Note importante
Ce projet est en cours de développement. Vos contributions nous aideront à le perfectionner.
Vous avez testé nos outils ? Partagez votre avis et aidez-nous à les améliorer !
Ce projet est en cours de développement. Vos contributions nous aideront à le perfectionner.
Organiser un processus participatif est un projet exigeant et de longue haleine, pouvant parfois soulever des défis variés. Heureusement, vous avez entre les mains – ou sous les yeux – un guide qui vous permettra d’anticiper et d’éviter les obstacles liés à l’inclusivité de votre projet. Ce guide, accompagné de sa mindmap, a été conçu pour vous soutenir dans cette démarche aidant à surmonter les obstacles à l’inclusivité.
La mindmap propose, en premier lieu, des questions essentielles pour évaluer les besoins et anticiper les défis liés à l’inclusion. Ce guide vient ensuite approfondir ces questions, en présentant les différents groupes à prendre en compte, leurs besoins spécifiques et des actions concrètes pour renforcer leur participation.
Pourquoi porter une attention particulière à l’inclusivité ? Parce que plusieurs catégories de citoyens, comme les personnes en situation de pauvreté, les enfants et les jeunes, les personnes à mobilité réduite ou en situation de handicap, sont trop souvent sous-représentées dans les projets participatifs. Leur exclusion limite non seulement leurs droits, mais prive également le projet d’une diversité cruciale de points de vue. Inclure ces perspectives enrichit le processus et renforce la légitimité des décisions. Nous avons identifié 13 groupes ayant besoin d’une attention particulière, nous les présentons ci-dessous en expliquant les difficultés qu’ils rencontrent. Lors de la définition de votre projet, il est primordial d'identifier les groupes qui gagneraient à être inclus.
Adopter une démarche inclusive demande du temps et peut représenter un certain coût, mais cela est essentiel pour garantir l'exercice des droits de chaque citoyen·ne, en permettant à chacun·e de participer pleinement, de s’épanouir dans la vie publique et de renforcer son sentiment d’appartenance à la société. Nous vous proposons de nombreuses solutions pratiques en matière de conception de processus, d’accessibilité des lieux, de soutien à la mobilité des participant·e·s, d’utilisation du numérique, de communication inclusive et d’avantages à prévoir pour les participant·e·s. Il est possible que toutes ces solutions ne soient pas adaptées à votre projet : identifiez celles qui répondront au mieux aux besoins de votre public. Si toutes les pistes ne peuvent être mises en œuvre, priorisez celles qui auront le plus d’impact pour une inclusion significative.
Le lecteur attentif ne manquera pas de remarquer certains recoupements, parfois perçus comme des répétitions, qui se révèlent toutefois nécessaires pour explorer en profondeur les différents aspects de l’inclusivité et pour souligner les interconnexions entre les thèmes abordés dans ce guide.
Chaque groupe cible présente des besoins et des enjeux spécifiques qui, s’ils ne sont pas correctement identifiés et pris en compte, risquent de les éloigner des processus participatifs, les rendant invisibles ou marginalisés. Qu’il s’agisse de barrières physiques, linguistiques, sociales ou numériques, ces obstacles peuvent empêcher une participation pleine et active de certains publics. L'inclusion active de ces groupes dans les démarches participatives ne se contente pas de corriger ces inégalités ; elle renforce également la légitimité des décisions prises et garantit que celles-ci soient plus représentatives de la diversité des perspectives et des besoins de l'ensemble de la société.
Notre guide vous propose une liste non exhaustive des publics souvent marginalisés dans les processus participatifs. L'objectif est de vous fournir les clés pour identifier ces publics dès le début de vos démarches et intégrer des actions concrètes afin de les inclure activement dans vos processus, garantissant ainsi une participation plus équitable et plus inclusive.
Les enfants représentent l'avenir et sont directement affectés par les décisions à long terme, notamment en matière d'éducation, d'environnement et de planification urbaine. Toutefois, ils sont souvent exclus des processus décisionnels, car on estime à tort qu'ils manquent de maturité ou de connaissance des enjeux. Cependant, leur perspective est unique, car ils sont capables de percevoir les problèmes sous des angles inattendus. Les enfants sont également très créatifs et apportent des solutions novatrices. Inclure les enfants permet d’avoir une vision plus globale des besoins de la société et de les sensibiliser dès leur jeune âge à la citoyenneté et à la participation démocratique.
