Cérémonie de commération du 11 novembre

Vendredi 11 novembre 2022, une cérémonie d'hommage aux anciens combattants du 11 novembre a eu lieu au cimetière Dar Mahrez, en présence de Monsieur le Wali de la région de Fès-Meknès, de Madame Véronique Dan, Consule Générale de France, de Monsieur Jacky Aubert, conseiller consulaire, de Monsieur Vaugeois, chef de notre établissement et de Madame Pasqualini, directrice de l'école primaire.

Accompagnés de leur enseignante, Madame Pellegrini, treize élèves, délégués titulaires des classes de 3ème et de CM2, ont assisté à la cérémonie, à laquelle ils ont activement participé à travers l'émouvante lecture de deux textes de poilus : un extrait d'une lettre de Gaston Biron à sa mère et un poème signé Christophe Colombe.

Extrait d’une lettre écrite par Gaston Biron à sa mère

Seul fils d’une famille de sept enfants, l'auteur fut blessé le 8 septembre 1916 et mourut de ses blessures le 11 septembre 1916 à l’hôpital de Chartres.

Samedi 25 mars 1916

Ma chère mère,

[…] Par quel miracle suis-je sorti de cet enfer, je me demande encore bien des fois s’il est vrai que je suis encore vivant ; pense donc, nous sommes montés mille deux cents et nous sommes redescendus trois cents ; pourquoi suis-je de ces trois cents qui ont eu la chance de s’en tirer, je n’en sais rien, pourtant j’aurais dû être tué cent fois, et à chaque minute, pendant ces huit longs jours, j’ai cru ma dernière heure arrivée.

Nous étions tous montés là-haut après avoir fait le sacrifice de notre vie, car nous ne pensions pas qu’il fût possible de se tirer d’une pareille fournaise. Oui ma chère mère, nous avons beaucoup souffert et personne ne pourra jamais savoir par quelles transes et quelles souffrances horribles nous avons passé.

A la souffrance morale de croire à chaque instant la mort nous surprendre viennent s’ajouter les souffrances physiques de longues nuits sans dormir : huit jours sans boire et presque sans manger, huit jours à vivre au milieu d’un charnier humain, couchant au milieu des cadavres, marchant sur nos camarades tombés la veille ; ah ! j’ai bien pensé à vous tous durant ces heures terribles, et ce fut ma plus grande souffrance que l’idée de ne jamais vous revoir. […]

Plus de rires, plus de gaieté au bataillon, nous portons dans notre cœur le deuil de tous nos camarades tombés à Verdun du 5 au 12 mars. Est-ce un bonheur pour moi d’en être réchappé ? Je l’ignore mais si je dois tomber plus tard, il eût été préférable que je reste là-bas. […]

Ton fils qui te chérit et t’embrasse un million de fois.

Gaston

La balade de ceux qu’on ne retrouve pas

Poème de Christophe Colombe, combattant de la guerre 1914-1918, décoré de la Croix de Guerre


L’auteur est né le 22 janvier 1886 dans une famille de marins vendéens. Commis d’architecte, il participe à de nombreux concours de poésies.

Mobilisé dans le 33ème régiment d’infanterie coloniale, il continue de rédiger des poèmes comme cette admirable « balade de ceux qu’on ne retrouve pas ».

Le 25 septembre 1915, il est tué alors qu’il menait ses marsouins au combat et il reçoit la Croix de Guerre ce même jour.


Ils sont tombés par quelque coin perdu,

Quand s’éloignaient les bruits de la bataille.

Ils ont rampé vers des points inconnus,

Sentant la mort étreindre leurs entrailles.

Ils ont cherché, le front dans les broussailles,

à discerner, peut-être au loin, des pas.

Dans les frissons dont la plaine tressaille,

Priez pour ceux qu’on ne retrouve pas !

Après la cérémonie, la délégation a été reçue à la Résidence de Madame la Consule Générale. Une réception qui permit de clore cette journée importante.