Poésies de Clementia p.5

LA POETESSE ET LE TROUBADOUR

Une poétesse bien triste s'ennuyait

Tout en haut d'une tour de béton et d'acier

De sa fenêtre elle ne voyait qu'un ciel gris

Et ses yeux verts étaient toujours voilés de pluie

Elle écrivait de mélancoliques rimes

Du fond de ses nuits de tristesse et d'abîmes...

Tout autour de sa tour dans les champs désolés

Des nuées de corbeaux noirs et tristes volaient

Pourtant la poétesse si triste espérait

Qu'un jour pour elle le ciel s'ensoleillerait

S'éclairerait de la présence d'un ami

Qui à tout jamais chasserait les jours de pluie

Ailleurs un troubadour incompris soupirait

Dans une ville sombre au ciel gris de fumée

Autour de lui aussi le béton et l'acier

Ses yeux verts rêvaient d'une douce immensité

Dans sa tête il pensait des musiques tristes

Et ses nuits trop calmes aussi étaient tristes

Sa ville et sa vie étaient sous la poussière

Il désespérait et rêvait de lumière

Pourtant le troubadour si triste souhaitait

Qu'un jour enfin son cœur d'amour puisse chanter

Ensoleillé par la tendresse d'une amie

Qui le comprendrait et serait pareille à lui

La poétesse rencontra le troubadour

Qui n'osait plus rêver d'une histoire d'amour

Ô prodige ô miracle toutes ses pensées

Ses désirs son idéal et tous ses souhaits

Se reflétaient vraiment en son nouvel ami

Enfin pour tous deux le soleil chassait la pluie

Les poèmes devinrent tendres doux et beaux

Le troubadour apporta la musique aux mots

Et décidant de chanter leurs airs en duo

Ils ne se quittèrent plus : tout était si beau

Ils unirent à jamais leurs corps et leurs cœurs

Ce fut un infini et éternel bonheur

© Clementia

1988

Parole et Musique

LEGENDE D'UNE NUIT ENCHANTEE...

A l'aube ma balade au bosquet

Aux vertes lisières m'a menée

Vers un complice petit sentier.

Magiques, des voix m'ont raconté

L'histoire d'une nuit enchantée :

C'était à l'orée de la forêt

Le magicien, la petite fée,

Après s'être si longtemps cherchés,

C'est là qu'ils se sont enfin trouvés.

Leurs pas amoureux les ont menés

Sous le dais de la verte feuillée.

D'un tendre baiser ils ont scellé

Leur volonté d'enfin se donner

En de mystiques fiançailles

Et sous les chants ravis des oiseaux

Le vert tapis et la frondaison

Ont vu leurs païennes épousailles.

Jamais la fée ne sera princesse

Son magicien ne sera pas roi

Mais elle l'entoure d'un nuage

De ses longs cheveux l'emprisonne...

De ses bras puissants il la protège

Mieux que tous les plus forts boucliers

Et que toutes les armées d'un roi.

Ils ne veulent pas de grands palais,

Tant de lieux où ils n'iraient jamais :

La Nature bien mieux que de vastes demeures

Leur offre tant de cachettes où s'aimer...

Pour trouver à jamais le bonheur

Il a suffi que se rencontrent leurs deux âmes sœurs.

© Clementia

COMPLEMENTARITE

Comme ce lierre grimpe sur le tronc de l'arbre

Ainsi mes mains enfiévrées exploraient ton corps

Comme le serpent entoure la branche

Ainsi tes bras puissants et doux m'étreignaient

Quand nos deux âmes s'enlaçaient

Quand nos cœurs semblables se trouvaient

Quand nos corps se prenaient

S'offrant et se donnant l'un à l'autre

Dans une ardente embrassade

Et la chaleur de nos lèvres

Comme le lichen à l'arbre s'agrippait

Ainsi nos deux corps éperdus s'imbriquaient

Les deux moitiés d'orange

S'étaient enfin trouvées

Nous sommes le yin et le yang

Nous ne sommes rien l'un sans l'autre

© Clementia

CELUI QUI A TRÉBUCHÉ...

Celui qui a trébuché

Ne doit pourtant pas tomber.

Si ton coeur a des tourments

Ne deviens pas si méchant.

Car je n'ai pas fait exprès

De voir ce que tu as fait.

N'es-tu donc plus le même,

Toi que j'aimais, que j'aime ?

Pourquoi me fais-tu souffrir,

Qu'allons-nous donc devenir ?

© Clementia

JE N'AI PLUS CONFIANCE EN TOI !...

Moi qui croyais

Que tu étais

Ma fidèle amie !

Mais tu m'as trahie...

Je t'avais confié

Tous mes plus grands secrets :

Tu en as profité,

Car tu m'as enlevé

Ma seule raison d'être,

Celui que tout seul j'aimais

D'un amour si sincère,

Dont, naïve, je croyais

Etre celle qu'il aimait

Et qu'il aimerait toujours,

Celui avec qui j'aurais

Voulu vivre un grand amour.

Mais tu lui as fait croire

Que tu l'aimais tendrement

Et pour être sincère :

Tu as si cruellement

Agi que, profondément,

Ce sera gravé en moi.

Puisque je sais que tu mens,

Je n'ai plus confiance en toi !...

