Lao tseu_Constance

Lao tseu 3: La Constance

chapitre 40

Celui qui s'oppose, se déplace sur sa voie.

Celui qui est faible, sa voie est utilisée.

Sous le ciel, des milliers d'êtres croissent en propriété.

Les propriétés croissent dans le néant.

chapitre 41

Un érudit supérieur entend la voie,

il est assidu, pourtant il s'y promène.

Un érudit moyen entend la voie,

il la garde comme si elle s'enfuirait.

Un érudit inférieur entend la voie,

il en rit aux éclats.

Ne pas en rire ne suffit pas pour réaliser la voie.

Ainsi, il construit des phrases qui la contiennent:

La voie lumineuse, c'est comme se cacher.

Avancer sur la voie, c'est comme se retirer.

La voie d'un étranger ressemble à un nœud.

La vertu supérieure est comme une vallée.

La grande limpidité est comme une honte.

La large vertu est comme insuffisante.

Construire la vertu, c'est comme un larcin.

Le véritable caractère, c'est comme en changer.

Un grand rectangle sans angles.

Un grand réceptacle qui devient nuit.

Un grand bruit, un son exceptionnel.

Une grande apparence sans forme.

La voie est cachée, sans renommée.

La voie de l'époux qui est seul,

c'est emprunter la bonté, ainsi que réussir.

chapitre 42

La voie en engendre un,

un en engendre deux,

deux en engendrent trois,

trois engendrent des milliers d'êtres.

Des milliers d'êtres portent le négatif sur le dos,

mais ils embrassent le positif,

qui rince la vitalité pour établir l'harmonie.

Les personnes d'endroits douteux,

ne sont qu'orphelins, peu de chose, non distingués,

mais ils sont rois et dignitaires pour établir les nominations.

Ainsi l'être pourrait subir un tort, pourtant il en bénéficie,

il pourrait en bénéficier, pourtant il fait du tort.

Les personnes d'endroits instruits

me sont également un enseignement:

"Qui est une poutre puissante n'a pas reçu son inflexibilité."

Je la manie pour établir l'instruction des pères.

chapitre 43

Sous le ciel, on arrive à la souplesse,

ceux qui courent rapidement sous le ciel, arrivent à la dureté.

Sans rien posséder, on entre sans intermédiaire,

c'est pourquoi je connais ceux qui, sans agir, possèdent les bénéfices.

Ils enseignent de ne pas parler,

ils en bénéficient, sans agir.

Sous le ciel, la rareté est atteinte.

chapitre 44

Quels parents le nom procure-t-il au corps ?

À combien de personnes le corps procure-t-il des biens ?

Quels malaises leur obtention procure-t-elle à la fuite ?

De ce fait, l'affection véritable sera certainement un grand gaspillage.

Se cacher de nombreuses personnes, ce sera certainement fuir l'épaisseur.

Connaître les parents sans être en disgrâce,

connaître l'arrêt sans être en danger,

savoir le faire pour être durable sur une longue période.

chapitre 45

Devenir grand, c'est comme une insuffisance,

son utilité n'est pas une tromperie.

La grande plénitude est comme un rinçage,

son utilité n'est pas pauvre.

La grande droiture est comme courbée,

la grande habileté est comme maladroite,

la grande contestation est comme un bégaiement.

La victoire imprudente est froide,

la victoire immobile est chaude,

l'immobilité limpide redresse le monde.

chapitre 46

Le monde possède la voie,

on refoule les coursiers pour le crottin.

Le monde est sans voie,

les chevaux militaires mettent bas dans les faubourgs.

Ne pas savoir suffisamment n'est pas un grand malheur.

Le désir d'obtenir quelque chose n'est pas un grand défaut.

Ainsi, il suffit de savoir ce qui suffit.

Il suffit probablement d'être constant.

chapitre 47

Connaître le monde,

sans sortir par la porte.

Voir la voie du ciel,

sans l'épier par la fenêtre.

Sa sortie pénètre loin.

Sa connaissance pénètre peu de personnes.

C'est pourquoi l'homme sacré connaît sans se déplacer,

décrit sans avoir vu,

accomplit sans agir.

chapitre 48

Réaliser une étude, on dit que c'est profitable.

Réaliser la voie, on dit que c'est décroître,

décroître et décroître encore,

pour en arriver au non-agir.

Sans agir, mais également sans inaction.

Prendre la permanence du monde, pour être sans affaires.