Les jeunes, souvent perçus comme désengagés, sont pourtant les acteurs d’aujourd’hui et de demain. Ils sont touchés par des problématiques spécifiques, telles que l’accès à l’emploi, la formation, le logement, les questions environnementales ou les opportunités économiques. Pourtant, ils se sentent souvent marginalisés par les processus politiques et institutionnels, qui ne leur offrent pas toujours un espace adapté pour exprimer leurs opinions. Les jeunes apportent une perspective dynamique et innovante sur les enjeux actuels et futurs. Ils sont également des vecteurs de changement dans les communautés et peuvent influencer des décisions cruciales pour l’avenir de la société.
Les parents solo doivent jongler avec plusieurs responsabilités, telles que l'éducation des enfants et le maintien de leur foyer, souvent avec des ressources limitées. Ils subissent une charge mentale et une pression qui limitent leur disponibilité et leurs opportunités de participation. Les décisions concernant les services publics, l’éducation ou l’aide sociale impactent directement leur quotidien. Leur inclusion garantit que les processus participatifs prennent en compte les contraintes spécifiques des familles monoparentales, en particulier dans des domaines liés à l’accès aux services.
Les personnes âgées sont souvent exclues des discussions parce que la société se concentre davantage sur les travailleurs actifs. Pourtant, elles possèdent une expérience de vie riche et sont directement concernées par des questions telles que la santé, le logement, la mobilité et la vie en société. Les barrières physiques (mobilité réduite, isolement) ou numériques (fracture technologique) peuvent les empêcher de participer pleinement. Le vieillissement de la population nécessite de penser des politiques adaptées aux personnes âgées, et leur implication permet d’anticiper leurs besoins. En intégrant ce groupe, on s’assure que les services et infrastructures répondent à leurs attentes, et on les valorise en tant que citoyens actifs.
Les personnes à mobilité réduite (PMR) incluent un large éventail de personnes : celles en fauteuil roulant, mais aussi celles avec une canne, des béquilles, les parents avec poussette, les femmes enceintes ou les personnes âgées. Selon l’AVIQ, un tiers de la population belge est considérée comme PMR. Les personnes à mobilité réduite font face à des obstacles physiques dans leur quotidien qui peuvent limiter leur accès aux services publics, aux espaces de rencontre ou à des processus participatifs organisés en présentiel. Les infrastructures mal adaptées et la sous-représentation de leurs besoins aggravent leur exclusion. Garantir leur participation permet de concevoir des espaces et des politiques véritablement inclusifs, adaptés à tous les citoyens, sans distinction de mobilité. Leur implication directe est essentielle pour identifier les lacunes dans les infrastructures et dans la conception des projets publics.
Le handicap peut être visible (comme une déficience motrice ou sensorielle) ou invisible (comme des troubles mentaux ou des maladies chroniques), temporaire ou non, et chaque situation entraîne des besoins spécifiques. Souvent, les environnements physiques et sociaux ne sont pas adaptés à ces personnes, ce qui les exclut de la participation publique. Les personnes en situation de handicap représentent une part significative de la population (9% selon Statbel) et sont directement concernées par les politiques publiques en matière d'accessibilité, de santé et d’inclusion. Les inclure dès le début des processus permet d’assurer que les solutions mises en œuvre répondent à leurs besoins divers.
Les personnes vivant dans la pauvreté sont souvent marginalisées et manquent de ressources pour participer activement aux processus publics. Elles subissent des barrières financières, sociales et parfois géographiques qui limitent leur accès aux opportunités de contribution. Les décisions concernant le logement, l’accès aux services publics, l’emploi, la transition écologique et l’aide sociale affectent profondément les personnes en situation de pauvreté. Leur inclusion permet d’assurer que les politiques publiques répondent aux réalités quotidiennes des plus précaires et de lutter contre leur marginalisation.
La transition vers des processus participatifs de plus en plus numériques exclut les personnes qui n'ont pas d'accès régulier à Internet ou qui ne maîtrisent pas les outils technologiques. Dans un monde où la communication et l'accès à l'information sont majoritairement numériques, il est crucial de prendre en compte ces personnes pour éviter leur exclusion des processus démocratiques. Leur inclusion garantit que des solutions alternatives adaptées (participation en présentiel, consultation papier, etc.) sont proposées.
