Grands barrages hydroélectriques amazoniens : la fausse énergie verte !

En mai dernier, à Paris, Maiouri Nature et Or de Question présents au séminaire contre les fausses promesses écologiques des grands barrages amazoniens, dénonçaient le bilan carbone accablant du barrage hydroélectrique de Petit Saut en Guyane ! 

Et pour cause, ses rejets en gaz à effet de serre (GES) sont de très loin supérieurs à ceux de notre vieille centrale à fuel de Degrad-des-Cannes, et cela persistera durant ses 72 premières années d’existence !

En cause, le méthane produit par l’immersion d’une forêt primaire grande comme trois fois la ville de Paris ! Un bilan sans doute bien plus alarmant lorsque le Comité scientifique d'EDF voudra bien prendre en compte le Protoxyde d’azote (N2O), au Pouvoir de Réchauffement Global 300 fois supérieur au Co2.

Lire notre dossier 20 ans après le Barrage de Petit Saut.

Ce barrage aura-t’il le temps de produire de l’énergie verte ? On peut en douter quand on connait l’espérance de vie d’une infrastructure en béton armée sous nos climats tropicaux ? (effets conjugués de la corrosion de la latérite, UV, chaleur & humidité extrêmes et absence d'entretien chronique du matériel...)

Surtout, nous avions rappelé le lien étroit qui existe entre méga-barrage et volonté d'un Etat à développer la méga-industrie minière sur son sol.

Ce séminaire fut l'occasion de collecter un nombre important de retour d'expérience des nombreux partenaires présents, du Gabon à l'Albanie, en passant par le Brésil, la Colombie et la Guyane Française (Intervention de Or de Question).

Ce séminaire, introduit amicalement par le comédien et militant Pierre Richard, fut l'occasion de collecter un nombre important de retour d'expérience des nombreux partenaires présents, du Gabon à l'Albanie, en passant par le Brésil, la Colombie et la Guyane Française.

A l'issue de cette journée, fut publiée officiellement la Déclaration « Les fausses promesses des grands barrages », signée par 250 organisations internationales. Cette déclaration présente, avec force d'argumentation, toutes les raisons pour refuser cette énergie dite « renouvelables » mais surtout insoutenables pour la planète.

Télécharger la déclaration en français ; en anglais ; en portugais ; en espagnol ; en russe ;en chinois ;

Un résumé des interventions est compilé sur ce lien.

Cette vidéo ci-dessous explique

clairement la problématique des gaz à effet de serre des barrages.

Le lendemain, 14 mai 2019, à la Défense, un "die-in" fut organisé par Extinction Rebellion sur les marches du Congrès Mondiale de l'Hydroélectricité. Une manifestation haut en couleur et émotion gràce à la présence de caciques et personnalités amérindiennes venues de régions brésiliennes impactées par les grands barrages.

La couverture médiatique de l'action fut relayée par les quotidiens Le Monde et Le Parisien et International Rivers.

« PLANÈTE AMAZONE » fut l'à l'initiative de ce séminaire. Cette ONG œuvre aux côtés des peuples autochtones de l'Amazonie brésilienne pour la défense de leur droits fonciers et coutumiers. Planète Amazone fut l'organisateur de l'Alliance des Gardiens de Mère Nature qui a permis de rassembler un grand nombre de caciques amérindiens à Brasília en 2018.  Ils sont par ailleurs les auteurs d'investigations ICI et sur le Green-washing ayant pour théâtre l'Amazonie.

Retrouver sur cette vidéo quelques moments forts de cette action d'Extinction Rebellion.

Photos © Todd Southgate.

Evoqué fin 2014 par Rodolphe Alexandre à l'occasion des 20 ans du Barrage EDF, et relancé maladroitement

Par Hélène Sirder sur le stand de la COP 21 fin 2015, (et oui, c'est possible !), les différentes annonces de projet d'un second grand barrage avaient fait un flop dans les rangs de la CTG.

Entre ces deux épisodes, rappelons l'avis défavorable de la Ministre de l'Ecologie, Ségolène Royale et le conflit d'intérêt dénoncé par un élu de l'opposition. En effet, l'étude d'opportunité de ce second barrage avait été confiée à une filiale de la multinationale GDF-Suez, constructrice de barrage elle-même. 

Une péripétie qui avait conduit à l'annulation de l'étude en mai 2015.

On pensait que l’absurde projet d’un second barrage en Guyane était enterré ?

Que Neni !

Dans une interview de Radio Peyi, enregistrée en avril 2019, on apprend avec stupeur que Robert Dardanne (ex-directeur Voltalia), s’exprimant en tant que Président du GENERG*, trouve ce sinistre projet « tout à fait intéressant » et situe géographiquement sa future implantation « sur les fleuves Mana ou Approuague » !!!

A la question : « Et donc c’est le rôle aussi de votre association, le GENERG, de soutenir ces projets de développement économique alliés à l’énergie renouvelable ? »

Réponse du Pdt Generg : « ABSOLUMENT, là le niveau d’intervention, c’est que c’est des ouvrages de très grande taille et donc les études, les appréciations… [sont] vraiment du ressort de grands spécialistes et donc on suit cette évolution, on peut être que difficilement acteur car c’est des ouvrages de très grande taille ».

Cette déclaration sur un second grand barrage, de la part d’une organisation dont on pouvait attendre un minimum de prise de conscience des changements climatiques, est particulièrement grave alors que l'on connait désormais l’impact considérable des grands barrages amazoniens sur le climat (équivalent aux émissions de GES de l’industrie aéronautique mondiale)

Réécoutez l’intervention de Robert Dardanne à la 6:13 minutes de cet interview ( De Samir Mathieu : Radio_Peyi & France-Guyane).

* Generg : Groupement des ENtreprises en Energies Renouvelables de Guyane.

INVESTIGATION SUR LE PROTOXYDE D'AZOTE (N2O) ? Dans le bilan carbone catastrophique du méga-barrage hydro-électrique de Petit Saut , il faut savoir que de surcroit, il n’a pas été pris en considération l’impact du Protoxyde d’azote (N2O), un Gaz à Effet de Serre (GES) qui se développe sur les rives des barrages amazoniens !

Pourtant, le N20 possède un Potentiel de Réchauffement Global (PRG) de 298, ce qui est considérable !(contre 1 pour le CO2 et 25 pour le méthane).

Quel est l'importance du dégagement de ce gaz N2O

dans le lac de Petit saut ?

Le comité scientifique d'EDF ne publie pas de donnés à ce sujet, à notre connaissance !

Cependant, nous nous sommes procurés ce chiffre impressionnant : 3774 Km : c'est la distance linéaire de rivages côtiers de ce lac de barrage et de ces nombreux ilots. Or c'est justement dans ces secteurs de faible profondeur que se développe le protoxyde d'azote.

Pour rappel, la France métropolitaine, avec ses quatres façades maritimes, héberge 3427 km de côtes. En cliquant sur la carte ci-contre (Source : BD Carthage Guyane 2015) , on comprend mieux ce chiffre incroyable

ACTU 28 aout 2019 : Dans la rubrique " Etudes sur fonds publics mais restitutions généralement confidentielles " on apprend la mise en place d'une étude de suivi de la dynamique du carbone du lac de Petit-saut en Guyane ménée par l'AFB, l'IRSTEA et l'ODE... On attend les résultats avec impatience, d'avance merci !