RESTAURATION D'UN TÉLÉVISEUR COULEUR PHILIPS F25K766

Présenté à Paris, au salon international de la radio et de la télévision de 1967, le F25K766 est le tout premier téléviseur SECAM produit par PHILIPS. Destiné au marché français, il fut conçu et fabriqué par LA RADIOTECHNIQUE. Ce modèle est l'un des plus emblématiques de cette nouvelle ère qui s'ouvrit alors à l'ORTF, celle de la télévision en couleur...

C'est à l'occasion d'un vide maison chez un ancien dépanneur TV, que j'ai été amené à récupérer ce téléviseur. Cette personne que j'ai bien connu, grand passionné d'électronique, est malheureusement décédé depuis quelques années. Il fut distributeur officiel PHILIPS jusqu'au milieu des années 80, son magasin était situé à CHAMPDENIERS, dans les Deux-sèvres. L'appareil était entreposé depuis de nombreuses années dans un recoin de son garage. À proximité, il y avait une pile de documents, parmi lesquels j'ai découvert sa documentation technique complète. Il s'y trouvait aussi le support de cours d'un stage effectué en 1968, celui du TVC3. C'est bien ce châssis qui équipe notre F25K766, déjà commercialisé quelques mois avant l'émission inaugurale du lancement de la couleur. Ce programme diffusé en grandes pompes le premier octobre 1967 sur la deuxième chaîne, reste un événement majeur de l'histoire de la télévision française.

Aujourd'hui, ce modèle de première série est devenu rarissime, il présente donc un intérêt historique tout particulier, surtout au regard de l'incroyable évolution technologique constatée depuis.


Présentation:

Le F25K766 fait tout naturellement la une du magazine publicitaire de PHILIPS "Bonjour PHILIPPINE", paru en décembre 1967. Le fabriquant a tout mis en oeuvre afin de réussir le lancement de son premier téléviseur couleur, tant du point de vue technique, que médiatique. Il sera encore présent sur le catalogue de 1969.



Quelle belle couverture pour le manuel de service, le 25K766 est en compagnie de sa version en console, le F25K866.

Ce document est téléchargeable sur le site DOCTSF  ici


Description dans une brochure publicitaire, de son équivalent en RADIOLA , le RA 65K667. Il est identique hormis le logo et l'absence de rainures sur les portes. Avec la version en console, ce sont alors les deux seuls modèles couleurs de la gamme, tout comme chez PHILIPS. Le TVC3 ne sera équipé que du tube A63-11X, il faudra attendre l'arrivée du TVC4 fin 1969 pour avoir une gamme de tailles plus étendue, du 56cm au 66cm. Côté tarif, le prix était d'environ 5000 Francs pour le modèle de table, soit pratiquement celui d'une 2CV Citroën neuve en 1968. C'est dire le coût prohibitif de ces premiers téléviseurs couleurs, franchement pas à la portée de toutes les bourses.

RADIOLA ne manquait pas d'y développer de nombreux arguments, d'ailleurs tous exacts. À l'époque, LA RADIOTECHNIQUE, filiale Française du géant hollandais PHILIPS, était déjà le leader du marché français. Les normes et standards de diffusions spécifiques à la France (819l, SECAM, etc..), avaient conduit PHILIPS à déléguer complètement à cette société, la conception et la fabrication de tous ses téléviseurs destinés au marché français. Ils étaient commercialisés également sous la marque RADIOLA historiquement produite par LA RADIOTECHNIQUE. Cette dernière aura à coeur de proposer des appareils radicalement différents, souvent d'une présentation plus luxueuse que ceux conçus en Hollande. Il faut bien l'avouer, le TVC3 était considéré comme le meilleur châssis couleur face à ceux de la concurrence, le plus fiable et le plus abouti techniquement. Les témoignages d'anciens confrères dépanneurs me l'ont largement confirmé.


Petit détail intéressant, le joli cadre entourant l'écran est le seul élément esthétique qui ne provient pas des bureaux de design de LA RADIOTECHNIQUE. On le retrouve originellement présent sur son cousin Hollandais équipé du châssis K6 (photo ci contre). C'est également le premier modèle couleur, mais commercialisé pour le reste de l'Europe au système PAL. Ce cadre fera plus tard l'objet d'un re-stylage maison sur les modèles plus récents du TVC3.

Voici le support de cours de stage du TVC3 dont une bonne partie est manuscrite.

Il est téléchargeable ici 

J'ai aussi retrouvé ces deux petits livrets. Le jaune, joliment illustré, est un traité de vulgarisation du procédé SECAM et de colorimétrie. L'autre est le manuel détaillé du réglage des convergences.  Ils sont Téléchargeables ici 


Nous avons la chance d'avoir un mode d'emploi téléchargeable sur Doc TSF ici (un merci tout particulier à Luc D. pour le partage de ce document). Le certificat de garantie nous renseigne d'une vente réalisée le 15 juillet 1967, soit 2 mois et demi avant le lancement officiel de la couleur.

La couverture "feux d'artifice" sera encore présente jusqu'au début des années 80.


La procédure de réglages de l'image a fait l'objet d'une attention toute particulière. Les différentes simulations devaient permettre à l'usager d’appréhender ces nouveaux champs d'actions spécifiques à la couleur.


Il y est aussi porté à la connaissance de l'utilisateur, la nécessité d'une correction de la teinte du noir et blanc en mode monochrome.

Philips a également inséré cette petite chronologie de ses avancées technologiques, intéressant...

Cette émission sur l'arrivée de la télévision en couleur est issue des archives de l'INA. Le 25K766 y tient encore la vedette et on peut également découvrir sa propre chaîne de montage ainsi que le magnifique balais de transport des tubes cathodiques. Nous y retrouvons des interviews des principaux acteurs de cette révolution, notamment celle d'Henry DEFRANCE, l'inventeur du procédé SECAM. C'est un merveilleux témoignage historique qui nous replonge avec nostalgie dans l'ambiance de cette glorieuse époque.