L'analphabétisme constitue une barrière majeure à la participation, car les supports d'information et de consultation sont souvent écrits et complexes. Ce groupe peut également avoir du mal à comprendre et à interpréter les documents officiels et les processus institutionnels. Inclure les personnes analphabètes, via des supports adaptés (audio, visuels, discussions orales), permet d’élargir la base des participants et de ne pas les exclure des décisions qui impactent leur vie quotidienne. Ils sont souvent concernés par des politiques liées à l'éducation, l'insertion et l'accès aux services.
Les personnes sans-papiers vivent dans une grande précarité et craignent souvent d’interagir avec les institutions par peur de représailles ou de stigmatisation. Bien qu’ils ne soient pas reconnus officiellement comme citoyens, ils sont néanmoins concernés par des questions comme l’accès à la santé, à l’éducation et aux services sociaux. Inclure les sans-papiers permet de comprendre leurs besoins spécifiques et de concevoir des politiques plus humaines et inclusives, en garantissant un accès aux services de base. Leur point de vue est crucial dans les discussions autour des droits humains et de l’inclusion sociale.
Les personnes d'origine étrangère peuvent rencontrer des barrières linguistiques, culturelles ou administratives qui limitent leur participation. Elles peuvent également être sujettes à la discrimination et se sentir marginalisées dans des processus participatifs traditionnels. Les allochtones enrichissent la diversité des points de vue dans une société multiculturelle. Leur inclusion permet de concevoir des politiques qui tiennent compte des besoins des communautés migrantes et favorisent une meilleure intégration.
Les personnes exerçant des professions atypiques, comme les travailleurs de plateforme, les artistes ou les travailleurs à horaires décalés, sont souvent exclues des processus participatifs organisés selon un modèle traditionnel (heures de travail standard, réunions en semaine). Ces métiers impliquent des contraintes spécifiques, comme l'irrégularité des revenus ou des horaires. Leur inclusion permet de mieux comprendre les défis propres à ces professions, notamment en matière de protection sociale, d'accès aux droits et de conditions de travail. Des solutions adaptées peuvent émerger de leur participation active.
Les Travailleuses et Travailleurs du Sexe (TDS) sont souvent marginalisés en raison de la stigmatisation sociale, des risques juridiques et de la criminalisation partielle ou totale de leur activité dans de nombreux pays. En raison de ces pressions, ils et elles se retrouvent fréquemment exclus des processus participatifs ou ne s’y impliquent pas par peur de discrimination, de répression ou de violences. Cette population fait face à des risques accrus en matière de sécurité, de santé, et d’accès aux droits fondamentaux, y compris la protection sociale, la santé reproductive et la justice. Inclure les TDS dans les processus participatifs permet de mieux comprendre leurs besoins et les réalités de leur travail, tout en contribuant à réduire la stigmatisation sociale. Les questions liées à la sécurité, à la santé, à la protection sociale, au logement ou à la protection contre les violences les concernent directement. En intégrant leur voix, on peut concevoir des politiques plus inclusives et adaptées qui respectent leurs droits humains, leur sécurité et leur dignité. Cela permet aussi de renforcer leur accès à des services de soutien sans crainte de répression, tout en promouvant une société plus juste et équitable.
Les personnes LGBTQIA+ sont souvent confrontées à des discriminations, des violences ou une exclusion sociale qui limitent leur participation publique. Elles peuvent également se méfier des institutions qui ne prennent pas suffisamment en compte leurs spécificités ou leurs revendications. Inclure les personnes LGBTQIA+ dans les processus participatifs permet de s’assurer que les politiques sont inclusives et respectueuses des droits de toutes les identités de genre et orientations sexuelles. Leur implication est cruciale pour garantir un environnement respectueux de la diversité et de l’égalité des droits.
La checklist proposée dans ce guide est un outil pratique conçu pour vous aider à évaluer et renforcer l’inclusivité à chaque étape de votre projet participatif. Elle aborde les thèmes essentiels à prendre en compte, notamment le processus de mise en œuvre, le lieu où se déroulera le projet et les solutions de mobilité qui y sont liées, ainsi que le langage employé dans vos communications, l'utilisation du numérique, la posture du facilitateur et les avantages offerts aux participant·e·s. Son objectif est de vous guider dans l’identification des besoins spécifiques des différents publics, en veillant à ce que chaque aspect de votre projet soit pensé pour inclure toutes les personnes, quel que soit leur profil.
