D'un parc national à l'autre : de Olympic NP à Mt Rainier NP

J24 : Samedi 5 septembre 2015


Pour ce troisième et dernier jour dans la péninsule Olympique, entre les secteurs de Quinault Lake et Queets River, j'ai choisi le dernier pour sa réputation d'être le secteur le plus vierge du parc. Le plus excentré et le moins fréquenté aussi.

Côté météo, il fait toujours beau ! Yes !

En arrivant au bout d'une heure au point de départ de Sams River Loop, il n'y a effectivement pas un chat mais un écriteau indiquant que le sentier est partiellement fermé pour cause de feux. Feux ? Avec toute l'eau tombée du ciel ces derniers jours, nous supputons que cette mise en garde n'est plus d'actualité et commençons à nous enfoncer dans la forêt.

Au niveau des paysages, cette balade ne nous apporte rien de plus sauf qu'elle se fait dans une ambiance très particulière, hors sentiers battus, sans balisage, de sorte que nous sursautons au moindre craquement, à l'envol d'une chouette ou aux coups de butoir d'un pic vert.

Bref, comme des petits Poucets, on s'est fait un peu peur à plusieurs reprises sur cette boucle de trois miles au beau milieu de la forêt.

Nous ne sommes donc pas mécontents de retrouver un peu de monde au bord du lac Quinault où nous dénichons un petit coin pour pique-niquer au soleil. Avec 21 degrés à l'ombre, il fait une température bien agréable.

Le secteur de Quinault comprend lui aussi des parcelles d'arbres remarquables, mais pour cette fois, nous faisons l'impasse, nous avons d'autres projets.

Nous souhaitons en effet nous rapprocher du parc national du Mont Rainier où nous avons prévu de passer les trois prochains jours. Bien que nous soyons à la veille du week-end du Labor Day, très chargé en principe, nous n'avons aucune réservation pour ce soir. Un peu risqué ? Sans doute, mais en arrivant tôt, j'espère que ça va aller.

Alors direction Aberdeen, puis Olympia et Yelm avant d'arriver vers 17 heures à Eatonville, une petite localité à 37 kilomètres de l'entrée sud-ouest du parc national du Mt Rainier.

J'y avais repéré le seul motel de la ville et j'étais persuadée de pouvoir y trouver une chambre. Mais sur la porte, un petit mot prévient "Sorry, no vacancy". On entre quand même pour demander confirmation, sait-on jamais.

Ce n'était pas une blague, il n'y a vraiment plus de disponibilités. Nous voilà dans de beaux draps ou plutôt… sans draps du tout ;-)

Précisons que la majorité des chambres est occupée par des ouvriers de chantiers sur de longues durées.

Devant notre désarroi et pour nous dépanner, la gérante nous propose alors sa salle de réunion : une pièce de 60 m2, comprenant un grand frigo, un micro-ondes, une télé, deux toilettes avec lavabos, des tables, des chaises et de la vaisselle pour une cinquantaine de personnes, le WIFI, mais pas de douche. Elle peut y ajouter deux lits d'appoint. Le petit déjeuner est également compris.

Faisant d'abord la fine bouche, nous lui demandons de bien vouloir prospecter pour nous auprès de quelques hébergements alentour. Mais la réponse est partout la même, aucune disponibilité nulle part.

Après réflexion, sa salle de conférence nous conviendra. Ce sera aussi l'hébergement le plus atypique de notre voyage.

Pour demain, nous sommes particulièrement bien placés, à une demi-heure de l'entrée de Mt Rainier NP et à un peu plus d'une heure du secteur de Paradise où nous souhaitons randonner. Hélas, les prévisions météo ne sont pas très optimistes. Oh, non !

Distance parcourue dans la journée : 317 km.


J25 : Dimanche 6 septembre 2015


Je saute du lit à 8 heures en m'écriant : "Mince, les parkings à Mt Rainier vont être saturés, grouillons-nous !"

Pourtant, la grisaille extérieure n'est pas très motivante. Eh... oui, comme annoncé, la couverture nuageuse est basse et les montagnes invisibles. Nous nous mettons en route sans véritable enthousiasme vers 8 h 45.

