Philosophie

Nicolas Berdiaev,

Pour un christianisme de création et de liberté


Paris, Éditions du Cerf, 2009, 2018, 140 p., textes rassemblés, traduits du russe et présentés par Céline Marangé.

> Pour commander l'ouvrage, cliquez sur ce lien.

Traduction de cinq essais sur la liberté religieuse et la créativité humaine, écrits par le philosophe russe Nicolas Berdiaev avant et après son émigration en France. Les essais sont suivis d’un glossaire des termes rares et des néologismes et précédés d'une introduction de C. Marangé.


Nikolái Berdiáiev,

Contra la indignidad de los cristianos. Por un cristianismo de creación y libertad.


Salamanque, Ediciones Sigueme, 2019, 158 p., traduction espagnole de Fernando Garcia-Baró Huarte à partir de l'édition française.

> Pour commander l'ouvrage, cliquez sur ce lien.

Quatrième de couverture

Penseur engagé dans son temps, Nicolas Berdiaev (1874-1948) ne cessa jamais d'affirmer sa foi en la liberté et la dignité de l'esprit humain. Il professait "un christianisme de liberté et de création, non d'autorité et de tradition" et prônait une conception mystique de l'Église. Dans les textes rassemblés ici, Berdiaev réfléchit à des questions philosophiques et religieuses qui, en plus de toucher au coeur de son oeuvre, demeurent d'une actualité brûlante : la signification de la liberté religieuse et de la liberté au sein de l'Église, la justification de Dieu face à l'immensité du mal et des souffrances humaines, l'importance du dévoilement de la nature créatrice de l'homme, qu'il oppose à la recherche du salut pour soi seul. Il s'interroge sur les défis posés par l'athéisme au chrétien désireux de défendre sa foi, mais honteux des abus commis au nom du christianisme à travers l'histoire, et explique pourquoi l'on devrait juger le christianisme à l'aune de ses préceptes, et non du comportement des chrétiens ou des errements de l'Église historique.

Quatre des cinq articles réunis ici sont inédits en français ; le cinquième n'est paru que dans les années 1930. Écrits à des moments cruciaux de l'existence de Berdiaev - peu après sa conversion, à la suite de son départ de Russie soviétique en 1922 et dans les premières années de son exil en France -, ces essais donnent à voir les idées-forces de sa conception du christianisme. L'introduction vise à situer l'oeuvre dans sa vie. Grâce à des sources inédites et souvent méconnues de ses biographes, en particulier le journal intime de sa femme et des articles difficiles d'accès, elle retrace le parcours spirituel de Berdiaev et expose son rapport à l'Église orthodoxe et ses compagnonnages intellectuels.

Sommaire

Présentation

De la liberté chrétienne

Salut et création, deux compréhensions du christianisme

L'idée de la divino-humanité chez Vladimir Soloviev

Quelques réflexions sur la théodicée

De la dignité du christianisme et de l'indignité des chrétiens

Glossaire des termes rares et des néologismes

Liste des oeuvres de Nicolas Berdiaev traduites en français

Recensions

. de Julien Lambinet, dans Revue Philosophique de Louvain, 2012, vol. 110-4, pp. 753-757. lien

. de Franck Damour dans Nunc. Revue pérégrine, n°23, février 2011, p. 101. lien

. de Laurent Gagnebin, auteur de Nicolas Berdiaeff ou de la destination créatrice de l'homme (Lausanne, l'Âge d'homme, 1994), dans la revue Évangile et Liberté, n°238, avril 2010, p. 22.

« Depuis une vingtaine d’années, aucun inédit en français de Berdiaev n’était paru. C’est dire l’importance de cette publication. Ce livre comporte cinq articles, dont un seul avait déjà été édité : De la dignité du christianisme et de l’indignité des chrétiens. Céline Marangé a rassemblé et traduit ces textes parus en russe entre 1910 et 1928. L’importance de ce petit livre (un peu plus d’une centaine de pages) vient surtout de ce qu’il offre au lecteur une approche synthétique des grands thèmes de ce philosophe. On retrouvera là des réflexions sur la liberté chrétienne, sur la vocation créatrice de l’être humain, vocation qui dépasse la préoccupation égocentrique du salut individuel et dont l’invention doit surprendre Dieu lui-même, sur la grande réalité (héritée de Vladimir Soloviev) de la divino-humanité qui caractérise, au-delà du Christ, toute l’humanité et la création entière, sur le scandale de la souffrance injuste « seule objection sérieuse à la foi en Dieu », sur la représentation intolérable d’un Dieu cruel et tout-puissant, sur le combat pour la réalisation dans l’histoire du Royaume de Dieu transfigurant la terre. Céline Marangé introduit ainsi sa "Présentation" qui situe remarquablement ces pages dans leurs différents contextes : "Philosophe de la liberté, Nicolas Berdiaev fut un homme révolté, assoiffé de vérité, en sédition constante contre l’autorité". »

Extrait du livre

« Le contenu positif de l’être est l’amour, l’amour créateur, l’amour qui transfigure. L’amour ne représente pas un aspect quelconque, isolé et particulier de la vie, l’amour est toute la vie, la plénitude de la vie. La connaissance est aussi une révélation de l’amour, de l’amour cognitif, de la fusion cognitive de l’aimant avec son objet, avec l’être, avec Dieu. La création de la beauté est aussi une révélation de l’harmonie de l’amour dans l’être. L’amour est une affirmation de la face aimée dans l’éternité et en Dieu, c’est-à-dire une affirmation de l’être. Mais l’amour pour Dieu est inséparable de l’amour pour le prochain, de l’amour pour la création divine. Le christianisme est un dévoilement de l’Amour divino-humain. Non seulement l’amour pour Dieu mais aussi l’amour pour l’homme me délivrent, c’est-à-dire transfigurent ma nature. L’amour du prochain, des frères, les actes d’amour font partie de la voie de mon salut, de ma transfiguration. L’amour pour les animaux et les plantes, pour un brin d’herbe, pour les pierres, pour les fleuves et les mers, pour les champs et les montagnes, fait partie de la voie de mon salut. Ainsi suis-je sauvé ; ainsi le monde entier est-il sauvé ; ainsi l’éclairement est-il atteint. La morte indifférence à l’égard de l’homme et de la nature, à l’égard du vivant, au nom de la voie du salut personnel, est une manifestation répugnante de l’égoïsme religieux, un dessèchement de la nature humaine […]. »