Carnets des Arpenteurs

De temps à autres, je posterai ici un bref récit prenant place dans mon univers. Si vous avez soif d'encre, faites moi part de vos idées mais surtout, méfiez vous des vampires...

Juin 2013 /Dragonites /Tanéfloc

Tanéfloc est un eldritch astroush dont la plus grande découverte est l'invention du miroir. L'idée lui serait venue lorsqu'il se regardait dans sa surface miroitante d'un lac, et lui aurait été soufflée par Forecer, le créateur du reflet et de l'imitation. Son génie étant alors peu reconnu des siens, Tanéfloc proposa plutôt son invention aux elfes, dont il admirait la beauté. Il fit alors don à une reine elfe du Miroir de l'âme, plus tard connu sous le nom de Miroir du Roi Némée lorsque la reine l'offrira à son tour aux Hommes pour célébrer leur alliance. En retour de ce présent merveilleux, les elfes accordèrent à Tanéfloc un accès exceptionnel à l'immortalité, ce qui lui permit de traverser les millénaires. Durant la Guerre, Tanéfloc se positionna contre les dieux, toujours reconnaissant vis à vis du créateur Forecer. Grâce à son fabuleux miroir, il était le seul à voir leur véritable nature et entreprit donc de construire un miroir gigantesque, qu'il braqua sur la citadelle des dieux sur Esdragon. Il tira le célèbre rayon du miroir de Tanéfloc mais fut alors trahit par une de ses disciples, une elfe ambitieuse qui le tua et brisa son miroir. Les éclats se répandirent sur le monde et la légende veut que c'est ainsi que les races mortelles découvrirent la formule du miroir. Certains prétendent que Tanéfloc n'est pas mort, qu'il aurait créé en cachette un autre miroir, qu'il serait parvenu à traverser pour rejoindre le monde céleste de Tesseth, dont les seuls portails connus prennent aujourd'hui la forme de miroirs. Quoiqu'il en soit, sa disciple a tenté vainement de reproduire le miroir de l'âme, ne parvenant qu'à créer un miroir d'opposition de par une erreur fatale dans l'assemblage du miroir : certaines pièces furent montées à l'envers. Victime du pouvoir de son miroir, la disciple fut alors happée dans les ténèbres, et remplacée par le vampire d'encre qu'elle avait créé en se contemplant dans la glace.

Juin 2013 /Dragonites /Les Féoghiniennes

Il était un temps où l'existence elle-même n'existait pas, un temps où le cosmos n'avait de nom, car il n'existait nulle créature pensante pour songer à le nommer. En fait, il était tout et englobait tout, si bien que nul n'aurait imaginer donner un nom à ce néant. Il comprenait le tout et le rien à la fois, l'origine et la fatalité. Son existence n'est rien d'autre qu'un cycle qui se répète sans fin, inlassablement, jusqu'à ce que l'artiste soit parfaitement satisfait de son œuvre. Mais cela est impossible et, à chaque fois, une nouvelle ébauche précède et suit le néant. C'est la phase zéro, le moment où le créateur s'interroge sur ce qu'il a fait et ce qu'il va faire, où il révise son script en vue de l'Histoire à venir car, il le sait, une fois lancée, il ne pourra revenir en arrière et tout doit être parfait.

Comprenez bien par là que je ne vous parle pas d'un dieu, je vous parle d'une facette, d'un aspect revêtu, et bientôt échangé contre un autre. Je vous parle d'une recherche de la personnalité, du moi au travers de l'œuvre. De quelqu'un, quelque chose, qui avait tout prévu, tout planifié de ce qui arriverait, sans pour autant être en mesure de le changer en cours de route. L'artiste qui crée, et observe ensuite son œuvre en fonctionnement, pour en saisir les faiblesses et les imperfections.

C'est de cet être que notre histoire traite, de cet être et d'une de ses œuvres en particulier, baptisée « projet Dragonites ». Ne saisissant pas la signature du tableau, on en a donné le nom à son auteur et, pour mieux le comprendre, on lui a donné une forme, une vie et une personnalité. On l'a rendu accessible pour s'approprier son œuvre, mais trop souvent on oublie qu'on en est plus un figurant qu'un spectateur.

Des hommes ont de tout temps cru en des dieux, ou en Dieu unique, certains pensent connaître Dragonites, mais en préfèrent un autre. Tous vénèrent et sans le percevoir, ce n'est pas la façon dont il le font, ni la destination de leur vénération qui importe. Seul ce simple fait compte, et vient renforcé le monde de Dragonites : ils vénèrent, ils croient, ont foi en quelque chose et qu'importe le nom qu'ils lui donnent, il s'agira toujours de Dragonites.

