Bernard, sous l'oeil d'Hector ( Pourquoi Berlioz ?) A lire...
Bernard nous a accompagnés depuis la reprise de notre association à l'automne 1997 en tant que représentant de la direction, membre de droit. Présent à nos réunions de CA il nous prodiguait ses conseils et nous informait de la vie réelle de notre école. Les membres, anciens et amis de notre association ne peuvent que le remercier pour sa constance depuis 20 ans ! Avec Roland Blampey et Denis Szypzak nous avons pu naviguer en bonne compagnie.
François est allé "interroger" Bernard avant qu'il ne parte à la retraite (Voir le compte rendu de son départ). Un homme de conviction certes mais aussi un personnage très attachant pour qui l'amitié est une notion importante et qui a consacré une grande partir de sa vie à l'ECA, notre école, au détriment (j'en suis convaincu) de sa vie de famille.
1- A l'origine...
françois f- Comment es-tu arrivé à l'ECA ?
bernard b- Par le plus grand des hasards ! Je faisais de la planche à voile sur le lac d'Annecy. On était toute une équipe et dans cette équipe il y avait la cousine de Roland Blampey. C'était à la plage d'Albigny...
ff- Une parenté (Aline) de Roland Blampey, mais tu ne connaissais pas Roland à l'époque !
bb- Pas du tout ! On avait tous autour de 25 ans et je sortais de l'enseignement public où j'étais maître d'internat, puis professeur remplaçant. J'avais décidé d'arrêter l'enseignement après quelques années pour rentrer dans l'industrie et j'avais postulé chez une grosse entreprise d'Annecy qui m'avait retenu avant de donner le poste à une personne mutée depuis Paris. Je me suis retrouvé sans emploi et Roland, qui était sur la plage, lors d'une conversation me dit qu'il avait une place. Je lui dis "Pourquoi pas !". "Eh bien passe à la maison, à l'apéro et on en discute". Cela se passait comme cela à l'époque !
ff- Mais il savait que tu étais un ancien enseignant ?
bb- Dans la conversation Roland, jeune directeur à l'époque m'avait demandé ma situation.
ff- Roland était déjà directeur ?
bb- Il venait de prendre ses fonctions en remplacement du père Roubert qui partait à la direction diocésaine.
Il me dit avoir une place d'enseignant en mécanique et bien qu'étant moi même professeur de dessin industriel, me répond que cela n'est pas l'essentiel et que "vous y ferez bien, vous verrez !"
ff- Mais ta formation de base, qu'elle est t-elle ?
bb- C'est le dessin industriel. Donc je lui réponds: "monsieur j'apprécie mais je veux être franc avec vous. Je ne vais pas m'engager à 100% parce que j'ai décidé de rentrer dans l'industrie donc dans 3 mois si je vous dis "j'arrête" ne vous étonnez pas". Et là il me sourit et je comprends maintenant pourquoi ce sourire car j'ai embrassé le projet de l'ECA et je ne l'ai jamais quitté et cela fait 38 ans !
ff- Il était persuadé que tu allais rester !
bb- Je ne sais pas mais quelque part il se disait "Attends mon coco" !
ff- Donc tu es revenu dans l'enseignement alors que tu l'avais quitté ...
bb- J'avais quitté l'enseignement car je savais que j'avais une carrière à faire dans l'industrie et j'étais vraiment déterminé mais je ne voulais pas faire n'importe quoi et j'avais des propositions dans la vallée de l'Arve.
Je lui ai dit oui et je suis resté.
ff- Tu as fait qu'elles écoles ?
bb- J'ai fait un bac à Chambéry puis un BTS et j'ai poursuivi par des études d'enseignement pédagogique à l'université.
La 1ere année à l'ECA j'ai travaillé avec Roland Bertrand et dès la 2e année en 1979 Roland m'a mis, suite au départ d'un professeur vers l'IUT, dans mon poste de dessin industriel. En 1984 j'obtiens le concours externe national (Capes) obligatoire pour être titulaire. Ce n'est pas le même statut que maître auxiliaire, financièrement également car tu as une carrière plus progressive. Tu es intégré dans le corps des "Capésiens" et tu évolues au delà du 11e échelon jusqu'au hors classe que j'ai obtenu il y a 6-7ans.