S'étendre pour avoir une affaire

ne suffit pas pour cueillir le monde.

chapitre 49

L'homme sacré n'a pas d'esprit permanent,

pour que l'esprit soit formé par l'esprit d'une multitude de personnes.

-"Je suis bon à l'égard des bons,

je suis bon également envers ceux qui ne le sont pas.

La vertu, c'est la bonté."

-"Je fais confiance aux personnes de confiance,

je fais confiance également aux personnes qui ne le sont pas.

La vertu, c'est la confiance."

L'homme sacré se tient sous le ciel,

se serrer, se resserrer rend son esprit boueux¹ sous le ciel.

Une multitude de personnes se déversent entièrement dans ses oreilles et ses yeux.

L'homme sacré est entièrement enfant.

1. Hun signifie également stupide, simple.

chapitre 50

Sortir, c'est naître; entrer, c'est mourir.

Trois sur dix naissent en y allant à pied.

Trois sur dix meurent en y allant à pied.

Dans l'élevage des hommes,

trois sur dix également bougent en mourant sur le sol.

Pourquoi l'époux ? Pour sa progéniture, et il croît en épaisseur.

En couvrant de bonté ce qu'ils entendent,

on assimile ceux qui sont en croissance.

Ils parcourent le pays sans rencontrer le rhinocéros ni le tigre.

Ils entrent dans l'armée sans être le soldat

dont l'armure est une couverture de laine.

Le rhinocéros n'y a pas d'endroit où projeter sa corne.

Le tigre n'y a pas d'endroit où poser sa griffe.

Ce soldat n'a pas d'endroit qui tolère sa lame.

Pourquoi l'époux ? Parce que sans eux le sol meurt.

chapitre 51

La voie engendre la vertu,

qui nourrit les êtres,

qui forment la puissance,

et qui deviennent puissants eux-mêmes.

C'est pourquoi des milliers d'êtres n'ont aucun respect pour la voie,

mais ils estiment la vertu.

La voie se vénère elle-même,

la vertu s'estime elle-même,

l'époux n'a pas de destin, mais il a toujours raison.

Ainsi la voie engendre la vertu,

qui nourrit ce qui est durable,

ce qui se fait soigner,

ce qui est équilibré,

ce qui est cruel,

ce qui pourvoit aux besoins des autres,

ce qui les renverse.

Croître sans rien posséder,

agir sans en dépendre,

être durable sans être un fonctionnaire,

on dit justement que c'est la vertu obscure.

chapitre 52

Le monde a un commencement,

parce qu'il fait la mère du monde.

Il a obtenu sa mère

parce qu'il connaît ses enfants.

Depuis qu'il connaît ses enfants,

il se retourne et défend sa mère,

il submerge le corps sans être en danger.

Bloquer ses échanges,

fermer sa porte,

c'est achever le corps sans assiduité.

Ouvrir ses échanges,

aider ses affaires,

c'est achever le corps, pas le sauver.

Voir ce qui est petit, on dit que c'est brillant.

Défendre la douceur, on dit que c'est fort.

Utiliser ses lumières,

se retourner et revenir à sa luminosité,

sans avoir, par malchance, perdu le corps.

Agir correctement en s'exerçant à la constance.

chapitre 53

On me demande d'associer et d'approuver avoir et savoir.

Marcher sur la grande voie,

peut seul procurer une juste crainte.

La grande voie est plane,

mais le peuple est un bon sentier.

Ils se débarrassent de l'aube,

les champs sont pleins d'ivraie,

et les greniers sont vides.

Les vêtements sont la splendeur de la culture,

ils ceignent des épées tranchantes.

Dégoûtés de boire et de manger,

ils ont des excédents de richesses et de biens.

On dit justement que voler et se vanter

ce n'est pas la voie, en effet !

chapitre 54

Celui qui est bon et qui construit, ne s'arrache pas.

Celui qui est bon et qui embrasse, ne se détache pas.

Un fils, un petit-fils pour faire des sacrifices, pas pour se reposer.

Cela restaure dans le corps

sa vertu, puis la véracité.

Cela restaure dans la famille

sa vertu, puis des excédents.

Cela restaure dans le village

sa vertu, puis de façon durable.

Cela restaure dans le pays

sa vertu, puis l'abondance.

Cela restaure dans le monde

sa vertu, puis le tout.

Et cela, parce que les corps regardent les corps,

parce que les familles regardent les familles,

parce que les villages regardent les villages,

parce que les pays regardent les pays,

parce que le monde regarde le monde.

