La guerre des Boers

Groupe du Strathcona Horse à bord du S.S. Monterey

Photographie, Harry Dunsford, 1900.

Source: (BAC PA-028917)

Droits d'auteur expirés

ASPECTS

Social

Politique

En 1899, la Guerre des Boers, ou Guerre de l’Afrique du Sud, est le premier conflit étranger dans lequel le Canada doit combattre. En Afrique, la Grande-Bretagne se retrouve opposée aux républiques africaines. L’Empire y possède déjà plusieurs colonies, mais elle convoite plus, notamment les sites d'extractions d'or et de diamants très importants dans certaines parties de l'Afrique du Sud. Pour en prendre le contrôle, elle réclame les droits politiques des étrangers anglais qui y travaillent, espérant ainsi leur garantir un plus grand contrôle politique et économique. En 1899, les gouvernements locaux et les populations installées sur le territoire, d'origine hollandaise et nommées « Boers », organisent des attaques militaires contre les impérialistes britanniques qui deviennent de plus en plus menaçants. La guerre est déclarée le 11 octobre 1899.

À titre de colonie, le Canada devrait envoyer des troupes pour soutenir la Grande-Bretagne. Cela soulève un débat au Parlement canadien. D'un côté, les impérialistes jugent que c'est le devoir du Canada de soutenir l'Empire ; ils font donc pression sur le premier ministre canadien, Wilfrid Laurier, afin que ce dernier envoie des soldats en Afrique. D'un autre côté, les nationalistes protestent et affirment que le Canada ne devrait pas soutenir la Grande-Bretagne dans son oppression du peuple africain. L'opposition est surtout menée par Henri Bourassa, alors qu'une proportion importante de francophones appuie quand même le gouvernement libéral dans ses décisions.

En octobre 1899, le premier ministre Laurier laisse sous-entendre qu'en cas de besoin, le Canada sera présent. Lorsque la Grande-Bretagne a vent de l’opinion de Laurier, le Secrétaire aux colonies envoie une dépêche dans laquelle il réclame la levée d'une milice canadienne. Le gouvernement libéral de Laurier demeure réticent, mais il finit par accepter, malgré les protestations nationalistes, d'envoyer des troupes pour soutenir la Grande-Bretagne. Devant ces attitudes jugées assimilatrices, Henri Bourassa démissionne du Parti libéral et se fait élire comme député indépendant quelques mois plus tard. Il considère que la position du premier ministre Laurier change les relations entre le Canada et l’Angleterre et qu’il engage l’avenir du pays.

La Grande-Bretagne gagne cette guerre en 1902. Le Traité de Vereeniging proclame la soumission quasi-totale envers les Britanniques des deux États africains.

Plus de 8000 Canadiens seront envoyés en Afrique. De ce nombre, 224 sont morts aux côtés des 22 000 soldats anglais qui ont péri. Dans le cas ennemi, 7000 soldats Boers ont trouvés la mort et plus de 20 000 civils africains sont tués dans les camps de concentration britanniques. La participation du Canada permet d’augmenter l’estime de l’Angleterre pour le dominion. C’est également le premier réel conflit auquel le Canada prend part, ce qui nécessite la création de fonds et d’organismes pour venir en aide aux soldats blessés ou aux familles des défunts.

Suite à ce conflit, Laurier envisagea plus sérieusement la création d'une marine militaire canadienne, ce qui démontre que « le Canada commençait à manifester un intérêt nouveau à la question de défense » (Source, p. 22).

Économique

Culturel

Ce conflit donne un élan de fierté et de confiance aux Canadiens, mais aggrave la relation entre les Canadiens anglais et les Canadiens français, pavant la voie au conflit de 1917 (Foot et Miller, 2006). Surtout, cela créer une séparation entre Wilfrid Laurier et Henri Bourassa, ce qui donne naissance officiellement au mouvement nationaliste, sous le gouverne de Henri Bourassa. Ce dernier se fait élire à titre de député indépendant, suite à la décision de Laurier en 1900. Trois ans plus tard, il fonde la ligue nationaliste canadienne, qui entraînera la fondation d'un nouveau parti politique et d'un nouveau journal.

Territorial

Scientifique & Technique

Points de vue des acteurs:

Wilfrid Laurier :

« En vertu de la loi de la Milice […] nos volontaires sont enrôlés pour défendre le Canada […]. Je suis convaincu qu’en certains cas possibles, l’on pourrait les envoyer combattre à l’étranger […]. Le Canada n’est pas menacé15 ». 4 octobre 1899, Source (p.11)

« Le premier ministre, vu le désir bien connu d'un grand nombre de Canadiens désireux de s'enrôler dans ces conditions, est d'avis que les dépenses modérées que comporteraient ainsi l'équipement et le transport de ces volontaires peuvent être immédiatement assumées par le gouvernement du Canada sans convocation du parlement, vu surtout qu'une semblable dépense, dans les circonstances, ne peut être considérée comme constituant un abandon des principes bien connus du gouvernement constitutionnel et de la coutume coloniale, ni interprétée comme établissant un précédent pour l'avenir. » (13 octobre 1899, Source, p. 91)

« La cause pour laquelle vous vous embarquez aujourd'hui est celle de la justice, du salut de l'humanité, des droits de l'homme et des libertés religieuses. Vous ne partez pas pour une guerre de conquête... pour écraser la population hollandaise, mais bien pour établir en cette terre... la loi britannique afin d'assurer à tous l'égalité et la liberté. » Cette guerre « marque un jalon unique dans l'histoire de l'humanité: c'est un spectacle qui devrait remplir de fierté tous les Canadiens envers leur pays » (30 octobre 1899, Source, p. 15).

