"Variations Énigmatiques"

                   Si vous le souhaitez, vous pouvez continuer de visiter le site en écoutant les VARIATIONS  ÉNIGMATIQUES  d'Elgar Edward

 

Pièce d'Eric-Emmanuel Schmitt

  Mise en scène Nadyne Capelli

Scénographie Christian Santoul

  Jeu : Christian Santoul

            Michel Vautrin

-  Sortie décembre 2012

-  Spectacle Public averti

-  Espaces culturels

-  Salons privés

-  Durée : 1h30

Synopsis :   

 Qui aime-t-on quand on aime ? 

 Sait-on jamais qui est l'être aimé ? 

 L'amour partagé n'est-il qu'un malentendu ?...

 Autour de ces éternels mystères du sentiment   amoureux, deux hommes s'affrontent :

 Abel Znorko, prix Nobel de littérature qui vit retiré des hommes sur une île perdue de la mer de Norvège. Il y sublime sa passion pour une femme, avec laquelle il a échangé une longue correspondance, et Éric Larsen, journaliste énigmatique qui vient interviewer l'écrivain.

 Mais pour quel motif inavoué est-il là? Quel est son  lien secret avec cette femme dont Znorko est toujours amoureux ? Et pourquoi un tel misanthrope a-t-il accepté de le recevoir ?

 L'entrevue se transforme vite en un jeu de la vérité, un psychodrame cruel et sinueux, rythmé par une cascade de rebondissements  au fil d'un suspense savamment distillé. Le tout baigne dans l’humour et la belle écriture d’Eric-Emmanuel  Schmitt. 

 Un délice…!

 L'auteur : 

En une dizaine d’années, Éric-Emmanuel Schmitt est devenu un des auteurs francophones les plus lus et les plus représentés dans le monde.

Né en 1960, normalien, agrégé de philosophie, docteur, il s’est d’abord fait connaître au théâtre avec Le Visiteur, cette rencontre hypothétique entre Freud et peut-être Dieu, devenue un classique du répertoire international. Rapidement, d’autres succès ont suivi : Variations Énigmatiques, Le Libertin, Hôtel des deux mondes, Petits crimes conjugaux, Mes Évangiles, La Tectonique des sentiments… Plébiscitées tant par le public que par la critique, ses pièces ont été récompensées par plusieurs Molière et le Grand Prix du théâtre de l’Académie française. Son œuvre est désormais jouée dans plus de quarante pays.

Il écrit le Cycle de l’Invisible, quatre récits sur l’enfance et la spiritualité, qui rencontrent un immense succès aussi bien sur scène qu’en librairie : Milarepa, Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran, Oscar et la dame rose et L’Enfant de Noé. Une carrière de romancier, initiée par La Secte des égoïstes, absorbe une grande partie de son énergie depuis L'Évangile selon Pilate, livre lumineux dont La Part de l’autre se veut le côté sombre. Depuis, on lui doit Lorsque j’étais une œuvre d’art, une variation fantaisiste et contemporaine sur le mythe de Faust et une autofiction, Ma Vie avec Mozart, une correspondance intime et originale avec le compositeur de Vienne. Deux recueils de nouvelles se sont ajoutés récemment: Odette Toulemonde et autres histoires, 8 destins de femmes à la recherche du bonheur, est inspiré par son premier film tandis que la rêveuse d'Ostende est un bel hommage au pouvoir de l'imagination.

En 2006 il écrit et réalise son premier film: Odette Toulemonde. (Sortie le 7 février 2007)

Amoureux de musique, Éric-Emmanuel Schmitt a également signé la traduction française des Noces de Figaro et de Don Giovanni. Toujours curieux, il ouvre en permanence de nouvelles portes, tend de nouveaux miroirs, pour notre plus grand plaisir.

Le 16 janvier 2016 il est élu membre du jury du prix Goncourt. 

Il vit à Bruxelles et toutes ses œuvres en français sont éditées par Albin Michel.

