Atelier du

4 mai 2024

« Tous mélomanes » Michel-Hubert WALCH évoque des partitions qui vont trouver dans la rue une source fructueuse d'inspiration : la foule, les petits métiers, les marchés ...

Clément JANEQUIN Les Cris de Paris, chanson

AlainR

C’est beau, grandiose et théâtral, je m’envole dans des ailleurs improbables.

Je n’essaye même pas de situer quoi que ce soit, j’écoute et je profite tout simplement.

Je ne me laisse pas bercer, ce n’est pas une berceuse.

Je ne me savais pas mélomane. Et pourtant je sens que j'entre dans ce monde.

Colette

La rue. Les oiseaux. L'eau. La pluie. Marcher dans la rue avec un parapluie. Cela me rappelle mes sorties dans la rue sous la pluie avec un parapluie. J'aimais ces sorties. Sortir librement. Sac à main. Prendre mon sac à main et mon cabas.

Julien

Quelle joie de vivre ! Je suis pris dans cette foule.

Je me sens happé de tous côtés. C’est une époque qui ne me semble pas si lointaine.

Ce qui est drôle, c’est cette cascade de voix. J’entends plus des voix que de la musique.

C’est étonnant mais je n’écouterai pas cette musique pendant des heures.

Lydie

J’ai l’impression d’être au marché et d’entendre les commerçants et vendeuses vanter leurs produits et les acheteurs discuter avec eux, comme dans une grande braderie.

Rémi

J’aime : comme dans une église. La nourriture est bénie, partageons-le pain, il y en a pour tout le monde et le vin.

Un petit nouveau enfant.

Chaud comme le cœur.

Je suis heureux de cette atmosphère cristalline et pleine de mansuétude, cela m’apaise.

Je me sens accepté par Dieu.

Zoé

Je suis un peu dubitative mais depuis que je suis rentrée dedans, je trouve cette musique joyeuse et dansante, et je ressens le plaisir des chanteurs à exprimer des mots un peu surprenants comme navet, allumette, … Et moi j'aimerais bien délirer en chantant des mots qui ne sont pas usuels sur un chant harmonieux. Ça me ferait du bien !

 

George GERSHWIN Un Américain à Paris

AlainR

Le début en fanfare, c'est bien américain tout ça.

Ouf ! Ça se calme. Heureusement on est en France.        

Mais ça repart. Et de nouveau l'intensité diminue.                                                    

Il a de la chance cet américain de distinguer les différentes sources de sonorité.

Moi je suis toujours incapable de distinguer un piéton d'une voiture qui passe.

Ou même d'un chien qui aboie.

Mais cependant, je vois le film qui défile devant mes yeux avec cette musique d'introduction qui part en rafale et qui diminue rapidement, créant en moi des moments d'excitation et de sérénité.

Je reste suspendu à la musique montant et descendant à son rythme. En attendant de m'arrêter, ici et maintenant.

Colette

Chouette, chouette, gambette, lever gambette, chanter, danser, rire, virevolter, ah l'été ! Ce fol été que nous avions passé, insouciants, jeunes, vifs, gazette, lire la gazette. Champêtre, soirées champêtres, les petits bals du samedi soir, à danser, virevolter, rire aux éclats et vivre, vivre, oui, vivre à plein poumons, heureuse, j'étais heureuse de cette jeunesse, de cette richesse, affriolante vie, pétille, ricoche, rigole puis bof se casse la gueule, mais je suis là aujourd'hui avec vous et je partage ce moment joyeux, merci mon tendre mari de m'accompagner, de ne pas me laisser choir, j'ai beaucoup d'émotion à écrire ceci, je regrette parfois le temps passé mais j'ai la chance que tu sois là et que tu t'occupes si bien de moi, allons, allons, tâchons d'être sage encore cette fois-ci, de ne pas trop rire sous cape et de laisser le temps filer sur l’horloge des heures, des secondes, des tierces et le chant mélodieux du rossignol le matin, ou peut-être est-ce un merle. En voiture, partons faire un grand tour de l'Europe. À pied, à cheval, en montagne, à la montagne, quel beau paysage ! Que d'eau nous est tombée dessus ce jour-là. Te souviens-tu ? Il pleuvait des sceaux et nous étions heureux, tout simplement heureux. Vivre, respirer, délicatement prendre la main du temps et glisser vers le firmament, confiante, confiante de la vie. Merci pour cette belle journée !

