Le scandale du Pacifique

Où allons-nous ainsi à la dérive?

Caricature, John Wilson Benghoug, 1886

Source (McCord M994X.5.273.73 )

ASPECTS

Social

Politique

En 1872, après l’achat de la Colombie-Britannique, le gouvernement fait la promesse de la construction d’un chemin de fer vers le Pacifique dont la construction serait complétée en 10 ans. Rapidement, plusieurs groupes canadiens et américains s’intéressent au chemin de fer canadien qui promettait de belles richesses dans l’Ouest.

Macdonald espère que les groupes canadiens s’allient pour financer le projet, plutôt que de devoir choisir l’un d’entre eux. Les résolutions qui avaient déterminé l’entrée de la Colombie-Britannique dans le Canada déclaraient que le chemin de fer devait être construit grâce à un financement provenant du gouvernement. Cependant, Macdonald tombe malade et c’est son bras droit, George-Étienne Cartier, qui prend en charge le projet.

Cartier est opposé à ce qu’un groupe canadien-anglais allié à des investisseurs américains se charge du projet ferroviaire. Cependant, il se retrouve dans une position délicate lorsque sir Hugh Allan, à la tête de ce même groupe, traverse le pays, organise des assemblées populaires au Québec et parvient à obtenir l’appui des électeurs.

Craignant de perdre les prochaines élections en raison de cette propagande et face à la popularité grandissante de l'homme d'affaire, Cartier propose à Allan de former une société pour construire le chemin de fer et lui promet le contrôle de la société, en échange de contribution monétaire pour financer la caisse du Parti libéral-conservateur. Allan décide d’obtenir le financement de la part de contributeurs américains, malgré les résolutions qui prévoyaient le contraire. Dès qu’il l’apprend, Macdonald s’oppose à la participation des éléments américains et il réclame leur retrait du projet. Cependant, Allan continue d’inclure les Américains à son projet, sans que le gouvernement ne soit au courant.

Cette manigance est finalement dénoncée comme de la corruption. Le scandale éclate dans la Chambre des communes le 2 avril 1873 et une enquête est réclamée sur la contribution américaine aux financements du chemin de fer et sur l'argent versée à la caisse électorale du parti au pouvoir.

L’opposition démontre finalement que Hugh Allan aurait déposé 360 000$ dans la caisse électorale du Parti libéral-conservateur lors de la campagne de 1872. Puis, quelques mois plus tard, Macdonald aurait fait parvenir un télégramme à Allan : « Immédiat. Personnel. Ai besoin d’un autre 10 000. […] ». Cela semble appuyer les arguments des libéraux, qui affirment que la corruption est bien présente au sein du système électoral.

Le Parti libéral de Macdonald démissionne, ce qui entraîne la tenue de nouvelles élections. En 1874, Alexander Mackenzie et son parti libéral arrivent au pouvoir.

Économique

Culturel

Territorial

Scientifique & Technique

Extraits des points de vue

M. Huntington (Parti libéral)

J'ai « appris de source sûr que Sir Hugh Allan a conclu une entente avec un gentilhomme américain représentant certains capitalistes américains relativement à la construction du chemin de fer du Pacifique en prévision de la loi adoptée au cours de la session précédente et que le gouvernement était au courant de cette entente. Par la suite, le gouvernement et Sir Hugh Allan se sont entendus pour qu'une importante somme d'argent soit versée par le gouvernement afin d'influencer le résultat des dernières élections. En contrepartie, sir Hugh Allan et ses amis ont obtenir le contrat pour la construction du chemin de fer.» Journaux de la chambre des Communes, 2 avril 1873, p. 179 (source).

