sujet: réaction à propos des articles de Mr André Daire lu dans la gazette des cuivres (n°19, 20 et 21)
La trompette n'est pas un instrument avec lequel on s'époumone, pour lequel il faut prendre de très grandes respirations afin de pouvoir souffler, expirer un considérable volume d'air dans l'instrument, afin d'en obtenir un son généreux.
Le professeur lui-même doit s'imprégner de cette notion, afin de ne pas égarer son élève sur une fausse voie, en l'assénant d'injonction du genre: "Mais respire bien mieux ! Davantage ! Mets de l'air dans ton instrument ! Souffle !" . En qualité de juré aux quatre épreuves du C.A. de 1982 à 1994, j'ai trop souvent entendu des candidats employer ces recommandations stupides avec des élèves-témoins. André Daire.
L'approche physicho-physiologique de André Daire mérite d'être étudiée, dans le sens ou "La personne"devient prioritaire alors que l'outil de travail qui se nomme "trompette" devient secondaire.
Au même titre qu'un maçon et sa pelle, qu'un boulanger et son four, le cycliste et son vélo...
Au même titre que les conseils de Robert Pichaureau, qui m'ont permis de me débloquer.
Il va de soit qu'un musicien professionnel doit être doté d'un instrument de qualité .
CONCRET INTERIEUR / CONCRET EXTERIEUR
Pour en revenir à Mr Daire, ce qui va etre intéressant, c'est l'idée de publier une méthode sur une théorie scientifique corporelle.
Aujourd’hui, on peut constater que toutes les méthodes de trompette sont basées principalement sur la technique, sur le "concret extérieur", sur "ce qui se voit et s'entend", ce qui est d'ailleurs très utile et nécessaire à la formation d'un futur musicien lecteur .
En revanche, aucune méthode, à ma connaissance, ne dèveloppe le "concret intérieur", "ce qui ne se voit pas mais se ressent".
Son idée de détailler tous les mécanismes associatifs d'une consonne et d'une voyelle, l'air de conservation buccale, la vision des muscles sur schéma est innovante pour les cuivres et va aider, je pense, les trompettistes à mieux se connaitre de l'intérieur.
autre constatation :
On peut constater que les trompettistes accomplis trouvent un intérêt à travailler ce « concret extérieur », les méthodes actuelles leurs permettent de progresser, ils jouent « naturellement » et travaillent beaucoup pour réussir, leur confiance grandit peu à peu, et leur carrière musical est exemplaire.
On peut constater que les trompettistes à problèmes, avec le temps, ne trouvent pas ou plus de solutions dans ces méthodes ou le « concret extérieur » est dominant. Ils travaillent beaucoup mais ne progressent plus, manquent de confiance, d’endurance , et leur expression musicale devient limitée. Certains régressent, d’autres arrêtent la pratique de la trompette.
Les trompettistes accomplis possèdent visiblement quelque chose que les trompettistes à problèmes n’ont pas.
Ces trompettistes à problèmes ont apparemment besoin d’autre chose pour progresser.
Pour se sentir bien, les individus ont des besoins différents en fonction de leur personnalité : sport, lecture, nature…
Les trompettistes sont des individus qui ont forcément des besoins différents.
Certains trompettistes auraient ils besoin uniquement du « concret extérieur » ?
Certains trompettistes auraient ils besoin uniquement du « concret intérieur » ?
Certains trompettistes auraient ils besoin du « concret extérieur » et du « concret intérieur » ?
Et si ces deux approches opposées étaient complémentaires, consciemment ou inconsciemment ?
Exemple concret de cette constatation :
Quand mon frère à passer son prix au CNSM de Paris, j’ai assisté aux épreuves des cuivres.
Certains trompettistes jouaient avec leur personnalité, ce qui nous a permis d’entendre des interprétations différentes .
Mais d’autres avaient d’énormes difficultés à produire certains sons correctement. Parfois, ils étaient dans l’incapacité d’exprimer la musique, le son ne sortait pas.
Ces trompettistes avaient visiblement un gros problème. Pourquoi en sont ils arrivés là ?
Le projet de méthode d’André Daire développera t il les sujets suivants ?:
Rappels anatomiques et fonctionnement global physiologique du trompettiste dans la production d'un son.
Pourquoi travailler tel ou tel exercice? Et dans quel intérêt physico-physiologique ?
l'échauffement corporelle (constat): il est utilisé dans le domaine du sport, du théatre, du chant et c’est un moyen pour visiter son corps, d’être à l’écoute de ses sensations, d’identifier les tensions inutiles et d’atteindre un état de décontraction.
l'attitude du squelette parallèle avec "les principes de la technique Alexander", ou "la posture de Bouddha", ou "le yoga et ces étirements", ou "l'équilibre corporelle dans la danse classique, le Tai chi, le Qi Gong ou le violon intérieur de Mme Hoppenot " ou "la fière allure de Mr Pichaureau" .
Constat : Beaucoup de techniques et pratiques différentes en parle, chacun avec son vocabulaire, pour arriver, me semble t il, au même résultat : un équilibre correct du corps pour que les muscles travaillent ensemble; ils sont tous reliés .
L’ouverture de la gorge en relation avec la manière de « dire » la musique ( mécanismes associatifs d’une consonne et d’une voyelle) Foveau, Pichaureau, Colin, Maggio… en parlent.
Une vue des muscles et leur rôle : visage (vu dans la dernière gazette des cuivres), périmetre du tronc , muscles expirateurs (abdominaux et intercostaux)..., constat : les chanteurs peuvent les observer dans de nombreux recueils spécialisés sur la production vocale depuis de nombreuses années.
Quand on a l'habitude d'utiliser le soufflage intempestif, explique t il comment obtenir "l'air de conservation intra buccale"?
qui est, et j'en suis quasiment certain:
"l'air chaud expiré et la retenue du souffle dont parlait Mr Pichaureau",
" l'air expiré (le dioxyde de carbone) par une personne normale en éveil, en sommeil, qui parle, qui baille, qui se réchauffe les mains, qui chante"
« le Ah chuchoté de la technique F.M.Alexander »
"l'air expiré dans les longues et lentes expirations vivement recommandées par les moines tibétains dans leur méditation ou ceux qui pratiquent le yoga et tous types de relaxations " ,
" Cat Anderson, je crois, cherchait à économiser l’air. Il se chauffait avec des expirations très longues sur une seule note, il répétait sa note plusieurs fois pendant 10 à 15 minutes. Idem pour la réalisation des exercices de respiration préconisés par Stamp »
"en méditation, les moines ralentissent leur rythme cardiaque quand ils pratiquent les longues expirations, c'est signe que le corps et l'esprit sont tranquille, j'avais entendu dire que le pouls de Maurice André diminuait lorsqu'il jouait"
constat : beaucoup de techniques ou de pratiques utilisent cette technique d'expiration, chacun à son vocabulaire, pour arriver au même résultat: le confort corporel, la décontraction, le calme.
Conclusion :
Que la musique soit technique ou simple, le plus important n’est il pas l’émotion musicale ? Emotion transmise par la personnalité et la chair de l’interprète.
Les propos de Pierre Dutot sont justes : plaisir --> confort --> émotion musicale
On peut remarquer que cette approche fait uniquement référence à l’individu et pas à la trompette.
Et si je peux me permettre ! : plaisir humain --> confort corporel --> émotion musicale
Fabien
le 23 12 2011