BABELIO

 

Note de l'auteur :

Mes personnages parlent beaucoup mais ils disent rarement la vérité. Sinon, il n'y aurait pas de pièce… Une fois que mes personnages ont dit leur vérité, ils vont être contredits par la vie. Sinon, je ne signerais pas la pièce…Le conflit entre la pensée et la réalité, c'est peut-être l'unique sujet de mon théâtre. Il est aisé d'avoir des certitudes mais nécessaire de les perdre. On ne peut se protéger perpétuellement de la vie par son choix, ses croyances, son idéologie : toujours la vie surprend, dément, déconcerte, ajoute son épaisseur, impose ses mystères. Aucune position abstraite ne tient contre la vie. Aucune philosophie n'encadre ni ne résorbe la vie. Je suis un veuf de la vérité, mais un veuf joyeux. J'apprécie les mystères. Je comprends avec délice que l'existence est incompréhensible. Variations énigmatiques est sans doute la plus autobiographique de mes pièces.  Comme Znorko, j'ai connu la trahison, subi les longs mensonges, l'isolement puis trouvé le refuge dans l'écriture. Comme Larsen, j'ai connu l'amour simple, modeste, au jour le jour, qui accompagne l'aimée dans la maladie jusqu'à la mort. Comme eux deux, j'ai éprouvé -subi- ces jeux de masques, ces substitutions d'identités, cet amour qui ne concorde pas forcément avec les goûts sexuels, ce trouble, cette perte de soi qui permet, ultimement, de trouver plus que soi. J'ai emprunté souvent les labyrinthes affectifs de mes deux personnages. Mais je n'en dirai pas plus, les ressemblances s'arrêtent vite, la réalité ayant moins de tenue que la fiction : à la différence de Znorko, on m'a pas encore attribué le prix Nobel et je vis sur une île que je dois partager avec d'autres…Znorko et Larsen incarnent deux façons d'aimer. Znorko aime à distance, Larsen aime à proximité. Znorko est un romantique, Larsen un réaliste. Znorko, très sensuel, trop sensuel, se méfie de la sexualité comme forme d'attachement à autrui. Il sait que la sexualité est une fièvre brève, versatile, inconséquente. Il connaît la fondamentale impuissance du sexe en amour. Il a donc voulu spiritualiser son amour pour Hélène, le fortifier par la distance et l'abandon des étreintes. Il a imposé la séparation des corps et vit sa passion dans un échange épistolaire quotidien. Cet écrivain a rendu sa liaison littéraire. Contrairement à ce qu'il fait croire au début de l'entretien, il a une très haute idée de l'amour. Il a même été capable de sacrifier la chair et la présence de l'être aimé à cette haute idée. Larsen, en revanche, n'a pas d'idée préconçue sur l'amour, il se laisse porter par lui. En épousant Hélène, il a consenti à tout : au quotidien, à l'habitude, à ses limites, à la maladie, à l'agonie, à la mort, et, après l'enterrement, il a même consenti à la trahison. Il accepte l'autre amour d'Hélène. Il accepte même de perdre son sexe. Ce personnage, qui a l'air gris, banal et timide, est en fait un véritable aventurier de l'amour. Il accepte que sa vie soit envahie, transformée par lui. Qui a raison ? Aucun des deux : c'est le propre de la comédie. Tous les deux : c'est le propre de la tragédie. Znorko et Larsen incarnent nos tensions contradictoires. Ils ont tellement radicalisé leur position qu'ils souffrent, frôlent la névrose. Aucun ne peut se satisfaire de son excès : Znorko, au début de la pièce, crève de solitude ; Larsen, à la fin de la pièce a besoin que la correspondance continue. Depuis des années, j'ai reçu des centaines de lettres me posant toute la même question : que se passe-t-il après la dernière réplique ? Ma réponse n'a jamais variée :- je n'en sais rien sinon j'aurai continué la pièce. j'ai écrit la pièce pour qu'on se pose précisément cette question et que je n'y réponde pas. Qu'arrivera-t-il ? Les deux hommes vont-ils s'écrire sous le masque d'Hélène ? Sans elle ? Vont-ils se voir ? Se revoir ? Jusqu'à quel point admettront-ils qu'il y a de l'amour entre eux ? Je crois qu'une pièce ne se limite pas au plaisir et au temps de sa représentation, elle doit déranger, lester le spectateur de questions, des questions sur elle et sur lui-même. Souvent des spectateurs m'ont raconté la suite de Variations Énigmatiques : en fait, ils ne racontaient pas la pièce, ils se racontaient eux-mêmes. Ils me donnaient leur vibration d'humain à cette étrange histoire d'amour. Et cela seul était mon but.