Concernant mon expérience sur le châssis TVC3, je dois reconnaître que lorsque j'ai débuté ma carrière de technicien dépanneur TV au milieu des années 80, on ne trouvait pratiquement plus aucun téléviseur couleur de première génération encore en service. Ceux de la suivante (TVC4, CBB6, 5212...) arrivaient en fin de carrière. Mais en 1989, Je vis débarquer à l'atelier un magnifique F25K766, rentré pour un défaut intermittent de défilement de l'image vers le bas. Je m'étais contenté d'un simple nettoyage de l'ajustable de réglage de fréquence verticale et de la réfection de quelques soudures. Le client (très âgé également) ne souhaitait pas le remplacer et il ne fallait pas se lancer dans une intervention entraînant des frais importants.... J'avais néanmoins pris le temps de retoucher rapidement l'échelle de gris ainsi que le focus. Je constatais alors une qualité de l'image très honorable avec un tube cathodique encore excellent. C'était assez remarquable pour un téléviseur couleur de plus de 20 ans d'âge, surtout à l'alignement général encore perfectible. Bien plus tard, au début des années 2000, j'intervenais sur un second TVC3 pour restauration. C'était l'ancien téléviseur familial d'un ami collectionneur de radios TSF. J'avais été confronté à la défaillance du transfo THT et réussi avec succès sa remise en fonction. Après quelques heures de réglages et de mise au point, j'étais parvenu à un très beau résultat. Le tube était tout aussi excellent avec une image très fine et éclatante. Quelques années plus tard, je réussissais enfin à acquérir mon propre TVC3, non pas un PHILIPS, ou un RADIOLA, mais un GRUNDIG modèle T1000. J'en avais effectué la remise en route avec les mêmes résultats, mais le découragement suite à plusieurs défaillances à répétitions du transfo THT, m'avait conduit à le remiser. J’espère maintenant avoir plus de chance avec ma nouvelle acquisition.

État général:

Le lourd et volumineux téléviseur a d'abord pris place sur mon établi de garage. Il pèse pas moins de 56 kg, les installateurs de l'époque devaient avoir des reins bien solides ! Sa version en meuble console sur pieds, le F25K866, était encore plus lourde et bien plus difficilement transportable, surtout dans les escaliers ! 


Avec ses 82 cm de largeur, 51 cm de hauteur et 58 cm de profondeur, voici un téléviseur d'une taille déjà bien imposante, pour un tube image  de 63 cm de diagonale. C'est alors la plus grande dimension d'écran couleur disponible. La photo ci-contre montre son état avant restauration, l'aspect général semble assez  flatteur. En réalité, il était recouvert d'une bonne couche de crasse et de poussière, juste avant le passage d'un rapide coup de chiffon. Globalement, l'état cosmétique n'est pas si mauvais. L'épais verni polyester, très à la mode à l'époque, ne semble pas boursouflé ou craquelé comme bien souvent sur les appareils stockés à l'humidité. Il ne manque juste que l’écusson rouge/vert/bleu situé sous le logo "PHILIPS". 


Sur cette vue rapprochée, on réalise mieux le résultat des outrages du temps, ainsi que tous les petits impacts et rayures dont le vernis est bien constellé. Je garde malgré tout un bon espoir de redonner son lustre d'antan à l'ensemble cette belle ébénisterie.

J'ouvre la porte cache réglages... Ouf, elle n'est pas verrouillée à clé, cette dernière étant absente. Nous découvrons un panneau de commande bien dans le style de celui habituellement rencontré sur les téléviseurs noir et blanc des années 60 (il est relativement crasseux lui aussi). La seule différence notable est la présence des deux boutons de réglage couleur dans la partie centrale noir. Il est à noter que la touche de changement  première/deuxième chaîne (celle déjà enfoncée) présente une belle trace d'érosion... 

Le gros bouton doré de réglage d'accord UHF situé sous le rotacteur VHF, nous rappel que la 3 éme chaîne n’existait pas encore. Lors de sa diffusion quelques années plus tard, l'utilisateur devra le tourner tout comme sur un poste radio, afin de pouvoir la capter. Pourtant, les claviers à pré-réglage mécanique de programmes équipent déjà quelques modèles de la concurrence, ainsi que certains récepteurs noir et blanc haut de gamme.


Ci-contre, dissimulé derrière la grande trappe à gauche de l'écran, se trouve le panneau de réglage de convergences. C'est une spécificité rencontrée uniquement sur les tubes "delta" équipant les premières générations de téléviseurs couleurs. Véritable bête noire des réparateurs de l'époque, il permet d'obtenir l'exacte (parfois...) superposition des images des 3 couleurs primaires. Ces nombreux réglages ne sont bien heureusement pas accessible à l'utilisateur, mais uniquement réservés aux techniciens. Il faut dire que la présence de cette notice pliée en deux n'est vraiment pas superflue, vu la complexité du processus d'ajustement.

Pour finir, voici quelques images de l'intérieur:

Tout d’abord, ce magnifique et volumineux châssis basculant, particulièrement poussiéreux lui aussi. Impressionnant, il comporte 22 lampes et largement autant de transistors. J'imagine la réaction des techniciens dépanneurs de l'époque en découvrant ce monstre de technologie. La télévision en couleur représentait alors le summum de l'électronique grand public. Jamais d'appareils aussi complexes et perfectionnés n'auront alors pris place dans les foyers domestiques. 

Le châssis se rabat facilement vers l’arrière, beaucoup de poussière et de toiles d’araignées à éliminer en perspective. Le tube image couleur  A63-11X, avec son blindage magnétique, est alors bien dégagé pour une bonne accessibilité du réglage de positionnement du déviateur.

L'imposant transformateur d'alimentation, d'une puissance d’environ 400VA, est couvert de moisissures, la platine de raccordement est bien crasseuse également.

Le panneau de commandes, surmonté de son haut-parleur de présence, est solidaire de l'alimentation. On distingue également les 2 tubes du tuner à rotacteur VHF, modèle déjà couramment monté sur les noirs et blancs de cette époque.

Le TVC3 comporte 3 tubes de puissance pour le fonctionnement du balayage ligne. Ils sont regroupés à l’intérieur d'une petite cage métallique de blindage. Elle est fixée en bas du chassis et tient tout juste dans un recoin de l'ébénisterie, derrière la platine de convergences.

Le cordon THT est constitué d'une ventouse de connection à l'extrémité d'un long câble blindé, enroulé au sommet du tube. La capacité parasite interne de ce câble participe au filtrage de la très haute tension. Sur la droite, nous trouvons le haut-parleur "d'ambiance". C'est un modèle extra plat à aimant inversé. Son faible rayonnement magnétique contribue à ne pas trop perturber la pureté des couleurs, autre difficulté inhérente à la technologie du tube couleur "shadow mask". Ce dernier, bien que fabriqué par LA RADIOTECHNIQUE en France, est un brevet de la firme américaine RCA.

Pour finir, voici l'endroit le plus critique de tout l'appareil, celui avec la mention "DANGER" étiquetée en rouge ! J'ai nommé... la terrible tourelle THT ! Cette vue interne nous laisse entrevoir la délicate mise en oeuvre de la production des 25000V nécessaires à l'alimentation du tube trichrome à masque perforé. 