Il est important d’identifier les besoins spécifiques des participants avant le lancement d'un processus participatif afin de le rendre inclusif pour tous et toutes (à travers l'envoi d'un formulaire, par exemple). Les points ci-dessous sont abordés à titre informatif, afin de pouvoir identifier les différents besoins potentiels : tous ne devront pas nécessairement être rencontrés, s'ils ne sont pas évoqués par les participants. En suivant cette checklist, vous pourrez mieux anticiper les obstacles potentiels et mettre en place des actions concrètes pour les surmonter. L'inclusivité ne se limite pas à une intention : elle demande une préparation minutieuse, que ce soit dans le choix du lieu, l’adaptation des outils numériques, ou encore la prise en compte des particularités linguistiques. Cette checklist vous permet d'intégrer ces éléments dans la conception de votre projet, garantissant ainsi une participation ouverte, accessible et équitable pour tous les publics concernés.
Cette checklist n'est pas exhaustive, mais elle offre un cadre utile pour orienter vos actions vers une participation plus inclusive et équitable.
Le succès d’un processus participatif repose non seulement sur la diversité des personnes présentes, mais aussi sur la manière dont il est structuré pour encourager la participation de tous. Un cadre rigide ou des horaires inadaptés risquent de limiter l’inclusion, tandis que des méthodes variées et des contextes d’expression adaptés favorisent l’implication de publics plus divers. Cette première partie de ce guide propose des recommandations pour ajuster le déroulement des consultations afin de prendre en compte les différents besoins, disponibilités et sensibilités des participants, tout en valorisant la pluralité des formes d’expression et d’intelligence.
Assurer une participation accessible à toutes et tous implique de proposer des options adaptées aux différentes réalités du public, en tenant compte de leurs contraintes professionnelles, familiales et de mobilité. Certains créneaux horaires conviennent mieux selon les situations : les parents de jeunes enfants sont moins disponibles en soirée, tandis que les personnes qui travaillent à temps plein le sont moins en journée. Offrir des horaires variés (journée, soirée, week-end) peut permettre de toucher un public plus large. Dans la mesure du possible, envisager des lieux bien desservis par les transports en commun, proposer des solutions de navettes ou de covoiturage pour les endroits plus isolés et penser à des alternatives en ligne pour celles et ceux qui ne peuvent se déplacer.
Toutes les personnes n’ont pas les mêmes facilités ou la même aisance à s’exprimer et à prendre part au processus participatif. Le présentiel – option la plus courante – peut être complété par d’autres options : à distance grâce au numérique (voir partie “Digital”), par écrit ou formulaire à cocher, par des contacts personnels (juste à deux, en face à face), etc.
Tout le monde n’a pas la même aisance et la même confiance en soi pour donner son avis, se positionner, s’exprimer. Pour certaines personnes, cela peut représenter un obstacle considérable à leur participation. Parmi les méthodes à encourager, le partage d'expérience du vécu, par exemple, permet de légitimer et valoriser toutes les personnes participantes. Si les moyens les plus répandus pour participer restent l’expression orale et l’expression écrite, bon nombre d’autres méthodes invoquent le corps, l’esprit, la créativité. Elles permettent à davantage de personnes de prendre part au processus en valorisant d’autres compétences. De nombreux outils peuvent être imaginés : photolangage, dessins, maquettes, collages, débat mouvants, jeux de rôle, improvisations, sons et mouvements, etc.
Parce que les groupes dominants peuvent être oppressifs et discriminants (même sans intention de l’être), organiser un espace d’échange « safe » pour une catégorie de personnes se considérant comme opprimées ou discriminées, en non-mixité choisie par exemple, permet de créer du lien et se sentir en sécurité et de donner la confiance en soi nécessaire pour pouvoir s'exprimer en public. Cela peut faciliter les futurs échanges à venir, en mixité choisie.