Parce que l'ont peut aisément imaginer les couleurs, mais qu'il nous est impossible de les appliquer à la toile sans pinceau. Parce qu'ont peut rêver la liberté mais qu'il nous est impossible de la saisir tant qu'on admet pas réellement y croire et qu'on emprisonne ses convictions avec des termes comme rêves ou souhaits. Parce qu'il n'y a qu'une force véritable. La volonté. La seule force au monde capable d'ordonner à la fois au corps, et au monde qui nous entoure, à nos rêves d'exister, ou de rester des rêves.

Juin 2013 /Jungle /Le lancement

19 h 30 sur le studio.

Le soleil se couche sur l'horizon, offrant une magnifique vue depuis le quartier céleste de Néos. Alors que la plupart des néosiens regagnent leurs logements, le studio REV Incorporation est en effervescence Tout est prêt depuis des mois mais aujourd'hui, c'est le grand jour. Pour la troisième fois consécutive, toutes les vérifications sont effectuées. Les développeurs vérifient leurs programmes, les machinistes s'assurent du bon fonctionnement des pièges, tandis qu'un responsable des effets spéciaux explique une dernière fois le timing des éclairages et brouillards à Pellen McFury, futur présentateur de Jungle.

Jungle.

La téléréalité du futur. L'avenir aujourd'hui. La promesse d'un monde meilleur. Voilà plus de 10 ans que le projet était apparu, donnant par la même naissance au studio REV, entièrement financé par un grand savant devenu milliardaire, le professeur Dragonites. Il est aujourd'hui encore propriétaire du studio, et détenteur officiel du concept même de Jungle. Pour mener à bien son rêve fou, il s'était associé aux plus grands. Parmi eux, l'éminent psychanalyste de l'institut d'Ollit, le docteur Abelfort Ambrosius.

La tension atteignit son paroxysme lorsque le professeur fit irruption dans la salle des commandes. Tout devait être parfait. Cela faisait 10 ans qu'il travaillait là-dessus et tout devait être parfait. La moindre erreur, la plus infime défaillance et l'immersion serait brisée.

A la hâte, le scénariste acheva de relire la dernière ligne du script. Enfin prêt à affronter l’œil critique de celui qui était à l'origine de tout, il se retourna. Il n'avait marqué qu'une infime hésitation mais, pour le grand savant qu'était Dragonites, c'était un grave signe de faiblesse.

"Quelque chose ne va pas ? demanda-t-il.

-Tout est en ordre, répondit l'autre, reprenant assurance.

Toujours assis, il lui remit l'unique exemplaire du script puis conclut :

-Nous sommes prêts".

Juin 2013 /Jungle /2 Néos

Il y avait bel et bien deux Néos.

Le beau Néos, resplendissant, celui des riches. Celui-là même que la télévision montrait chaque jour, pleine d'un orgueil hypocrite. Des façades de marbre, éclairées jour et nuit par des lustres de cristal finement ciselés. Des fleurs qui inondent les gigantesques résidences suspendues. Un Néos agrémenté d'un leurre végétal qui se voudrait crédible : de somptueux parcs aux larges avenues, bordées de bassins aux eaux translucides, habitées de poissons colorés. Un Néos de complots, de traîtrise et de clans qui jour après jour, décide de l'avenir de l'autre Néos.

Et puis il y avait cet autre Néos. Le Néos de l'ombre. Celui des pauvres. De tous ou presque en fait.

Quand on est confronté à pareil monde, il y a deux réactions possibles. Bien sur, la facilité : abandonner, se laisser aller à une vie de débauche. Déambuler de bar en bar, mendier comme on peut aux portes des beaux quartiers pour ensuite jouer ses maigres gains à la machine à sous. Et puis, il y a l'autre option. Celle des survivants, celle de ceux qui choisissent coûte que coûte de combattre, de rester debout malgré tout. L'option de ceux qui croient qu'il n'y a pas de fatalité.

Juillet 2013 /Dragonites /L’œil de Garada

Garada était un puissant magicien espion, qui s'est rendu victime d'une grave trahison. En punition, il fut emprisonné dans le palais d'un sultan mirage, et ses yeux furent arrachés et conservés par le sultan comme rappel de sa traîtrise. Cependant, la légende veut qu'il ait auparavant lancé un sort à ses geôliers, et continue depuis à voir par ses yeux depuis l'au-delà, d'où l'on prétend qu'il maudirait ses juge (mauvais oeil) et attendrait son heure, continuant à s'informer des moindres faits et gestes du palais et se passant de génération en génération telle est une relique.