La fiabilité du transformateur THT est bien le gros talon d’Achille du TVC3. Par chance, celui de notre appareil semble être encore parfaitement fonctionnel. Un contrôle rapide à son enroulement primaire, effectué à l'aide d'un petit testeur spécifique, ne lui décèle aucune présence d'amortissement. 

Ce petit testeur de marque KONIG est une re-fabrication, dans un boitier différent, du célèbre petit modèle OREGA CE3000 bleu présent chez tous les dépanneurs à l'époque du TV cathodique. On règle d'abord, à l'aide de la molette, le seuil de détection juste avant l'éclairage de la led rouge. La connection se fait aux têtines des 2 tubes de puissance ligne. La led rouge flash alors brièvement et la verte reste à nouveau allumée. Cela signifit que la THT ne présente aucun court-circuits. Si la led rouge reste allumée, la THT est probablement morte, soit à son enroulement primaire, ou bien à son secondaire (élévateur). 

Démontage du châssis:

La dépose du châssis complet ne pose aucun problème. Tous les câbles se déconnectent facilement, ils sont même étiquetés. L'ensemble tient debout tout seul, ça sera bien pratique pour le nettoyage.

Il en va de même pour le bloc de commande/alimentation et c'est tant mieux. Il faut dire que l'accessibilité à son emplacement habituel n'est vraiment pas terrible. A noter qu'il ne comporte que deux condensateurs chimiques (multiples) de filtrage HT. Ils semblent tous les deux en très bon état, ce sont des modèles de qualité,  encore souvent parfaitement utilisables. 

J'en profite également pour faire un contrôle rapide du tube cathodique, même si je suis assez confiant quand à l'état de ses cathodes. La réputation du TVC3 à maintenir une longévité exceptionnelle de son tube images n'est plus à démontrer. Un mauvais vide ou un court-circuit inter-électrode du canon ne sont évidemment pas à exclure. 

Mon vieux régénérateur SAFE 04 en mode mesure me confirme rapidement la bonne santé de notre A66-11X, avec un débit très bon et homogène sur les 3 canons. Nous allons donc pouvoir admirer les belles images promises par les remarquables performances  de ce premier châssis couleur.

Me voilà donc bien rassuré, j'ai hâte de me lancer dans cette restauration qui s'annonce particulièrement passionnante. 

Le nettoyage :

Je commence par un bon soufflage, au compresseur, de tout le châssis et de l’intérieur de l'ébénisterie. Cela permet d'éliminer une bonne partie de la poussière, mais aucunement la crasse. Un nettoyage méticuleux de tous les circuits imprimés, des composants électroniques et des fils de câblage est nécessaire.  J'effectue ce travail fastidieux au pinceau à poils long et aux coton-tiges, aidé de divers produits de nettoyage à base d'alcool et de white spirit. C'est aussi l'occasion de faire une inspection visuelle de l'état de chaque composant. C'est ainsi que je serai amené à remplacer la CTN du circuit de démagnétisation (fendue en deux) et un condensateur de filtrage d'alimentation éventré sur la platine de raccordement. 

Le nettoyage du tableau de commande ne pause pas de problème, excepté pour les deux gros boutons d'accord VHF et UHF dont la dorure comportait de nombreux points d'oxydation. Un léger polissage au MIROR leur redonne un  bon éclat. L'ébénisterie a également droit à un énergique lustrage. Son épais vernis polyester très dur, rend d'ailleurs le polissage de la moindre rayure relativement difficile. L'usage d'un stylo marqueur de retouche pour bois foncé, dissimule efficacement toutes les petites traces d'impacts. Pour terminer, la réfection de la peinture noire des rainures de la porte et de la trappe des convergences, apporte un sacré rafraîchissement à toute sa façade.

Le remontage complet achevé:

Le téléviseur est enfin arrivé sur le banc du labo. C'est ici que j'en ai achevé le remontage, et je dois dire qu'il est vraiment d'une magnifique présentation. Je ne m'attendais pas à ce qu'il soit à ce point rutilant, étant donné son état au départ. Aucun doutes, il a bien l'aspect d'un appareil de "grand luxe", comme PHILIPS le qualifiait fièrement dans son catalogue de l'époque.  J'en viens littéralement à me pâmer d'admiration devant une telle merveille, tout comme probablement ses premiers heureux propriétaires.

J'ai retrouvé une clef de verrouillage pour la serrure de la porte, ainsi qu'un emblème couleur RVB à coller, juste sous le logo PHILIPS en bas de la trappe cache réglages des convergences. Originellement monté sur les TVC4,  il est identique à celui des TVC3, mais juste un peu plus petit.

Le tableau de contrôle est vraiment très beau, la présence de ces deux gros boutons d'accord UHF et VHF rappel bien le style des téléviseurs américains. J'en ai également profité pour faire disparaître, après ponçage et lustrage, les traces d'usures sur les 3 touches en matière plastique. 




Quelques images du châssis entièrement nettoyé :

J'adore l'aspect de ces platines sur circuits imprimés, dans le style typique des productions de LA RADIOTECHNIQUE de la fin des années 60. C'était vraiment de la très belle électronique, grand public certes, mais dégageant une impression de matériel assez "higt-tech"pour l'époque. Certains concurrents (CONTINENTAL EDISON et SCHNEIDER notamment) pour leurs premier châssis couleur, n'en étaient encore qu'au câblage filaire, tout comme au bon vieux temps des postes TSF. Il est assez remarquable que PHILIPS fut le seul fabricant au monde, capable de concevoir et de produire pratiquement 100% de ses téléviseurs, de la plus petite résistance, au tube cathodique. A bien y regarder, je pense que seule la partie gauche du châssis (circuits FI, décodage SECAM et traitement vidéo) est une réalisation complète de la RADIOTECHNIQUE. L'autre moitié semble une version modifiée du châssis K6 hollandais, en version bi-standard 625/819l.

En plus du méticuleux nettoyage du châssis, j'ai du repeindre la tôle de la tourelle THT qui était assez oxydée. Je n'ai malheureusement pas pu récupérer la fameuse étiquette rouge de mise en garde contre les dangers rayons X.



Le châssis rabattu n'est retenu que par de frêles ficelles. Le côté cuivre des platines est également très impressionnant, il n'est pas forcément facile de s'y retrouver.