Parfois, je me demande ce que je fais ici. J'ai ma place.

Julien

Toujours ce même thème qui revient. On entend très clairement les klaxons, l’excitation de la circulation, cette densité. Ce flot tourbillonnant qui vous envoûte et enfin le calme.

C’est la vie mais moi je me sens un peu hermétique à tout ça.

C’est comme si je n’étais pas dans ce tourbillon. Je le regarde, j’écoute cette musique sans être enivré. Elle ne touche pas ma sensibilité.

Il en est souvent de même avec les événements que nous traversons. J’assiste à ces événements mais ils ne m’affectent pas particulièrement.

Lydie

Au début j’ai pas aimé et préféré la 1ère musique beaucoup plus.

Puis je me suis sentie emportée dans un tumulte assourdissant de gens qui se bousculent au milieu des klaxons des voitures. Je me suis sentie transportée, c’était comme moi cette musique, je me reconnaissais, c’était moi dans mes moments d’excitations et d’apaisement, c’était ma musique, c’était moi.

Rémi

Les jeux olympiques : les américains viendront à Paris mais pas comme pour la guerre.

La gaieté, mais tranquille.

Un chien qui aboie.

Les clochettes de Note Dame de Paris, enfin reconstruite : victoire.

Marche de nuit sur les quais, la lune fait briller la seine. Et je vois un bateau-mouche sous le pont.

Des enfants qui jouent dans un parc.

Zoé

Je me sens prise dans le tourbillon de cette musique. Je me retrouve comme si j'étais encore une petite fille qui écoute des musiques pour enfants très contrastées avec des bruits insolites comme les klaxons, je voyage comme dans un film ou il arrive plein d'aventures à chaque tournant et moi je m'amuse comme si ça m'arrivait à moi. Ça me remplit de sensations et je me sens exister pleinement.

 

Georges BIZET Carmen, opéra - Acte 1 - Chœur des cigarières La cloche a sonné...

AlainR

Tiens c'est intéressant, je commence à entrer dans l'idée de percevoir au-delà de la musique.

Je suis un de ces soldats qui regardent toutes ces jolies filles qui fument, qui bavardent, qui rient.

Est-ce que je les intéresse ?

Est-ce qu'une seule de ces jeunes filles s'intéresse à moi ?

Pourtant je suis très élégant dans mon uniforme auquel j'apporte la plus grande attention.

Car ce n'est pas la première fois que mon regard est attiré par cette si jolie blonde aux yeux purs.

Mais le clairon sonne et il faut renter, je suis un peu perdu.

Mais j'attends demain avec impatience.

Colette

Ah je sais pas Carmen, elle me fait peur, elle m'agresse un peu, elle m'écorche l'oreille. Je crois que j'aime pas trop les espagnols mais j'ai pas le droit de le dire. Il faut être polie. Petite, elle me tirait les couettes, les cheveux, c'était à l'école je crois. J'étais vraiment petite et sans défense. J'ai pas bien aimé ce moment-là. J'ai pas aimé. Je me sentais ridicule. Mes beaux cheveux passés à la serpette de ses doigts crochus. Corrida. C'était la corrida. Il fallait faire vite pour échapper à ses griffes. Le peigne tirait en arrière ma chevelure. Alors Carmen j'aime pas. J'aime pas les espagnols. Ils tirent les cheveux.

Rose mâtine chagrine pâtine. Parquet. Patins. L'odeur du parquet de bois bien poli. Et ciré à mort. Plein de cire qui sent très fort. C'était autrefois. Je vous laisse ce souvenir. Faite en ce que vous voudrez, je n'en veux plus.

Julien

Quel emballement et que de légèreté dans ces relations homme-femme.

Je ne pense pas qu’on en soit là à notre époque. Tout est beaucoup plus cloisonné. C’est dommage.

Les hommes osent et les femmes disposent dans ces chœurs. C’est ce que j’entends.

Aujourd’hui les hommes osent moins et les femmes attendent !

Lydie

Beaucoup de mal à rentrer dedans. J’entendais une foule d’hommes et puis de femmes qui cherchaient le bonheur. Mais le bonheur, on le vit dans son cœur, dans l’intimité de son être. Pour moi ces personnes se trompent dans leur quête.

Rémi

Les hommes ne courent pas toujours après les femmes.