Je suis devenu directeur des études et ensuite directeur adjoint et en 2004 quand les sections BTS sont parties à st Michel, j'ai rejoints le lycée en tant que chef des travaux.
ff- Tu t'es partagé entre l'ECA et st Michel.
bb- J'étais directeur adjoint à l'ECA et chef des travaux à st Michel devenu plus tard directeur des formations technologiques et professionnelles (directeur délégué à ces formations).
A st Michel je suis resté 1 an et je suis revenu à l'ECA comme directeur délégué à plein temps en 2006 jusqu'à aujourd'hui.
ff- On a là ton parcours à l'ECA. J'ai noté que tu as connu 3 directeurs.
bb- J'ai connu Roland Blampey et Denis Szypzak.
ff- Tu as croisé le père Roubert ?
bb- En fait le père Roubert était directeur diocésain de l'enseignement catholique et il m'appelait régulièrement pour l'accompagner à des réunions pédagogiques sur l'enseignement et il m'a fait rentrer au Codgec, comité diocésain de gestion, je pense sur proposition de Roland Blampey, car celui ci considérait que j'étais certainement "l'homme de la situation" et qu'il y avait toujours cette filiation entre le père Roubert et l'ECA.
ff-Tu as donc connu 2 directeurs. Aujourd'hui, tu peux nous dire les qualités principales de Roland et Denis ?
bb- Je peux le dire mais en off ! (Nota: Bernard me dira différentes péripéties qui ont "perturbé" son évolution au sein de l'ECA) ceci dit il a apprécié:
Pour Roland : travailleur et opiniâtre et des qualités humaines que j'ai rarement vues. Humaniste exceptionnel comme un peu le père Roubert. Il aurait pu être curé !
ff- Mais toi aussi !
bb- ...Pour Denis, un épicurien de la vie.
2- Un homme de foi (en l'élève...)
ff- Ton entourage reconnaît tes valeurs humaines et toi même tu mets en avant tes valeurs chrétiennes. Pour toi il est important de porter ces valeurs auprès des élèves ?
bb- C'est pour moi essentiel. C'est ce que l'on appelle "l'évangélisation" chez nous les "cathos". Mais elle ne peut se pratiquer de cette manière, en tous cas sous ces termes dans le contexte, mais seulement par l'exemplarité.
ff- mais tu les affiches !...
bb- A l'école, nous avons des professeurs de différentes confessions, ils cohabitent bien avec ça, de fait leur neutralité est de mise. Ce que j'affiche, c’est une évangélisation que j'ai essayée de pratiquer toute ma vie. Mon message n'est pas la voie que l'on retrouve dans les "livres de messe" mais une représentation humaine de la foi. Ça se traduit par une posture exemplaire, avec une vision charismatique de la transmission, avec l'autorité et la probité dévolue à la mission d’éducation. Concrètement, les décisions que l’on peut prendre qu'elles soient fermes, parfois dures, seront toujours justes. Et à partir de cet état de fait, si le jeune est sanctionné, il ne devra pas nourrir de haine à l’encontre de l’institution.
ff- Il n'y a pas d'ambiguïté ?
bb- Il aura eu le parcours de la 2ème chance, il n'est pas banni à la première faute, il y a eu la phase de moralisation. S'il récidive l’institution n’est plus à même d’apporter une réponse formatrice. Dans ces conditions là, malgré l'amertume de l'échec, l’apprenant ne peut pas crier à l'injustice et, à la limite, c'est salvateur pour lui sans qu’il en ait conscience sur l’instant. La prise de conscience des interdits se fera à postériori. L’école est là pour ça.
ff- Quand les parents sont défaillants, les enseignants prennent la relève ?
bb- Tout à fait. Les mentalités ont évolué et les parents ne peuvent plus sévir quand le jeune fait une bêtise, c'est très compliqué pour eux. Pour moi le terme "exemplarité" est la définition de l’apprentissage au sens noble du terme.
ff- Je te repose la question sur Hector Berlioz en tableau sur le mur de ton bureau, qui n'est pas très connu des Français mais plus par les Allemands.
bb- Ce n'est pas Berlioz et la musique classique qui est important. Berlioz était originaire de la Côte st André, fils de bourgeois...
ff- J'ai cru comprendre qu'il était anticlérical...
bb- Il était en rébellion à l’égard de ses parents.
ff- Mais pourquoi Berlioz dans le bureau d'un directeur de l'enseignement catholique ?