Pour répondre à des enjeux spécifiques comme la barrière de la langue, les phobies sociales ou l’appréhension d’être avec des personnes inconnues, il est essentiel de proposer des solutions d’accompagnement adaptées. Permettre aux participants de venir avec une personne de confiance qui peut traduire ou reformuler le contenu est un premier pas. Cependant, pour garantir une compréhension optimale, il peut être nécessaire de recourir à des traducteurs professionnels ou des interprètes en langue des signes (LSFB), surtout pour les personnes non-francophones ou utilisant des moyens de communication spécifiques. Ces accompagnements — qu’il s’agisse de traducteurs, de référents ou d’accompagnateurs spécialisés — assurent une communication de qualité et encouragent une participation active de chacun sans ajouter de contraintes aux participants eux-mêmes.
Lorsque l’équipe en charge du processus regroupe une diversité d’âges, de cultures, d’origines ethniques, d’orientations sexuelles, de croyances religieuses et intègre des personnes en situation de handicap, alors cela reflète concrètement les principes d’inclusion. Les personnes participantes se sentent ainsi mieux représentées et légitimes, car elles perçoivent que leur diversité est valorisée et reconnue, ce qui encourage un sentiment de confiance et d’appartenance au sein du groupe.
De la même manière que les personnes chargées de l’encadrement du processus, la diversité des profils des personnes intervenantes et des choix des témoignages permet de mieux représenter la pluralité des vécus et expériences du public. Intégrer des profils variés assure que chaque personne puisse se retrouver dans les exemples partagés, favorisant un sentiment de reconnaissance et d’inclusion.
L’aménagement des lieux et la mobilité sont essentiels pour garantir que les processus participatifs soient réellement ouverts à tous et toutes. Un lieu inadapté ou difficile d’accès peut exclure des groupes entiers. Comme précédemment mentionné, les personnes à mobilité réduite (PMR) incluent un large éventail de personnes. Prendre en compte leurs besoins signifie penser à l’accessibilité de manière globale : cheminements dégagés, rampes adaptées, zones de repos, informations claires. De même, il est essentiel de considérer les aménagements liés à la sécurité et au confort pour d’autres publics, comme les minorités de genre, les personnes en situation de handicap, ou les familles avec enfants. En abordant chaque aspect de l’aménagement avec cette diversité en tête, on favorise une participation plus équitable, où toute personne peut se sentir accueillie et écoutée. Ce guide se penche sur les principaux aspects à prendre en compte pour que les lieux choisis favorisent une participation réellement inclusive.
Un lieu doit être bien desservi par les transports publics pour accueillir tous les publics, en particulier ceux sans véhicule. Le coût du transport peut être un frein : proposer des aides comme des bons de transport, un remboursement des frais de déplacement, ou bien organiser du covoiturage peut lever cette barrière. Enfin, des informations claires (arrêts les plus proches, panneaux de signalisation) facilitent l’accès pour tous. Pour les lieux plus isolés ou mal desservis, des solutions comme des navettes, du covoiturage, ou même un accompagnement collectif pour se rendre sur place peuvent faciliter l’accès.
Aménager des rampes d'accès, prévoir des chemins larges et dégagés, et utiliser des matériaux antidérapants sont des mesures de base, mais il est aussi crucial de garantir des sanitaires adaptés, des zones de repos et des portes automatiques. L’objectif est d’éliminer tous les obstacles potentiels qui pourraient empêcher une personne de participer pleinement. Un lieu inclusif prend en compte les besoins de chacun·e en lui permettant de circuler, de s’asseoir et de contribuer aux discussions sans contrainte physique.
Choisir un lieu sécurisant et accueillant est crucial pour encourager la participation. Les espaces doivent être accessibles, avec des zones adaptées (toilettes non-genrées, lieux de repos). Prévoir un service de garde d’enfants ou des repas adaptés permet aussi de lever des freins logistiques importants pour les parents. De même, la perception de sécurité est particulièrement importante pour les femmes et les minorités de genre. Installer des toilettes non-genrées, proposer des zones bien éclairées, et éviter les lieux isolés contribue à renforcer ce sentiment de sécurité et de confort. Ces éléments, souvent perçus comme secondaires, influencent directement la capacité des personnes à se sentir en confiance pour s’exprimer pleinement.