Malvern, Angleterre, le 12 mai 2000. Eric-Emmanuel-Schmitt  

Éric-Emmanuel Schmitt. Ma vision de l'amour

 

Distribution :             

                  Abel Znorko : Christian Santoul

               Érik Larsen : Michel Vautrin

                Mise en scène : Nadyne Capelli

                Scénographie : Christian Santoul

                            

                   Atelier décor : Claude Belmont et Maurice Vautrin

                Régie lumière/son : Laurent Lecoq, assisté de Cyril

                Visuel : Christian Santoul

                Relations Publiques et Communication : Françoise Santoul



Les comédiens :

                        Christian Santoul

                              Michel Vautrin



Le metteur en scène :

Nadyne Capelli

Parallèlement à des études de lettres classiques, Nadyne Capelli a été formée à Grenoble par René Lesage. Elle a poursuivi une carrière de comédienne, de metteur en scène et de professeur de théâtre, en Afrique, en province et à Paris.

        En 1998, elle est Sarah, dans la pièce de John Murrel, "Sarah ou le cri de la langouste"  et obtient le prix d'interprétation féminine Festhéa à Tours. En 2004, elle tourne dans le long métrage "Tic" de Philippe Loquet, en 2007 dans "Une vie d'artiste" de Marc Fitoussi, et en 2008 dans la sitcom "Cinq sœurs" .

        Elle crée et anime pendant 10 ans, de 1988 à1998, la troupe  "Les Tréteaux de la Renarde" , et monte plusieurs comédies musicales, dans le cadre scolaire, avec 280 enfants à l'Espace Jules Verne de Brétigny (91).

        En 1990, elle entraîne une équipe d'improvisation pour les championnats d'Ile de France. En 2007, elle écrit et réalise  "Un secret mal gardé" ,  spectacle d'inauguration  du centre culturel de Bruyères le Châtel. En 2008, elle met en scène "Les raisins de la discorde" à Etréchy.

        Nadyne Capelli a, par ailleurs, enseigné la pratique théâtrale à "L’École des Moineaux" (16e), au cours de "Laurence le Dantec" (17e)  et  à "L'ASCH" de Bruyères le Châtel.




Le scénographe :


Christian Santoul

Né à Carcassonne, il pratique très tôt les Arts Plastiques au soleil de l'Aude.

Après une inscription aux Beaux Arts de Toulouse, il "monte à Paris" .

D'abord enseignant, il devient psychopédagogue, puis psychodramatiste. La pratique du jeu dramatique comme thérapie l'amène à s'intéresser de plus près au théâtre qui le séduit par 

ses trois "P" : Parole, Plastique, Psychologie.     


En 1990,  il offre aux "Tréteaux de la renarde" ses premiers décors pour "La Cuisine des Anges" d'Albert Hudson.

Après cette réussite, se succèdent les scénographies...

1992  "La petite Phèdre" de Jean Canolle.

1994  "Week-end" de Noël Coward.

1995  "Barbe Bleue" une création de Bernard Lafragette.

1996  "La Nuit du 16 Janvier" ("Coupable ou non coupable") De Ayn Rand.                               

1998  "Un Inspecteur vous demande" de J.B. Priestley.

1999  "Guitry, vous avez dit Guitry"  2 pièces de Sacha Guitry : 

 "On passe dans 8 jours" et "Un soir quand on est seul"

 2000  "Le Nombril" de Jean Anouilh. 

 2001  "Les Bons Bourgeois" de René de Obaldia.

 2002  "La Colonie" de Marivaux.

           "Meurtre au Saloon" création de Bernard Lafragette.

 2003  "Potins d'Enfer" de Jean-Noël Fenwick. 

           "Le Cimetière des Eléphants" de Jean-Paul Daumas.

 2004  "L'Amour des 4 Colonels" de Peter Ustinov.

           "Promenade chez M. Trenet", un café théâtre bâti autour d'œuvres 

           de Charles Trenet.                

  2005  Nadyne Capelli lui confie, pour la compagnie Nautilus, la scénographie de :

            "Capitaine Bringuier" de Pascal Lainé, puis suivent...

  2007  "Virginité" du même auteur.

  2009  "Célimène et le Cardinal" de Jacques Rampal.

  2010  "Dis moi OUI" de Déborah Helpert pour " Artistes Production ".

