Au petit matin suivant, nous quittons notre camping du lac Louise sans trop de regrets excepté pour la vue agréable au milieu des monts couronnés de glace, pour prendre la route des glaciers.

Bow Lake.

Le chemin n’est pas long mais les points de vue sont à couper le souffle de beauté, surtout sous un magnifique soleil. La succession de lacs de glaciers d’un bleu intense sur fond d’une multitude de glaciers ne peut normalement pas laisser indifférent. A voir absolument.

Le lac Peyto

Nous montons au glacier Athabasca au travers d’un défilé de sommets pointus et neigeux. L’arrivée n’a pas besoin d’être signalée. A près de 2000 mètres d’altitude, l’immense langue de glace est à quelques centaines de mètres de la route, en pense assez douce.

En fait ce n’est qu’une émanation d’un champ de glace de 300 Km² (Columbia icefield) qui comprend pas moins de huit glaciers majeurs et qui s’étend sur tout un groupe de sommets. Sa visite est programmée pour le lendemain.

Le camping choisi (le Wilcox creek campground) est du style primitif – ce qui a une signification particulière dans cette contrée ou visiblement un sou est un sou. Le notre avait des sanitaires minimalistes, mais était équipé d’un corbeau dont le doux coassement a ponctué chaque minute de notre séjour. Douce nature. Heureusement, le camping était équipé aussi d’une radio, celle de nos voisins, qui nous a permis de garder un pied dans la civilisation (même si lui se croyait seul au monde – quel imagination !). Un coup de cœur. Pour fêter tout cela, nous avons goûté un petit vin californien (heu, pas tous quand même) réchauffé par une flambée, à 9 $ cette fois, sous les étoiles. Prendre un peu d’antigel est accessoirement utile pour affronter le froid de la nuit. Mais en fait, avec un air sec et un bon duvet, tout cela se supporte très bien.

Équipés de polaires, de lunettes et d’un bon anorak nous partons le lendemain matin pour affronter le glacier. Un peu inquiets sur les risques liés à ce genre d’endroit, nous avons opté pour un guide et le groupe de plus d’une vingtaine de personnes qui allait avec. Il nous prête bonnets et gants. Vu la chaleur qu’il faisait (entre 15 et 20°) nous hésitons. Petite déception d’entrée de jeu, il annonce fièrement qu’avec l’état de la glace qui fond, la surface est très rugueuse et qu’il ne sera pas nécessaire de prendre des crampons.

Marcher sur la glace dans ces conditions estivales n’est effectivement pas bien compliqué. Il faut quand même faire attention aux crevasses et aux moulins (trous dans la glace) qui d’après notre guide (qui parle français) sont mortels. On les voit bien quand même. L’eau coule partout en petites rivière et permet de voir une belle glace bien bleue gorgée de bulles.

Côté température, l’arrivée sur le glacier nous frigorifie littéralement. Le vent venu des hauteurs et le rayonnement froid du sol nous oblige à mettre gants et bonnets qui nous semblaient si accessoires. Bon ok, la visite (environ deux heures) et le guide furent sympas, marcher sur la glace est toujours un plaisir, mais le coût carrément prohibitif de l’opération (pour 5 de l’ordre de 120€) est en décalage avec le service et à priori le danger (mais nous ne sommes pas spécialistes). Nous avons croisé bon nombre de personnes sans guide, ce qui est tout à fait autorisé, qui finalement en ont vu autant que nous …

Nous reprenons la route pour Jasper dans la foulée. En chemin, nous croisons un groupe de voitures sur les bas-côtés. Pas besoin d’un dessin, cela nous est maintenant familier. C’est un arrêt Ours. Une maman et deux oursons. Oooh ! Comme c’est mignon ! Bon, on y va.

Seulement voilà, le dernier sorti de la voiture a eu la bonne idée de fermer la voiture à partir du bouton intérieur et en claquant la porte, les clés à l’intérieur – LE grand classique des après-midi réussis. Enfermés dehors, équipés au plus d’un appareil photo, tous les papiers, téléphones et autres équipements nous attendent sagement à quelques centimètres de nous. (et comme cela n’était pas suffisant, Lucas est sorti nu-pieds, tant qu’à faire !)

A soixante kilomètres du premier village, en plein zénith au milieu des ours, l’ambiance est à la fête. Pas de panique, avec toutes les voitures présentes pour les fauves, je demande de l’aide à plusieurs personnes. Visiblement mon anglais n’est pas au point. Pourtant, quand j’achète du bois le soir pour une flambée tout le monde me comprend … ce sera une énigme. Une famille Polonaise, en vacances, qui parle le même anglais que nous finit par nous écouter. Plutôt débrouillard, l’homme dévisse l’antenne radio et s’en sert pour « crocheter » la serrure. Echec car c’est trop rigide. Heureusement, un policier en patrouille, intrigué par des rodeurs sur une voiture, s’arrête à notre hauteur.

« - Oups ! Mes pauvres, remplacer une clé est extrêmement cher et long. Quand à faire venir un garagiste, vu la distance n’y pensez même pas. » Rassurant … « Pouvez-vous nous aider ? Moi ? Non, je ne peux rien faire pour vous ! »

Nouvel espoir, une voiture s’arrête à notre niveau. Enfin quelqu’un de compréhensif. Le dialogue fut bref mais efficace « Où sont les ours ? Heu, nous sommes enfermés hors de notre véhicule – Je comprends, dur dur, mais où sont les ours ?»

Le sauvetage! Notre polonais, fidèle, entre-temps, est parti à un hôtel à quelques kilomètres de là et revient avec un cintre en fil de fer qu’il déplie. Le temps de tâtonner et il parvient à actionner le bouton de la vitre avant. Ouf ! Nous respirons. Un immense merci à toute cette famille formidable qui nous a aidés pendant deux bonnes heures sous le soleil, sans se lasser, pour trouver la solution, avec le sourire qui plus est (et tout cela avec toute la famille venant de Pologne pour les voir, et un bébé au sein !!!!) Merci les ours ! Personnellement je ne les voyais pas si nuisibles.

Nous reprenons le volant pour Jasper. Nous ferons un bel arrêt aux chutes Athabasca.