« Si le peuple du Canada, dans toute circonstance à venir, exprime le sentiment que nous devrions participer aux guerres de l’empire, la volonté du peuple du Canada sera respectée. […] Si nous sommes forcés de prendre part à toutes les guerres de la Grande-Bretagne, je partage l'opinion […], c'est à dire que supportant le poids de la guerre [il] nous faudrait aussi en partager la responsabilité. » 13 mars 1900, Source (p. 1837)

Joseph Chamberlain, Secrétaire aux colonies :

« Le Secrétaire d'Etat à la Guerre et le commandant en chef désirent exprimer leur haute appréciation de la manifestation évidente de l'esprit patriotique du peuple du Canada, esprit patriotique démontré par l'offre de service en Afrique du Sud. Ils désirent fournir les renseignements suivants pour aider à organiser les forces offertes en unités compatibles aux exigences militaires. » 3 octobre 1899, Source, p. 11.

Journal Le Temps :

« Exiger que le cabinet fédéral prenne notre argent pour organiser, équiper, transporter et payer cette unité [, oui]; mais exiger que, pour faire parade de son ‘’loyalisme’’, le gouvernement autonome du Canada se jette du côté de l’Angleterre dans cette guerre […]? Non, nous n’en sommes pas : nous n’en serons jamais ». Le Temps, Ottawa, 6 octobre 1899.

Amendement de Henri Bourassa :

« Cette Chambre insiste sur le principe de la souveraineté et de l'indépendance du parlement comme étant la base des institutions britanniques et la sauvegarde des libertés civiles et politiques des citoyens britanniques, et refuse, en conséquence, de considérer l'action du gouvernement au sujet de la guerre dans l'Afrique du Sud comme un précédent qui devrait engager ce pays pour toute action à venir. Que cette Chambre déclare, de plus, qu'elle s'oppose à tout changement dans les relations politiques et militaires qui existent actuellement entre le Canada et la Grande-Bretagne, à moins qu'un tel changement ne soit décrété par la volonté souveraine du parlement et sanctionné par le peuple du Canada. » 13 mars 1900, Source (p. 1829)

Journaliste canadien (inconnu, s.d.):

« Une présence forte de la Grande-Bretagne en Afrique du Sud présente d'importants avantages commerciaux pour le Canada. En effet, nos manufactures en sont maintenant à un stade où elles ont besoin d'un marché d'exportation. Sous l'aile protectrice de l'Empire, nos industries peuvent trouver dans cette région du monde le marché dont elles rêvent » (Source, p. 15).

Critique externe -3QPOC

Critique interne -3QPOC

Qui?

La photographie présente des soldats de l'Armée canadienne en route vers l'Afrique du Sud, appartement au Strathcona Horse Royal Canadian. Il s'agit d'un régiment financé par Lord Strathcona et faisant toujours partie aujourd'hui des Forces canadiennes. Il fut créé en 1900 pour servir en Afrique du Sud. Les soldats de ce régiment sont presque tous originaires de l'Ouest du Canada.

Pourquoi?

Les Canadiens sont enrôlés dans la guerre des Boers lorsque la Grande-Bretagne réclame la levée d'une milice canadienne. Lord Strathcona décide de financer un régiment provenant de l'Ouest canadien, ce qui lui permet d'envoyer des soldats dès 1900. La photographie a une valeur historique, permettant de marquer le départ de ce régiment pour la guerre en Afrique du Sud.

Quoi?

Le document présente les soldats lors de leur voyage vers l'Afrique du Sud. Il s'agit d'une photographie où on y voit les hommes, par centaines, en habit de soldats, sur le port du navire les amenant à la guerre. À l'avant, nous pouvons voir de très jeunes hommes en habits militaires.

Où?

Quelque part entre l'Amérique et l'Afrique, dans l'Atlantique. La guerre des Boers s'est surtout déroulée dans les États du sud de l'Afrique.

Quand?

Le Strathcona Horse a été créé en 1900 pour la guerre d'Afrique du Sud, il a servi sur ce territoire jusqu'en janvier 1901. La guerre des Boers a débuté en octobre 1899 et a pris fin en avril 1902.

Comment?

La photographie présente les soldats lors de la traversée de l'Atlantique. Les soldats sont tous vêtus en habits militaires, démontrant qu'ils sont prêts à défendre l'Empire britannique dans le conflit en Afrique.

Documents à télécharger

Pour aller plus loin...

Henri Julien, Peace hath her victories no less than war, 1899. Source (p.106)

S.A., The contingent - Quebec - Ontario, Lithographie, Toronto, 1899-1902. Source