  2011  "12 Femmes pour une Scène" de Gérard Levoyer, 

  2012  "Comédie sur un Quai de Gare" de Samuel Benchétrit.

  2013  " Variations Énigmatiques" de Éric-Emmanuel Schmitt,

  2015  "Commissaire Badouz" de Guy Foissy.

  2017  " Batailles" de Jean-Michel Ribes et Roland Topor,

  2019  " Nos Femmes " de Éric Assous

  2022 "Molièrement  Vôtre" un florilège,  hommage à l'auteur.

 

Note d'intention du scénographe :

Rédiger une note d’intention, c’est toujours résumer l’intention, la figer, la limiter, la borner avec des mots, alors que la création est développement . Elle est libérée du verbe, elle le survole, elle le transcende. 

Cependant, si chaque fois, je me prête volontiers à cet exercice, c’est qu'il a tout de même le mérite d’entrouvrir une démarche, un point de vue, une subjectivité  artistique.

Avec ‘’Variations Énigmatiques’’ Éric-Emmanuel Schmitt nous transporte sur une petite île, quelque part "près du pôle", dans le bureau d’un prix Nobel de littérature, retiré en ces lieux pour sublimer l’amour d’une femme. C’est le cadre d’un duel entre deux hommes, l’écrivain et un visiteur journaliste, d’un affrontement entre deux approches d’un même amour.

Pour conférer au lieu le caractère nordique, j’ai opté pour la présence ostensible du bois brut, matériau local, chaud, communément utilisé sous ces latitudes, il est ici associé à la couleur rouge, image de la passion amoureuse.

Le décor se veut sobre, dépouillé à la fois pour nous introduire dans l’antre austère d’un ermite, mais surtout pour offrir à un texte finement ciselé l’écrin protecteur qui lui évitera d'être parasité, aspiré et noyé dans un environnement concret surchargé.

L’espace est matériellement délimité, resserré en une sorte d’arène, propice à accueillir la joute des deux protagonistes.

Un objet d’art, sculpture féminine, symbolise la femme absente, sujet de l’entretien, icône mais aussi œil,  témoin  et arbitre du déroulement de ce huis clos.

Le spectateur confortablement installé dans les "tribunes" est idéalement placé pour réagir et vibrer aux péripéties de ce combat verbal. Il en fait partie intégrante car  il n’y a pas de véritable match sans interaction du public et des acteurs du jeu.


Dispositif scénique :

 Dimensions utiles du dispositif complet :

Configuration idéale :

Largeur de mur à mur : 14,00 m (ouverture + pendrillons + circulations ).

Profondeur : 7,00 m derrière le rideau de scène.

Hauteur : 6,50 m sous porteuses.

Ouverture du cadre de scène : 7,50 m x 4,00 m

Petits plateaux :

Largeur de mur à mur : 7,50 m.

Profondeur maximum : 5,00 m.

Pour les lieux plus étroits (théâtre de poche ou particulier) :

Examen, au cas par cas, des fiches techniques des théâtres.

Matériel fourni par la troupe :

- Cadre métallique et son habillage de bois.

- 2 fauteuils.

- Une table basse.

- Un bureau.

- Une chaise.

- une sellette.

- Un éclairage sur pied.

- Une porte-fenêtre.

- une œuvre d'art.

- Accessoires : poubelle, fusil , étagères,          bouteille,verres...


Plan de scène :



Décor, esquisse vue de face :

Décor, vue 3D :

Décor, photo :

Album photos :

Variations Énigmatiques

Plan de feux :


A TRAVERS LA PRESSE :


Le Hérisson 77 - « Festival de Théâtre du Pays de Bière »

BREUILLET le Mag - « Variations Énigmatiques »

Le Mag des Cimes - « Variations Énigmatiques »

L’Express - « Variations Énigmatiques »

