Dimanche des Rameaux
du 5 avril 2020
proposée par le P. Christophe Boudéreaux du Diocèse aux Armées Françaises.
Le dimanche des Rameaux inaugure la Semaine sainte, dont l’aboutissement sera la veillée pascale préambule du Jour de Pâques : ce dimanche de huit jours qu’on appelle octave de Pâques.
Ce Grand Dimanche de Pâques, qui dure donc 8 jours est le modèle de chaque dimanche, chaque début de semaine. C’est parce que chaque dimanche est Pâques que le Carême dure 46 jours car, en aucun cas, le jour de Pâques, le dimanche, ne peut être Carême, et il y a 6 dimanches entre le Mercredi des cendres et le Samedi saint.
Aux chrétiens, sauf ceux qui en sont interdits, il est demandé de communier au moins une fois l’an, pour Pâques, pendant l’octave, après une confession sérieuse car il convient d’être en état de grâce. C’est-à-dire d’avoir l’âme qui participe à la vie intime de Dieu en étant le siège de la Sainte Trinité – et donc, nécessairement, qui est exempte de tout péché mortel. (cf. Catéchisme de l’Église Catholique n°2024 et canon n°920)
Lors de la semaine-sainte, la prière pour la communion spirituelle sera donc d’autant plus motivée que l’impossibilité d’accéder à la communion deviendra pesante.
Avec saint Cyrille qui enseigne que « nous devons communier au moins une fois l’an, parce que notre âme ne peut se passer trop longtemps de cette nourriture divine, source de lumière, de forces et de délices spirituelles. La sainte Eucharistie, guérit les maladies spirituelles de nos âmes ; elle nous fortifie contre les tentations et amortit les ardeurs de la concupiscence ; elle nous incorpore à Jésus-Christ. » La communion de désir n’en sera que plus ardente.
Ce temps de privation de l’Eucharistie, aussi douloureux soit-il,
doit, par la grâce de Dieu, devenir un bien.
Parce-que la Semaine sainte, qu’inaugure le dimanche des Rameaux forme un tout, parce que, confinés, vous pourrez vivre d’une manière plus intensément spirituelle cette semaine, nous vous proposons de se concentrer, ce dimanche, sur l’entrée messianique du Seigneur à Jérusalem. Vendredi saint sera l’occasion de méditer et, autant que possible, revivre à la suite de Jean et Marie, la passion de Jésus par le plus beau chemin de croix familial qui soit.
La Liturgie domestique, plutôt qu’une « messe adaptée », est avant tout l’accueil et le partage de la parole de Dieu dans la maison pour faire communion. Communion qui rejoindra, au rassemblement paroissial, une communion plus grande : l’Église. De cette manière, en effet, la famille, la maisonnée, est bien une « ecclésiole », une petite église, partie élémentaire et essentielle de la grande Église : l’Église du Christ dont la Paroisse ou, à défaut, l’aumônerie en est le signe.
Nous rêvons que cette appropriation familiale de la vie spirituelle se perpétue, aux moins pour les grandes fêtes, après l’alerte sanitaire qui nous donne cette occasion d’accueillir Dieu plus intimement.
Et justement, dans la Jérusalem de notre vie quotidienne faisons accueil à celui qui est Glorieux et trois fois saint :
Par où rentrera-t-Il celui que nous voulons accueillir ? Mais par la porte bien entendu ! C’est de-là, avant de se rendre en procession vers le lieu de célébration, que se retrouvera la famille.
Celui qui dirige la prière, lecture de l’antienne d’ouverture :
Hosanna au fils de David !
Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !
Hosanna au plus haut des cieux !
(Mt 21,9)
Puis on se dirige vers le lieu de prière.
Deux propositions de chants d’entrée : Ouvrons les portes de Glorious ou Debout Resplendis !