Schéma fonctionnel:

Les traitements Fi son et Fi vision sont similaires à ceux des TV noir et blanc, excepté pour la CAG. Cette dernière doit être très performante afin de respecter un niveau de saturation constant des couleurs. Elle  est élaborée à partir de l'échantillonnage du top de synchronisation ligne pris en référence. L'alignement au niveau du noir du signal luminance à l'entrée de l'ampli final vidéo EL183 est une fonction devenue indispensable. Jusqu'à présent négligée en TV NB, le contrôle de la composante continue, s'avère important pour le rendu final des couleurs. Le signal de chrominance est prélevé dans le premier étage de l'ampli de luminance, juste avant la ligne à retard. Cette dernière est shuntée par un relais lors des émissions NB 819l, afin de restituer toute la largeur de bande passante de l'étage. Il est à noter l'absence de filtre de réjection de la sous-porteuse chrominance. Il en résulte le  léger moirage typique du SECAM visible sur l'image, comme sur un téléviseur noir et blanc. Cette lacune sera comblée sur les séries suivantes.

Comme sur tous les appareils de premières générations, le matriçage des signaux couleurs et luminance s’effectue directement au niveau du tube trichrome. La luminance est modulée par les cathodes (comme sur les TV NB) et les 3 signaux différentiels de couleurs par chacun des Whenelts. Les tensions des 3 G2 du tube cathodique sont réglables afin de permettre une bonne restitution de l'échelle des gris. L'étage de balayage ligne fait appel à un tube auxiliaire PL504 destiné à soulager en puissance le tube principal PL509. La consommation plus importante des tubes trichromes a nécessité l'usage d'une régulation de ses 25kV d'alimentation. C'est le rôle de la triode THT PD500, montée en charge active. Un circuit de frein de faisceau fait également son apparition, limitant tout débit excessif des canons par une diminution du niveau de contraste.

Premières interventions:

J'ai commencé par une bonne réfection préventive des soudures de tous les supports de tubes, souvent sources de pannes. Cette intervention était  d'ailleurs vivement recommandée. En effet, les contraintes thermiques au niveau des broches des tubes sollicitaient énormément les circuits imprimés. 

Cerclés en rouge sur le schémas de l'alimentation et en jaune sur la photo, voici les deux éléments que j'ai ensuite remplacé. Le condensateur 97 (8MF 350V) de filtrage du +200V est situé sur la platine raccordement, non loin de la CTN de démagnétisation également remplacée. On peut aussi trouver deux plus petites câblées en série, comme sur le schéma. À noter qu'il n'y a pratiquement plus de haute tension si cette CTN est coupée ou absente. Elle a donc le double rôle de fournir aux bobines de démagnétisation une tension alternative décroissante avec son échauffement, et de limiter la pointe de courant de charge des condensateurs de filtrage, lors de la mise en marche du téléviseur. Concernant la conception de cette alimentation, il est intéressant de noter que son imposant transformateur assure une parfaite isolation galvanique entre ses enroulements primaires et secondaires. Aucun élément du châssis ne se retrouve donc au potentiel du secteur. Un pont constitué de 4 diodes BY227 assure le redressement en double alternance de la haute tension, le filtrage est réparti sur les différentes branches de distribution. Tous les filaments des lampes sont en câblés en série, sauf ceux du tube cathodique. Ils sont alimentés par 2 enroulements secondaire en parallèles spécifiquement dédiés.

 La semi-transistorisation des étages de traitement luminance et chrominance a imposé la présence d'une basse tension. Elle est produite par une véritable alimentation stabilisée par transistor ballast. Le TVC3 est le premier châssis à intégrer ce type de régulation dissipative. La tension délivrée est de 20V, réglable avec précision par la résistance ajustable 211. Le transistor 104 (AC187) délivre un +12V auxiliaire, régulé plus sommairement par une simple diode Zener connectée à sa base. Ces alimentations sont câblées sur la platine FI/luminance, le plus 20V sera à contrôler et à régler si besoin dès la première mise en route.

Première mise sous tension :

Voici notre TVC3 fin prêt pour un premier redémarrage, après plusieurs dizaines d'années de sommeil.

Je suis assez confiant au sujet de la bonne fiabilité des condensateurs de filtrage HT, mais je vais quand même effectuer ce premier démarrage au variac. La montée progressive de la tension d'alimentation secteur permettra leur réveil en douceur. Divers contrôles à l’ohmmètre n'ont pas mis de courts circuits en évidence à leurs bornes, ainsi qu'au niveau des ponts de diodes. Ce démarrage sera assez bref, je ne suis pas certain que le variac supporte longtemps les 380 Wh de consommation du TVC3. J'en ai également profité pour commuter le carousel de sélection de tension secteur sur 240V.

Les touches marche/arrêt et UHF 2éme chaîne enfoncées, ma vieille mire METRIX GX953A raccordée à la fiche d'antenne verte, je monte progressivement la tension d'entrée pour atteindre la valeur nominale du secteur au bout d'une vingtaine de secondes. Tous les filaments des lampes s'allument, puis des cliquetis de relais se font entendre. Pas de panique... Ce sont ceux liés à la détection du signal de chrominance, notamment à la commutation du blanc C et de la ligne à retard de luminance. Dans la foulée, je perçois le souffle audio dans les haut-parleurs puis le petit bourdonnement caractéristique du transformateur de sortie trame. Tout se passe bien, rien ne fume... puis quelques faibles crépitements annoncent l'établissement de la très haute tension, c'est de mieux en mieux... Finalement l'écran s'illumine mais faiblement, sans neige, dans une teinte un peu jaunâtre. Je décide de ne pas prolonger plus longtemps, le variac semble bourdonner. Je ne constate aucun échauffement anormal des condensateurs chimiques de filtrage HT, il y a juste cette habituelle petite "odeur de chaud" provenant des 3 résistances cimentées de puissance. Elle sont montées à la verticale sur la platine de raccordement.

Je redémarre le téléviseur, cette fois directement connecté au secteur. Je prends le temps de chercher la syntonisation UHF de ma mire dans l'espoir d'apercevoir l'image. Et là, c'est la déception... À l'approche du canal en tournant le gros bouton d'accord UHF, la grille de la mire apparaît brièvement et dès qu'elle semble se synchroniser, elle disparaît presque totalement. J'ai le même problème en VHF et j'ai beau joué sur l'accord ou le niveau de sortie HF de la mire, c'est toujours le même phénomène, c'est assez frustrant.

