L’histoire de Flandre Radio Modélisme

Elle est somme toute banale pour d’autres mais, pour nous, elle retrace toutefois les pages de notre passé, de notre jeunesse, elle est riche de souvenirs, de bons moments, de luttes menées par un petit groupe contre vents et marée, pour exister d’abord, pour se développer ensuite, pour être reconnu enfin.

La naissance de FRM résulte en quelque sorte d’une guerre de sécession : quelques amateurs de télécommande se détachent peu à peu de la section aéromodéliste de l’Union Aérienne Lille-Roubaix-Tourcoing qui pratiquait (et qui pratique encore) surtout le vol libre sur l’aérodrome de Bondues (Lille-Marcq). Cette nouvelle discipline était alors l’apanage d’amateurs éclairés mais aussi fortunés (rappelez-vous le prix des premiers ensembles commercialisés à l’époque, rappelez-vous aussi les trésors d’ingéniosité, de patience pour faire fonctionner le tout). Le dépôt des statuts de FRM remonte à 1968 avec le Dr Senneville comme président-fondateur, mais l’activité radiocommande datait déjà de quelques années. La volonté de restreindre l’activité à la télécommande se retrouve bien dans la dénomination de l’association, et dans ce qu’on n’appelait pas encore le logo.

Il a fallu à la petit équipe de précurseurs beaucoup de temps, de courage, de dévouement pour rendre utilisable la partie du terrain d’aviation de Bondues qui leur avait été concédée par le District Aéronautique. En effet, il s’agissait d’une ancienne aire de stationnement des avions allemands lorsque ceux-ci occupaient l’aérodrome. Une bombe anglaise était tombée en plein milieu et il a fallu trouver les bonnes volontés et l’argent pour le remblaiement de l’entonnoir et pour couler un "couvercle" de béton pour remise à niveau avec les autres dalles.

Il leur a fallu défendre aussi leur "concession", ou plutôt la partager avec d’autres groupements souhaitant pratiquer sur la plate-forme (que de discussions, que de réunions, que de négociations), avec tout ce que cela comporte de frictions, de heurts, de tractations, de conventions d’utilisation. Un modus vivendi a été élaboré, qui a permis finalement d’accepter au compte-gouttes ces "étrangers" qui n’avaient pas travaillé à la remise en état des surfaces, aux aménagements et, enfin, un peu à la fois, de les intégrer. Avec le recul, tout cela ressemble à des tempêtes dans un verre d’eau mais, sur le moment, l’association apparaissait fragile et toute concurrence semblait une menace. Maintenant que l’on se remémore tout cela avec la quiétude des nantis, avec la sérénité de l’association bien assise, cela prête à sourire.

Dans les premières années de vie de la jeune association, les modélistes étaient peu nombreux mais, en revanche, très motivés. De nombreux concours de voltiges furent organisés qui permirent de voir évoluer, sur le terrain de Bondues, d’authentiques champions, comme Pierre MARROT par exemple, qui s’était couvert de lauriers à Ajaccio et comme Fred LALINE, champion de Belgique, sans oublier Robert LESTOURNAUD, le génial créateur de tant d’avions et planeurs qui firent les beaux jours de bien des modélistes, débutants comme chevronnés. Cependant, l’environnement des trois grandes agglomérations de Lille Roubaix et Tourcoing était porteur et Flandre Radio Modélisme vit rapidement le nombre de ses membres s’accroître, même si la Fédé n’en avait que partiellement connaissance.

Pour trouver les capitaux nécessaires au développement du club, pendant plusieurs années des meetings furent organisés qui drainèrent à chaque fois des milliers de spectateurs ainsi que le relatèrent en leur temps les revues spécialisées et la presse locale et régionale. Les organisateurs bénéficièrent du soutien actif des pilotes régionaux mais également du concours amical du manager de "Scientific France" en la personne de Jean Fontaine (on ne disait pas sponsor à l’époque) qui usa à chaque fois de son influence pour faire venir d’Allemagne l’équipe "Simprop" et amener avec lui les meilleurs pilotes français tels que CHABERT et HARDY.

C’est vers cette époque, en 1974 précisément, qu’un jeune membre de FRM, dont le père était responsable de l’Aérodrome de Lille-Marcq, Jehan Jacques FILATRIAU devint champion de France de voltige "série nationale". L’année suivant, notre champion local s’adjugea un record de vitesse avion.

En même temps, les infrastructures se développèrent : de solides barrières furent installées à demeure pour la sécurité du public et la tranquillité des pilotes. FRM était désormais une association adulte, bien installée sur "son" terrain. Les présidents et les comités de direction successifs investirent dans le matériel indispensable à la vie de l’association : treuil de planeur, avion école, tables et chaises d’abord, puis au fur et à mesure de l’exigence de confort de ses membres, bungalows pour abriter à la fois les pilotes et le matériel et plus récemment l’ordinateur, sans parler du téléphone, de la cuisine, et de l’indispensable coin toilettes. Il faut dire que l’implantation de tout cela à proximité immédiate de l’habitation de l’exploitant agricole qui entretient les pistes en herbe du club minimise le risque de vandalisme, sans le supprimer toutefois. FRM a eu sa part de matériel volé ou endommagé, qu’il faut remettre en état la rage au cœur.