© Clementia

FEMME, MA SEMBLABLE

Ta vie tes sentiments

Ton amour tes tourments

Font de toi ma semblable

Comme une sœur véritable

Je ne te connais pas

Et pourtant je devine

Que tu as un même vécu

Les mêmes déchirements

Du cœur les battements

Et les pareils chagrins

© Clementia

PLUIE

Les nuages déversent des flots de chagrin

Jusque dedans mon cœur de désespoir empreint.

Gris dans le ciel, et gris dans ma maison sombre

Durant ces longs jours où je crois être une ombre...

Où est ma jeunesse gaie et insouciante ?

Je vieillis, m'empoussière, deviens méchante...

Mes enfants bruyants, sales et désordonnés...

Mon mari, ce râleur, qui ne sait que grogner...

Pourquoi, malgré tout, suis-je heureuse de mon sort,

Cloîtrée à mon foyer "à la vie, à la mort" ?...

Mais le ciel gris cache parfois des tempêtes,

Des orages fous, il en est dans ma tête :

L'envie de tout nettoyer et de repartir,

De mener une double vie, ou de mourir,

Des rêves de soleil, d'amour, de tendresse,

Au lieu des mots, et de la vie , qui me blessent...

Mais qu'est-ce qu'un rêve que l'on ne fait pas à deux

Connaissez-vous, vous, des solitaires heureux ?

Les tornades de passion, les torrents d'amour

Seront-ils seulement dans ma tête toujours ?

Face aux "amis" qui ne le sont qu'en façade

Y a-t-il mieux qu'un sourire de parade,

Quand, en moi, se bousculent les mots de mon cœur,

Le besoin de tendresse, l'amour et la peur ?

Sous la pluie, la route glisse, dangereuse,

Et mes angoisses me laissent malheureuse...

Mon cœur est si grand, il est fait pour tant aimer,

Comme un ciel d'orage, la vie est compliquée.

Aurai-je un jour le droit de t'aimer en face,

D'avoir pour chacun dans mon cœur une place?

© Clementia

SI C'ETAIT CELA L'AMOUR ?...

Penser tout le temps à celui qu'on aime, même quand des kilomètres vous en séparent,

Lui faire totalement confiance, ne pas douter de lui, se sentir rassuré près de lui,

L'aimer tel qu'il est, ne rien vouloir changer en lui

(être touché même par ses manies ou ses imperfections, parce qu'elles sont lui, qu'elles nous parlent de lui et de sa manière d'être),

Tellement penser à lui qu'il est toujours présent en nous, et que chaque petit rien du quotidien nous fait encore penser à lui...

Aimer quelqu'un, c'est aussi savoir accepter de renoncer à lui si on voit que son bonheur est ailleurs, si sa vie sans nous est ce qu'il souhaite,

C'est vouloir surtout son bonheur à lui, être heureux tout simplement de savoir qu'il est heureux...

Voilà un peu à quoi ressemble pour moi l'amour,

voilà comment je conçois qu'il faut aimer,

voilà comment j'essaie d'aimer celui qui est dans toutes mes pensées, celui qui est dans mon coeur parce que son âme est en beaucoup semblable à la mienne.

© Clementia

KARMA

Tournée vers l'horizon

Et adossée au chêne

Je guettais la question

Qui résoudrait ma peine

Qui souffla la réponse

Les cieux ou la forêt

Ou ma voix intérieure

Mais j'ai vite compris

Tu m'avais prévenue

Que nous ne devions pas

Je risquais de souffrir

Mais j'avais fait ce choix

J'avais tant fait souffrir

Voila que je souffrais

Tant provoqué de larmes

Voila que je pleurais

Mis fin à mes amours

Mais là c'était mon tour

J'avais abandonné

Mais j'étais rejetée

J'avais souvent menti

Voila qu'elle mentait

J'avais parfois triché

Maintenant je perdais

J'avais besoin de toi

Mais respectant ton choix

Je me suis effacée

Sans cesser de t'aimer

Pouvais-je t'en vouloir

N'avais-tu pas compris

Que tu étais ma vie

Mon parfait complément

Tout comme a dit le sage

A qui je rends hommage

Nul n'est ton ennemi

Tous sont tes instructeurs

© Clementia

JALOUSIE...

Mon cœur est seul sur un roc battu par les vents,

Et sa longue attente reste insatisfaite,

Il est triste et amer d'être seul pour longtemps,

En pensant qu'ailleurs l'être aimé fait la fête...

Je voulais obéir à tous tes caprices,

Mais tu me dédaignes, me laissant si triste.

Je ne peux croire que tu n'es que malice ;

Comme les autres, serais-tu égoïste ?

Pour toi, j'étais décidée à ne pas vieillir,

A t'attendre sans fin, et à guetter ton pas,

Alors que maintenant ma vie peut bien finir :

Tu me montres que pour toi je ne compte pas.

La jalousie me serre d'atroces pinces,

C'est un crabe qui m'étreint dans mon désespoir

Car si ton affection pour moi est si mince

Je reste pour toujours dans un froid tunnel noir.

Tu me dis cyniquement "On guérit de tout"...

Mais je ne veux pas guérir de toi, plus jamais.

Et je penserai à toi toujours et partout

Tout en laissant ma vie - d'ici-bas - s'en aller.

Même s'il faut que je vive encore longtemps,

Je me suis promis de ne plus penser qu'à toi,

Je ne céderai plus à d'autre passion ;

Rêvant... Éternellement malade de toi...

Tu peux me dédaigner et me faire souffrir,

Te moquer de moi ou encor me détester...

La seule chose que tu ne peux m'interdire,

C'est de t'aimer, car c'est ma seule volonté.

© Clementia

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