Voici la première image obtenue. Le contraste très faible ne permet pas la synchronisation parfaite. J'ai juste augmenté le G2 du canon bleu et règlé le focus. La photo a été prise dans la pénombre. On devine la mire de barres en noir et blanc. La couleur vient par flashs, le niveau de la sous-porteuse chroma est sûrement bien faible.  L'identification trame peine à faire  verrouiller le portier couleur, les relais de commutation de blanc et de ligne à retard luminance jouent des castagnettes.

Avant d'aller plus loin dans les investigations, je m'assure que la valeur de la THT est bien dans les clous, surtout pas trop élevée. La mesure s’effectue directement sous la ventouse de connection THT, à l'aide d'une sonde spéciale. L'aiguille du cadran s’arrête vers les 24 kV, la régulation semble convenablement ajustée. Cette  valeur est très correcte, même avec 23 kV et un tube cathodique en bonne forme, l'image reste encore excellente.

La sonde THT de marque POMONA que j'utilise comporte un petit galvanomètre à lecture directe, mais beaucoup d'autres sondes n'en sont pas équipées et doivent donc être  raccordées à un multimètre.

J'en profite également pour contrôler le + 20V de la basse tension principale. Cette mesure se fait facilement sur le capot du transistor de puissance AD149, fixé sur le bâti métallique du châssis.


Bon, le plus important est accompli, le tube affiche quelque chose et le son est présent. C'est le soulagement, le transfo THT fonctionne parfaitement, j’espère qu'il tiendra... 

Maintenant, il va falloir sortir l'oscilloscope et le manuel technique. La nature de la panne nous oriente clairement vers un dysfonctionnement dans la chaîne de traitement de la luminance ou des circuits d'amplification FI vision.  

C'est le circuit luminance qui va faire l'objet de mes premières investigations. L'extrait du schéma concerne son traitement, de la détection du signal vidéo-composite jusqu'à l'anode de la lampe d'amplification finale. Au préalable, j'ai déjà effectué le réglage correct du +20V. Ce sont la localisation et l'accessibilité sur le circuit imprimé qui vont dicter la sélection des points de mesure à effectuer. Toutes ces mesures se feront à l'oscilloscope, l'entrée commutée en mode D.C. (avec composante continue) et connectée à une sonde 1/10. 

Le premier oscillogramme est pour la grille de commande de l'EL183, la sonde est connectée à la cathode de la diode 134. L'escalier de l'échelle de gris de la mire de barres n'a pas belle allure. La même mesure à fréquence trame nous montre carrément l’absence de tops de synchro ligne. 

La seconde mesure est prise sur la ligne à retard luminance, à l'anode de D129 (les diodes sont toujours d’excellents points de repère). L'allure du signal est toujours le même, ainsi qu'au colllecteur de T 130.

L’oscillogramme en sortie de détection, au point test à l'extrémité de la résistance 284. Il est pratiquement correct, malgré un tassement dans le blanc. La tension de polarisation semble conforme.

Les soupçons se portent donc sur l'étage de T130 ( AF118). Mais il faut se méfier de toute conclusion hâtive, les 3 transistors 130, 132, et 133 sont tous reliés directement entre eux, sans condensateurs de liaison. Bon, j'ai bien dans mes stocks un AF118 de récupération, mais les pattes sont vraiment courtes. Je me rends  très vite compte qu'intervenir pour un remplacement ne va pas être facile, le côté cuivre n'est pas si accessible que ça, surtout vers le bas. Sinon, il y a aussi ces 2 condensateurs chimiques bleus, 416 et 417. Je décide de voir à l'oscilloscope s'ils remplissent bien leur rôle de filtrage....

La tension au + de C 417 ne présente aucune interférence, elle est parfaitement rectiligne pour une tension continue d'environ 6V. Par contre au + de C 416, il n'en va pas de même. Nous distinguons clairement un résidu de signal vidéo d'environ 1V visible sur l'oscillogramme ci-contre. Ce condensateur assure le découplage  du + 20V, connecté juste après la self de choc 172 et alimentant communément nos 3 transistors...

Je décide de me munir d'un 10uF 63V et de le connecter directement aux bornes de C 416 en cours de marche, pour voir... Et bien, bingo! L'image de la mire apparaît aussitôt à l'écran, j'ai bien de la chance car ce genre de panne, n'est pas forcément facile à solutionner. Comme quoi, une bonne mesure fait toujours gagner du temps...



Ci contre, le signal à la grille de l'EL183 après le remplacement de 416. Nous distinguons maintenant clairement la vidéo en escalier de la mire de barres. N.B.: - La progression du niveau des différentes barres n'est pas trés régulière, il faudra que je révise ma mire...


Voici les images obtenues suite au remplacement de C 416. J'ai juste retouché rapidement la géométrie, les convergences et le focus. Malheureusement je ne suis pas parvenu à obtenir une bonne échelle des gris. L'image présente une dominante de couleurs et c'est assez décevant. Malgré la reprise des réglages de G2, il y a toujours cette teinte jaunâtre ou verdâtre, en noir et blanc comme en couleur. C'est souvent le cas avec des tubes cathodiques fatigués dont "l'épuisement" d'un ou de plusieurs canons ne permet plus un dosage parfait des 3 couleurs primaires. Pourtant, finesse et luminosité sont au rendez vous.  De là à penser que le tube ait un problème...Bon, je ne me décourage pas, en fait c'est dans les blancs que ça ne va pas. Un manque d'amplitude du signal luminance Y sur la cathode bleu et/ou un excès sur la verte peuvent en être également la cause. Du moins, c'est ce que j’espère...

À l'examen du schéma de la platine du support du tube image, nous constatons l’absence de réglages des blancs. À la place des habituelles résistances ajustables connectées aux cathodes, nous trouvons des V.D.R.(varistance)... C'est une spécificité du TVC3, aucun autre châssis n'utilise des varistances pour cette fonction. Je suppose que la non linéarité de leur résistivité (elle diminue avec l'augmentation de la tension à leurs bornes) joue un rôle sur le gamma, mais je n'ai rien trouvé à ce sujet dans tous les ouvrages techniques que je possède. Un petit relais inverseur modifie l'amplitude du bleu et du rouge lors la commutation du blanc C ou NB. Un contrôle à l'oscilloscope de l'amplitude des signaux Y sur cette platine devrait nous en dire un peu plus...





Les 4 V.D.R sont ces disques à moitié colorés en vert, jaune, bleu et incolore. Elles sont vraiment petites, 2 ou 3 mm de diamètre seulement. A proximité se trouve le petit relais de commutation de blanc.

