1563 - Hardouin & Jehanne

Sur les hauteurs d’Arquenay, sous les ombrages, au lieu-dit  l’Aubinière, deux paysans sont assis. Ils se désaltèrent, le regard perdu au delà des grands chênes centenaires, où l’on devine le château de Montfleury.

La commune portait  autrefois le nom de Paroisse d’Arkaniasus. Elle est située à l’ouest du canton de Meslay et à l’est de l’arrondissement de Laval dans le département de la Mayenne.

Elle est limitée au nord par un chemin rural dit Chemin Renais qui la sépare de Bazougers, à l’est par le petit ruisseau de Lucé qui la sépare de Saint Denis du Maine, au sud par le ruisseau de l’étang de Vassé qui la sépare de Meslay et du Bignon, enfin à l’ouest par une ligne conventionnelle qui la sépare de Maisoncelles et Parné sur Roc.

Depuis 1570, Arquenay, seigneurie paroissiale, a été érigée en châtellenie à la suite du mariage de Nicolas d’Angennes (37 ans) et de Julienne d’Arquenay (15 ans). La cité jouit, dès lors, de haute, moyenne et basse justice.

A perte de vue, les bottes de lin fraichement coupées et disposées en carpette, selon la coutume, font penser à un hérisson géant.

En Mayenne, on a exploité le lin pour le secteur du textile depuis le XIIème siècle. Au XVIème siècle, cette activité reste encore une des principales sources de revenu, y compris pour les Arquenaisiens. Dès le mois de juin, les champs couleur d’azur se mêlent au bleu du ciel. En ce mois d’aout, c’est la récolte. Elle sera expédiée vers Laval puisque Guy XIX de Laval a conféré aux lavallois le monopole de la production, la vente et l’exportation du textile.

Aujourd’hui la journée a été chaude et le travail pénible. Hardouin et son ami Gautier évoquent les nouvelles qui parviennent du royaume. L’évocation des massacres de la Saint-Barthélemy en 1572 remplit d’effroi ces rudes paysans. Charles IX est mort et Henri III règne désormais sur un pays perpétuellement en guerre où Catholiques et Huguenots s’opposent.

Gautier, venu de La Rochelle, s’était arrêté à Arquenay depuis un an, échappant miraculeusement  aux tueries qui suivirent le siège de cette ville.

Les malheurs qu’évoque Gautier rendent Hardouin maussade, Il songe à sa femme  Jehanne, grosse de leur troisième enfant. Sa mère l’a prévenu ce matin : « ce sera pour bientôt ».   Déjà, Roberte, son ainée qui va sur ses sept ans, se voit petite mère pour ce futur bébé. Quant à Hardouin, fier de ces cinq ans, il espère un frère et est impatient de jouer son rôle d’ainé. Il se voit déjà lui apprendre à pécher l’écrevisse dans les rivières environnantes.

Son visage se détend. Il se souvient qu’au Noël dernier l’eau manquait sous le pont de la Grange et que les anciens prétendaient que cela laissait espérer une récolte abondante pour l’année suivante. Cela rassure Hardouin sur l’avenir de sa famille. Il mènera l’enfant au baptême en l’église Saint Germain.

C’est ce qu’il fait le 20 Aout 1574. C’est un garçon qu’ils prénomment Jacques. C’est notre ancêtre le plus ancien qui soit identifiable sur les registres paroissiaux du département de la Mayenne. 

Guillaume Meignan, curée d'Arquenay de 1564 à 1569 inscrira sur le registre des naissance /

 " le VII éme jour d'aout an que (dessus) fut baptize Jacques fils de Hardoin brehin et jehanne son espouse et estoit parains et maraine jacques Baichen andre Rabes et mathurine baudaureau tous paroissien d' arquené"

Serge BRÉHIN – le 9 janvier 2020