale », « Hallucinations », « Apaisement », « Angelus du soir » et « Sérénité ».
En octobre 1923, il achève La Voie lactée, pour chœur d’hommes.
En 1924, il écrit un autre chœur d’homme : Un Coup de Joran. Le 17 et 18 mai, à Fribourg, au Théâtre Livio récemment ouvert ont lieu les concours de la Fête Cantonale des chanteurs fribourgeois. « La Voie Lactée », d’exécution difficile, choque. Par contre, « Le Coup de Joran », interprété par les staviacois, passe bien.
En juin 1925, « Jésus et le Centenier » est joué huit fois au Théâtre Livio dans une version orchestrale et avec un grand succès. C'est la première fois que le Livio fait le plein. La direction musicale est confiée à Joseph Bovet. La Liberté 19 juin 25 parle du « distingué maître staviacois » dont la « musique est d’une belle inspiration, très mélodique, habilement écrite » et qui « a remporté, c’est justice, tous les suffrages de l’auditoire ».
En mai 1926, « La Krotzeranna » est rejouée à Fribourg. En décembre, il écrit une Gavotte pour piano dédiée à sa nièce Colette Marmier. En décembre 1927, il souffre à nouveau de problèmes oculaires.
En mai 1929, il achève une Messe solennelle composée à la mémoire de son frère Edouard – mort quelques mois plus tôt – et pour l’entrée en sacerdoce de son fils Henri.
Le 27 mai 1930, Jules Marmier est nommé Fondé de pouvoir à la Banque populaire suisse. Mais l’année suivante, les banques suisses traversent des temps difficiles. Dès cette époque, Jules Marmier doit réduire son activité musicale.
Le lundi de Pâques de l’année 1936, il y a à St-Laurent une Fête de chant religieux pour laquelle l’abbé Bovet et Jules Marmier sont experts. Pour la circonstances, Jules Marmier a écrit un O Salutaris. Le 13 décembre, « La Krotzeranna » est exécutée avec succès à Echallens.
* * *
Le 5 octobre 1938, Jules Marmier démissionne de sa fonction d’organiste de St-Laurent. Son successeur est Bernard Chenaux. En 1939, il reçoit la médaille « Bene merenti » .
En 1943, « l’Echo des Alpes » d’Yvorne chante « Ahasvérus ».
Au début 1946, Jules Marmier vit une période pénible d’insomnies et de dépression nerveuse, aggravée par l’anxiété que lui cause l’état toujours plus déficient de son épouse, quasi paralysée. En août, elle succombe à une congestion cérébrale.
En 1948, le Choeur mixte de St-Laurent donne son concert annuel au Casino d’Estavayer. Le programme comporte l’audition intégrale de la partition musicale de « La Krotzeranna », sous la direction de Bernard Chenaux, avec le concours de Robert Loup déclamant un texte de liaison dû à la plume de l’abbé François-Xavier Brodard.
En juin 1950, lors de la Fête cantonale de chant à Estavayer, les principales chorales mixtes exécutent, comme morceau d’ensemble, le Choeur final de la « Krotzeranna ». A cette occasion, Jules Marmier est félicité par Carlo Boller.
En janvier 1953, on reprend au Casino d’Estavayer une sélection d’épisode d’ « A travers le vieux Stavayer ». Le spectacle est donné par « la Société théâtrale » et le Chœur d’Estavayer dirigé par Bernard Chenaux. En octobre, Jules Marmier consulte un oculiste. Celui-ci diagnostique une cataracte. Jules Marmier est opéré. Ses capacités visuelles s’améliorent. Le 2 mars 1954, Jules Marmier perd subitement la vue. En mai, il est réopéré : insuccès. A tout juste 80 ans, il devient aveugle.
En 1958, au concert de la société de chant de Fribourg, Bernard Chenaux dirige notamment, avec la « Chanson d’Estavayer », des airs tirés de « A travers le vieux Stavayer ».
A Pâques 1960, Bernard Chenaux reprend le Credo de la Messe Solennelle. L'année suivante, ce même Bernard Chenaux enregistre à la Radio Suisse Romande, avec la Chanson d'Estavayer, "La Brise Volage.
En 1963, Jules Marmier entre dans sa 90e année. En décembre, Eric Thilo-de-Vevey, Chancelier de « l’Institut fribourgeois » (dont Gonzague de Reynold est le président) informe Jules Marmier qu’il a « été élu membre ordinaire à titre d’hommage pour son oeuvre de compositeur ».
A Noël 1968, on reprend la « Messe Solenelle » à St-Laurent. Charles Descloux la dirige.
En 1969, la Radio Romande passe deux enregistrements : celui du Chœur mixte dirigé par Charles Descloux (« La Brise volage », « le Chant des pêcheurs » et le « Sanctus » de la Messe) et celui de l’harmonie « La Persévérance » conduite par Roger Renevey (« Fantaisie sur des motifs du Vieux Stavayer »).