Le composant noir près de mon pouce est l'éclateur 536. Cet élément de protection est destiné à limiter d'éventuelles surtensions issues de charges électrostatiques. Ces éclateurs peuvent parfois être encrassés et devenir résistifs. Câblé justement sur la borne du G2 bleu, je l'ai d'abord déconnecté mais il ne semble  pas être en cause.

À noter que la sérigraphie n'est pas conforme à celle publiée dans le manuel, ni même à l'implantation réelle des V.D.R.

Le signal pris à la cathode du canon bleu a une amplitude d'environ 80V. Le top ligne est un peu arrondi. 

Même point de mesure, mais avec l'image en couleurs. C'est assez bizarre, il semble déformé par le sygnal B-Y provenant du Wehnelt bleu.

Le signal vidéo à la broche 1 du relais est à plus de 100V d'amplitude et le front du top de synchro est plus conforme. Conclusion: - La V.D.R 1506 est probablement défectueuse.



J'ai retrouvé cette note dans le support de cours du stage. C'est la liste de ces différentes V.D.R. disponibles et  référencées. J'y ai porté en rouge les valeurs résistives  mesurées. Elles sont toutes largement fantaisistes par rapport à celles déjà notées.

Je décide de toutes les remplacer par des résistances fixes.




Ci contre, les valeurs des résistances de remplacement notées en rouge. Je les ai déterminées expérimentalement après divers essais. Il faut dire que la plage de  variations de teintes n'est pas conséquente  avec ce type de montage. C'est sûrement pour cela que PHILIPS a fait le choix de ne pas rendre réglable ce paramètre, les disparités de caractéristiques des tubes cathodiques ont dues être jugées acceptables pour la majorité des cas.


Voici le résultat final en image. L'échelle des gris est maintenant parfaite, les blancs sont légèrement plus bleutés en NB comme attendu. C'est vraiment un magnifique résultat, l'état du tube est excellent comme je l'avais imaginé. C'est assez incroyable malgré ses 55 ans d'âge il est pratiquement aussi performant qu'un neuf, l'image est éclatante et fine. 



Mise au point, réglages:

Il est maintenant temps de tirer toute la quintessence des performances de notre TVC3. Je vais en reprendre tous les réglages le plus rigoureusement possible, en suivant les différentes instructions du manuel de service. Pour avoir déjà effectué cette opération sur 2 autres modèles, je dois dire que le mode opératoire en est assez ardu. Les points de mesures ne sont pas toujours clairement indiqués ou peu accessibles, des composants externes sont même parfois à connecter aux circuits. 

Je commence par le réglage de la tension de récupération. Cette dernière conditionne la valeur de la très haute tension d'alimentation du tube. la procédure pour ce simple réglage n'est déjà pas simple. Après avoir réaliser le filtre R/C et trouvé les points de connection, j'ajuste la tension à seulement 600V au lieu des 630V recommandés en 625l. J'ai dans l'idée que çà ménagera quelque peu le fragile transfo THT, quitte à perdre peut-être un peu de brillance et d'amplitude horizontale. Dans la foulée, j'effectue le réglage des courants anodiques de l'EL509 et de l'EL504, bien plus simple.

J'ai ensuite entrepris le fignolage des réglages de pureté, de géométrie et de convergences. Le résultat est superbe et j'y suis finalement parvenu sans trop galérer. L'ajustage de polarisation de la finale trame PL508 est assez critique, un débit excessif de ce tube risque de griller sa résistance d'alimentation G2 (note manuscrite sur le support de stage). 



Voici la mire TDF après réalignement complet des circuits de chrominance. La prise de vue avec mon smartphone est imparfaite, elle a tendance à exagérer le grainage des luminophores et la visibilité du moirage de la sous-porteuse chroma. Malgré une THT réglée aux environs des 23 kV, je peux considérer l'image au top de ce qu'il peut-être possible d'obtenir. Sa qualité est surement très proche de celle constatée à sa sortie d'usine, ce qui est absolument remarquable pour ce téléviseur maintenant âgé de 56 ans.

Cette vue rapprochée nous permet d'apprécier la grande finesse des 3 faisceaux, ainsi que la bonne efficacité des circuits de convergences. 

Un zoom sur l'écran en mode macro nous révèle la structure des triplets de luminophores en Delta. 

Modifications:

Les bureaux d'études étaient très attentifs aux retours d'utilisation sur le terrain. Les remontées des problèmes rencontrés par les dépanneurs étaient primordiales, les inspecteurs techniques de la marque effectuaient des visites régulières dans les ateliers. Il ne fallait pas décevoir cette nouvelle clientèle qui ne manquait pas d'être assez éxigeante envers ce très coûteux produit. La publication de modifications  régulièrement mises à jour était comprise dans l'abonnement annuel de la documentation technique. 

Voici les principales que je me suis contenté de réaliser: 

La première concerne l'audio: - La résistance R 15 qui doit être remplacée par un condensateur est câblée sur la prise haut-parleur. Cette modification crée un filtre passe haut qui élimine les fréquences basses. Le petit HP de présence en façade se trouve favorisé en médium/aiguës, alors que la totalité de la puissance dans les graves est destinée à celui d'ambiance, de plus grandes dimensions et mieux à même de les reproduire.

Il faut dire que la qualité sonore du TVC3 est alors remarquable, avec un réglage de tonalité très efficace. Ce dernier (non visible sur le schéma ci-contre) câblé dans la boucle de contre-réaction, agit sur le relèvement des graves comme celui des aigus. 

J'ai remarqué une perte de luminosité et de contraste après environ une à deux heures de marche. cette modification n'a que partiellement éliminé le phénomène. Nous y reviendrons plus loin.


Il s'agit vraisemblablement d'une erreur d'usine, je n'ai pas constaté de différences flagrantes aprés l'avoir effectuée.


Cette dernière modification provient du manuel technique du  magnétoscope PHILIPS N1481. Je l'ai adapté au TVC3 dont le schéma de l'oscillateur ligne est pratiquement identique. L'image en lecture est alors parfaitement stable, sans effet de drapeau. Cette modification n'a aucun effet sur les vidéos diffusées par un modulateur UHF ou VHF et peut donc rester à demeure. Voir les éléments notés en rouge sur le schéma ci-contre

 


Comme je l'ai mentionné plus haut, j'ai été confronté à un phénomène thermique. Après une heure ou deux de fonctionnement, j'ai régulièrement constaté une diminution progressive du niveau de contraste. J'en ai rapidement localisé la cause à l'aide d'une bombe de froid. Pulvérisée sur l'étage de pré-amplification luminance, notamment sur les 3 transistors, la vidéo récupère instantanément son amplitude de départ. Leur mauvaise stabilité thermique (ils sont au germanium) entraîne une dérive de la tension de polarisation, donc de la composante continue. Celle-ci est alors interprétée par la CAG comme une augmentation du niveau de signal et tend à réduire le gain de l'ampli FI. J'avoue avoir longtemps cherché l'origine de cette anomalie, et j'ai fini par renoncer après plusieurs tentatives infructueuses de remplacement des transistors.

