Restauration PHILIPS TF1170

Voici un appareil au design vraiment original. Ce TF1170 date de la toute fin des années 60 et comme le JVC Nivico, il est l'un des rares modèles de téléviseur de forme sphérique à avoir été produits. C'est un noir et blanc équipé d'un tube de 28 cm de diagonale.

État des lieux avant restauration.

L'appareil semble avoir été conservé dans de bonnes conditions, il est assez propre et l'ébénisterie composée de deux demi-coques en matière plastique est intacte.

Seul petit bémol, la couleur blanche originelle de la moitié avant a viré avec le temps uniformément au jaune-beige et celle de l'arrière en gris-bleu a légèrement verdi.

J'ai la chance de posséder le manuel complet de son équivalant en Radiola.

J'en ai scanné une bonne partie téléchargeable ici :

https://sites.google.com/site/schemastv/philips-tf1170

Sur le côté, une trappe coulissante dissimule un joli tableau de bord en aluminium brossé.

Il incorpore les différents potentiomètres de réglage habituel, le rotateur VHF, le large bouton d'accord du tuner UHF destiné à la réception de la deuxième chaîne. Il n'est donc pas équipé de clavier de changement de programme, les commutations de bande et de standard 625/819 lignes s’effectuant en tirant ou poussant les boutons de lumière et de contraste.

La mise en marche se fait de la même manière avec celui de volume et le réglage de netteté commute un atténuateur de sensibilité de réception.

Sur le dessus est implantée une magnifique poignée chromée très pratique, accessoire indispensable sur ce genre d'ébénisterie sphérique. Ce téléviseur est entièrement transistorisé et peut fonctionner indifféremment sur secteur ou bien sur batterie 12 V. A noter que le petit socle circulaire coulisse sous la base de la coque permettant ainsi son l'inclinaison dans le sens vertical.

La présentation est faite, place au démontage...

Première surprise, ça s'annonce plus délicat que prévu, impossible de séparer les deux demi-coques malgré le retrait des 3 vis de fixation sur le pourtour. Il m'a bien fallu une inspection du capot d'une bonne dizaine de minutes avant de me décider à faire levier avec deux tournevis plats à partir du bas. En fait c'est la platine carrousel du sélecteur de tension qui semble accrocher. Il faut donc ouvrir par le dessous et appuyer légèrement sur le sommet pour dégager l'ergot métallique fixé à la poignée.

Quelques images du téléviseur sans sa demi-coque arrière.

Il fallait bien ce châssis très compact pour que toute l'électronique puisse loger à intérieur de cette coque sphérique.

Pour faciliter l'accès aux différentes platines, le retrait de la demi-coque avant est nécessaire.

La façade n'est tenue que par trois vis et se dépose facilement.

Il ne reste plus qu'à déconnecter le haut-parleur pour la séparer définitivement du châssis.

Sorti complètement de sa coque, l’ensemble châssis/tube forme un seul et même bloc. Sur le côté à la verticale, la platine des circuits de balayage.

Cette platine de balayage s'ouvre comme un portillon, rendant accessible l'intégralité du côté composants.

Même chose pour la platine Fi située sur le dessous, elle s'ouvre pratiquement à 180°.

Finalement, tous les organes de ce TF1170 sont assez accessibles, il faut juste prendre la peine de déposer l'intégralité de la coque.

Après dépoussiérage complet et nettoyage de l'ensemble châssis, le téléviseur est enfin sur la table d'opération.

Étonnant ce minuscule transformateur THT.

Comme sur tous ces premiers téléviseurs portatifs transistorisés il subsiste encore une lampe, la valve THT, ici une DY51.

La remise en route s'est parfaitement déroulée, après une si longue mise en sommeil de près d'une trentaine d'années.

L'inspection visuelle des platines n'avait rien révélé d'anormal et le fusible d'alimentation était intact.

En général, ces petits téléviseurs portatifs alimentés en basse tension par l’intermédiaire d'un transfo abaisseur vieillissent plutôt bien, la défaillance d'un condensateur de filtrage est moins à craindre que dans une alimentation HT de 200 V.

