GAGNON Jacqueline
[click] Retour à la liste des finissant(e)s
50 ans en 50 mots (2017)
Choyée par la vie. Santé de fer.
Heureuse avec ma blonde depuis 36 ans.
Famille présente et bons amis.
Carrière réussie en santé et services sociaux. Heureuse d’être retraitée.
J’ai vu les cinq continents, marché Compostelle, publié un livre en généalogie, « bénévolé », pas réussi à changer le monde
[click] Voici un court extrait de mon livre « Quatre cents ans dans la vie des Gagnon » publié à La Fondation littéraire Fleur de Lys en octobre 2014 (pp.369-373)
Oser changer de vie…
2 juillet, 2017
Les changements de dizaine ont souvent représenté pour moi l’occasion d’effectuer le bilan de ma vie et une remise en question de mes choix passés. Le cap de la trentaine, franchi il y a plus de quatre décennies, reste encore mémorable à mon esprit…
4 décembre 1976. En ce 30e anniversaire de naissance, j’annonce mon projet de quitter mon milieu de travail et de partir à l’étranger. Je ne connais pas encore le quand et le comment, mais je sais que ce sera avant ma prochaine fête.
Employée depuis huit ans dans un centre de réadaptation, j’ai mené de front des études universitaires à temps partiel de même qu’un travail d’animation de cours à l’École de Psycho-éducation de Montréal. Je suis rendue au bout du rouleau. Une nuit, je rêve que je maintiens la tête d’une jeune fille sous l’eau pour la noyer; je pense qu’il est plus que temps de partir…
J’ai connu l’euphorie d’Expo 67, l’excitation de prendre l’avion en 69 et de regarder Neil Armstrong marcher sur la lune tout en prenant un verre dans la nuit viennoise. J’ai découvert la beauté et la misère d’Haïti lors d’un stage de coopération en 1970. C’est de la Louisiane que j’ai un peu prêté attention aux Jeux de 76. Je sens un besoin viscéral de découvrir d’autres coins de l’univers.
9 septembre 1977. L’excitation est à son comble. J’embarque sur l’Alexander Pushkin, un paquebot russe, avec sept cents passagers à bord et plus de deux cents membres d’équipage. Un aller simple vers l’Angleterre…
J’ai donné ma démission et quitté mon travail quelques jours auparavant. J’ai remis les clés de mon appartement, vendu mon automobile et quelques meubles et entreposé le reste de mes maigres possessions.
La liberté m’attend… pour une période indéterminée…
6 juin 1978. Je rentre à Montréal par un vol de la British Airways après neuf mois de rencontres enrichissantes et de découvertes d’abord et avant tout sur moi-même.
Pendant ce séjour, mon parcours a été le suivant :
- Six semaines d’apprentissage de l’anglais à Scarborough dans le Yorkshire. Je vis dans la famille Clarke enchantée de recevoir une étudiante de mon âge.
- Location d’une voiture et tourisme dans le nord de l’Angleterre et l’Écosse pendant un mois.
- Retour dans la famille Clarke pour le temps des Fêtes et gardiennage pendant l’hospitalisation de madame. Séjour de quatre semaines.
- Nouveaux cours d’anglais d’un mois dans une école d’Eastbourne au sud de l’Angleterre. Séjour chez un couple âgé pas très sympathique.
- Travail à Londres pendant deux mois dans un foyer de groupe pour jeunes de 15 à 21 ans, des ex- détenus ou des jeunes avec des problèmes psychiatriques.
- Avec ma mère venue me rejoindre pour souligner avec moi le premier anniversaire du décès de mon père le 4 mai, nous voyageons pendant quatre semaines en Angleterre et en Irlande.
Bien au-delà de cette énumération, cette expérience de neuf mois m’a permis d’accoucher d’un nouveau moi ou plutôt de découvrir mon identité propre. Depuis toujours, j’étais « one of the… », une des filles Gagnon, une élève de telle classe, une des chums de la gang, un membre de l’équipe, une employée de telle institution. Pendant ce voyage, je ne pouvais compter sur personne d’autre que moi-même. J’ai apprivoisé mes véritables forces et faiblesses. Je me suis découverte et j’ai expérimenté des capacités qui allaient me servir tout au long de ma vie comme la débrouillardise, la confiance en moi et la sécurité personnelle, l’entregent, la faculté d’adaptation et l’ouverture à la différence.
Oser réinventer sa vie, c’est peut-être courageux mais surtout tellement enrichissant.
Jacqueline Gagnon
32 Lambert
Oka (QC)
J0N1E0