La solution m'est apparue en analysant le schéma d'une évolution plus récente du TVC3.

Il a été intercalé avant la résistance ajustable de sensibilité vidéo R 276, une CTN de 130 ohms en parallèle avec une résistance de 100 ohms. Cette cellule est clairement destinée à une compensation thermique. J'ai aussitôt l'idée d'aller jeter un coup d'oeil dans mon GRUNDIG T1000 qui est une des dernières évolution du TVC3.

Ci contre  la CTN cerclée en rouge et câblée sur la platine FI du T1000. Par chance j'en possède une dans un casier.

Voici la modification sur le F25K766, câblée en "volant" avec le résistance de 100 ohms en parallèle sur la CTN. Elles sont reliées entre le + de C 416 et une borne de R276 dessoudée au préalable.

Cette modification s'est montrée particulièrement efficace, le niveau de contraste reste constant, même après plusieurs heures de fonctionnement. Il est probable qu'il y ait eu une note de service à ce sujet, je pense qu'il doit surement m'en manquer plusieurs dans le classeur de la documentation.

Solution THT:

Ce que je redoutai a fini par arriver, le transfo THT a rendu l'âme....

Cela s'est produit après quelques semaines de fonctionnement régulier mais non intensif. De petits crépitements et striures horizontales sont brièvement apparus, en 2 ou 3 salves de quelques secondes, suivies d'un couinement avec coupure de l'image définitif. Une petite fumée s'est échappée des rainures du coté gauche du capot, accompagnée d'une odeur de vernis brûlé assez caractéristique.

Voici l'élément coupable, l'enroulement élévateur. Ce dernier peut être retiré sans trop de mal, après démontage et extraction de son noyau en ferrite. L'épaisse résine d’enrobage se retrouve éclaté sur un coté, au moins le diagnostique s'en trouve facilité. C'est le cas le plus fréquent de défectuosité de tout transfo. THT, mais l'enroulement primaire peut aussi être défaillant sans présenter de traces visibles. Concernant le TVC3, il faut dire que son transformateur est soumis à rude épreuve. Je me rappel avoir contrôlé au touché (TV à l’arrêt, bien sur...) sa température après une bonne heure de fonctionnement, il était presque brûlant! 

L'idéal serait de disposer d'un modèle de remplacement issu d'un ancien stock de pièces neuves, mais c'est maintenant quasiment introuvable. Sinon, J'ai déjà expérimenté l'adaptation d'un élévateur THT de TVC4, cette opération nécessite la délicate rectification à la rappe à bois de son orifice central. Il est trop étroit pour le passage direct du noyau en ferrite déjà recouvert d'un autre enroulement auxiliaire. Le fonctionnement est satisfaisant, mais la fiabilité n'est pas améliorée, le bobinage casse de la même façon.



Et puis, je finis par trouver sur un forum anglais, cet article sur l'adaptation d'un tripleur en lieu et place d'un enroulement élévateur de transformateur THT.

J'avais déjà eu cette idée, mais j'étais perplexe quant à la possibilité d’atteindre un niveau suffisant de THT. les quelques châssis à balayage lignes à tubes équipé d'origine de tripleurs, utilisaient tous un enroulement indépendant pour l'alimenter. Les 8000V max. d'impulsions possibles à l'anode de la PL509 (source:  répertoire TELETUBES) allaient-ils être suffisants? Et bien, c'est ce qu'affirme Ugh Cocks, l'auteur de cet article très détaillé sur son retour d'expérience. Il dit atteindre les 24/25 kV.

Je vais donc également me lancer dans cette adaptation. Mon choix se portera sur un équivalent du TVK52, modèle de première génération ayant équipé notamment les châssis CBB6 et TVC5. Il est simple à raccorder, avec seulement 3 électrodes, soit une masse, une entrée et une prise pour la tension de focus. Ces tripleurs ont été abondamment produits et se trouvent encore facilement. 

Ci-contre, voici le premier essais d'évaluation. 

Après le retrait de l'élévateur et de la GY501, je me suis contenté de raccorder l'anode de la PL509 directement à l'entrée du tripleur, la borne de masse au châssis et la ventouse au tube cathodique. L'image est apparue rapidement, avec un manque d’amplitude horizontale (environ 1.5 cm de chaque côté) et une concentration perfectible que le réglage de focus en butée n'a pas pu rétablir totalement. Comme mentionné par H. Cocks, j'ai alors rajouté une capacité d'accord supplémentaire composée de deux condensateurs céramiques de 150 pF/6 kV câblés en série. la largeur de l'image est alors devenue pratiquement correcte, il a juste suffit de retoucher légèrement la résistance R1474 (tension de récupération) afin de l'ajuster parfaitement. La valeur de la THT obtenue ainsi, atteint facilement les 23/24 kV, c'est parfait.



 H. Cocks préconise de recréer un circuit de réglage de concentration à partir de la sortie focus du tripleur. Pour rester au plus proche du montage originel, je décide de seulement modifier le  pont résistif à la cathode de L1615 (DY51), de manière à abaisser la tension de concentration. La résistance 1623 passe de 1M à 5M6 et il est rajouté une 47M de charge vers la masse. La concentration parfaite des faisceaux est maintenant mieux centrée sur la plage de réglage du potentiomètre 1025. 


Cerclée en rouge, la modification. Les deux résistances sont à couche  métallique spéciale haute tension, reconnaissable à leur couleur bleue pâle. Elle est directement accessible sous la grille de protection recouvrant les 3 lampes de balayage et facile à réaliser. Le réglage de netteté peut alors être parfaitement effectué.

L'installation définitive dans la tourelle n'a pas posé de problème. L'absence de la GY500 devenue désormais inutile à libèré l'espace nécessaire à l'implantation du tripleur. Il a suffit du perçage d'un trou dans la parroie de la tourelle et d'une bonne vis de fixation. La régulatrice THT PD500 est conservée, mais son anode est déconnectée. la faible résistance interne du tripleur ne rend plus nécessaire cette charge active assez énergivore. Même si elle n'est plus utilisée pour sa fonction, son filament doit rester connecté à sa chaîne d'alimentation de chauffage.

