Restauration CONTINENTAL-EDISON TC3775 (suite)

Après un réglage en aveugle (ou plutôt au son ) du canal de la mire en UHF, aucun signal vidéo en sortie de la prise DIN magnétoscope. Cela confirme bien une panne sur la platine FI.

Donc, remontée de la chaîne d’amplification FI vision en contrôlant les tensions de polarisation et remplacement de HI111, un BF199.

A partir de ce moment, a débuté une véritable hécatombe ! Pas moins de 11 transistors successivement défectueux, provoquant des pannes les plus diverses.

A peine le temps de constater la remise en ordre d’un circuit, qu’un autre problème apparaissait dans la minute !

Je n’avais jamais vu ça, deux BF199, un BF198 et huit BC237, tous coupés à leur jonction base-émetteur.

Seule une douzième panne n’a été provoquée que par un condensateur chimique.

Un petit récapitulatif des événements :

HI111 (BF198 premier étage ampli FI vision) remplacé, super, j’ai la mire de barre en couleur. Joie de courte durée, après une dizaine de secondes, plus rien à nouveau, écran gris.

HI112, (BF199 deuxième FI) et, HI113 (BF199 troisième FI) ont lâché.

Dans la foulée, HI352 dégage lui aussi.

Contrôle de la ligne de CAG retardée (celle qui pilote les tuners) reste bloquée à 7 V, quel que soit le niveau de signal : HH251(BC238) H.S.

Disparition de la couleur suivie, quelques instants plus tard, de l’effondrement de l’amplitude verticale en une bande d’à peine 10 cm de hauteur.

Investigations sur le module trame : HT104 (BC238) HS., ampli de la dent de scie.

Hauteur image rétablie, plus de synchronisation ligne et trame, HL102 (BC237 adaptateur sortie séparation) vient de couper sur le module oscillateur ligne.

Transistor remplacé, je remets le téléviseur en marche et, aussitôt, mauvaise fréquence verticale. L’image défile très rapidement vers le bas. HT 101 (BC237 oscillateur vertical) HS sur le module trame.

Les problèmes de synchronisation résolus, je décide de m’attaquer à la panne de couleur. Le portier détecte bien la présence de la sous-porteuse chroma, la commutation du blanc C réagit bien à sa coupure activée sur le générateur de mire. HC181 (BC237, ampli de sous porteuse) HS sur la platine chrominance.

Je remets le téléviseur en marche, la couleur est revenue. J’affine le réglage d’accord de la mire, les transitions entre les barres de couleur ne bavent pas, le réglage de la cloche est OK, ainsi que la démodulation des signaux B-Y et R-Y. Il y a juste l’apparition d’une bande violacée au niveau de la bande d’échelle de gris N&B en haut de l’image quand je pousse la saturation. CC173 (1µF/63V), un bon vieux condensateur chimique, monté en filtrage dans la commande de saturation.

Entre-temps, le fond bleu de l’incrustation de l’OSD avait disparu. HE102 (B237 commande voie bleue) H.S. sur le module horloge.

Pour finir, encore une panne chrominance, l’image prend tout à coup une teinte verdâtre, HV141 (BC237 ampli R-Y) H.S.

Voilà, je suis enfin parvenu à un fonctionnement stable de ce téléviseur, il me reste à optimiser les réglages pour ce tube un peu fatigué, notamment l’échelle des gris (le canon vert est assez faiblard), le focus et le G2.

Il faudra aussi que je m’occupe du problème de changement de chaîne et de la télécommande à ultrasons, mais je verrai tout çà à la fin, après la restauration de l’ébénisterie.

Le tableau de chasse.

Toutes ces pannes de transistors sont à classer dans la catégorie "facile". Un simple suivi de signal à l'oscilloscope en mode DC (avec composante continue) est suffisant, toutes les tensions Vbe étaient très largement supérieures à 0,7 V.

Une petite trêve dans la mise au point de l’électronique, je viens de terminer la peinture des deux parties de la coque.

Retour au labo pour parfaire les réglages.

Alors que je pensais en avoir fini avec les pannes à répétition, c'est la THT qui, cette fois, a décidé de faire des siennes. Un crépitement s'est soudainement fait entendre et l'image a disparu.

J'ai d'abord soupçonné le tripleur, souvent défaillant sur ce type de châssis et remis le téléviseur en marche en déconnectant cet élément. Verdict : c'était bien la THT. Elle éclairait partiellement comme un lampion, dans un bruissement assez caractéristique.

Après une recherche infructueuse dans mes fonds de tiroir d'un modèle de remplacement, j'ai décidé de me lancer dans son rebobinage d’autant plus que je n’avais pas trop insisté et débranché rapidement juste après la panne déclarée. J’avais l’espoir que la brûlure ne se situe pas trop en profondeur dans les différentes couches d’enroulements.

