Le saviez-vous ?

La licorne

est un bel exemple de la présence parmi les héros du Moyen Âge, à côté de personnages historiques ou d’êtres réels, d’êtres imaginaires. Le destin de la licorne, comme personnage héroïque, illustre, d’une part, l’indifférence des hommes et de femmes du Moyen Âge pendant longtemps pour une frontière entre imaginaire et réalité, et, d’autre part, leur passion pour des héros étonnants et chargés de symbolisme.

Les Pères de l’Eglise ont trouvé la licorne dans un ouvrage écrit en grec à Alexandrie entre le IIe ou le Ive siècle ; il s’agit du Physiologus composé dans un milieu gnostique. Le succès de la licorne tient à ses qualités esthétiques et surtout à ses rapports intimes avec le Christ et la Vierge.bestiaire licorne

La licorne s’impose dans les bestiaires. C’est un animal féroce qui tue tout chasseur s’en approchant. Mais confronté à une vierge l’animal bondit sur son sein et la fille l’allaite pour ensuite la capturer. La virginité de la fille est la condition indispensable au succès de la chasse.

Durant le Moyen Âge, la licorne est l’objet d’un processus de christianisation. Elle est une image du Sauveur en étant une illustration de l’évangile de Jean. Elle renvoie à la Vierge ; sa chasse représente le mystère de l’Incarnation où elle-même représente le Christ spirituel unicorne et sa corne la croix.

La licorne peut aussi apporter des bienfaits. Ce serait un antidote au poison, très pratiqué à cette époque et qui hante les gens du Moyen Âge. La licorne est identifiée au narval et au rhinocéros. L’accès à la poudre de corne de licorne était réservé aux riches et puissants qui s’en procuraient grâce à une offre importante.

D’après et extraits de « Héros et merveilles du Moyen Âge » de Jacques Le Goff

Le pays de Cocagne

Cette création de l’imaginaire médiéval nous a été léguée par trois manuscrits, le manuscrit initial du XIII ème siècle et deux copies du début du XIV ème siècle. Le fabliau original comporte 200 vers. C’est l’histoire du voyage de l’auteur dans un pays imaginaire. L’auteur, anonyme, entreprend ce voyage comme une pénitence qui lui est imposée par le pape. Il découvre une terre de « mainte merveille ». Ce pays a pour nom cocaigne.

« Ce fabliau nourrit le problème de la fonction de l’utopie, défi ou exutoire. Le paradis perdu du pays de Cocagne est une forme médiévale et populaire de l’âge d’or élitiste de la philosophie antique. C’est un rêve d’abondance qui dénonce la plus grande peur des sociétés médiévales, la faim, un rêve de liberté…., un rêve…de loisir, un rêve de jeunesse…Mais ce qui parait le plus remarquable , c’est la dénonciation dans ce texte de l’encadrement du temps par l’Eglise et la religion…Cocagne a survécu chez les communautés rurales et villageoises en donnant son nom à un élément de fête populaire, le mât de Cocagne…Il illustre la diversité des chemins qu’ont suivi dans l’histoire de nos sociétés les mythes merveilleux qui ont constitué son imaginaire. »

D’après et extraits de « Héros et merveilles du Moyen Âge » de Jacques Le Goff

Payer en monnaie de singe

Aux portes des grandes villes et notamment à Paris existaient des péages pour les personnes et les biens y entrant. Au Moyen Âge, les montreurs d’animaux étaient nombreux et peu riches. Certains faisaient exécuter des tours à leurs animaux devant les gardes. Ceux-ci distraits et charmés laissaient passer les montreurs sans leur faire payer les taxes.