Remerciement à Sam Fuller (Texte anonyme)

5 h30 : d'abord cette nuit qui se déchire, cette nuit qui finit et ce jour dont on ne sait si il se couchera.

21 ans, l'idéal dans sa tête, l'envie d'en découdre, d'aller tuer la bête dont on ne sait pas encore combien elle est immonde.

De Worcester, Massachusetts au camp d'entrainement de la 1ere division d'infanterie, passé de l'enfance à l'âge d'homme.

Puis l'Angleterre, premier contact avec ce continent européen qui a vu naître et mal vivre tant des siens.

Continent fui, abandonné et que pourtant, on veut libérer...

5 h45 : Balloté par la mer, dans ce bateau plat, quelles images reviennent en mémoire, juste avant que ne tonnent les canons amis ?

Celles des beuveries de casernes ? Celles de Mary Jane, enlacée à la sortie de ce bar sur Picadilly ?

Celles de ce père, de cette mère étourdis de travail dans cette Amérique des temps de crise ?

Samuel Fuller ne le dit pas, tout entier livré à sa rage.

Il est 6 h28, à l'orage énorme succède un calme étrange, irréel, effrayant ...

6 h29, 30 secondes : seul Dante a décrit ce moment, huitième cercle de l'enfer...

Samuel ne le sait pas encore, hélas, il verra dans quelques mois le 9eme, plus terrible encore à Falkenau ...

6 h30 : déjà plus de 200 copains au tapis, l'eau glacé, le sol improbable auquel les pieds s'accrochent,

mètre après mètre,

sang avant sang,

un homme meurt à ses vérités qu'il croyait acquises.

Un soldat est né, humain... trop humain.

Ce jour sera long, comme les trois cent trente autres qui suivront.

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Merci à toi Samuel (Fuller) et à tes camarades !