Le confort dans un lieu est un élément souvent négligé mais crucial pour encourager l’inclusivité. Les personnes en situation de handicap doivent pouvoir se déplacer aisément, accéder à des sièges ergonomiques et trouver des zones où elles peuvent se reposer si nécessaire. Par exemple, des barres d’appui dans les sanitaires, des espaces de rotation pour les fauteuils roulants ou des rampes avec un dénivelé adapté peuvent améliorer considérablement leur expérience. De même, pour les personnes ayant des déficiences auditives, une bonne acoustique, un éclairage approprié et des systèmes de communication visuelle facilitent la compréhension des discussions et leur participation aux échanges. Prévoir un "safe space" ou un espace calme permet de répondre aux besoins de publics plus vulnérables qui pourraient être submergés dans des lieux trop bruyants ou animés.
Les toilettes sont souvent perçus comme des lieux de contrôle social, générant stress, peur et exclusion. Proposer des toilettes neutres et accessibles est nécessaire pour répondre aux besoins de divers groupes : personnes en situation de handicap (largeur de portes), personnes transgenres et non-binaires (sécurité), parents (espaces de change). En garantissant l’accès et la sécurité de tout le monde dans ces espaces, on diminue les barrières invisibles qui freinent la participation. Cela contribue à créer un environnement où chacun·e se sent légitime et respecté·e, indépendamment de son genre, de ses capacités ou de sa situation familiale.
La langue et la communication jouent un rôle essentiel dans l’inclusion des processus participatifs. Des échanges qui ignorent les différentes capacités linguistiques et cognitives des participant·e·s risquent d’exclure une partie significative de la population. Cela peut toucher divers groupes : les personnes malentendantes, malvoyantes, non-francophones, ou celles en situation d’illettrisme (parfois dites « ALPHA »). Un langage mal adapté peut également poser des difficultés aux personnes présentant des troubles dys, aux utilisateurs de lecteurs d’écran, ou à toute personne avec des besoins spécifiques. De plus, une dissémination efficace de l’information est cruciale pour s’assurer que le plus grand nombre possible de personnes puisse y accéder. La manière dont les informations sont diffusées peut influencer fortement la participation : certains publics, peu enclins à consulter des canaux institutionnels, peuvent mieux recevoir les informations par le biais de relais communautaires, de supports physiques ou d’initiatives de terrain.
Ce guide propose donc des recommandations concrètes pour diversifier les modalités de communication, prévoir des traductions adaptées, simplifier le langage tout en restant inclusif et offrir des supports variés comme l’audio ou les pictogrammes. En optimisant la diffusion de l’information et en adaptant le langage, ces recommandations visent à garantir que toutes et tous puissent accéder aux informations et participer pleinement, quels que soient leur maîtrise de la langue ou leurs capacités de lecture.
Pour inclure les personnes malentendantes, malvoyantes ou ayant des difficultés de compréhension, il est essentiel de prévoir des dispositifs comme la langue des signes, l’interprétation en temps réel, ou des aides techniques (par ex. lecteurs d’écran, sous-titres audio). Cela garantit que tous les participants puissent suivre les échanges et participer activement, quel que soit leur mode de communication. Si le besoin est fréquent, engager un interprète professionnel ou un traducteur en langue des signes peut renforcer l’accessibilité du processus.
Un langage inclusif et compréhensible est nécessaire pour respecter, représenter et inclure la diversité du public, sans compromettre la lisibilité, notamment pour les personnes ayant des difficultés de lecture (personnes dys-, utilisateurs d’assistants vocaux, personnes ALPHA ou en situation d’illettrisme). Trouver cet équilibre est essentiel pour garantir un accès fluide à l’information. Pour certains publics, privilégier une approche interpersonnelle peut rendre les échanges plus accessibles, facilitant un dialogue direct et réduisant les risques de malentendu lorsque des besoins spécifiques sont présents.
Les personnes dites ALPHA n’ont jamais acquis les compétences de lecture et d’écriture de base. Proposer uniquement des textes écrits peut les exclure. Il est important de penser à des formats oraux (audio), visuels (schémas, pictogrammes), ou à l'accompagnement par un médiateur pour expliquer le contenu. Le choix des supports doit prendre en compte leurs besoins spécifiques afin de faciliter la compréhension.
