Le Moyen-Age

Le Moyen Âge désigne d’abord, pour chacun, une période historique étendue, d’une durée de plus de mille années, laquelle a été autrefois qualifiée de « période noire ou obscure » depuis l’Humanisme du dix-septième siècle français jusque au romantisme, qui l’avait pourtant « ressuscitée » avec un regard certes partiel et déformé. Mais cette vision, si elle est suffisamment présente, indélébile encore de nos jours pour que l’expression « on n’est plus au moyen âge, quand même ! » soit péjorative et critique, car teintée de frein à tout progrès, masque fortement la réalité reconstituée par les historiens, archéologues voire sociologues ou anthropologues qui ont œuvré sur de nouvelles pistes de recherche interdisciplinaire et par leurs découvertes publiées et vulgarisées depuis le milieu du vingtième siècle surtout. Ainsi sont à noter des aspects nouveaux beaucoup plus positifs dans la définition et l’appréciation actuelles et globales de cette époque d’Europe, qui reste «médiévale». Sur la durée du Moyen Âge. Elle a été «dilatée», ses frontières traditionnelles bien commodes néanmoins se voient ré-interprétées. Les limites «classiques» depuis les érudits européens du XVIIe siècle retenaient pour débuter 476, la fin de l’empire romain d’Occident et pour terminer un choix de deux dates assez proches et symboliques: 1453, la prise de Constantinople, la chute de l’empire byzantin, ou 1492, la découverte du Nouveau Monde, l’Amérique par Christophe Colomb.

Mais des historiens contemporains comme Jacques Le Goff préfèrent définir comme début le IIIe siècle siècle, avec la fin de l’empire romain, l’apparition des « Barbares » et la montée du christianisme, donc plutôt l’issue de l’antiquité tardive, et retarder la fin jusqu’à la venue de l’ère industrielle au milieu du XIXe siècle. Ce « long Moyen Âge » comme il le nomme intègre ainsi la renaissance humaniste et la Réforme religieuse chrétienne en Occident.

Sur ses apports, encore visibles de nos jours :

La naissance d’une pensée individuelle organisée et partagée dans toute l’Europe, à partir des premiers enseignements dispensés dans les universités au XIIe siècle, qui ont contribué à faire émerger une nouvelle classe « intellectuelle » dirigeante civile parlant une langue latine bien répandue, capable aussi d’intégrer les divers apports « nationaux ».

Une extension progressive des structures de vie et de société bâties sur les restes de l’époque romaine ; la religion a été un ferment et un ciment malgré les dissensions, les schismes, voire les guerres fratricides inter religieuses. Une pensée et une religion chrétienne d’abord « romaine » en expansion et des ilots de judaïsme voire de bouddhisme, confrontées bientôt à une autre dynamique, celle de la pensée musulmane émergente dans le sud de l’Europe, puis à un clivage avec l’Eglise Byzantine ; les monastères et les ordres se sont multipliés ; l’impact spirituel fut catalyseur et unificateur à travers l’Europe.

Une vision assez homogène issue des villes nées à cette même période du XIIe siècle, qui se construit dans toute l’Europe autour d’un système politique, économique et urbain, un creuset et lieu d’évolution prodigieux pour la pensée, l’économie, l’activité culturelle ou artistique. Une architecture originale, civile ou religieuse.

Un urbanisme qui vont s’exporter à, partir de quelques modèles dans toute l’Europe, dans les contrées acquises à la croyance religieuse (les cathédrales, monastères, la peinture, la sculpture souvent d’abord témoignages religieux) ou par la force militaire (châteaux forts, enceintes et murailles…).

Une pensée et une littérature foisonnante (sous la forme de ballades) qui consigne et embellit pour la postérité des textes laïcs ou sacrés, qui fixe des mythes ancestraux ou embellit des figures réelles les transformant en héros encore vivants et bien ancrés dans notre imaginaire : le Roi Arthur, Merlin, le Cid, Charlemagne et Roland, Renard (t), Tristan et Iseult, les grands chevaliers réels ou inventés (Robin des Bois, Ivanhoé), Mélusine…

Une présence forte de l’imaginaire et du merveilleux, issue de la pensée médiévale où alors la conception du monde et de l’homme imprégnée de religiosité renvoie aux objets et aux figures réels mais aussi (et surtout ?) à des images mentales, individuelles mais aussi très partagées, issues de rêves ou de méditations, voire de fantasmes. bestiaire En voulant pour notre édification faire descendre sur terre les valeurs suprêmes d’un ciel idéalisé (le Paradis), le Naturel et le Surnaturel se confondent parfois. Ceci conduit à l’apparition de «héros» et de «merveilles» ? Quelques «utopies» et autres créatures fantastiques sont ainsi apparues: le Graal, le pays de Cocagne, les Iles Fortunées, la Licorne, qui ont bien survécu dans notre pensée, ou d’autres plus oubliées : le Prêtre Jean, la papesse Jeanne, la Mesnie Hellequin. Certaines de ces figures emblématiques ont été mises en valeur au XIXe siècle par le Romantisme qui en a fait une « légende dorée » idéalisée, que l’on retrouve dans les images de notre cinéma contemporain occidental.

Une invention de techniques et d’outils ou de structures qui ont permis à l’homme et à nos sociétés de passer de l’antiquité à la période industrielle, en Occident : le collier du cheval de trait, un élevage et une agriculture « raisonnés », une quête de plus en plus scientifique née à partir des apports anciens orientaux et asiatiques, une forme d’organisation urbaine et politique.

Et l’aventure des grandes explorations aboutissant à la découverte risquée, puis à la cartographie de nouveaux passages terrestres et maritimes voire de continents, mettant fin à la vision réductrice du monde européen antique centré sur la Méditerranée.

S’intéresser à la période médiévale ou aux « éléments » constitutifs du Moyen Âge c’est donc pour des passionnés, à la fois :

Mieux connaître le passé et ses constituants, expliquer des points culturels ou de géographie ou d’histoire parfois méconnus, les acteurs importants

Retrouver dans notre présent l’origine des traces et influences fortes qui parfois nous questionnent dans la géopolitique contemporaine ou plus simplement l’aménagement du territoire et notre environnement, les noms, le mode de pensée, l’architecture, l’organisation, l’expression artistique voire gastronomique,

Ou aussi (et surtout ?), retrouver avec plaisir ce Moyen Âge « doré » de notre enfance mêlant fées et lutins, châteaux et chevaliers.

C’est aussi, comme pour nos ancêtres, mêler la pensée rationnelle et curieuse avec une vision imaginative et toujours attirée par le merveilleux qui fait rêver et motive…