Ce partage peut être dans la tendresse.

De mots doux, encourageants pour s’aimer et être ensemble.

Main dans la main, flâner ensemble.

Je veux aller vers celle qui marche en premier et me retrouver devant avec elle, main dans la main.

Des musiques très différentes, des époques très différentes.

Zoé                                                  

Je suis moins touchée par ce morceau de musique que je trouve très beau et qui m'apaise car j'aime baigner dans la musique. Peut-être le thème est moins proche de moi. Merci de nous faire écouter et découvrir des musiques différentes pour affiner nos goûts !

 

Gaetano DONIZETTI L'Élixir d'Amour, opéra - Acte 1 - Udite...

AlainR

C’est toujours aussi beau mais c'est normal puisque ça parle d'amour avec un grand A.

Mais je suis gêne par cette idée de filtre ou de panacée je ne sais plus.

L’amour n'a pas besoin de filtre pour tout renverser autour de lui.

Moi j'aime sans filtre et quand j’éprouve ce sentiment je m'épanouis littéralement.

Quelle belle voix, la musique l’accompagne parfaitement.

Je vis un moment de bonheur intense, je me laisse submerger par la musique par l'émotion.

Je n'en reviens pas, je ne pensais pas que tant de beauté m’entraînerait dans un état émotionnel aussi fantastique.

Colette

Otello ? Bartoch ? Mozart ? Rigolo, drôle, j'aime bien l'opéra, on y passe de bons moments, d'agréables moments, hors du temps, bouffon, chapon, hérisson, je comprends rien à sa langue qui ondule mais j'y crois, je crois à tout ce qu'il raconte de bon cœur ! Le plastron, le costume coloré, tout y est. Polichinelle, et ça bouge et ça dandine et je me laisse prendre par la magie de l'opéra, le comique de la vie, et même s'il n'est pas sérieux ce ténor avec son huile de foie de morue, il va en vendre des fioles avec sa connivence, sa majesté onctueuse, ses mots voluptueux, tout le monde les boit à pleine gorgée de lait, comme la confiture de lait qui coule dans les gosiers. Si si senior. Venise, à Venise, le pays des gondoliers et des amours, des soupirs, le petit pont des soupirs, les pauvres, ils avaient pas de chance, c'est si beau la vie et finir cuire dans une cage à lapin, ça m'a troublé cette histoire mais bon l'Italie, c'est si bon, le fromage, le gorgonzola, la pizza, les pistaches ah oui les pistaches je m'en suis repue, à tous les plats, et la gelati, la gelati fraîche un soir d'été. L'Italie, c'est la classe alors il peut barboter des bêtises, je boirais volontiers encore un peu de son foie de morue ! Ténor, ténor si senior. Casanova. Une belle chemise blanche de drap de lin. Et ce tintamarre m'éclate !

Julien

C’est un roublard !

Mais il met tout son cœur. Je pense que cette musique enlevée l’aide beaucoup à développer son argument et à lui donner du courage devant un auditoire silencieux.

Peu importe ce qu’il raconte. Sa voix est particulièrement chaude et quel comédien !

Et il arrive à ses fins. Il enivre tout le monde avec son élixir. Quel leader ! Les chœurs ne sont là que pour le mettre en valeur.

Lydie

Aujourd’hui c’est la même chose, une recherche du bonheur, de l’amour, d’une vie merveilleuse. Ce n’est plus l’élixir mais la drogue et demain, on cherchera encore.

Rémi

L’amour n’est pas un sortilège.

Il essaie de la faire rêver mais elle a peur qu’il la trompe.

La séduction peut être plus simple : ce n’est pas monter des escaliers mais aller l’un vers l’autre.

C’est peut-être un beau discours mais parfois un regard suffit, il y a plus de parole que de musique.

Il a besoin de se faire appuyer par un cœur de femmes.

Zoé

Décidément cette musique me change de mes habitudes mais elle m'accroche car ce chanteur a vraiment du bagout et est convaincant par son registre varié d'intonations et de rythmes. Faut dire que la langue italienne est tellement chantante. Pas mal du tout et bravo au chanteur et à l'orchestre ! 

 

Kurt WEILL L'Opéra de Quat'Sous Acte 3 : Finale et derniers couplets de la Complainte

AlainR

C’est tranquille, lent et beau. C’est tout à fait différent des autres musiques.