Trois quarts d'heure plus tard, à l'entrée du parc national du Mt Rainier (Nisqually Entrance), il ne pleut pas... encore. Nous ignorons les prairies de Longmire ainsi que tous les points d'intérêt sur la route pour rejoindre directement Paradise. Notre lieu d'hébergement nous ramènera de toute manière par là plus tard.

Mais au fur et à mesure que la route grimpe vers le Paradis (1647 mètres), nous nous enfonçons progressivement dans des nuages si épais qu'on y voit rien à plus de 200 mètres.

Avec de telles conditions, les parkings sont quasi vides et le Mt Rainier caché, bien entendu !

Nous nous effondrons sur le canapé du Visitor Center, le moral dans les chaussettes. Non seulement la boucle de Skyline Loop est inenvisageable mais même les plus petites boucles ne le sont pas. Le parc national annonce une météo hivernale avec pluie et neige tout en concluant avec un ironique "Enjoy !"

La seule solution est de retourner dans la vallée, dans le secteur de Longmire (824 mètres) proche de l'entrée, pour espérer y faire une randonnée de bas étage.

A la sortie du Visitor Center, les conditions empirent, la pluie se mêle aux nuages bas, c'est la cata !

Nous faisons néanmoins un saut jusqu'à Reflection Lake, espérant peut-être un miracle ! Tu parles, on ne distingue même pas l'ombre d'un lac.

Le retour dans la vallée est la seule issue ! Malheureusement même les points de vue le long de la route sont à oublier, tous ont disparu dans les nuages.

Seules les Narada Falls méritent un court arrêt.

Garés sur le parking de Longmire, nous restons à l'abri dans la voiture, guettant le moindre changement de l'état du ciel. Vers midi, la pluie a l'air de céder c'est-à-dire qu'il bruine plus qu'il ne pleut. Vêtus de pantalons imperméables, nous nous lançons alors vers Rampart Ridge avec retour par Wonderland Trail, principalement pour nous dégourdir les jambes.

De cette randonnée, nous ne retiendrons que quelques belles couleurs automnales toutes embrumées.

Bon, cette balade a au moins le mérite de faire passer le temps jusqu'à une heure décente pour se présenter dans notre hébergement.

Il est maintenant 14 h 30 et la cabine que nous avons réservée est prête. Par la même occasion, nous échappons à un nouveau pique-nique dans la voiture, ouf !

Jouxtant immédiatement l'entrée du parc national, le petit chalet sous les sapins est plutôt mignon de l'extérieur. L'intérieur est antique et il vaut mieux ne pas trop inspecter les recoins. De toute manière, le manque d'ouverture et d'éclairage ne le permet pas vraiment ;-)

Bref, il est sombre et humide, en un mot sinistre, mais nous y sommes à l'abri, c'est le principal. D'ailleurs, avec les quantités d'eau qui tombent du ciel, nous ne nous attendons pas à en sortir avant demain matin.

Pourtant, vers 17 h 30, une timide lumière finit par percer l'obscurité de la cabine. Ni une, ni deux, nous sautons dans nos chaussures et dans la voiture, direction Paradise.

Houlà, ne nous emballons pas, nous n'irons pas plus loin que la rivière Nisqually. Plus haut, les nuages sont toujours aussi présents et le Mt Rainier toujours caché.

En réalité, l'éclaircie est très localisée.

Cette courte accalmie nous laisse néanmoins le temps de jeter un coup d'œil à une cascade "éponyme"...

Pour le reste, il faudra repasser. Nous aurons une deuxième chance demain car bien qu'ayant une réservation du côté de Sunrise en soirée, nous avons suffisamment de marge dans notre planning pour reprogrammer Paradise si besoin.

Avec l'humidité ambiante, nous aspirerions à une soirée au coin de la cheminée. A défaut, nous la passons entre la télé et le radiateur dans notre triste cabine.

Une journée vraiment pas terrible, la météo désastreuse n'ayant même pas été compensée par un hébergement de qualité :-(

Distance parcourue dans la journée : 147 km.