Comment puis-je savoir ce qu'il en est du monde ?

Par ceci.

chapitre 55

Il garde en bouche l'épaisseur de sa vertu.

Compare cela avec les roses rejetons:

les serpents venimeux ne piquent pas,

les bêtes féroces ne capturent rien,

les rapaces n'attrapent rien.

Les os sont fragiles, les muscles sont souples,

mais ils tiennent ferme.

Ils ne connaissent pas encore l'union du mâle et de la femelle,

mais ils les réduisent.

Ils parviennent également à leur essence.

Enfin, on dit qu'ils crient sans s'enrouer,

ils parviennent également à leur harmonie.

Connaître l'harmonie, on dit que c'est permanent.

Connaître la constance, on dit que c'est brillant.

Faire des progrès, on dit que c'est par chance.

L'esprit qui commande la vitalité, on dit que c'est fort.

L'être est gros, les règles sont vieilles,

cela ne s'appelle pas la voie.

Ce n'est pas la voie, qui finit un matin.¹

1. voir chapitre 30

chapitre 56

Celui qui sait ne parle pas,

celui qui parle ne sait pas.

Bloquer ses échanges,

fermer sa porte,

briser son tranchant,

délier sa confusion,

adoucie sa lumière,

uni à sa poussière,

on dit justement que c'est l'union profonde.

Ainsi, on ne peut obtenir ce qui est parent,

on ne peut obtenir ce qui est éloigné,

on ne peut obtenir ce qui est profitable,

on ne peut obtenir ce qui est nuisible,

on ne peut obtenir ce qui est coûteux,

on ne peut obtenir ce qui est bon marché.

Ainsi, agir sous le ciel est coûteux.

chapitre 57

Pour que le gouvernement du pays soit régulier,

pour que le soldat utile soit rare,

être sans affaires et cueillir le monde.

Comment le sais-je ? Par ceci:

Sous le ciel, il y a de nombreuses craintes et interdits,

mais la misère pénètre le peuple.

Lorsque le peuple est le réceptacle de nombreux avantages,

le pays et les familles sont féconds au crépuscule.

Lorsque les hommes sont habiles de nombreux talents,

un être rare et fécond se lève.

Les lois ordonnent de déclarer la fertilité¹,

ils en possèdent beaucoup pour voler les voleurs.

Ainsi, l'homme sacré dit:

Je ne fais rien, mais le peuple change de lui-même.

Je suis calme, mais le peuple est droit de lui-même.

Je suis sans affaires, mais le peuple est riche de lui-même.

Je ne désire rien, mais le peuple est simple de lui-même.

1. L'impôt en grain était basé sur la production annuelle.

chapitre 58

Sa politique est ennuyeuse et déprimée,

son peuple est pur et honnête.

Sa politique examine et contrôle,

son peuple n'est que défauts et lacunes.

Le malheur ...

le bonheur s'y appuie.

Le bonheur ...

le malheur s'y penche.

Qui connaît son sommet,

son manque de droiture ?

La droiture qui se retourne¹ fait la rareté.

La bonté qui se retourne fait le démon.

L'homme qui en est troublé,

ses journées seront longtemps stables.

C'est pourquoi l'homme sacré

est carré sans couper,

est consciencieux sans blesser,

se tient droit sans s'aligner,

est une lumière qui ne brille pas.

1. qui fait demi-tour (voir chapitre 30)

chapitre 59

Diriger les hommes et les affaires du Ciel¹,

ce n'est pas comme être avare².

L'époux qui est seul est avare.

On dit justement que ce sont les "habits du matin".

Ces "habits du matin" sont lourds de vertus accumulées.

Il est important de rassembler les vertus.

Les normes, qui n'existent pas, n'en sont pas capables,

rien n'étant insurmontable.

Les normes ne connaissent certainement pas leur sommet.

Ne pas connaître son sommet

est possible lorsqu'on possède un pays.¹

Posséder la mère du pays

est possible lorsqu'on dure longtemps.

On dit justement qu'une racine profonde est un fondement solide.

Regarder longtemps sa longue croissance, c'est la voie.

1. La présidence religieuse du monde chinois restant, en théorie, à la maison des Zhou (Tcheou), des principautés puissantes assument sa présidence militaire et y font régner un ordre que les "Fils du Ciel" sont devenus incapables d'assurer.

2. voir chapitre 56, dernier paragraphe.

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