Je me suis laissé prendre par la mélodie toute en douceur, sans être à l'eau de rose.

Un moment de repos après la série de musique fantastique.

Je me sens serein et apaisé.

J’aime beaucoup cet état d'être qui me plonge dans la sérénité d'une soirée d'été à la nuit tombante.

Colette

Ah mais c'est de l'allemand ça. C'est ma langue et il parle lentement, je comprends tout. Il arrondit les lettres. Il balbutie presque le pauvre Ente, canard mes amis. C'est musique appelle une grande sorte de mélancolie en moi. J'aime et en même temps je sais pas pourquoi, j'ai de la mélancolie. Grand-Mère. Grand-Mère Cerise. Elle est partie ma grand-mère. Je me sens encore triste. J'aurais aimé la connaître plus, juste un petit peu plus pour l'embrasser tendrement sur ses joues. Jolie grand-mère.

Julien

C’est un autre monde. C’est la fin d’une histoire. On sent que la musique prend fin aussi.

Lydie

C’est très triste, ça ne respire pas le bonheur et la joie de vivre.

Rémi

Je ne comprends rien et la sonorité gratte : que des paroles que je ne comprends pas et même pas une musique entraînante, séduisante.

Zoé

Ah ! Encore du changement ! Quelle belle harmonie aussi entre le chant en langue allemande et la musique de fond. Un peu court mais bon !

En écoutant Charles IVES Central Park in the dark pour orchestre

 

Les bruits de la rue et les bruits du monde

AlainR

C'est vraiment pour faire plaisir à Anne-Marie.

Les bruits de la rue je les connais, le bruit des voitures, le bruit des pneus qui freinent, les paroles avec les portables, les chiens qui aboient sans que je n'en connaisse la raison, les chanteurs dans les rues piétonnes, les vendeurs à la sauvette, tous ces bruits, beaucoup plus tintamarre que mélodie, forment une rumeur, un bruit de fond que je n'apprécie pas vraiment.

Vive la campagne et les petits oiseaux.

Musique, tintamarre, musiques du monde remplit de fureur de coup de canon, de tir de fusil.

La guerre n'attend maintenant plus que l'autre soit finie pour commencer, les hommes meurent, les enfants les femmes aussi.

Difficile de vivre sereinement dans le bruit de ce monde.

Heureusement on peut encore être heureux, ne serait-ce que maintenant dans cet atelier.

J'ai vraiment l'impression de n'avoir fait que mon devoir.

J’ai réussi à faire ce qu'Anne-Marie a demandé !

Colette

Mais non mais non mais non. Je ne sais pas ce que l'on me demande. C'est tristounet.

Je me vois dans un parc de nuit bof bof bof ça me plaît pas vraiment, c'est sombre comme musique et j'aurais autre chose à dire. Quelque chose de plus gai. Pourquoi s'appesantir dans la tristesse, le sombre, la nuit, vous n'en n'avez pas assez des mauvaises nouvelles comme ça pour vous en mettre d'autres dans la tête. C'est tordu comme truc. Envoyer donc les trombones, les tubas, la salsa. Arrêtez-moi ce tord-boyaux. On dirait des fourmis à l'agonie. Et ça vous plaît ? Olala ! Quelle galère. Et hop la musique s'envole. Un tricot qui se détricote. Ah enfin les rigolos aux cymbales !

Ah non ça recommence, c'est reparti pour un tour. La Belle au Bois Dormant s'ennuie. Allez mets moi un peu de rock là-bas. T'as pas quelque chose de plus joyeux ? J'ai une pleine maîtrise de la joie et croyez-moi ça c'est pourri. Bon allez je me lâche mais aujourd'hui plus d'excès.

Julien

C’est tellement la vie, enfin la vie citadine !

Le silence de la rue est intéressant aussi, comme nous l’avons vécu durant la crise sanitaire. Plus de bruits de voiture. Parce que finalement ce sont essentiellement les moteurs que l’on entend, qui couvrent les voix et le chant des oiseaux. Il y a bien parfois les aboiements des chiens qui se croisent et s’interpellent.

Mais à part ça ?

Les enfants qui sortent en troupeau de l’école, les camelots qui rembarquent leur étal à la fin du marché mais surtout et encore le bruit des moteurs.