Le coup de cœur! Il est des pièces d'amour comme il y a des romans d'amour. Éric-Emmanuel Schmitt en a composé une, fort belle, avec Variations énigmatiques. Inspirée d'une œuvre musicale de l'Anglais Edward Elgar, elle s'enroule comme cette partition éponyme autour d'une mélodie avec Variations énigmatiques. Infiniment recommencée - l'amour - et décline toutes les réponses possibles à  son initiale question : qui aime-t-on quand on aime ? Schmitt a écrit une pièce simple, bouleversante et spirituelle, une pièce à  ressorts, efficace et surprenante. Un faux journaliste vient questionner un écrivain sur sa dernière œuvre, un recueil épistolaire. Pendant deux heures, ils ne parlent que d'amour, entre affrontements et aveux. Francis Huster - le journaliste - cultive une sobriété qui lui réussit et une douceur touchante. Alain Delon - l'écrivain ermite - se joue de ses propres maladresses, développe une étonnante présence en scène et offre une formidable dernière demi-heure, quand le misanthrope plastronnant s'effondre, se liquéfie dans le chagrin et l'humanité.

Christophe Barbier

Le Figaro - « Variations Énigmatiques »

La nouvelle pièce d’Éric-Emmanuel Schmitt alterne la noblesse et la dureté dans les sentiments, l'élégie et le duel, l'ivresse de la joute, le mystère de l'amour, si différent de la passion, avec des pointes de lyrisme, des têtes-à -queue cyniques, des coups de théâtre.

Frédéric Ferney

Le Monde - « Variations Énigmatiques »

Avec le talent d'un Dickson Carr ou des dramaturges anglo-saxons de l'après guerre, Éric-Emmanuel Schmitt mène son récit malignement. (...)Trois destinées se croisent ici, celles des protagonistes et celle d'une femme absente, qui sont l'occasion d'une chirurgie efficace du sentiment amoureux, de son cortège de souffrances et de lâchetés, de plaisirs et de frustrations. Voilà  longtemps dans le théâtre Français que l'on n'avait pas usé du masque, qui pourtant a marqué son âge d'or. Duo d'acteurs prestigieux, texte ambitieux.

 Olivier Schmitt

Le Soir - « Variations Énigmatiques »

Le texte est excellent. Suspense, amour, création. Il jongle avec les idées, les caractères, les grandeurs et misères du vivre. (...) Le côté ludique, cette façon de dérider la philosophie dans des dialogues comiques font que le théâtre d’Éric-Emmanuel Schmitt est très plaisant à  lire. Des pièces irréprochables dans le mécanisme de pensée qu'ils mettent à  jour. Des réponses évidentes à  toutes les questions. Éric-Emmanuel Schmitt est brillant et rieur.

Pascale Haubruge

Le Point - « Variations Énigmatiques »

Quelle maîtrise de la progression dramatique, quelle force et subtilité dans l'opposition des caractères, quelle élégance dans la parabole musicale qui donne une clé de la pièce! Le tohu-bohu qui entoure Variations Énigmatiques a le mérite de remplir la salle, mais l'inconvénient de détourner l'attention du véritable sens de l'événement : la consécration d'un jeune auteur dramatique français.

 Pierre Billard

Elle - « Variations Énigmatiques »

Une histoire bien étrange que celle qui se déroule sous nos yeux. Aussi mystérieuse et inédite que le décor brumeux de Nicolas Sire avant le lever de rideau : un ciel voilé, une eau glauque parsemée de rochers. Verticalité et horizontalité perturbées chacune son tour, prémices d'une intrigue compliquée. Tout comme la musique d'Edward Elgard, tellement simple et belle à  la première écoute, qui se révèle lancinante, saccadée et tellement complexe à  la fin. Véritable refrain scandant le malheur à  la fois d'Abel Znorko (Alain Delon) et d'Erick Larsen (Françis Huster).De quoi s'agit-il ? De la rencontre, il est vrai de deux monstres sacrés dans le civil, mais aussi de deux personnages de fiction au caractère très fort. L'un est écrivain, vient de sortir son douzième livre, s'est toujours obstiné à  refuser toute interview " je déteste les journalistes et ne converse qu'avec moi-même" " Vingt-cinq ans de malentendus avec la critique, c'est une belle carrière, non ? "; l'autre est journaliste, décidé, semble-t-il, à  tirer les vers du nez de "l'ogre", surnom donné à  l'écrivain. Vivant reclus sur son île norvégienne, depuis quelques années, Abel Znorko est une bête et ne fonctionne, manifestement, qu'à  l'instinct. Il respire au rythme des mouettes, se nourrit de viandes de légumes et des femmes qu'on lui apporte. Et, surtout s'enlise dans le plaisir. D'où une tirade dithyrambique de Delon sur l'historique de l'amour, pure invention de l'homme social, lié à  l'idée de durée; à  la différence du plaisir, lié, lui, à  l'instant. Un rapport au temps qui en dit long sur la suite des événements : le pseudo-journaliste est plus qu'un imposteur, c'est le mari de la femme à  laquelle le livre est dédié. Vous me suivez ? Erick Larsen est venu régler son compte à  Abel Znorko, l'amant de sa femme qui avouera : "Elle m'aimait tellement qu'elle me faisait m'aimer" ; "Pour que notre amour se fortifie, j'ai imposé la séparation." Ça fait mal, non ? D'autant plus mal que, ne pensant plus qu'à  elle ("Ce furent cinq mois d'étreintes"), il ne pouvait plus écrire. "Vous l'avez sacrifiée à  votre œuvre", lui rétorque Eric Larsen. Et après ? je vous laisse le découvrir. Retenez simplement : "On a besoin de mensonges pour donner de la vie aux morts". Une pièce forte. Huster et Delon, couple digne de "la belle et la bête", amoureux de la même personne, blessés par leurs désillusions, nous livrent un match de boxe de première catégorie arbitré par Bernard Murat. Quant à  Éric-Emmanuel Schmitt ; ne pas lui rendre grâce serait profondément mesquin. Une visite à  Marigny s'impose...