Pour que chacun·e se sente à l’aise et inclus, l’information doit être accessible intellectuellement, avec un langage clair, sans jargon ni vocabulaire trop familier. L’accessibilité intellectuelle repose sur des contenus compréhensibles pour tous, tenant compte des niveaux de connaissance et des références culturelles. Les référents culturels jouent un rôle clé en aidant à adapter les contenus pour qu'ils soient compréhensibles. Il est important de vérifier la compréhension du groupe et d’encourager les questions pour favoriser un environnement inclusif.
Les méthodes FALC garantissent que les documents soient accessibles aux personnes ayant des difficultés cognitives ou de lecture. Utilisez des phrases courtes, évitez le jargon technique et intégrez des illustrations. Prévoir une version FALC de chaque document important permet à chacun d’accéder à l’information de manière autonome et de participer activement.
Pour encourager la participation, il est essentiel de diffuser les invitations dans des lieux fréquentés par les publics ciblés. Une présence sur le terrain, via des stands, permanences mobiles ou autres dispositifs dans l’espace public, permet de rencontrer des personnes qui ne fréquentent pas les lieux institutionnels. L’installation de tentes et de signalétique claire, ou la présence d’équipes formées à l’écoute, facilite les premiers contacts et encourage un échange accessible. Des espaces comme les maisons communales, bibliothèques et lieux symboliques proches des communautés renforcent l'inclusivité et la visibilité du processus participatif. Assurer que le message atteigne le public ciblé implique de varier les canaux de diffusion. Par exemple, les jeunes privilégient les réseaux sociaux, tandis que les personnes âgées préfèrent souvent le courrier postal ou les journaux locaux. En diversifiant les moyens de communication (en ligne, imprimés, en personne), on maximise les chances d’atteindre un public large et inclusif.
Les acteurs relais sont des personnes ou des organisations qui ont un lien direct et de confiance avec le public ciblé. Les associations locales, grâce à leur connaissance du terrain et leur lien de confiance avec les habitant·es, sont des relais essentiels pour toucher les groupes socialement exclus. Elles facilitent le lien avec les communautés, co-construisant des actions mieux adaptées. Collaborer avec ces acteurs relais permet de diffuser plus efficacement l’invitation et de renforcer la crédibilité de la démarche participative auprès des publics concernés. Les impliquer dès le début renforce la légitimité du processus et évite de proposer des dispositifs qui ne répondraient pas aux attentes réelles des personnes concernées.
Le digital offre des opportunités considérables pour rendre les processus participatifs plus inclusifs, en facilitant la collaboration globale, l'engagement direct et en réduisant les coûts. Il permet à un plus grand nombre de citoyens de participer aux discussions démocratiques, même ceux issus de groupes socialement marginalisés. Cependant, des obstacles importants subsistent. L’accès au numérique demeure inégal et de nombreuses personnes se heurtent à des problèmes de connexion, de compétences numériques ou de confiance. Les personnes âgées, celles en situation de handicap, ou encore les moins aisées sont souvent exclues par manque d'équipement adapté ou de soutien suffisant. De plus, des enjeux comme la surcharge d’informations, la polarisation des débats, ou le stress lié à un design numérique inadéquat peuvent freiner la participation effective. C’est pourquoi il est essentiel de bien concevoir les outils numériques et d’accompagner leur usage afin qu’ils ne creusent pas davantage la fracture numérique, mais qu’ils la comblent. Ainsi, dans cette partie, ce guide tente de répondre aux principales questions à prendre en compte pour garantir que les outils digitaux mis en place dans le cadre de processus participatifs soient véritablement inclusifs et accessibles à tous et toutes.
L’accessibilité et la simplicité du design sont essentielles pour garantir que tout le monde puisse naviguer sur une plateforme sans frustration. Un design complexe peut décourager le public, en particulier les personnes ayant moins d’expérience numérique ou des capacités cognitives différentes. Un design intuitif réduit les barrières d'entrée et améliore la participation de tous les publics, y compris des personnes âgées ou peu familières avec les outils numériques.
L'inclusion d'un logiciel de lecture par assistance vocale ne profite pas seulement aux personnes malvoyantes ou avec d’autres handicaps visuels, mais également à celles ayant des difficultés de lecture, comme les personnes dyslexiques, les jeunes enfants, ou encore les personnes peu familières avec la langue écrite. Ces outils permettent d'élargir l'accessibilité à un public plus large et d'assurer que chacun, indépendamment de ses compétences en lecture, puisse participer activement aux processus de décision participatifs (Digital Divide x Online…).