Chant d'entrée : (Tous debout)
R/ Jérusalem, Jérusalem, Quitte ta robe de tristesse ! Jérusalem, Jérusalem, Chante et danse pour ton Dieu !
1. Debout, resplendis, car voici ta lumière, Et sur toi la gloire du Seigneur. (bis)
Lève les yeux et regarde au loin, Que ton coeur tressaille d´allégresse.
Voici tes fils qui reviennent vers toi, Et tes filles portées sur la hanche.
R/
2. Toutes les nations marcheront vers ta lumière, Et les rois à ta clarté naissante. (bis)
De nombreux troupeaux de chameaux te couvriront, Les trésors des mers afflueront vers toi.
Ils viendront d´Epha, de Saba, de Qédar, Faisant monter vers Dieu la louange.
R/
3. Les fils d´étrangers rebâtiront tes remparts Et leurs rois passeront par tes portes. (bis)
Je ferai de toi un sujet de joie. On t´appellera ´Ville du Seigneur´,
Les jours de ton deuil seront tous accomplis, Parmi les nations tu me glorifieras.
R/
Au lieu de la célébration on s’assoit. Chacun reprend son calme et se concentre.
Pendant le Carême on omet le Gloria, pourtant l’accueil de Jésus se fait dans les Hosanna et les cris de joie. Il s’agit de reconnaître ce « Roi de Gloire, le Seigneur, le Vaillant ».
Chacun prendra le temps de réfléchir pour écrire ou/et dire comment, à quel(s) moment(s) je reconnais la grandeur de Jésus, sa puissance et sa seigneurie. Qu’est-ce qui justifierai que, si j’avais été habitant de Jérusalem au temps de Jésus, je serai allé devant lui pour étendre mon manteau sur son chemin ou pour brandir des branches en l’acclamant ?
Après ce partage, tous se lèvent, pour reprendre le chant d’entrée et clore cet Hosanna, ce Gloria propre à la famille qui vient d’avoir lieu.
Récit de l’entrée à Jérusalem : (debout)
+ Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (21,1-11)
Jésus et ses disciples, approchant de Jérusalem, arrivèrent en vue de Bethphagé, sur les pentes du mont des Oliviers. Alors Jésus envoya deux disciples en leur disant : « Allez au village qui est en face de vous ; vous trouverez aussitôt une ânesse attachée et son petit avec elle. Détachez-les et amenez-les moi. Et si l’on vous dit quelque chose, vous répondrez : ‘Le Seigneur en a besoin’. Et aussitôt on les laissera partir. » Cela est arrivé pour que soit accomplie la parole prononcée par le prophète : Dites à la fille de Sion : Voici ton roi qui vient vers toi, plein de douceur, monté sur une ânesse et un petit âne, le petit d’une bête de somme. Les disciples partirent et firent ce que Jésus leur avait ordonné. Ils amenèrent l’ânesse et son petit, disposèrent sur eux leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus. Dans la foule, la plupart étendirent leurs manteaux sur le chemin ; d’autres coupaient des branches aux arbres et en jonchaient la route. Les foules qui marchaient devant Jésus et celles qui suivaient criaient : « Hosanna au fils de David ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Hosanna au plus haut des cieux ! » Comme Jésus entrait à Jérusalem, toute la ville fut en proie à l’agitation, et disait : « Qui est cet homme ? » Et les foules répondaient : « C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. »
Acclamons la Parole de Dieu.
Louange à Toi, Seigneur Jésus !
Homélie : (assis)
Comme j’aurais aimé moi aussi accompagner en acclamant Jésus assis sur l’ânesse. (Était-elle de la famille de l’âne dans la crèche ?), comme j’aurais aimé glorifier celui qui se présentait comme un Sauveur ! Tout est si décevant ici-bas. Tout ce qui semble faire que ce soit mieux ne peut qu’emporter mon enthousiasme.
Il faut que ça change, ça ne peut pas durer comme ça, mais que fait le Bon Dieu ? ...