La consécration vient 1991, lorsque la FFAM confia à FRM l’organisation du 9éme championnat de France hélico (F3C). C’est à ce Championnat de France que le fils de Jehan Jacques, David FILATRIAU, malgré son jeune âge (13ans) fut sélectionné, ce qui était le début d’une carrière prometteuse, à l’instar de son père, puisqu’il devint champion de France série 2 (F3C) en 1995 et termina 4ème en 1997 en série III, s’il vous plaît ! Bien entendu, les autres disciplines ne sont pas oubliées pour autant et chaque année des concours fédéraux voltige avion, planeurs, hélico se déroulent sur notre terrain. La grosse révolution de ces dernières années, c’est l’adhésion pleine et entière à la Fédé, et la fin des histoires de club où tous les membres ne seraient pas licenciés. C’est maintenant du passé, ça n’a jamais existé, ou en tout cas il vaut mieux faire comme si… On oublie les guerres intestines, les élections laborieuses, les renouvellements incessants de bureau nuisibles à une action de fond, les convocations du président au tribunal (en passant, merci la Fédé pour le (gros) coup de pouce juridique).

Maintenant, le souci des responsables de FRM est la recherche de la convivialité sur le terrain, notamment par l’organisation de petits concours intra-club dont le but avoué, par la simplicité de leur règlement, est de faire venir le maximum de membres sur le terrain et surtout de les faire voler ! (Cette recherche passe aussi par une amélioration constante du confort des installations dont les épouses sont les premières à bénéficier : elles sont de plus en plus nombreuses à venir sur le terrain).

La formation des nouveaux, et des jeunes (les nouveaux ne sont pas forcément jeunes) n’est pas oubliée et plusieurs moniteurs bénévoles ne ménagent ni leur temps, ni leur peine pour apprendre les rudiments du pilotage. Cette politique a nécessité l’acquisition de plusieurs avions école dont deux tournent en permanence. Il faut dire que le club connaît, chaque année, un "turn-over" important (entre 50 et 60 membres sont chaque année remplacés).

L’été, l’ambiance est souvent familiale autour d’un barbecue improvisé, qui permet de créer des liens solides et fait plus que n’importe quelle publicité pour le recrutement ! La demande dans la région est telle que sans politique forcenée de recrutement, les modélistes de la région sont nombreux à venir chaque année s’inscrire. FRM, (avec 167 licenciés en 99 + les membres associés, FRM se fait un devoir de réserver le meilleur accueil aux licencies des autres clubs), fait partie des grands clubs nationaux. Ce n’est pas une mince affaire à gérer et il faut pour ses responsables beaucoup de dévouement mais aussi de fermeté (un club à gros effectif ne se gère pas aussi simplement qu’un petit club "familial", il y faut une poigne beaucoup plus serrée, il faut savoir ne pas être systématiquement sympathique si l’on veut éviter les débordements). L’année 1999 fut une année charnière car un an après avoir fêté ses 30 ans d’existence, FRM accueillit du 20 au 21 août le Championnat de France Voltige Grands Modèles. La manifestation fut un réel succès et renoua avec la tradition des grands meetings d’antan. Si FRM s’est donné au fil des années les moyens indispensables à son développement, c’est, certes, grâce au travail de tous ses sociétaires et des comités directeurs qui les encadrèrent, mais aussi grâce au bassin de recrutement exceptionnel d’une métropole Nord extrêmement peuplée.

Les membres du club disposent actuellement d’une piste en béton de 3600 m², d’une piste en herbe"hélico" de 1000 m² et deux pistes en herbe d’un total de 7000 m² rejoignant la piste en béton, et autorisant tous les QFU. Les bungalows "amovibles" (réglementation oblige) offrent une surface habitable de 150 m². Précisons que le terrain affecté à l’aéromodélisme radiocommandé est ancré dans le site de l’aérodrome de Bondues qui représente une superficie globale de 122 hectares (il est vrai qu’il a été amoindri par la construction d’une voie rapide, et amputé d’un parc temporaire destiné aux gens du voyage, mais qui laisse des clôtures à demeure gênant un peu les basses et parfois les décollages laborieux). La position privilégiée de FRM au sein de l’URAM3 se concrétise également par des journées "portes ouvertes" qui permettent aux modélistes des autres clubs régionaux de faire connaissance, d’essayer les pistes et de parler de leur passion commune.

En conclusion, malgré ses 30 ans d’existence, FRM reste un club en pleine évolution, qui ne veut pas rester sur les sentiers battus, car dit-on, l’ennui naquit un jour de l’uniformité. Dernièrement (depuis trois ans maintenant) s’est formalisée une action en commun avec la municipalité de Wambrechies (initiation au modélisme construction et pilotages pour les jeunes pendant les vacances, par groupes de 12), le bilan des deux dernières années fait état de 9 ailes, 32 brevets et 16 qualif. de pilote de démonstration, portant le bilan global à 8 ailes de bronze, 3 ailes d’argent, 1 aile d’or, 24 brevets A, 2 brevets B, 44 qualifications de pilote de démonstration, 16 QFIA, et 2 juges. C’est dire si les membres actifs du club n’ont pas le temps de chômer, mais à quels sacrifices n’est-on pas prêt pour faire partie de ce grand club qu’est Flandre Radio Modélisme ?