Aux bruits de la rue, je crois que je préfère ceux de la nature qui évoluent sans cesse au gré des saisons, de la météo.

Lydie

Bien souvent, on les passe sous silence, voire on s’en plaint, et pourtant on vient de les écouter, de les vivre autrement, ils nous parlent du quotidien, de nos vies. Il faudra peut-être que je les écoute mieux.

Rémi

Les bruits de la rue, du monde : c’est-à-dire les bruits de la vie car dans le monde il y a la nature.

Tous les bruits sont une musique de vie même quand maman trouve que je parle fort, c’est un son de vie.

Ce sont nos oreilles qui permettent au son de parvenir à notre cerveau, et alors il interprète, ressent, prête son attention sur cette douceur de la vie qui se renouvelle sans cesse. Certains sons peuvent être agressifs, mais d’autres sont doux à mon cerveau comme la voix de maman.

Entendre, c’est comme respirer, cette vie qui rentre par mes oreilles et nourrit mes émotions.

Zoé

Le silence est une denrée rare dans ma vie car même si je ne le romps pas avec mes paroles, je suis principalement dans l'écoute et je perçois tout le temps les sons, les bruits, la musique. Je passe beaucoup de mon temps à identifier, à ressentir toutes ces vibrations qui m'atteignent. Je ne m'ennuie pas du tout car je deviens experte pour couper les sons qui m'agressent et filtrer ceux que je recherche et qui me nourrissent, comme les sons de la vie quotidienne qui passent dans une voix affectueuse, les sons de l'extérieur, mais aussi ceux des personnes qui vivent avec moi. Je perçois alors l'ambiance sereine ou pas. Même dans mes rêves, c'est sonore. Mon monde est agréablement bruyant !

 

Oser faire du bruit pour se faire entendre ?

AlainR

Ce ne sont pas mes paroles qui vont beaucoup vous gêner ou attirer votre attention, surtout en ce moment où je sombre dans un calme réparateur. 

Aujourd’hui le bruit est partout.

Des slogans sensés ou insensés envahissent les rues, les étudiants n'en finissent pas de faire du bruit.

Ils ne se posent pas la question d'oser faire du bruit, ils manifestent avec fracas.

Oser faire du bruit quand c'est nécessaire c'est bien, sinon il vaut mieux se taire.

Je suis un fervent partisan de l'adage bien connu :

LE SILENCE EST D'OR LA PAROLE EST D'ARGENT

Je le change un peu :

La parole ou le blabla n'est que d'argent.

Colette

Il n'est point besoin de faire du bruit pour se faire entendre. Il suffit de murmurer au cœur ce que l'autre veut entendre. Il suffit de doucement ouvrir la porte et d'une voix douce dire ce que l'on a à dire, sans cris, sans jugements, sans commentaires, sans paroles débordantes, sans s'effrayer de sa réaction. J'ai une grande expérience de la douceur et de l'écoute. Je vous écoute tous autour de cette table et je vous entends au-delà des mots parce que j'ai traversé le miroir et qu'une part de moi sait ce qui est inaudible à vos oreilles. Muette mais pas sourde, avisée, aguerrie, j'ai développé comme une supervision, moindre que les autres ci attablés pour lesquels vous écrivez. Merci d'aborder ce sujet, je peux révéler une part de moi qui jusqu'ici m'était inconnue. C'est le seul bon côté de ma maladie, enfin si de maladie il s'agit. De ce trouble. Je me fais entendre par ma présence, présence à l'instant. Là je vous écris depuis ma profondeur. Je peux avoir l'air sotte. J'ai beaucoup évolué que seule ma condition d'aujourd'hui me le permet. Tout n'est pas mauvais dans la vie. Je vois ce que vous ne voyez pas. Je suis calme et sereine. Je ne suis handicapée que de l'extérieur. J'ai grandi et mûris de l'intérieur. Une intériorité très personnelle, très belle, très riche, pleine de surprises. Pas si seule, pas si isolée, un pied dans l'autre monde, celui de mes profondeurs que je ne pouvais atteindre enfant. Merci la vie. Cri muet de joie. Vérité éclate. Soleil levant et radiant dans mon cœur.

Julien

Ben le problème je vais vous dire. Si l’on fait du bruit, si l’on s’exprime, soit vous riez, soit vous voulez nous faire taire.

Bref, vous êtes tellement habitués à notre silence, qu’effectivement, il faut vraiment avoir du courage pour faire du bruit.