Autant d’occasion d’être prêt à tout changer, tout bousculer.
Dans cet état d’esprit, dans ce fatras d’attentes où les besoins se perdent au milieu des désirs comme des caprices. Dans ce fatras où les priorités se perdent au milieu des opportunités, des distractions et des amusements. Est-ce bien le Messie que j’accueille ? N’est-ce pas plutôt une star de plus dans mon panthéon superficiel de modèles aux talents plus ou moins grands ?
Si c’est cela, …, mon emballement, mon exultation sans retenue, avec quelqu’un, le temps d’un soir, ne durera qu’un instant comme ça peut se faire un jour de fête. Une adhésion, une communion aussi intense que subite et momentanée que j’aurai rapidement regrettée, tout étonné d’avoir ainsi exagéré.
N’y a-t-il pas de cela dans l’agitation des habitants de Jérusalem ?
Oui bien sûr, ils avaient eu vent de ce Jésus, le galiléen qui savait remettre les saducéens et les pharisiens à leur place. Ils en avaient entendu parler de ses miracles, les nombreux miracles qu’on lui attribuait : l’eau en vin, des malades guéris, des possédés libérés, avec quelques pains il peut nourrir des foules … et il paraît qu’il a redonné la vie à un mort de quatre jours là-bas de l’autre côté du mont des Oliviers à Béthanie (Évangile de demain).
Quand on sait qui nous gouverne, on peut bien tenter avec celui-là !
N’est-ce pas ce genre d’adhésion superficielle qui s’exprime lors de l’entrée solennelle de Jésus à Jérusalem ? Mais moi ? Et toi ? Quelle est ta réelle motivation ? Pourquoi veux-tu accueillir Jésus ? jusqu’où adhères-tu vraiment à ce qu’il est ? « Pour toi qui suis-je ? » te demande-t-il ? Aurais-tu répondu à cette question, il est possible pourtant qu’au chant du coq tu l’auras renié par trois fois quand même (Évangile de mardi). Tout à l’heure tu as écrit, exprimé ton hosanna particulier, avant l’Évangile, tu n’as pas fait de préparation pénitentielle car si tu veux suivre Jésus, être son disciple, il est temps pour toi de quitter les faux semblants :
Toi qui sincèrement, n’en doute pas, voulait suivre Jésus, pour ne pas entrer en tentation comme le fit Judas (Évangile de mercredi) et trahir Jésus. Toi qui pourrais changer d’avis, parce que tu ne le comprends plus et qu’il ne fait pas advenir les choses miraculeusement comme tu imagines qu’il faudrait faire. Toi qui n’accepte pas qu’il faut passer par la mort avant de renaître à la vie et qui t’entendrais répliquer : « Arrière, Satan ! tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu ». Ne risques-tu pas de te joindre à la foule pour crier devant le palais des puissants : « Crucifie-le ! Crucifie-le ! » ?
Il est temps pour toi de quitter les faux semblants.
C’est pourquoi, en vue de se préparer aux étapes de la Semaine sainte, spécialement le Triduum, les trois derniers jours, il est possible de prendre le temps de réfléchir pour écrire ou/et dire comment, à quel(s) moment(s) je pourrais être à ma manière : celui qui trahi Jésus, celui qui crie contre lui, celui qui se moque de lui, lui crache au visage, cloue ses mains, joue au jeu son manteau, lui présente une éponge vinaigrée, le transperce d’une lance, …
N’ai pas peur de cet instant de vérité. Ce sont nos péchés qu’il est venu embrasser pour nous les pardonner. C’est ton regret et ta tristesse qui sera la mesure de ton coeur réceptif de son pardon. Parce que celui à qui il est pardonné beaucoup aura beaucoup d’amour pour celui qui lui pardonne.
Accepte de te présenter au pied de sa Croix Signe de l’Amour qui triomphe du péché du monde.