bb- Un jour je lisais la biographie de Berlioz et sur la couverture du livre sa photo. Or, un professeur de dessin d’art avait proposé à ses élèves de réaliser une oeuvre, un objet pour lequel j'ai été sollicité pour la thématique. Quelques mois après, en fin de la scolarité du groupe, les jeunes m'ont offert ce tableau, fait par collage, à mon attention mais sans relation avec la musique classique !
ff- Tu as alors redécouvert Berlioz ?
bb- Je l'avais étudié précédemment mais le seul lien avec Berlioz est ce tableau réalisé par les jeunes de l'école. D'ailleurs je pars avec !
ff- Tu as consacré une grande partie de ta vie à l'école.
bb- 38 ans ! Je suis arrivé en 1979...
ff- Je suis un peu ému mais as-tu eu une vie de famille pendant toute cette période ?
bb- C'est ma vie personnelle (Bernard me livre quelques épisodes de sa vie "secrète"- en off me dit-il...). Nonobstant, mon parcours n’a rien de sacrificiel. Pas davantage impacté par des traumatismes ataviques.
ff- Est ce que tu es un célibataire endurci ou c'est la vie avec ses malheurs qui t'a endurci ?
bb- C'est plutôt vrai et l'école a certainement suppléée quelques manques. Mais l'école ne m'a pas volé ma vie affective et sentimentale. Ce serait mentir et discriminant de l’affirmer. Je n’ai pas de compte à régler avec la vie, elle a été plutôt généreuse avec moi.
ff- Alors la retraite tu vas la connaître, c'est souvent un moment privilégié, as-tu des engagements au niveau de l'école ou d'une association ?
bb- J'ai un engagement avec l'association foncière, propriétaire de l'ECA, (N: Association du Buisson) j'en suis secrétaire et trésorier. C’est un espace de réflexion et d’études du devenir de l’ECA. Je suis également membre de la tutelle diocésaine au côté du directeur diocésain.
ff- Tu habites ST Jorioz. As-tu été sollicité localement ?
bb- Pas localement mais j'ai été approché par une EPHAD et d’autres mouvements citoyens...mais mes priorités pour l’heure seront les dossiers qui concernent l'avenir de l'ECA et sa délocalisation qui est envisagée. Je ne dois pas me disperser ! Mais je saurai également "tourner" la page et occuper la place qui est la mienne aujourd’hui.
Bernard au micro de François
Bernard Brachet
Questionnaire de Proust
Ma vertu préférée: L'humilité
La qualité que je préfère chez l'homme:
Etre un mec ! (masculinité si ce terme existe !)
La qualité que je préfère chez la femme:
la féminité
Ce que j'apprécie le plus chez mes amis:
La fidélité
Mon principal défaut: La rancoeur
Mon occupation préférée: Ma maison
Mon rêve de bonheur:
partir sans regret ni remord
Quel serait mon plus grand malheur ? : ...(joker)
Ce que je voudrais être:
Un exemple
Le pays où je désirerais vivre:
L'Italie (du nord !)
La couleur que je préfère: Blanc et Noir
La fleur que j'aime: La jonquille
L'oiseau que je préfère: l'Aigle
Mon poète préféré: Rimbaud
Mon compositeur préféré: Verdi
Mes héroïnes dans l'histoire: Simone Veil...
Mes peintres favoris:
Raphaêl, Léonard de Vinci
Ce que je déteste par dessus tout:
L'Obséquiosité
Personnage historique que je m'éprise le plus:
Hitler
Le fait militaire que j'admire le plus:
La bataille de Lepante
La réforme que j'estime le plus:
Les droits de la femme
Le don de la nature que j'aimerais avoir:
La renaissance !
Comment j'aimerais mourir ? :
Sans souffrance dans mon lit
Etat d'esprit actuel: Serein
Faute qui m'inspire le plus d'indulgence:
La jalousie
Ma devise:
Franchise; droit dans mes bottes!
Mes héroïnes dans l'histoire :
...
Mes héros dans la vie actuelle ?
Non je n'ai pas de héros !
Ce que je déteste par dessus tout :
L'obséquiosité, je ne supporte pas !
Quelle question aurais tu souhaité que je te pose ?
Et Dieu dans tout ça ?
Mais cela demanderai 3 pages...
La relation à la foi c'est un doute perpétuel