Le câblage est assez simple et élégant, le fil gainé rouge provient d'un cordon THT moderne. J'en ai profité pour déconnecter l'anode de la PD500 pour raccorder à sa place la sortie du tripleur. Cela permet de réutiliser le câble blindé d'origine. Une fois la tourelle refermée, c'est ni vu ni connu!

Ci dessus le schéma de câblage du tripleur. Pour plus de clarté, l'enroulement élévateur et la GY501 ont été éffacés

L'image obtenue est d'une qualité identique, voire meilleure qu'avec l'ancien système élévateur. Par contre la stabilité en fonction du contenu vidéo n'est pas aussi bonne. Malgré la plus faible résistance interne du tripleur, il existe un léger pompage, surtout dans les blancs. En fait, il faut raccorder sa borne "M" à la VDR 1830 plutôt qu'à la masse, de manière à retrouver l'usage du frein de faisceaux. Sans la régulation de la PD500 le courant n'est plus constant et nominal , il fluctue désormais continuellement en fonction du contenu vidéo. J'entreprend de retoucher la résistance ajustable R 1832 (seuil de frein de faisceaux) dans l'espoir de limiter le pompage sur une image blanche, mais en vain. L'effet est minime, il va falloir augmenter la sensibilité du circuit. En effet, le meilleur rendement du tripleur et l'absence de régulation par la triode PD500 ont grandement diminué la consommation sur la sortie THT. La tension image du courant prélevée aux bornes de la VDR 1830 devient alors moins négative.

Ci contre le schéma de la modification du frein de faisceaux. Après divers essais, Je me suis contenté de remplacer la résistance R 1831 (100K) par une diode 1N4148. Un simple strappe aurait suffi, mais en exploitant le blocage de la diode, il est plus facile d'appréhender le seuil de déclenchement du frein. J'ai réglé R 1832 de manière à avoir une image blanche stable et non dé-focalisée, pour un réglage de contraste nominal. L'action du frein de faisceaux peut être mis en évidence en le désactivant. Il suffit pour cela de déconnecter la diode 1N4148. Au final, l'effet de  pompage est faible et acceptable, mais  l'ancien système d'enroulement élévateur avec  sa régulation THT permettait une image totalement stable.

Il est important de noter que le transformateur THT ne chauffe pratiquement plus. Même après deux heures de fonctionnement, il est à peine tiède. La fiabilité de tout l'étage de balayage devrait être considérablement amélioré. l'étiquette de mise en garde contre le rayonnement X émis par la redresseuse et la régulatrice THT est devenue caduc, le tripleur n'en génère pas.



Ci contre, cerclés en rouge nous trouvons R 1831 (100K) dont une patte est dessoudée et la diode 1N418 câblée en "volant". Ces éléments sont situés sur la platine de réglages des G2, en haut du châssis. 


La restauration complète de ce magnifique F25K766 est maintenant achevée. Entre temps j'ai effectué le remplacement de plusieurs résistances qui présentaient des traces d'échauffement, ainsi que 2 autres condensateurs chimiques dans la platine chrominance. Ces derniers ne filtraient plus très bien mais je n'ai pas constaté d'améliorations notables après leur remplacement. 



Voici enfin un petit voyage télévisuel dans le temps en quelques images. Elles sont diffusées depuis un lecteur DVD, via un transcodeur PAL/SECAM SONY SFR3000, suivi d'un modulateur UHF CGV Moduline Twin. Place à la féerie des couleurs...

Voci le générique d'ouverture d'antenne de la deuxième chaîne en couleur diffusée en 1970. Deuxième chaîne ORTF couleur


C'est la première mire ORTF couleur. Si elle permet une appréciation visuelle des teintes et de la saturation, il n'est pas facile d'en analyser le contenu des signaux de chrominance à l'oscilloscope. 

La mire TDF moderne permet enfin une véritable analyse de l'ensemble des paramètres de l'image. Elle fait son apparition au début des années 80 et est générée électroniquement. Le fichier au format DVD est téléchargeable ici: Movie.iso

Amont tour est la première émission de variété diffusée pour le programme inaugural de la couleur le premier octobre 19767. Marcel Amont en est la vedette et Jean-Christophe Averty le réalisateur. Ce dernier a enfin la possibilité d'exprimer pleinement toute sa créativité et son immense talent artistique. 

" La Niçoise", était le nom donné à cette "mire" d'évaluation des transmissions SECAM longues distances. Elle fut diffusée dans la phase finale d'expérimentation du système SECAM. 

"Et voici la couleur, au jour fixé et à l'heure dite." Ce sont les paroles prononcées en direct par Georges Gorse, ministre de l'information, lors du passage du noir et blanc à la couleur. C'est le lancement officiel de la télévision en couleur en France, le premier octobre 1967. Les 1ères images de la télévision couleur en France le 01/10/1967 | Archive INA

Ces différentes captures d’écrans ont été prises avec un niveau de réglage de saturation des couleurs assez élevé, histoire de briser le mythe de ces premiers téléviseurs capables de ne reproduire que des tons pastels. Elles permettent également d'apprécier une assez bonne qualité des transitions des zones colorées, ce TVC3 a maintenant sa platine chrominance parfaitement alignée. Il faut dire que les photos ne donnent qu'une perception visuelle imparfaite des images obtenues, elle est bien meilleure dans la réalité, les couleurs claquent ! 

Pour rappel, seul le procédé argentique de la photographie et du cinéma permettait jusqu'alors la restitution en couleur. L'image vidéo apportera plus de fraîcheur et de réalisme aux scènes filmées, en direct ou enregistrées sur bande magnétique.

Conclusion:

Une nouvelle fois, PHILIPS via sa filiale LA RADIOTECHNIQUE, nous fait la preuve de son énorme savoir faire avec la réalisation de cet appareil remarquable en tous points. Tant au niveau esthétique que technologique, ce téléviseur aura marqué son époque et contribué largement à la renommée de ce fabricant. Le châssis TVC3 a été le premier d'une longue lignée à succès, qui s’achèvera avec le TVC14/15 au milieu des années 80. Aujourd'hui, à l'heure de l'ultra haute définition et de l'écran OLED connecté, il m'arrive assez souvent d'allumer avec plaisir mon F25K766. Quel sublime écrin que ce prestigieux téléviseur pour y accueillir les émissions d'archives de son époque. À chaque mise en route, la magie des couleurs opère, la nostalgie et l'émotion sont immanquablement au rendez-vous. Il y a tant de souvenirs à faire revivre, de quoi être émerveillé  longtemps encore par ces vieilles images en SECAM,....

Jean-Luc Gendron