C’est pour cette raison que je prends la tangente et là encore, boum des reproches !

Mais ne vous inquiétez pas, je ne vous en veux pas mes chers moutons. Et surtout je ne me décourage jamais et n’en fais qu’à ma tête. Je suis un esprit libre et j’ose tout.

Lydie

Oui ça je connais j’aime bien, maman moins, mais peu importe il faut bien se faire entendre, même si j’ai pas grand-chose à dire ça meuble. J’attends pas forcément une réponse mais une attention.

Rémi

C’est de ce que vous avez besoin, nous communiquons silencieusement, sauf quand il faut vous interpeller car vous n’êtes pas toujours sur notre canal.

Vous dites que je chuchote car vous avez besoin du son, de traduire vos pensées par des mots que vous prononcez.

Nous savons entendre les sons de la vie et communiquer sans interférer avec ces sons.

Je sais aussi chanter et même à l’intérieur mes amis ici le perçoivent.

Je suis le ténor de la communication facilitée.

Zoé

Pas si simple que ça, à part les cris qui peuvent m'échapper, hoquet, bâillement, coups de pied ou tapes avec mes mains. Mais finalement, malgré mes faibles moyens physiques, ça roule. Avec la CF, j'ai trouvé l’outil pour être reconnue et exprimer une partie de mes pensées et de mon monde intérieur. Ça m'a donné une grande confiance en moi et en la Vie. Avec mes très proches je sais me faire entendre sans faire de bruit ou si peu ! 

 

Le silence

AlainR

Le monde du silence, tout un programme.

Je ne suis pas le seul dans cet atelier à vivre dans le silence des mots.

Ces mots si utiles pour se faire comprendre me sont interdits et pourtant, vous me comprenez tous.

Mon silence est habité par ma présence et je sais ne pas passer inaperçu.

Le silence est beau si on sait entrer en lui, si on sait communier avec lui, si on sait le laisser nous enseigner la VIE.

Nous, tous les silencieux présents dans cet atelier, savons vivre pleinement avec le silence de nos mots.

Le silence remplit nos vies d'une joie de vivre étonnante et très belle.

Colette

Le silence est une parole d'or qui m'emporte. Quand le silence se fait, je m'élargis, je respire, je m’expands. Mais le silence est vite interrompu de tous vos bruits, votre vacarme, vos bavardages, ça c'était avant et je ne regrette pas ce temps car le temps du silence est sacré. Il ouvre mon espace de vie, un espace expansé, élargit où je visite des zones nouvelles. Je fais peur dans mon silence. Mon mari a peur de me perdre, que je m'y perde et que je ne revienne. Je suis bien dans mon silence. J'ai entendu trop de bruits toute ma vie et le silence est venu comme un repos pour mon âme. Pour lui offrir un écrin de verdure dans ce monde bruyant. Je me ressource dans le silence, un silence plein et rond, bien rempli d'étoiles, d'étincelles, de feu d'artifice, de couleurs chatoyantes, de notes musicales. Le silence est.

Julien

Le silence est d’or !

OUI et encore oui. Écoutez-le. Si on arrive à en capter 10 secondes c’est déjà pas mal ici.

Dans cette société, le silence fait peur, met mal à l’aise. Alors on le comble bien souvent, mal à propos. Pas assez de réflexion. Trop de peu de silence avant de parler.

Même moi qui ne parle pas, je comble le silence avec le bruit de mes cintres. Pourquoi ? Quand on dit un silence de mort. C’est peut-être cela, peur de la mort. Et le silence est sans doute associé à l’idée de mort.

Lydie

C’est le bruit que l’on n’entend pas et c’est dommage !

Rémi

Le silence est d’or pour vous, mais j’ai toujours quelque chose à vous raconter car je ne dialogue pas comme ça au centre.

Le silence est peut-être signe de mort pour moi alors le bruit de mon souffle qui passe sur mes cordes vocales est un signe de vie où le silence n’existe pas.

Zoé

Le silence extérieur, je ne connais pas mais quand je parviens à m'en extraire pour me reposer, je rejoins mon silence intérieur un petit moment pour goûter le présent, c’est-à-dire juste ressentir que je suis vivante, sereine et paisible au milieu de ce qui se passe autour de moi. Juste capter ce qui est ! Je m'entraîne !