Le débat sur les langues

Études pour << Le débat sur les langues >>

Peinture, Charles Huot, 1910-1913

Source

ASPECT-T

Social

Politique

L'Acte constitutionnel de 1791 ne fait pas allusion à la langue, à l’exception des mentions aux articles 24 et 29, pour indiquer que les serments pourront être administrés dans les deux langues. Cela semble donc promettre une certaine ouverture pour l’administration du territoire par les deux nations, puisqu’aucune loi ne semble limiter l’utilisation de la langue française dans la colonie. Cependant, les débats entourant les premières élections, le choix du président et le choix de la langue démontrent que la langue est au cœur des conflits. Députés anglophones et députés anglophones se disputeront durant les décennies suivantes.

En janvier 1793, les députés votent avec une majorité pour la traduction de tous les textes dans les deux langues. Cependant, en septembre 1793, le gouvernement britannique décrète que la langue anglaise sera la seule langue officielle et que seule la version anglaise des lois sera reconnu comme ayant un statut légal. L’Acte d’Union de 1840 confirmera que l’anglais est la langue officielle de la nouvelle législature. Le français sera utilisé pour traduire les documents anglais et les députés francophones continueront de s'exprimer en français de façon non officielle, établissant donc, sans qu'il ne soit reconnu, un bilinguisme au Canada.

Économique

Culturel

Les débats sur le choix de l’Orateur, puis sur la langue des documents officiels, instaure une orientation très dualiste, opposant Canadiens français aux Britanniques anglais. Les députés francophones espèrent protéger leur langue et consentent au bilinguisme. Les députés britanniques insistent sur la primauté de la langue anglaise, la langue du Roi et de l’Empire. Cela accentue la crainte des francophones d'être assimilés par les anglophones. Tout de même, les députés s'entendent sur lors, d'un vote presque unanime, sur le traduction des documents dans les deux langues.

Territorial

Technique

Extraits du débat

18 décembre 1792

Position des anglophones sur le choix de la langue :

« Je dirai qu’il y a une nécessité absolue pour les Canadiens d’adopter avec le temps la langue Angloise*. Seul moyen de dissiper la répugnance et les soupçons que la diversité de langage [entretiendra] toujours entre deux peuples réunis par les circonstances et forcés de vivre ensemble ». (Pierre-Louis Panet)

« Les transactions entre l’Orateur et le Représentant du Roi devroient* être dans la langue de l’Empire auquel nous avons le bonheur d’appartenir, quelque fut la langue dans laquelle se fissent les débats dans la Chambre – que nous étions tous Anglais et Canadiens. » (John Richardson)

21-23 janvier 1793

Position des francophones sur le choix de la langue :

« Le plus grand nombre de nos [électeurs], étant placés dans une situation particulière, nous sommes obligés de nous écarter des [règles] ordinaires et sommes contraints de réclamer l’usage d’une langue qui n’est pas celle de l’empire; [...] nous ne voudrions pas que notre langue vint à bannir celui des autres Sujets de Sa Majesté; mais demandons que l’un et l’autre soient permis [...]. La langue Angloise* étant celle du Souverain et de la législation de la mère- patrie, nous ne serons entendus ni des uns ni des autres, si nous n’en faisons pas usage et que tous les bills que nous présenterons en langue Française, seront refusés [...]. L’introduction de la langue Angloise* assimilera et unira plus promptement les Canadiens à la mère-patrie.» Michel-Eustache-Gaspard-Alain Chartier de Lotbinière.

«Nous pourrions dire que nous sommes esclaves de cette Chambre, que nous somme incapables de la représentation [...]; enfin notre liberté devenant une illusion prouverait notre esclavage. » Gabriel-Elzéar Taschereau.

Résolution de la Chambre d'Assemblée, 23 janvier 1793:

Entendu « Que tous projets d'acte ou Bills [...] seront lus dans les langues Françaises et Anglaises ».


Source: BÉLANGER, Réal, Jones ROCHARD et Marc VALLIÈRES. Les grands débats parlementaires, 1792-1992. Sainte-Foy, Les Presses de l’Université Laval, 1994: p.53-56.

*Au XVIIIe siècle, la grammaire française était différente: le f remplaçait le s, le o remplaçait le a.

Critique interne -3QPOC

Qui?

Les députés anglophones et francophones élus à la première Assemblée législative du Bas-Canada.

Pourquoi?

Le choix de la langue est un sujet très important pour les députés. Il s'agit d'une question identitaire et, pour les francophones, une question de survie. Ces derniers considèrent qu'il est impossible d'assurer la survie de la francophonie en Amérique si la langue parlée et imprimée dans l'Assemblée législative est l'anglais. Comment les colons canadiens parviendront-ils à connaître leurs droits, si les documents officiels ne sont qu'en anglais? Les anglophones, espérant que l'anglais assimilera ces récalcitrants, considèrent avec fierté que la langue anglaise est celle de l'Empire et que les discussions avec le Parlement anglais nécessite l'usage de l'anglais.

Quoi?

Débats sur la langue qui sera utilisée en Chambre et dans les documents officiels

Où?

Assemblée législative du Bas-Canada

Quand?

21 janvier 1793

Comment?

Les députés se disputent le choix de la langue qui sera utilisée. Les uns considèrent que l'appartenance à l'Empire britannique les oblige à utiliser la langue anglaise, alors que les autres craignent que leur caractère français soit assimilé. Le tableau de Charles Huot présente le soir du 21 janvier 1793, au début des débats opposant les députés francophones et les députés anglophones.

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