En 1972, la Fête Cantonale des chanteurs fribourgeois se déroule à Estavayer. Au matin du dimanche 4 juin, le cortège s’arrête devant la demeure de Jules Marmier. On lui rend hommage, puis on chante dans la rue « La Brise Volage ». Le jeudi 15 mars 1973, les journaux annoncent la « fête du Centenaire » de Jules Marmier. La cérémonie est télévisée et radiodiffusée. A cette occasion, on enregistre sur 45t. « La Brise Volage », « Tantum ergo » et « Ahasvérus ».
Le 15 mars 1975, Jules Marmier entre avec sérénité dans sa 102e année. Toutes les heures, par temps sec, il quitte un instant son divan pour se promener dans le jardin. En été, il fait deux chutes de son lit. Le 27 juillet, il garde le lit. Il meurt le lendemain matin. Les obsèques ont lieu le 30 juillet par une après-midi torride. A St-Laurent, comble, trois évêques (Mgr. Mamie, Mgr. Charrière, Mgr. Bullet). Mgr Mamie prononce l’homélie. Le chœur mixte exécute quelques fragments de la « Messe Solennelle ». La société de chant interprète « Ahasvérus ».
* * *
En 1976, les manuscrits musicaux de Jules Marmier sont remis par la famille à la Bibliothèque nationale suisse. En 1977, la maison de Jules Marmier est vendue à Jan Balet, artiste-peintre américain.
En 1983, « La Krotzeranna » est jouée et chantée à Villars-sur-Ollon par les « Tzezéreins ». Janine Morier dirige les choeurs. De plus, le 3 avril 1983, le "Gloria" de la Messe Solennelle est chantée à la Messe de Pâques retransmise à la télévision suisse romande.
En 1989, sur l'initiative de conseillère communale Thérèse Meyer-Kaelin, on appose une plaque commémorative sur la façade de l’ancienne maison de Jules Marmier. A cette occasion, le Chœur Mixte St-Laurent, dirigé par Hubert Monnard, interprète « La Brise Volage » et « Le Chant de pêcheurs ».
En 1990, la société du chant de Ville d’Estavayer, dirigée par Francis Volery, exécute lors de son concert annuel « Ahasvérus ».
En mai 2002, Le Chœur mixte de La Tour dirigé par Pierre-Do Bourgknecht, un arrière-petit-fils de Jules Marmier, reprend « La Brise Volage ». L’année suivante, ce même chœur exécute « Le Chant des pêcheurs ».
Le 12 janvier 2008, Pierre-Do Bourgknecht reprend "La Brise Volage" qu'il réarrange pour sextuor (violon, violoncelle, flûte, saxophone, trombone et contrebasse) lors de son spectacle à la salle Opidum de l'Hôtel de Ville d'Estavayer-le-lac.
En mai 2009, le directeur du Chant de la ville d'Estavayer et compositeur Michel Waeber cite dans sa création "Au-delà des remparts" une mélodie de Jules Marmier.
Le 28 août 2009, les petits-enfants de Jules Marmier cèdent les droits d'édition à Sympaphonie S.A. à Payerne.
Le 17 mars 2013, le Chœur Mixte de Saint-Laurent (direction jean-Pierre Chollet) interprète le "Kyrie" de la Messe Solennelle, en direct sur Espace 2 depuis l'église Saint-Laurent d'Estavayer-le-Lac.
Le 5 juin 2015, lors du Festival des Roses d'Estavayer-le-Lac, le quartette de jazz "Wrodion" (Michel Weber (saxophone), Véronique Piller (paino), Arnaud Francelet (contrebasse) et Fred Bintner (batterie)) improvise sur le thème de "La Brise Volage", dans la cour du château de Chenaux.
Les 17 et 18 mai 2019, lors d'un concert co-plateau avec Pierre-Do Bourgknecht, La Chanson du Moulin de Neyruz, dirigé par Clément Monney, reprend deux extraits de la pièce "Alcool et petite ville" (1904): "De l'eau, de l'onde" et "Onde et vin font tempérance".
En 2021, Sympaphonie S.A. restitue le matériel prêté et les héritiers de Jules Marmier cèdent les droits d'auteur à Pierre-Do Bourgknecht afin de simplifier l'utilisation et la diffusion de l’œuvre.
Fin 2023, le chœur Mixte St-Laurent (dir. Jean-Louis Raemy) et la société du Chant de la Ville d'Estavayer (dir. Jean-Marie Kolly), la Pastourelle de Cheyres (dir. Annie Dufresne) et Chorège de Payerne (dir. Fabien Volery) décident de rejouer la version orchestrale de "Jésus et le Centenier" (1925) les 22 et 23 novembre 2025.
Le 3 juillet 2024 à l'Hôtel du Port d'Estavayer-le-Lac, en vue de l'organisation du concert "Jésus et le Centenier", l'association "Œuvres Jules Marmier" est créée, avec comme co-présidents Dominique Andrey et Thérèse Meyer-Kaelin. Pierre-Do Bourgknecht en prend la direction artistique, Fabien Volery la direction musicale.