Mon grand père était bourrelier, et savait fabriquer des corps de collier de cheval, ce qui était assez rare à l'époque. Il a initié ses deux fils Eugène et Bernard (mon père) à ce savoir-faire. Au printemps 2012, ils ont décidé de refaire intégralement un corps de collier. Ils ont remis en œuvre les outils et les gestes qu'ils n'avaient plus manipulés depuis plus de 50 ans ! Quelques personnes ont eu la chance d'y assister, et ont pris les photos qu'ils ont eu la gentillesse de nous mettre à disposition pour offrir à tous les visiteurs du site "Ifojoss" la possibilité de revoir vivre ce métier disparu.
Moment d'émotion pour les deux frères... Comme vous pouvez l'imaginer ! Mais vous constaterez qu'ils n'ont pas perdu la main après toutes ces années, preuve que leur père avait bien transmis son art.
La fabrication des corps de colliers (ou torches) était l'œuvre exclusive du "piéçard" bourrelier travaillant aux pièces. Celui-ci était généralement compagnon itinérant travaillant pour un artisan sédentaire qui le rémunérait pour la quantité de pièces réalisées en quelques jours voire quelques semaines la moyenne étant de 3 corps par jour ! Le travail particulièrement harassant commençait au lever du jour jusqu'à la tombée de la nuit ; il exigeait une force particulière dans les poignets pour manier les rembourroirs.
60 années se sont écoulées ...2 frères ont essayé de retrouver les gestes que leur père leur avait enseignés.
(Vous pouvez voir les photos en grand format en cliquant dessus)
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La basane (peau de mouton tannage végétal) est étirée sur une table, du centre vers l'extérieur. Préalablement elle a été copieusement mouillée. Suit l'examen du gabarit en papier qui n'a pas été déplié depuis 6 ou 7 décennies!
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En choisissant le meilleur sens en tenant compte des défauts éventuels, il est possible d'obtenir les 2 cotés dans 1 seule peau (environ 1 m2) .
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Marquage au poinçon des repères pour les plis du billot de la tête et de la couture.
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Découpe aux ciseaux du 1er coté, fleur contre fleur pour le 2ème coté.
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Assemblage des 2cotés par un surjet à grands points ? Celui-ci sera coupé au montage de la torche sur les attelles.
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Un nœud solide pour éviter toute surprise....
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Écrasement de la couture au marteau pour faciliter le passage des rembourroirs.
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Les 2 bords pratiquement bout à bout.
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Pliage de la verge qui recouvre l'autre bord replié du fourreau (mamelle).
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Mise en forme des 3 plis du billot en tenant compte du sens d'introduction de la paille.
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Vue de la tête qui sera doublée de toile forte avec un simple faufilage qui sera enlevé à la fin. L'ensemble est fixé sur une planche.
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Appointage sur toute la longueur pour maintenir et faciliter la couture de la verge (partie la plus étroite).
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1 clou tous les 10 cm environ.
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Tracé de la couture sur la verge au compas.
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Les clous seront enlevés un par un lors de l'avancement de la couture.
Gros plan sur les 3 plis qui formeront le billot; chacun sera pris avec soin dans la couture.
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Quelques gros plans avant la couture.
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La couture s'effectue à grands points de 2 à 3 cm pour éviter la déchirure; les 3 premiers points seront desserrés afin de faciliter l'introduction de la paille.
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Fourreau cousu prêt à être garni.
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Remplissage du premier côté de la verge; les 3 premières mises étant croisées de part et d'autre de la couture d'assemblage.
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Remplissage de la 1ère mamelle avec la bourre (poils de bovin de préférence) à l'aide d'une baguette plate.
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Idem pour la seconde mamelle.
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La bourre est enfoncée avec délicatesse pour éviter toute boursoufflure.
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Au fur et à mesure du rembourrage les mamelles sont battues avec le plat de la baguette pour obtenir une bonne régularité.
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Remplissage des 2 mamelles : comme pour la verge les 3 premières mises sont croisées de part et d'autre de la couture du bas ; on utilise le rembourroir n°1 ou 2 en décalant les mises. Arrivé à hauteur du billot on utilisera un rembourroir plus court n°4 ou 5. Les mises pourront être plus importantes.
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A l'aide d'une serpette on coupe la paille à hauteur de la tête.
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Les complications arrivent, le frangin vient à la rescousse !!!
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Pliage du fourreau, l’affaire ne se présente pas trop mal.
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La tête est ficelée solidement.
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Mise sur les formes, verge au-dessus.
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Le vérin entre en action, à droite la caméra enregistre.
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Croisement de la paille de la verge.
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Une mise à droite, une à gauche.
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Travail sur les genoux.
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à suivre .........