J'ai donc mis le téléviseur directement sous tension et la neige est apparue rapidement.

Voici donc l'image après accord sur la fréquence de mon modulateur UHF attaqué par la bonne vieille mire de la RTF.

Verdict : panne de synchronisation horizontale.

La fréquence ligne est très instable et réagit au moindre choc sur la platine.

La synchronisation trame est quant à elle parfaite et le son est bien présent. Le tube cathodique semble encore excellent.

Donc finalement, il n'a pas grand chose cet appareil de 45 ans d'âge.

Avant de me lancer dans la recherche de la panne, il faut tout de même que je m'assure de la bonne régulation de l'alimentation principale.

La mesure se fait sur le capot de T3, le transistor ballast, avec le châssis métallique pour masse.

La tension est bien de 11,5 V comme mentionnée dans le manuel de réglage.

A noter que cette valeur est assez critique, elle conditionne la bonne durée de vie du tube cathodique. Une très légère augmentation de cette alimentation entraîne celle de la THT dans de bien plus grandes proportions.

Une fois ce contrôle effectué, c'est avec l'esprit serein que je me lance dans la chasse à ce mauvais contact au niveau oscillateur ligne. Le phénomène est aussi présent en 819 lignes et les 2 potentiomètres de réglage de fréquence ont été nettoyés.

Après l'échec de divers contrôles et réfection de soudures, notamment de plans de masse, j'ai fini par déceler le coupable : le support du relais de commutation 819/625 lignes.

J'applique aussitôt un petit jet de WD40 dans ses contacts et tout doit rentrer dans l'ordre.

Maintenant, plus de problème de variations intempestives de fréquence horizontale, les réglages agissent parfaitement mais l'image ne synchronise toujours pas. Elle flotte et vacille vers la gauche ou la droite sans se stabiliser.

Les impulsions de synchronisation lignes sont sûrement absentes quelque part au niveau du comparateur de phase...

Schéma bloc des circuits de balayage du TF1170, les étages concernés sont entourés en rouge.

Les mesures seront effectuées sur T330 et T331, deux transistors facilement repérables sur la grande platine verticale des bases de temps.

La première mesure s’effectue sur T330, le transistor écrêteur de mise en forme des tops issus du circuit de séparation.

Il est l'élément le plus facilement accessible côté composant, car côté cuivre aucune sérigraphie ne permet un repérage aisé des éléments.

L'oscillogramme ci-contre est celui du signal à sa base. Les tops lignes sont bien présents, ce que confirme leur disparition en déconnectant le signal d'antenne.

Par contre, il n'y a rien sur l'émetteur, oscillogramme plat à 0 V.

Avant de suspecter T330, je m'assure de la présence du - 70 V issu de la THT ce que confirme bien la mesure.

R402, (18K) n'est pas coupée, une tension de - 15 V y est présente à son autre extrémité et une estimation rapide du pont diviseur qu'elle constitue avec R403 (4,7 K) donne bien cet ordre de grandeur.

Comme je ne crois guère à un court-circuit de C349, un 470PF céramique. Mes soupçons se portent donc sur TR330 (AF118) d'autant plus que les pointes négatives à sa jonction base/émetteur dépassent quelque peu les 0,3 V typiques des transistors au germanium.

Le remplacement du transistor a tout remis en ordre, l'image synchronise à nouveau parfaitement.

Il reste à parfaire les réglages de géométrie, notamment la mauvaise position du déviateur, cause de cette légère inclinaison de l'image.

Pour information, le signal correct à la base de TR330 à gauche et celui à son émetteur à droite.

La restauration de ce TF1170 est enfin achevée. Le nettoyage des deux demi-coques n'a pas posé de problème, la matière plastique polie facilement au Mirror a retrouvé tout son brillant d'origine.

Comme toujours, je reste stupéfait par la qualité d'ensemble de ces appareils anciens, l'image est encore vraiment très lumineuse et d'une grande finesse. Il fonctionne encore avec l'intégralité de ses composants d'origine (un transistor excepté), preuve de la parfaite maîtrise

technologique des fabricants de l'époque, de la Radiotechnique notamment, filiale française de Philips.

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