Ce n’est pas ma première tentative, j’ai déjà rebobiné deux THT de N&B avec succès, et puis j’aime bien tout décortiqué, histoire de savoir ce qu’il s’y passe.

Pour cela, point de matériel sophistiqué, juste une petite bobineuse (ou plutôt une débobineuse) de fortune rapidement bricolée il y a déjà quelques années.

Le débobinage n’a posé aucun problème malgré l’imprégnation d’un vernis sur la couche supérieure, le fil était assez résistant et ne s’est pas coupé.

L’élévateur était donc composé de 7 couches, une de 85 spires (la première débobinée) et 6 de 100 spires chacune. C’est lors du déroulage de la dernière que j’ai découvert la trace noire de brûlé, juste circonscrite au niveau des premières spires. Le bobinage du dessous ne semblait pas avoir été atteint.

Pour le rebobinage, j’ai réutilisé le fil d’origine débarrassé de la cinquantaine de centimètres de son extrémité cramée.

J’ai remis les films isolants récupérés quasi intacts et rajouté un tour et demi de scotch de peintre entre chaque couche de bobinage.

Une fois la THT remontée sur le châssis, la remise en route s’est parfaitement déroulée, l’image est réapparue pratiquement comme avant. Ouf !

J’ai fait fonctionner le téléviseur plusieurs heures, ça semble tenir et la THT ne chauffe pas anormalement.

Je croise les doigts.

L'image s'est bien améliorée. J’ai enfin eu le temps (plus de pannes à répétition à déplorer et la THT tient) d’investiguer autour des polars du tube et j’ai découvert que la tension de G2 était beaucoup trop élevée, plus de 850 V. L’image, quoiqu’assez lumineuse, manquait d’éclat et paraissait en définitif assez fade. La résistance en pied du potentiomètre de G2 (RA208 2 x 820K) était coupée. Le réglage semblait pourtant agir correctement. Maintenant, avec une tension d’environ 600 V et les polars des amplis vidéo retouchées, la qualité de l’image s’est retrouvée totalement transfigurée, même si ça déconcentre toujours un peu sur le vert (surtout sur les blancs).

Voici quelques images de la télécommande .

Ce n’est pas celle d’origine, mais le modèle de remplacement à l'époque alors commandable chez Cofadel, le fournisseur pièces de Thomson.

C’est le même boîtier que l’original, mais en moins joli (touches de couleur ou chromées et peinture gris métal). La membrane clavier est en caoutchouc, contrairement à celle de l'ancien modèle composé de deux films plastique.

Il y avait deux problèmes. Tout d’abord, le transfo TD401 était coupé au niveau d’une de ses pattes, panne assez fréquente à l’époque. J’en ai remplacé quelques unes suite à des chutes sur le sol.

Cette pièce n’étant bien sûr plus disponible, j’ai dû casser la ferrite externe pour ressouder la connexion coupée.

Il a aussi fallu que je retouche au réglage de SD411 pour améliorer la portée. A noter, le petit bruit de crécelle caractéristique du transducteur lorsqu’on appuie sur une touche.

Le récepteur de la télécommande sorti de son emplacement avec son capteur ultrasonique.

La restauration de ce Continental-Edison est enfin achevée.

La coque repeinte lui a apporté un sacré coup de jeune, la peinture sur le plastique est vraiment bien tendue, il y a juste deux petits départs de coulure sur le capot, pas franchement visibles. La coulure, c’est la principale difficulté, surtout sur des éléments de cette dimension. Il faut aussi soigner particulièrement le masquage pour avoir une limite blanc/gris bien propre.

J’ai aussi fignolé les réglages G2/échelle de gris/focus, l’image a encore gagné en finesse. C’est un point à soigner particulièrement. A noter qu’il vaut mieux privilégier la concentration sur les rebords plutôt qu’au centre de l’écran, le niveau de lumière doit être ajusté à peine au décollage du pavé noir de la mire.

Au final, ce téléviseur fonctionne encore très honorablement pour ses 35 ans, l’image n’a rien à envier à celle d’un TVC7, châssis Philips, concurrent fort réputé à l’époque.

Il reste juste le blocage de changement de chaîne avec les deux touches prog +/- du clavier (un des deux CI. SFC… sur la platine clavier est sûrement H.S.), sinon ça marche parfaitement avec la télécommande.

J’en ai profité pour le raccorder à un de mes magnétoscopes V2000, un bon vieux VR2022, histoire d’avoir une image 100/100 vintage.

Je possède une bonne quinzaine de cassettes, enregistrées de 1985 à 1992 de divers programmes, un vrai régal de pouvoir redécouvrir d’anciens programmes familiers ou improbables, contemporains de ce téléviseur.

Nostalgie garantie !