M. Hagar (Parti libéral)

Sir Hugh Allan a « versé de l'argent […] au nom des ministres et de leurs partisans, pas moins de 350 000$, dont le Premier ministre de la couronne a avoué avoi reçu […], et cela à quelles fins? Aux fins de contrôler et d'influencer les élections en sa faveur et de démoraliser et de corrompre le peuple. […] Que conclure de tout ceci, sinon que les ministres se sont rendus coupables d'une grave malversation et ne sont plus dignes d'occuper leur poste?» 4 novembre 1873 (source, p. 170).

John A. Macdonald (premier ministre, Parti libéral-conservateur)

« Je crois que dans la distribution des faveurs gouvernementales nous respectons le vrai principe constitutionnel. […] Mon principe est : récompense tes amis et n’achète pas tes ennemis ». Lettre à Timothy Warren Anglin, 1870 (source, p. 41).

« On nous a dit que nous avions déshonoré notre situation de Canadiens, notre situation de députés, de gardiens des droits du Canada, et que nous avions cédé le grand chemin de fer du Pacifique aux Américains. […] C’est ainsi qu’on voit les choses au Canada; c’est ainsi qu’on voit les choses en Angleterre; on essaie de façon assidue et insidieuse de répandre au pays que le gouvernement du Canada est dénué de principes et de patriotisme, et qu’il a vendu la charte aux Américains. » 3 novembre 1873 (source, p. 131-132).

«Le gouvernement savait impolitique d'accorder le contrat du chemin à l'une des deux compagnies incorporées, et nous en sommes venus à la conclusion que nous devions […] nous efforcer de former une compagnie dans laquelle les différentes provinces seraient représentées […]. (Les actionnaires) étaient tous haut placés, tous canadiens, et il est bien certain que pas un d'entr'eux n'aurait voulu confier à des étrangers l'entreprise du chemin de fer du Pacifique.» 26 septembre 1873, source

Les députés du Parti libéral-conservateur « sont portés à croire qu'ils ne jouissent plus actuellement d'une bonne majorité fonctionnelle et en conséquence, j'estime qu'il est aujourd'hui de mon devoir de me présenter devant Son Excellence le Gouverneur-Général et de lui présenter respectueusement la démission du gouvernement actuel ». 5 novembre 1873 (Source, p. 173)

Critique externe -3QPOC

Critique interne -3QPOC

Qui?

La caricature présente John A. Macdonald et, sous son pied, une figure féminine représentant le Canada.

Pourquoi?

Afin de répondre à sa promesse de construire un chemin de fer pour rejoindre l'Ouest et l'Est du Canada, le gouvernement fédéral doit trouver des investisseurs et des compagnies souhaitant mettre sur pied ce chemin de fer de plus de 1500 km. En 1872, George-Étienne Cartier, bras droit du premier ministre, accepte de laisser Hugh Allan s'allier avec des investisseurs américains dans le cadre du contrat du chemin de fer Canadian Pacifique. Bien qu'affirmant avoir refusé cette situation, Macdonald est accusé par l'opinion publique et le Parti libéral d'avoir accepté des sommes d'argent, versées dans la caisse électorale du parti, en échange du contrat. Un télégramme démontrera qu'il aurait en effet accepter des fonds et même réclamer davantage, comme le démontre la caricature.

Quoi?

Macdonald est coupable du Scandale du Pacifique, il tient entre ses mains un télégramme dans lequel il demande 10 000$ de plus pour financer son parti politique, alors qu'avec son pied, il écrase une figure féminine représentant le Canada.

Où?

La Chambre des communes du Canada.

Quand?

Le Scandale éclate dans la Chambre des communes le 2 avril 1873.

Comment?

La caricature démontre que le premier ministre canadien agit à titre d'agresseur face au Canada en acceptant de financer son parti politique grâce à des fonds américains. La corruption électorale est très courante en politique, mais elle est interdite et dénoncée.

Documents à télécharger

SAÉ : Travailler les opérations intellectuelles

SEA: Travailler la méthode historique

Pour aller plus loin...

Analyse du Musée McCord

Grip, Toronto, 29 April 1882