Que les jours qui viennent te fasse vivre et découvrir de quel grand amour Jésus nous a aimé : c’est Lui le Roi de Gloire !
Amen !
On prendra le temps de réfléchir pour écrire ou/et dire comment, à quel(s) moment(s) je pourrais être à ma manière : celui qui trahi Jésus, celui qui crie contre lui, celui qui se moque de lui, lui crache au visage, cloue ses mains, joue au jeu son manteau, lui présente une éponge vinaigrée, le transperce d’une lance…
Si les conditions de confiance le permettent on en fera une prière pénitentielle.
Profession de Foi : (Debout)
Ensemble disons : Je crois en Dieu, le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre ; et en Jésus-
Christ, son Fils unique, notre Seigneur, qui a été conçu du Saint-Esprit, est né de la Vierge Marie, a
souffert sous Ponce Pilate, a été crucifié, est mort et a été enseveli, est descendu aux enfers, le troisième
jour est ressuscité des morts, est monté aux cieux, est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant,
d’où il viendra juger les vivants et les morts. Je crois en l’Esprit-Saint, à la sainte Église catholique, à
la communion des saints, à la rémission des péchés, à la résurrection de la chair, à la vie éternelle. Amen.
Celui qui dirige la prière : Unis dans le même Esprit à tous les chrétiens du monde, nous pouvons dire
avec confiance la prière reçue du sauveur :
NOTRE PÈRE qui est aux cieux, que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit
faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour, pardonne-nous nos
offenses comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensé et ne nous laisse pas entrer en
tentation, mais délivre-nous du mal. Car c’est à toi qu’appartiennent le règne la puissance et la gloire
pour les siècles des siècles. Amen
Communion spirituelle
Celui qui dirige la prière : Ensemble, nous disons avoir haute cette prière composée par Mgr Raymond
Centene, l’évêque de Vannes :
« Seigneur Jésus, je crois fermement que Tu es présent dans le Saint Sacrement de l’Eucharistie.
Je T’aime plus que tout et je Te désire de toute mon âme.
« Après toi languit ma chair comme une terre assoiffée » (ps 62)
Je voudrais Te recevoir aujourd’hui avec tout l’amour de la Vierge Marie, avec la joie et la ferveur des
saints.
Puisque je suis empêché de Te recevoir dans le sacrement, viens au moins spirituellement visiter mon
âme.
En ce temps de carême, que ce jeûne eucharistique auquel je suis contraint me fasse communier à Tes
souffrances et surtout, au sentiment d’abandon que Tu as éprouvé sur la Croix lorsque Tu t’es écrié : «
Mon Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné ».
Que ce jeûne sacramentel me fasse communier aux sentiments de Ta Très Sainte Mère et de Saint Joseph
quand ils T’ont perdu au Temple de Jérusalem, aux sentiments de Ta Sainte mère quand elle Te reçut,
sans vie, au pied de la Croix.
Que ce jeûne eucharistique me fasse communier aux souffrances de Ton Corps mystique, l’Église,
partout dans le monde où les persécutions, ou l’absence de prêtres, font obstacle à toute vie
sacramentelle.
Que ce jeûne sacramentel me fasse comprendre que l’Eucharistie est un don surabondant de Ton amour
et pas un dû en vue de mon confort spirituel.
Que ce jeûne eucharistique soit une réparation pour toutes les fois où je T’ai reçu dans un coeur mal
préparé, avec tiédeur, avec indifférence, sans amour et sans action de grâce.
Que ce jeûne sacramentel creuse toujours davantage ma faim de Te recevoir réellement et
substantiellement avec Ton corps, Ton sang, Ton âme et Ta divinité lorsque les circonstances me le
permettront.
Et d’ici là, Seigneur Jésus, viens nous visiter spirituellement par Ta grâce pour nous fortifier dans nos
épreuves. Maranatha, viens Seigneur Jésus. »