3. Nos axes d'étude

*Ars longa, vita brevis : les problématiques que nous avons choisi d’aborder à la Schola Draconis :

**Le choix des sources historiques :

Le champ d’étude des AMHE étant particulièrement vaste, puisque couvrant plusieurs siècles de temps et une immense variété d’armes, de techniques, et d’auteurs, nous avons choisi de nous focaliser, dans un premier temps, sur certains des traités allemands rattachés à l’Art du Combat, le «Kunst des Fechtens» (c'est-à-dire les glosateurs du poème en vers d’apprentissage, les «Zettel», composés par un nommé Johannes Liechtenauer), appartenant au début de la période, soit ceux couvrant une époque comprise entre les années 1380 (env.) et 1500 (env.). Nous avons entamé notre étude par les traités suivants :

Le «Hausbüch» attribué à Hanko Döbringer (c. 1389 (?)),

L’anonyme et fascinant «Codex Wallerstein» (dont on pourrait toutefois discuter l’appartenance au groupe précédemment défini, puisqu’il ne fait pas partie stricto sensu des gloses de Liechtenauer),

Les quatre traités attribués à Sigmund Ringek, Peter Von Danzig, Judd Lew (le Juif converti nommé : Lion), Hans Von Speyer (c. 1440 - c. 1490) (groupés en «tétraptyque» par nos collègues de l’ARDAHME, et repris récemment avec Döbringer dans l’excellent «manuel d’escrime» des AMHE du Maine),

Le traité de Paulus KalIn service of the Duke») (c. 1470),

Les traités de Hans Talhoffer (1443, 1459, 1467), plus particulièrement celui de l’année 1467,

Le «Kunste zu Ritterlicher Were» de Peter Falkner (c. 1495).

Il est à noter que l’étude de chacun de ces traité possède ses propres écueils, puisque chaque auteur (ou supposé tel) possède ses propres idiosyncrasies, et que les objectifs auxquels ces traités répondent peuvent être divers ; par exemple, on peut concevoir que des traités probablement destinés à servir de «réclame» à but mercantile tels que ceux de Kal et de Talhoffer ne présenteront pas l’intégralité de l’Art du maître.

Note importante concernant les auteurs présumés des traités : nous sommes bien conscients du fait que les véritables auteurs et/ou compilateurs des traités attribués par exemple à «Hanko Döbringer» ou «Sigmund Ringek» sont bien souvent anonymes ; toutefois par souci de lisibilité, dans la suite du texte nous nous réfèrerons pour désigner l’auteur ou le contenu du traité «Ms 3227a» à «Döbringer», nous emploierons «Wallerstein» à la place de «l’auteur anonyme du Codex Wallerstein», etc.

Nous avons également débuté l’étude d’autres traités (représentant d’autres traditions martiales), tels ceux de l’italien Fiore dei liberi (lutte, dague, épée longue), de l’espagnol Diogo Gomes de Figueiredo (sur la «Montante», l’épée longue à deux mains espagnole), et nous avons abordé très succinctement le combat au Messer (avec le «Glasgow Fechtbüch»), toutefois il ne s’agit là pour l’instant que de défrichages préliminaires…

Cette année, nous avons effectué une nouvelle transcription/traduction/réinterprétation des pièces à l’épée longue tirées du «Codex Wallerstein», ce qui n’a pas été sans nous réserver un certain nombre de surprises :

** L’épée longue du «Codex Wallerstein» transcription, traduction et réinterprétation (nous avons travaillé à partir du Codex original, accessible depuis le site internet de l’Universitätsbibliothek d’Augsbourg, des travaux pionniers de Gregor Zabinski et Bart Walczak, et également de la transcription et de la traduction en français moderne, plus récente et nettement plus pertinente, de Philippe Errard de l’ARDAMHE, "das im got genädig seÿ").

Puisque nous avons basé notre travail à la fois sur une nouvelle transcription/traduction du texte, sur l’analyse des images en parallèle au texte (nous nous sommes donc aussi livrés à un dépistage systématique des assez nombreuses erreurs de représentation ou possibles «conventions de représentation» présentes), et enfin, sur la comparaison croisée entre des textes et des images tirées de pièces se précédant ou se suivant, notre réinterprétation finale est extrêmement différente des tentatives de recréation contemporaines «habituelles», qui nous semblent exclusivement basées sur une lecture beaucoup trop hâtive et simpliste des images seules du Codex Wallerstein (Entre autres: Hammaborg et imitateurs). Notre opinion à ce sujet demeure toutefois, et bien naturellement, ouverte au débat ;).

** En 2013, nous avons plus particulièrement étudié le MS 3227a, ou "Codex Döbringer" et nous avons extrait de ce travail une réinterprétation des coups techniques "Schielhau" et "Durchwechsel", qui a fait l'objet d'une présentation lors de l'AMHEIDF 2013. Lien Youtube : http://www.youtube.com/watch?v=y5GUDj33cTg