Fournir un·e accompagnateur·rice digital est essentiel pour les personnes ayant peu de compétences numériques. Cela répond au besoin d’un soutien personnalisé, permettant à ceux qui éprouvent des difficultés à se connecter et à utiliser des plateformes numériques de participer pleinement aux processus démocratiques. Un accompagnement personnalisé peut renforcer la confiance en soi et diminuer la fracture numérique.
L'accès aux outils numériques sur place est essentiel pour celles et ceux qui n'ont pas les ressources financières ou matérielles nécessaires pour participer pleinement. La mise à disposition de tablettes, bornes publiques ou partenariats avec des associations locales peut compenser l’inégalité d’accès aux technologies et offrir une chance à chacun·e de prendre part aux décisions collectives, particulièrement dans les zones défavorisées.
Les alternatives non-numériques, comme les supports papier ou les rencontres en personne, sont indispensables pour inclure les personnes qui ne peuvent pas ou ne souhaitent pas utiliser le numérique. Cela permet de toucher les populations marginalisées ou exclues du monde numérique (personnes âgées, analphabètes, etc.), assurant que personne ne soit laissé de côté.
Le rôle du facilitateur est essentiel pour créer un environnement accueillant et respectueux, où chaque participant peut trouver sa place et contribuer pleinement au processus. Ses compétences et sa posture sont des leviers majeurs pour garantir le succès d’un atelier participatif. Voici les principales dimensions de son rôle :
Le facilitateur reste neutre et objectif tout au long des discussions. Il s’abstient d’influencer les échanges en fonction de ses propres opinions et s’assure que les débats avancent dans l’intérêt du projet collectif.
En adoptant ces postures et pratiques, le facilitateur contribue à créer un espace inclusif, où la diversité des points de vue devient une force pour enrichir la réflexion collective.
Lors de la conception d’un processus participatif inclusif, il est essentiel de penser aux avantages et aux soutiens à apporter aux participants. Qu’il s’agisse de défrayer les citoyens pour leur temps, de prendre en charge leurs frais de déplacement, ou de leur offrir un catering adapté, chaque aspect joue un rôle crucial pour favoriser une participation équitable et sans obstacle. Ici, le guide explore les moyens concrets de reconnaître et de faciliter l’engagement des participants, en tenant compte de leurs besoins divers, notamment en matière de garde d’enfants, de transport ou encore de reconnaissance de leur contribution.
Il est d’usage dans les processus participatifs de prévoir un défraiement pour les citoyens. Le montant varie d’une processus à l’autre : pour le déterminer, pensez au nombre d’heures que les citoyens vont consacrer à votre projet. Prévoyez un minimum de 50 euros par jour. Si votre budget le permet, pensez également aux accompagnateurs de participants.
Il est indispensable de prévoir dans son budget le remboursement des frais de déplacements des citoyens participant à un processus participatif. Certains participants en situation de pauvreté auront peut-être besoin que les frais de déplacements soient couverts à l’avance. Autant que possible, l’utilisation des transports en commun sera encouragée et facilitée (description des itinéraires , par exemple). Certains participants, en situation de handicap par exemple, auront peut-être besoin de transports adaptés ou privés : il faudra y penser également.
Inutile de préciser que les participants méritent un catering de qualité. Il faut également penser à le diversifier, en fonction des différences culturelles : un catering végétarien permet de rencontrer les besoins de différents publics (halal, kasher, végétariens, etc.). Les allergies et intolérances alimentaires méritent également l’attention des organisateurs : le mieux est de se renseigner à l’avance auprès des participants.
Outre le défraiement des participants et le moment de célébration en fin de processus, envisagez de reconnaître l’engagement de chacun, les compétences acquises, les difficultés surmontées, etc. Cette reconnaissance peut prendre la forme d’un certificat par exemple ou être mise en avant lors d’un moment consacré.
La garde des enfants peut être un frein à la participation de certaines personnes (parents solo par exemple). Si le budget le permet, proposer ce service aux participants permettra à plus de personnes (parents solo par exemple) de prendre part au projet. Il est souvent possible de profiter de services existants au sein de votre commune.