 Françoise Delbecq

Lire - « Les 30 livres qui ont marqué nos 30 ans »

De 1975 à 2005, voici les 30 livres qui on fait date ! Certains ont une descendance. D’autres ont soulevé des objections et fait la matière de nouveaux ouvrages. D’autres encore demeurent sans héritiers, tels des mégalithes isolés en plein champ. Mais tous sont des monuments de l’édition française de ces trente dernières années. Mieux : le reflet de la manière dont on pensa, écrivit, lut- et parfois polémiqua- en France au cours de ces trois décennies. 1996 Variations énigmatiques par Éric-Emmanuel Schmitt Alcibiade estimait qu’il suffisait d’être assis auprès de Socrate pour mériter le titre de philosophe. Au milieu des années 1990, certains cafés remplirent d’amis de la sagesse, qui pensaient retrouver sur la moleskine grenat des banquettes l’effervescence de Saint Germain-des-Prés. C’était la vogue des cafés-philo. Pourquoi pas ? Il n’y a pas d’endroits privilégiés pour commencer de s’interroger. L’on peut vouloir faire table rase de ses préjugés en y posant une tasse de café ou trouver préférable d’aller au théâtre. Les dialogues y ont généralement plus de tenue. Tous ceux qui, dans ces mêmes années, en 1996 précisément, ont vu la pièce d’Eric-Emmanuel Schmitt, Variations énigmatiques, ou qui l’ont lue, ont découvert un auteur qui renouait brillamment avec une tradition bien française. Philosophe de formation, spécialiste de Diderot, l’homme est avant tout écrivain et excellent dramaturge. A peine a-t-on ouvert le livre ou le rideau s’est levé que la pièce part comme un coup de fusil. La progression dramatique de cette étrange histoire, où l’improbable le dispute à l’invraisemblable, ne laisse aucun répit au lecteur/ spectateur. IL sera tenu en haleine jusqu’au dernier mot : « Je…je vous écrirais. » Comme dans les Variations du compositeur Edward Elgar auxquelles la pièce emprunte son titre, ce mot n’est celui d’aucune fin. Il est, dans la bouche d’ Abel Znorko, ce personnage misanthrope, Prix Nobel de littérature, qui reçoit chez lui un journaliste venu l’ interviewer, l’ expression hésitante de son inavouable désir de voir son histoire, leur histoire, ne jamais s’arrêter ! Etrange histoire, à la frontière du réel et de l’imaginaire : éprouvée par la violence des répliques cinglantes, habitée par la joie secrète d’une interrogation libératrice, elles s’est, en un mot, transformée en conscience. C’est tout l’art du théâtre d’ Éric-Emmanuel Schmitt ; ce qui en fait l’attrait et la nécessité. « Il est aisé d’avoir des certitudes mais nécessaire de les perdre. » A ceux qui aiment pousser la porte du théâtre, voici la sagesse dont cet auteur nous propose de devenir des amis.

Jérôme Serri

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